Pluvigner
Notre-Dame des orties
Le
25 avril 1442 qui était le jour de la saint Marc, le clergé et le
peuple d'Helbron étant allé en procession suivant l'ancienne coutume en
une paroisse voisine que l'on nommait Boeckinghem, comme ils étaient sur
le retour ils aperçurent plus de 500 personnes amassées en un certain
endroit sans savoir ce qu'ils demandaient, ni s'ils étaient amis ou
ennemis.
Ayant
envoyé quelques uns des leurs pour reconnaître qui ils étaient, ceux-ci
les trouvèrent assemblés en un certain lieu où il y avait dans une
vieille muraille une Notre-Dame de Piété, autour de laquelle les orties
étaient tellement "creuës" qu'elles en dérobaient la vue.
Leur
ayant demandé la cause d'un si grand concours, ils apprirent que
c'était un miracle que Notre-Dame des orties avait fait depuis peu de
jours.
Car
un certaine villageois disaient-ils, nommé Henry Singer, ayant un
enfant tellement froissé par les roues d'une charrette qui lui avait
passé dessus, qu'il était naturellement impossible qu'il put survivre
plus une seule heure.
Et
l'ayant voué à cette Notre-Dame qu'il avait autrefois remarquée au
milieu des orties, et promit qu'il lui serait vassal tout le temps de la
vie au cas qu'il obtint la santé, l'enfant avait été en un instant
remis en son premier état, et délivré de toute incommodité.
Ceci ayant été rapporté à ceux d'Helbron, il n'y eut personne qui ne voulut voir cette image, et ouïr parler ces villageois.
Dès
lors ce lieu devint si célèbre, et les miracles qui s'y firent furent
si fréquents, et les charités des abordants si extraordinaires, que dans
peu de temps il y eu de quoi faire bâtir une très belle église, avec un
monastère, lequel en l'année 1447 fut donnée aux pères Carmes par
l'autorité du Pape Nicolas cinquième et de Geoffroy, évêque de
Vitzbourg.
Je ferais tort à cette histoire si j'omettais une chose très remarquable qui arriva avant même que l'Image fut découverte.
Un
laboureur nommé Albert, passant avec sa femme Cunegonde devant la
muraille où était l'image de la Sainte Vierge, la femme l'aperçut au
travers des orties et convia son mari à la saluer.
Ils
se mirent tous deux à genoux, mais comme le mari la pressait de passer
chemin, elle le pria d'aller devant, disant qu'elle le suivrait
aussitôt.
Cet
homme se retournant de temps en temps ; et voyant qu'elle ne venait
point, rebroussa chemin et la trouva où il l'avait laissée étendue par
terre devant l'image.
Se
figurant qu'elle dormit, il la poussa diverses fois, et enfin l'ayant
fait lever, il apprit d'elle tout ce qui s'était passé en ce peu de
temps.
Elle
lui confessa qu'ayant été ravie de la beauté de cette image, elle avait
eu la volonté de l'emporter en sa maison, et de lui dresser un
oratoire, et qu'en effet elle s'était avancée pour exécuter son dessein :
mais qu'à mesure qu'elle étendait la main, elle avait ouï une voix fort
claire et intelligible qui l'avait reprise de sa témérité, et lui avait
défendu de la toucher, ajoutant que le temps viendrait qu'elle se
ferait bien connaître, et que ce lieu serait l'un des plus renommés de
tout le pays.
Elle disait de plus, que la frayeur qui l'avait saisie là dessus avait été si grande, qu'elle était tombée comme morte.
Son
mari ne tint pas grand compte de tout ce qu'elle disait, au contraire
il lui défendit très expressément d'en parler à qui que ce fut, de peur
qu'on ne se moquât d'elle.
La
femme se tut pour un temps, mais le Carême étant venu, elle ne se pût
tenir de le dire à son confesseur qui la renvoya à un docte religieux
qui lui tint le même discours, et lui défendit d'en parler.
Ce
qu'elle garda soigneusement jusqu'à ce que les grandes merveilles que
Dieu faisait par cette image la contraignirent en quelque façon de
publier ce qui lui était arrivé.
Ce
narré fut un des motifs dont les Pères Carmes se servirent en leur
exposé lorsqu'ils demandèrent à sa Sainteté la possession de ce lieu là.
Source : Livre "La triple couronne de la mère de Dieu" par François Poiré
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