Pèlerinage en terre sainte
Pèlerinage de Pâques à Jérusalem en 1910
La Terre sainte (en grec: Agioi Topoi ; en latin: Terra Sancta) est le nom donné par les chrétiens à la région où est né et a vécu Jésus-Christ, avec une importance toute particulière accordée à Jérusalem lieu de sa mort et surtout, selon la foi chrétienne, de sa résurrection.
Géographie, lieux saints
Si
l'on prend le critère des sites mentionnés dans les Évangiles comme
ayant été visités par Jésus-Christ, la Terre sainte correspond
géographiquement aujourd'hui :
- à Israël et le territoire syrien annexé du Golan (environs de la région de Baniyas, Panéas ou Césarée de Philippe)
- aux territoires sous autorité Palestinienne (Cisjordanie et bande de Gaza)
- à la côte méridionale du Liban (avec Tyr et Sidon)
- et à une partie de la Jordanie (Béthanie-au-delà-du-Jourdain),
- ainsi que l'épisode de la fuite en Égypte.
Jésus
est considéré à l'origine comme le Messie de l'Ancien Testament, et la
Terre sainte s'identifie largement à la Terre promise des Hébreux,
malgré le fait que, pendant toute l'Antiquité, des populations non
juives aient été présentes sur une partie de ce territoire.
Les principaux lieux saints chrétiens sont, à :
Jérusalem :
- Le Golgotha,
- Gethsémani,
Pèlerinage à Jérusalem
Jérusalem au VIe s. sur la carte de Madaba
L’usage de se rendre en pèlerinage sur les lieux mêmes de la vie terrestre du Christ remonte à Méliton de Sardes qui se rendit en Palestine durant la deuxième moitié du IIe siècle (vers 160) et dont le voyage avait pour but spécifique la recherche sur le canon des Écritures saintes.
Époque byzantine
Le Pèlerinage d'Égérie
est un des plus anciens guides de pèlerinage en Terre sainte, et un des
seuls écrit de la main d'une femme, qui nous soit parvenu de cette
époque.
En même temps, du point de vue de sa description de la liturgie de Jérusalem, c'est un des plus complets.
On possède comparativement plus de guides de pèlerinage en latin qu'en grec ou en arménien. Il existe une traduction française de ces guides (de P. Maraval), mais l'ouvrage d'étude et de référence est de J. Wilkinson, Jerusalem Pilgrims before the Crusades, Jérusalem, 1977.
Moyen Âge
Dans
les premiers siècles des pèlerinages, quand le pèlerin voulait aller en
Terre sainte, il devait obtenir le consentement de ses proches et la
permission de son évêque ; on s’enquérait de sa vie et de ses mœurs, on
examinait si un vain désir de voir les contrées éloignées ne
l’entraînait pas vers les lieux saints. Cette enquête était plus
rigoureuse lorsqu’il s’agissait d’un religieux ; on voulait éviter que
le pèlerinage ne fût un prétexte pour rentrer dans la vie du monde.
Quand toutes ces informations avaient été prises, le pèlerin recevait de
la main de l’évêque, à la messe paroissiale, le bourdon et la
panetière.
Le pèlerin recevait aussi la bénédiction ; une sorte de passeport adressé à tous les monastères, aux prêtres, aux fidèles, leur recommandait le pèlerin, qui devait partir sans retard, sous peine d’être traité de relaps et de parjure envers Dieu ; l’évêque seul qui avait lié pouvait délier dans des cas rares et d’une extrême gravité.
Au jour indiqué pour le départ, les parents, les amis, les âmes pieuses, accompagnaient le pèlerin à une certaine distance de la ville ; là, il recevait la bénédiction et se mettait en marche.
Durant sa route, le pèlerin était exempt de tout péage ; il trouvait l’hospitalité dans les châteaux sur sa route, et c’était une sorte de félonie de la lui refuser ; il devait être traité comme le chapelain et manger à sa table, à moins que, par humilité, il n’aimât mieux l’isolement et la retraite.
Dans les villes, il s’adressait à l’évêque, qui l’accueillait, et dans les couvents, au prieur ou à l’abbé.
On lit dans les Devoirs de Chevaliers, l’obligation, pour tous les hommes qui portaient les armes, de défendre le pèlerin, assimilé aux enfants et aux veuves ; s’il tombait malade, les hospices lui étaient ouverts, ainsi que l’infirmerie des monastères ; on prenait soin de lui comme d’un être privilégié.
Lorsque le pèlerin s’embarquait, les prix de leur passage étaient extrêmement modiques, et les statuts de certaines villes, telles que Marseille, par exemple, les dispensaient de toute rétribution quand ils s’embarquaient sur les navires de la cité. Il en était de même à leur retour.
Arrivés
à leur ville natale, on les recevait processionnellement ; ils
déposaient sur l’autel de la paroisse la palme de Jéricho. Les pèlerins
de Jérusalem étaient ainsi appelés « Paumiers » en raison de la coutume
de rapporter cette palme.
Toutes les classes de la société fournissaient des pèlerins : princes, prélats, chevaliers, prêtres, nobles et vilains. L’espoir de se sanctifier par le pèlerinage était général. En 1054, par exemple, Lutbert, 31e évêque de Cambrai, partit pour la Terre sainte, suivi de plus de 3 000 pèlerins des provinces de Picardie et de Flandre. Quelques années plus tard, 7 000 chrétiens parmi lesquels on comptait l’archevêque de Mayence, les évêques de Ratisbonne, de Bamberg, d’Utrecht partirent ensemble des bords du Rhin pour se rendre en Palestine. Le grand pèlerinage allemand de 1064-1065 vit affluer entre 7 000 et 12 000 pèlerins.
En 1483, Bernhard von Breydenbach, doyen de la Cathédrale Saint-Martin de Mayence fit un voyage à Jérusalem et au mont Sinaï. Il publia la relation : peregrinatio in terram sanctam en latin à Mayence, 1486, in-folio.
Bethléem :
Nazareth :
En outre, de nombreux sites de Galilée :
- Le Mont Thabor, basilique de la Transfiguration
- Le Jourdain,
sont marqués du souvenir de la présence du Christ.
Une définition plus précise des lieux saints chrétiens de la Terre sainte est fournie par la tradition liturgique, interrompue à la suite des croisades.
Article détaillé : Lieux de station de la liturgie de Jérusalem.
Histoire
Carte du Diocoesis Orientis au IVe siècle
Durant la vie de Jésus, la Terre sainte était sous domination romaine, avec des rois (sans réel pouvoir) juifs plus ou moins dépendants de Rome. Le territoire comme le pouvoir étaient l'objet de partages complexes et mouvants. L'histoire a retenu les figures d'Hérode le Grand et de Ponce-Pilate, mais ils furent nombreux à se disputer le pouvoir au profit de Rome.
La
vie de Jésus a été relatée dans les Évangiles qui sont au nombre de
quatre : les apôtres saint Jean et Matthieu, saint Luc, le médecin
d'Antioche, et saint Marc, secrétaire de l'apôtre Pierre.
La
victoire du christianisme, sous Constantin et ses successeurs, fait de
la Terre sainte un point d'attraction pour les pèlerins et les moines,
comme saint Jérôme. Les premières basiliques chrétiennes remontent au IVe siècle. La première relation écrite d'un pèlerinage est celle du Pèlerin de Bordeaux en 333.
L'histoire de la Terre sainte est étroitement liée à celle des grands empires de la région. À la paix byzantine succède, après une brève invasion sassanide, la paix du califat arabe, omeyyade et abbasside. La domination musulmane fait perdre au christianisme sa position privilégiée, mais elle est assez bien ressentie par les courants minoritaires du christianisme, Syriaques, Nestoriens, Arméniens, admis à partager les lieux saints avec le clergé grec orthodoxe.
Le déclin abbasside ouvre une longue période d'instabilité et d'insécurité, au moment où l'Europe occidentale, en pleine expansion économique, militaire et spirituelle, est massivement attirée par les pèlerinages et les reliques de la Terre sainte. L'appel au secours de l'Empire byzantin, relayé par le pape, donne le signal des croisades. Deux siècles de guerre au nom de Dieu, pour finir par un retour au statu quo antérieur : l'islam dominant, le christianisme toléré dans ses différents courants, vivant sa foi dans ses lieux saints traditionnels.
La période des croisades est aussi une époque de reconstruction et de découvertes de sites évangéliques. C'est à cette époque que la France devient puissance gardienne des Lieux Saints, mais son influence diminue à la fin du XIXe siècle.
Les franciscains retournent à Jérusalem au début du XIIIe siècle et obtiennent des droits du sultan au siècle suivant. Ils sont restés présents depuis cette époque.
La Terre sainte est toujours restée une destination de pèlerinage des chrétiens et aussi le lieu d'habitation permanent de communautés chrétiennes principalement palestiniennes, descendant des premières communautés ; elles sont de confession surtout orthodoxe de rite grec, mais aussi syriaque ou chaldéen, et aussi catholique, de rite latin, ou oriental. La communauté arménienne est historiquement et numériquement également importante.
Institutions
Il y a trois patriarches
à Jérusalem : grec, latin, et arménien. Ils ont juridiction sur
l'Église locale et veillent sur les lieux saints et sur les pèlerins.
Il y a en outre une custodie de Terre sainte (franciscains), qui remonte au temps de saint François d'Assise et qui veille sur la plupart des lieux saints dont la propriété appartient à l'Église catholique.
Nombre de monastères orthodoxes se trouvent en Terre sainte depuis le début de l'ère chrétienne, dont le fameux Mar Saba,
et de nombreuses congrégations catholiques latines, contemplatives ou
actives (hospitalières ou enseignantes), se sont installées. Les
Protestants sont aussi présents avec leurs œuvres et quelques églises
renommées comme l'église du Rédempteur à Jérusalem.
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