Le Laus Pindreau

Le Laus 
Pindreau


LE LAUS
  
Fin septembre, après un mois d'absence, la Vierge se manifeste à nouveau sur l'autre versant de la vallée, à Pindreau.
Elle ordonne à Benoîte de chercher au Laus une petite chapelle, où flottent de suaves odeurs, et de venir l'y prier.
Là elle lui parlera et la verra très souvent.
La journée du 29 août avait été pour la Bergère l'un de ces jours où le ciel le plus magnifique est soudain assombri par d'épais nuages.
La  Belle Dame avait révélé son nom ; c'était Marie, Mère de Jésus, qui avait noué avec la petite Benoîte d'ineffables relations ; celle qui, depuis plusieurs mois, la rendait si heureuse, c'était réellement sa Bonne Mère !
Oh ! combien l'âme de Benoîte était ravie !
Mais à ces indicibles transports vient se joindre une soudaine tristesse.
« Vous ne me verrez plus dans ces lieux ; et même, de quelque temps, vous ne me verrez plus nulle part. »
Ces paroles, qui terminent les apparitions aux Fours, sont pour la pieuse enfant comme un glaive de douleur qui vient transpercer son âme, comme un calice d'amertume que sa Bonne Mère verse dans la coupe de ses joies.
« Elle en est fort affligée et comme inconsolable, dit M. Grimaud, et même elle pleure à chaudes larmes. »
Morne, désolée, elle erre tristement à travers les coteaux et les ravins ; elle cherche partout Celle qui est toute sa vie et son bonheur; mais c'est en vain.
Plusieurs fois elle a été au vallon béni, et la grotte était vide, et le sable ne portait plus les traces de l'enfant divin. 
Désormais, ces lieux n'auront plus pour elle d'autre attrait que celui de lui rappeler les jours de sa félicité ; elle n'y viendra donc plus.
Un charme secret l'attire ailleurs.
De préférence, elle conduit son troupeau vers le bas du pays, sur les rives de l'Avance.
Là, son œil parcourt aisément les deux pentes de la vallée, et demande à tous les creux de rocher, à tous les ravins, à tous les coteaux, s'ils n'ont pas vu sa Mère bien-aimée.
Depuis un mois elle languissait ainsi dans ces parages, lorsque, le 29 septembre, jour anniversaire de sa naissance et fête de l'archange saint Michel, elle aperçoit tout à coup, de l'autre côté de la rivière et, à mi-côte du monticule derrière lequel se cache le Laus, une lumière plus éclatante que le soleil, et, au sein de cette éblouissante auréole, sa divine princesse.
Oui, c'est Elle : son cœur l'a reconnue.
Plus prompte que l'éclair, elle vole du côté où apparaît la vision miraculeuse, mais la rivière est enflée, la passerelle en bois a disparu !...
La grosse chèvre prête son dos à la Bergère, qui atteint sans peine la rive opposée.
Haletante d'émotion, elle gravit le coteau à pas précipités, et en peu d'instants elle est aux pieds de sa Bonne Mère.
Elle la salue en se prosternant profondément; puis, se ressouvenant de son ancienne familiarité, elle exhale de son âme ravie cette plainte filiale :
« Ma bonne Dame, d'où vient que vous m'avez privée si longtemps de l'honneur de vous voir ? »
La radieuse Vierge sourit avec bienveillance et répond à sa fille chérie en versant dans son âme les plus douces consolations ; puis elle ajoute : « Allez au Laus, vous y trouverez une petite chapelle d'où s'exhaleront de bonnes odeurs ; là vous me parlerez très souvent et très souvent vous me verrez. »
Après ces mots, elle disparaît.
Le lieu où venaient de se poser les pieds de la Reine du Ciel s'appelle Pindrau.
On y a élevé un monument commémoratif, que le pèlerin rencontre en montant au Laus par le chemin de Saint-Etienne.
Ce monument, comme celui qui rappelle les apparitions au vallon des Fours, n'est qu'un simule et modeste oratoire.
Un jour, nous l'espérons, il sera remplacé par quelque chose de plus en rapport avec le souvenir qu'il garde.
Un groupe artistique et monumental de l'apparition ornerait parfaitement cette avenue du Laus, comme la chapelle du Précieux-Sang décore admirablement l'avenue orientale.
La piété a élevé la chapelle, la piété dressera le groupe.
Avant de raconter avec quel empressement Benoîte se rendit au Laus, nous devons faire connaître ce lieu préféré de la Reine du Ciel.

Le Laus : Pindreau

Le Laus : Pindreau

Le Laus : Pindreau

Le Laus : Pindreau


Le Laus : Pindreau




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