Les reliques des saints
Colonne de la flagellation
Les
reliques (du latin reliquiae, « restes »), sont les restes matériels
qu'a ou qu'aurait laissé derrière lui un personnage Saint en mourant :
soit des parties de son corps, soit d'autres objets qu'il a ou avait,
pour les croyants, sanctifié par son contact.
La
conservation et la vénération de ces restes sont une pratique en
vigueur dans plusieurs religions. Il en découle des croyances et des
pratiques religieuses variées, mais aussi de vifs débats.
Vénération des reliques dans le christianisme
Aux
origines du christianisme, le culte des reliques a deux sources très
différentes. Il est de plus profondément influencé par des pratiques et
des traditions d'abord gréco-romaines, puis celtiques et germaniques.
Origines premières du culte chrétien des reliques
Gravure de Jan Luyken : Résurrection d'un mort qui avait touché les reliques du prophète Elisée (1770)
Le
premier aspect est la croyance presque universellement répandue que les
pouvoirs des thaumaturges se continuent dans les objets qui sont ou ont
été en contact avec eux, et spécialement dans leurs ossements et dans
leurs vêtements.
On
le voit déjà dans l'Ancien Testament lorsqu'un homme jeté en terre
reprend vie après avoir touché les ossements d'Elisée (Deuxième livre
des rois XIII, 21).
Du
vivant même de Jésus le contact de ses vêtements suffit à guérir : « Or
une femme, atteinte d'un flux de sang depuis douze ans et que personne
n'avait pu guérir s'approcha par derrière et toucha la frange de son
manteau ; et à l'instant même son flux de sang fut guéri » (Évangile
selon Luc, VIII, 43-44) ; et aussi du vivant de ses disciples tels que
Paul, à la génération suivante : « Dieu opérait par les mains de Paul
des miracles peu banals, à tel point qu'il suffisait d'appliquer sur les
malades des mouchoirs ou des linges qui avaient touché son corps: alors
les maladies les quittaient et les esprits mauvais s'en allaient »
(Actes des Apôtres XIX, 11-12).
Le
deuxième aspect est le culte rendu au Christ sur la tombe de ceux qui
avaient préféré mourir que de le renier, et que l'on appelle pour cela
les martyrs (en grec : « témoins »).
Cette vénération des restes des martyrs est attestée dès la seconde moitié du IIe siècle par le texte du martyre de Polycarpe.
Comme
on pense d'une part que le corps des martyrs a été habité par le
Saint-Esprit, et d'autre part qu'il est appelé à ressusciter
corporellement au Jour du Jugement dernier, on considère qu'il est
profitable de prier, puis de se faire enterrer à proximité de ces corps
privilégiés pour tirer parti de la communion des saints.
C'est
l'origine première des basiliques construites généralement sur
d'anciennes zones funéraires, à la périphérie des villes antiques.
Influences gréco-romaines puis barbares
Deux
facteurs facilitants d'origine différente interviennent ensuite, le
premier dans le monde gréco-romain, le second dans le monde barbare
germanique.
Le
monde gréco-romain connaissait déjà une certaine forme de tourisme
mi-religieux mi-culturel dont le réseau des sanctuaires chrétiens ne
sera qu'une continuation, et de même pour la tradition des cabinets de
curiosité.
On
le voit par exemple à une période de transition, à l'époque de saint
Jérôme, qui signale en Palestine simultanément des lieux de mémoire
païens et chrétiens.
D'un
autre côté, le monde barbare celtique et germanique faisait grand usage
de talismans qui seront progressivement remplacés, pendant la période
mérovingienne, par les reliques. Ainsi par exemple la célèbre phrase de
saint Remi, évêque de Reims, à Clovis lors de son baptême, longtemps
rendue à tort par « Courbe la tête, fier Sicambre » (« Depone colla
Sicamber ») doit en fait se traduire par « Enlève tes colliers »,
c'est-à-dire « tes talismans ». Cependant ces talismans ne seront pas
purement et simplement supprimés. Ils seront tout d'abord, et pendant
une longue période, seulement remplacés par des talismans chrétiens
souvent d'origine très douteuse. Ainsi par exemple la Chanson de Roland,
au milieu du XIe siècle, rapporte que Durandal, l'épée de Roland (personnage du VIIIe siècle),
épée qui ne doit surtout pas tomber aux mains des infidèles, contient
dans son pommeau d'or : « une dent de saint Pierre, du sang de saint
Basile, et des cheveux de monseigneur saint Denis, et du vêtement de
sainte Marie » (laisse 173).
Pratiques cultuelles et justifications théologiques
L'usage
majeur des reliques dans la tradition cultuelle orthodoxe et catholique
est leur utilisation quasiment obligatoire lors de la consécration d'un
autel, sur la base d'un texte scripturaire très précis, Apocalypse VI,
9 : « Je vis sous l'autel les âmes de ceux qui furent égorgés pour la
Parole de Dieu et le témoignage (martyre) qu'ils avaient donné ».
La
théologie orthodoxe et catholique insiste sur le fait que le culte
rendu aux saints en présence de leurs reliques est un culte de dulie et
qu'il ne doit en aucun cas dériver en latrie ou adoration, réservée à
Dieu seul.
Les
théologiens catholiques précisent encore que le culte voué aux reliques
est un « culte relatif », c'est-à-dire qu'il doit s'adresser non pas à
la chose, mais à la personne qui lui est relative.
Par
exemple, le culte rendu à la colonne de la flagellation est un culte de
latrie relatif (parce qu'on adore l'homme-dieu qui a été attaché à cet
objet pour y être fouetté), tandis que le culte rendu aux ossements de
sainte Thérèse est seulement un culte de dulie relatif (parce qu'il
s'adresse non aux os eux-mêmes mais à la personne de la sainte, qu'il
faut révérer sans l'adorer).
Plus
concrètement par ailleurs, comme on attribue à la relique des
propriétés surnaturelles, on l'insère à certaines époques au moins dans
trois sortes d'objets : dans les regalia, comme les sceptres et les
couronnes ; dans le pommeau de l'épée des chevaliers, comme la mythique
Durandal dont on a déjà parlé ; et enfin, plus normalement, dans des
reliquaires et des châsses souvent richement décorés, qui sont destinées
à la vénération des fidèles dans les lieux de culte.
Il
est également d'usage tout au long du Moyen Âge de prêter serment en
étendant la main sur des reliques, dans la pensée que le saint sur les
restes duquel on prête serment ne manquera pas de se venger des parjures
qui l'auraient pris à témoin.
Helgaud,
ami et biographe du roi Robert II le Pieux, le roi de l'an Mil, raconte
que pour éviter tout blasphème compromettant l'honneur des saintes
reliques le roi avait trouvé un pieux subterfuge : il faisait prêter
serment aux puissants sur un reliquaire vide, à leur insu ; quant aux
humbles, il leur faisait prêter serment sur un œuf de griffon de sa
collection, talisman profane qui était sans doute un œuf d'autruche.
Il
est encore bien d'autres usages des reliques dans la tradition
catholique, par exemple, la diffusion à grande échelle de fragments
d'étoffes ayant été en contact avec tel ou tel saint ou avec ses
ossements (ainsi dès avant les canonisations de Thérèse de Lisieux ou de
Bernadette Soubirous).
On en espère des miracles qui augmenteront la gloire du saint, voire accélèreront sa canonisation.
Des
procédures d'authentification et de certification sont nécessaires,
concernant des objets parfois de petite taille qu'on peut facilement
contrefaire et qui peuvent se perdre au cours des âges. Deux principes
ont été en concurrence au Moyen Âge.
Le
premier est d'origine populaire: c'est la pouvoir de susciter des
guérisons miraculeuses ou d'autres prodiges ; mais ce principe est
rejeté par les théologiens, qui soulignent que les démons sont parfois
les instigateurs de prodiges destinés à égarer les fidèles, comme déjà
au XIe siècle Guibert de Nogent.
Le
deuxième est d'origine cléricale : la relique doit être certifiée après
contrôle par l'évêque (qui délivre parfois une charte à ses
détenteurs), munie d'un parchemin et conservée dans un reliquaire
scellé, qui est contrôlé à certains intervalles de temps.
L'Invention de la Croix, Agnolo Gaddi, Florence, 1380
Rituels et scénographie des reliques
Les premières reliques des martyrs sont vénérées dans les cimetières. À partir du IVe siècle,
des martyria construits en dehors des villes puis dans les centres
urbains abritent des reliquaires (nécessaires suite à la translation et
la division des reliques) sur lesquelles on construit les églises.
À partir du Ve siècle en Afrique du Nord et du VIe siècle en Gaule, il s'agit de petits reliquaires sarcophages accessibles qui sont placés dans ou sous l'autel.
Puis les reliquaires sont scellés dans une niche (le loculus) à l'intérieur de l'autel.
La
châsse hermétique et scellée, n'est ouverte qu'en de très rares
occasions, en présence d'un évêque, de sorte que la présence invisible
du saint reste quelque peu abstraite et impalpable (de nos jours, elles
sont parfaitement visibles à travers le reliquaire et exposées dans
l'église).
Puisqu'il
fallait donner la preuve que l'église possédait réellement ces objets
de vénération, dès le haut Moyen Âge on a trace de processions, lors
desquelles la présence des reliques et leur fonction protectrice de la
communauté étaient ritualisées, dans des parcours du territoire
effectués en présence de toutes les corps constitués, religieux et aussi
civils, chacun étant jalousement attaché à ses prérogatives en cette
occasion.
Ce
besoin de mieux faire sentir la présence du saint et de ses reliques
est par ailleurs à l'origine de deux innovations architecturales du
Moyen Âge.
D'abord
apparaît, à partir de l'époque carolingienne, le déambulatoire, couloir
qui tourne autour de l'autel et le sépare des chapelles de l'abside.
Il
permet aux pèlerins de circuler autour de l'autel principal, et
simultanément d'accéder aux autels secondaires dont chacun a sa
titulature et ses reliques propres.
Cela
crée une offre variée de dévotion et correspond au développement de la
notion théologique de la Communion des saints, puisqu'on circule alors
librement entre les reliques de saints d'époques très différentes.
Ensuite,
surtout à l'époque romane, la crypte, espace souterrain qui permet de
s'approcher plus près de la châsse, autrement invisible.
À partir du XIIe siècle,
les châsses et autres reliquaires sont de plus en plus fréquemment
exposés à la contemplation des fidèles, soit sur l'autel, ou bien sur
des tribunes d'ostension spécialement conçues pour ce faire, ou encore
dans des reliquaires portatifs appelés monstrances : après la Guerre de
Cent Ans, bien des églises dévastées et appauvries en font usage lors de
tournées destinées à collecter des fonds.
On assiste aussi au développement des statues-reliquaires, dont un des premiers exemples est au Xe siècle
celui de Sainte-Foy de Conques, mais surtout des reliquaires dits
topiques, qui épousent la forme de la relique conservée: bras, tête ou
jambe.
À
l'époque baroque, reliques et reliquaires sont parmi les objets qui
suscitent le plus la créativité des artistes, comme le montre l'exemple
de Rubens.
L'usage de la vitre devient la règle quasiment générale pour les reliquaires.
Les
corps qui se sont bien conservés, en cas d'incorruption, sont maquillés
et présentés dans des châsses vitrées comme dans le cas de Bernadette
Soubirous.
Au XIXe siècle,
après la destruction en 1793 de nombreux reliquaires anciens,
apparaissent les reliquaires néogothiques vitrés, qui sont souvent
fabriqués en série.
À
l'époque contemporaine se pose la question de l'utilisation et de la
valorisation de ces restes humains qui appartiennent en France aux
communes mais dont les communautés catholiques sont allocataires de
droit.
Comment
présenter harmonieusement ces collections parfois hétéroclites à la
curiosité des uns autant qu'à la dévotion des autres ?
Il
y faut l'intervention d'artistes contemporains comme le montre le cas
de la collection de Notre-Dame de Longpont-sur-Orge, mise en valeur par
Karine Lasserre en 2009.
Circulation des reliques à travers le monde chrétien
L'invention
de reliques (au sens technique du mot, c'est tout simplement leur
découverte) était considérée comme un événement si important qu'il était
parfois commémorée par une fête liturgique spéciale.
Ainsi
par exemple la liturgie orthodoxe autant que catholique célèbre
l'Invention de la Vraie Croix le 3 mai, date anniversaire de sa
découverte providentielle par sainte Hélène, mère de l'empereur
Constantin, en 326.
Le
prestige des saints était si grand qu'on ne craignit pas d'en
découvrir, voire d'en forger toujours davantage (le commerce des
reliques culminant au XIIIe siècle), sur la foi de songes et
de révélations toujours bienvenues, soit pour appuyer une cause
politique, ou religieuse, ou institutionnelle (tel saint Louis qui
dépensa pour la Couronne du Christ trois fois plus que pour édifier la
Sainte Chapelle destinée à la recevoir), voire tout simplement parce que
la possession de telles reliques était source de prestige et de revenus
substantiels, en générant notamment des pèlerinages. Ainsi on retrouve
deux têtes (déclarées authentiques par le Vatican) et 32 doigts de saint
Pierre, 8 bras de saint Blaise, 11 jambes de saint Matthieu, 14 saints
prépuces et de nombreux morceaux du cordon ombilical de Jésus-Christ.
Chapiteau de la translation des reliques de saint Étienne, église Saint-Étienne de Lubersac, en Limousin
La
translation des reliques, c'est-à-dire leur transfert d'un lieu à un
autre, était un événement presque aussi important que leur Invention, et
pouvait également être commémorée par une fête liturgique.
À partir d'une certaine époque en effet, on commença à transporter les
restes des martyrs et les autres reliques pour différentes raisons.
D'abord pour fonder des autels là où il n'y avait pas de restes de
martyrs.
Puis,
lorsque la religion chrétienne devient officielle, pour augmenter le
prestige de certaines métropoles : et surtout Byzance, arbitrairement
désignée par Constantin comme nouvelle capitale de l'Empire.
En
tant qu'objets précieux, voire de convoitise, les reliques furent
régulièrement l'objet au Moyen Âge de dons et de généreux partages, mais
aussi de larcins voire de razzias.
Lors
de la Quatrième croisade eut lieu la prise de Constantinople, la ville
aux nombreuses reliques : les croisés firent main basse sur les trésors
(reliques et pierreries) de Constantinople, butin remis entre les mains
de l'évêque de Troyes, Garnier de Trainel, dans laquelle on trouvait un
morceau considérable de la vraie Croix, du sang du Christ, le Saint
Calice de la Cène, mais aussi le chef de saint Philippe, le bras de
saint Jacques le Majeur ou le corps entier de sainte Hélène vierge.
L'église
de Saint-Zacharie dans le Var, possède le San Sabatoun, chausse devenue
relique ayant appartenu à Marie, et rapportée par un croisé.
Inversement, on a déplacé continuellement des reliques en Europe au IXe siècle pour les soustraire aux pillages des Vikings qui les détruisaient ou les revendaient à prix d'or.
Le droit canon interdit strictement le commerce des reliques, qui est un blasphème.
Quant
aux reliques les plus significatives, il est absolument interdit de
leur faire subir quelque aliénation ou transfert définitif que ce soit
sans l'approbation du Saint-Siège.
En
revanche les reliques de la troisième classe sont distribuées
libéralement aux simples fidèles, sous forme par exemple de tout petits
fragments d'étoffes ayant été touchées par un saint ou par ses
ossements.
Différentes catégories de reliques chrétiennes
Les
reliques qui ont été livrées à la piété des fidèles au cours des
siècles sont d'une très grande variété, car elles ont parfois proliféré
d'une manière déconcertante.
Il ne faut pas oublier, en considérant la liste hétéroclite qui suit,
qui n'en constitue qu'un infime échantillon, que les motivations et
l'usage de ces collections bizarres furent eux aussi d'une grande
variété, et qu'on n'attendit pas la Réforme pour s'en moquer ni en
douter.
Quoi
qu'il en soit, le plus simple pour s'y retrouver dans cet océan
d'objets de toutes sortes est encore de les classer dans l'ordre
chronologique de l'Histoire sacrée.
Reliques vétéro-testamentaires
Dès
l'époque paléochrétienne, on montrait aux touristes-pèlerins qui
faisaient le voyage de la Terre Sainte différentes reliques des temps
bibliques. certaines d'entre elles passèrent ensuite dans les
collections des églises, ou des particuliers d'Europe occidentale.
- Poils de la barbe de Noé, qu'Auguste Ier de Saxe était fier, dit-on, de montrer dans sa collection.
- Verge d'Aaron. Selon l'Epître aux Hébreux, ce bâton était conservé dans l'Arche d'alliance, et, selon le Deuxième livre des Maccabées (II, 4-5), le prophète Jérémie avait dissimulé la dite Arche dans une grotte du mont Nébo. Néanmoins la verge d'Aaron passait aussi pour être conservée en divers lieu de l'Europe chrétienne: en Italie dans l'église romaine de Saint-Jean-de-Latran en même temps que dans la cathédrale de Florence; en Espagne; à San Salvador; en France dans la Sainte Chapelle de Paris en même temps que dans la cathédrale de Bordeaux.
Reliques de Marie et de la Sainte Enfance
- La tunique de Marie, conservée dans la cathédrale Notre-Dame de Chartres
- La ceinture de la Vierge, le Sacro Cingolo (ou Sacra Cintola) conservée à la cathédrale de Prato, en Italie, et présentée, à la foule des pèlerins, cinq fois par an.
- Le Saint Ombilic.
- Le Saint Berceau de la basilique Sainte-Marie-Majeure de Rome.
- Les Présents des Rois mages, conservés au mont Athos.
- Les restes des Rois mages sont conservés à Cologne, où ils auraient été transportés depuis Milan en 1164.
- Trois crânes de Saints Innocents, au monastère de Coulombs.
- Le Saint Prépuce.
- Les Saintes Dents.
Staurothèque byzantine du début du IXe siècle contenant des fragments de la Sainte-Croix
Reliques de la vie publique de Jésus
- La Sainte Tunique du Christ
- Les Sandales du Christ
- Les Saintes Larmes
- Le Saint Calice, conservé notamment dans la cathédrale de Valence en Espagne dans une version, et dans celle de Gênes, le Sacro Catino, dans une autre. Cette relique très particulière qui aurait servi à contenir le vin du dernier repas de Jésus, appelé Sainte Cène a fait l'objet au XIIe siècle de spéculations mythologiques dans le cycle romanesque des Chevaliers de la Table ronde, où il est identifié avec un talisman mythique de la tradition celtique, le Saint Graal.
Reliques de la Passion
- La Scala Santa conservée à la basilique romaine de Saint-Jean-de-Latran, et qui passe pour l'escalier sur lequel se trouvait Ponce Pilate quand il s'adressait à la foule.
- La Sainte Couronne (couronne d'épines) de Jésus : acquise en 1239 pour 135 000 livres, par le roi Louis IX de France. Il fit édifier la Sainte-Chapelle afin de la conserver. Elle a été remise à l'archevêché de Paris en 1804 et toujours conservée au Trésor de la cathédrale Notre-Dame de Paris.
- La Sainte Face, linge utilisé par sainte Véronique pour essuyer le visage du Christ au cours de sa montée au calvaire
- La Sainte-Croix, appelée également la Vraie Croix, et le Titulus Crucis auraient été découverts en 326 par Hélène, la mère de l'empereur romain Constantin Ier. Elle a ensuite été fractionnée et dispersée : un fragment et le Titulus Crucis se trouvent à la Basilique Sainte-Croix-de-Jérusalem de Rome, un autre à la Sainte-Chapelle de Paris depuis Louis XI au XIIIe siècle.
- Les clous par lesquels le Christ fut fixé à sa croix, et notamment le Saint Mors (Carpentras) forgé à partir d'un de ces clous au encore le Saint Clou dont la pointe est conservée au trésor de la Cathédrale de Toul.
- La Sainte Tunique d'Argenteuil qui aurait été portée par le Christ sur le chemin de croix.
- La Sainte Éponge.
- La Sainte Lance qui perça le flanc du Christ lors de sa Passion.
- Le Suaire d'Oviedo qui aurait recouvert la tête de Jésus de sa mort à sa mise au tombeau.
- Le Saint Sang contenu dans un Tabernacle à l'église abbatiale de l'abbaye de la Trinité de Fécamp en Normandie.
- Le Saint Sang du Christ conservé à la basilique du Saint-Sang à Bruges, rapporté en 1150 par Thierry d'Alsace.
- Le Saint-Suaire, notamment le suaire de Turin, qui a fait l'objet d'une datation par le carbone 14 très controversée.
Reliques du Christ postérieures à sa Résurrection
- Empreintes de ses pieds laissées lors de l'Ascension et conservées sur le Mont des Oliviers.
- Empreinte de ses pieds laissées lors de son apparition légendaire à saint Pierre à Rome lors de l'épisode du Quo Vadis.
- Larme versée par une statue du Christ en 998 dans l'église orléanaise de Saint-Pierre-du-Puellier.
Reliques de l'âge apostolique
Chaînes de Saint Pierre, conservées à Saint-Pierre-aux-Liens (San Pietro in Vincoli), à Rome
- Les reliques de saint Pierre sont extrêmement importantes puisqu'elles sont, du point de vue catholique, celles du premier des papes romains et que la Basilique Saint-Pierre du Vatican est censée être bâtie sur son tombeau. On conserve dans l'archibasilique Saint-Jean de Latran une relique appelée Chef de saint Pierre. Il s'agit en fait de quelques fragments d'os provenant de l'occiput et de la mâchoire. Par ailleurs des fouilles menées dans les années 60 ont mis au jour sous la basilique du Vatican une ancienne tombe dans un environnement cultuel, portant l'inscription grecque EN(I) PETR, et contenant le corps d'un homme de plus de soixante ans où manquaient précisément les ossements conservés au Latran.
- Les reliques de saint Jacques le Majeur de la cathédrale de Saint-Jacques-de-Compostelle.
- Les reliques de saint Marc à la basilique Saint-Marc de Venise.
- Les chaînes qu'aurait portées saint Pierre en prison sont exposées dans l'église romaine de Saint-Pierre-aux-Liens.
- Le doigt de saint Thomas qui avait été porté dans les plaies de Jésus ressuscité conservé dans la basilique romaine de Sainte-Croix-de-Jérusalem.
Reliques de saints martyrs
Les
martyrs chrétiens, dont certains ont existé, et dont les autres sont
imaginaires, sont innombrables, et on en a encore inventé un grand
nombre au XIXe siècle sur des bases prétendument archéologiques.
- Les restes des saints Can, Cantien et Cantienne, par exemple, martyrisés au IIIe siècle près d'Aquilée, étaient conservés au Moyen Âge en différents endroits tels que San Canzian d'Isonzo, Milan, Heidelberg et Étampes. Chacun de ces lieux, semble-t-il, pensait détenir l'ensemble ou du moins la plus grande partie des reliques de ces martyrs.
- Le crâne de sainte Foy à Conques.
- Le sang de saint Janvier (San Gennaro) dans la cathédrale de Naples : le sang contenu dans l'ampoule se liquéfie deux fois par an (début mai et le 19 septembre) ; si le « miracle » ne se produit pas, la tradition veut que des malheurs s'abattent sur la ville de Naples.
Reliques des Pères de l'Église
Un bras de saint Jean Chrysostome était autrefois conservé à Étampes (Essonne), dans l'église Notre-Dame.
Les
reliques de saint Augustin, conservées originellement à Hippone, dans
l'actuelle Algérie, passent pour avoir été transférées lors d'une
invasion barbare, sans doute celle des Vandales, en Sardaigne. Les
Sardes, à leur tour menacés par l'invasion deux siècles plus tard, les
cédèrent au roi Lombard Luitprand moyennant 60 000 écus d'or, qui les
transféra à Pavie, sa capitale, où elles furent retrouvées le 1er octobre 1695. Elles sont depuis conservées dans la cathédrale de cette ville.
Reliques de saints du Moyen Âge
Les
restes de saint Benoît passaient pour être détenus par les moines de
Fleury, alias Saint-Benoît-sur-Loire, qui les auraient récupérés dans
les ruines de l'Abbaye du Mont-Cassin.
Mais
on les retrouva aussi au dit Mont Cassin lorsque le site fut réoccupé,
et la controverse fit rage entre ces deux monastères pendant plusieurs
siècles.
La châsse contenant le corps entier momifié naturellement de sainte Rita est à Lucques en Italie.
Reliques de saints modernes
- Les reliques de saint François Xavier conservées à Goa en Inde ont rassemblé en 2004 plus trois millions de pèlerins.
- Les reliques de saint Benoît Labre (1748-1783) sont conservées pour une part à partie à Amettes et pour une autre dans la basilique de Marçay (Vienne).
Reliques de saints contemporains
Procession
de reliques de Sainte-Thérèse de Lisieux, le samedi 29 septembre 2007,
entre la basilique Notre-Dame des Victoires et la chapelle
Sainte-Thérèse, ici au Louvre
Une
pratique contemporaine étonnante, concernant une sainte récente comme
Thérèse de Lisieux (1873-1897), canonisée en 1925, est, plutôt que le
démembrement traditionnel entre plusieurs lieux de culte, qui répugne à
l'esprit moderne, la circulation à travers le monde de la dépouille du
saint ou de ses reliques.
Autres principes de classification
Reliques de 2e et 3e classes
On a aussi l'habitude de distinguer trois classes de reliques.
- La première classe est constituée d'objets directement associés à la vie terrestre du Christ (Mangeoire, Croix) ou bien de restes physiques d'un saint. On parle aussi de reliques "ex ossibus"
- La seconde classe est constituée d'objets dont un saint a fait usage (chemise, gant, crucifix, etc.). (Voir Ex indumentis)
- La troisième classe est formée d'objets qui ont été en contact avec des reliques des deux premières classes.
D'autres principes sont en vigueur pour évaluer l'intérêt des reliques de la première classe.
- Les restes de martyrs sont plus prisés que ceux des autres saints.
- On apprécie aussi fort les corps qui paraissent avoir été miraculeusement préservés de la corruption.
- L'intérêt de certains ossements est parfois majoré par la signification symbolique du membre conservé. Ainsi le bras d'un roi comme saint Étienne de Hongrie sera spécialement considéré, ou la tête d'un théologien comme Thomas d'Aquin.
Collections célèbres de reliques chrétiennes
Certaines collections de reliques sont célèbres entre toutes.
- Reliques de la Sainte-Chapelle, assemblées par saint Louis.
- Reliques de l'Escurial. Dans le cadre de la Contre-Réforme, Philippe II d'Espagne constitua dans son palais-monastère de l'Escurial l'une des plus grandes collections de reliques du monde catholique: on y trouve quelque 7 500 reliques abritées dans 570 reliquaires répartis dans tout le monastère mais spécialement dans la basilique Saint-Laurent.
- Reliques de la basilique romaine de Saint-Jean-de-Latran et spécialement de sa chapelle papale appelée Sancta Sanctorum.
- Reliques de Saint-Sernin à Toulouse. Il s'agit d'une antique et vénérable collection, constituée essentiellement au XIVe siècle29.
- Reliques de Notre-Dame de Longpont (Essonne). Cette magnifique collection de reliques, la première en importance en France, est actuellement sous la responsabilité de Frédéric Gatineau, prêtre catholique et érudit spécialiste des lieux de culte de l'Essonne. Bien mise en valeur, elle suscite un intérêt croissant dans un lieu de culte qui tend à devenir le centre spirituel de l'Essonne catholique.
- Reliques de l'église abbatiale de Saint-Antoine l'Abbaye (Isère). Siège d'un prestigieux ordre hospitalier antonin aujourd'hui disparu, cette église renferme les reliques de Saint Antoine le Grand, anachorète du Ier siècle qui vécut en Égypte (procession annuelle des reliques le jeudi de l’Ascension), ainsi que des reliques de plus de 80 saints martyrs conservés dans de nombreux reliquaires.
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