Orléans, la cathédrale Sainte Croix

Orléans
La cathédrale Sainte Croix


Image illustrative de l'article Cathédrale Sainte-Croix d'Orléans


La cathédrale Sainte-Croix est une cathédrale catholique romaine de type gothique située à Orléans dans le département du Loiret et la région Centre-Val de Loire.

Elle est le siège épiscopal du diocèse d'Orléans.

La cathédrale est dédiée à la Sainte Croix.

La cathédrale Sainte-Croix d'Orléans fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques par la liste de 1862.

 

Histoire

La fondation de Sainte-Croix

La première église fut édifiée vers 330 dans l’angle nord-est de la ville fortifiée alors appelée Aurelianum.

Elle doit son vocable à saint Euverte, son fondateur.

En effet, c’est à cette époque que la Croix du Christ fut découverte à Jérusalem par sainte Hélène, mère de l’empereur romain Constantin Ier.

Un morceau de cette « Vraie Croix » fut conservé comme relique dans la cathédrale.

Saint Aignan, évêque successeur de saint Euverte, termine l’édifice et c’est l'architecte Mélius qui en surélève l’abside et le chœur vers 450.

 

La fin de l'église Sainte-Croix

Les Normands pillèrent l'église en 865, mais ne purent la brûler. Les rois carolingiens Carloman et Arnulph la reconstruisirent en 883.

En 989, un grand incendie détruisit une partie de la ville, y compris Sainte Croix.

 

Sainte-Croix, cathédrale romane

Au XIe siècle, l'église cathédrale Saint-Étienne devient trop exiguë pour rester la principale église du diocèse d'Orléans.

L'église Sainte-Croix est alors élevée au rang de cathédrale.

Les bâtiments du chapitre sont regroupés au sud et à l'est de la cathédrale actuelle.

L’hérésie d'Orléans décrite par plusieurs textes et chroniques médiévales est une hérésie savante qui touche en 1022 une douzaine des plus érudits parmi les chanoines de la cathédrale Sainte-Croix, liés notamment à l'entourage de la reine Constance d'Arles.

Ces derniers sont brûlés comme hérétiques sur ordre du roi capétien Robert le Pieux. Il s'agit du premier bûcher de la chrétienté médiévale.

L'évêque Arnoul II entreprend la reconstruction de l'église afin de doter Orléans d'une cathédrale digne de son rang.

Cet édifice roman, achevé au XIIe siècle, fut une vaste cathédrale avec un déambulatoire agrémenté d'alvéoles, et une belle façade appuyée par deux tours.

Mais, construite sans doute trop rapidement, elle menaça ruine au bout de 200 ans et s'effondra en partie en 1227.

 

Le renouveau gothique

En 1278, l'évêque Robert de Courtenay, arrière-petit-fils du roi de France Louis le Gros, décide, au lieu de restaurer l'édifice en ruine, d'édifier une autre église dans le style nouveau qui fleurissait alors en France.

Mais contraint de suivre le roi saint Louis en Terre Sainte, il lègue le soin de poursuivre et d'achever les travaux à son ami l'évêque Gilles Pasté, son successeur.

Celui-ci pose la première pierre du nouvel édifice gothique le 11 septembre 1288.

Comme le veut l'usage, c'est par le chœur que les travaux commenceront, pour finir par la nef.

Les anciennes tours romanes de la façade occidentale, ainsi que les travées de la nef non ruinées, seront conservées.

À son achèvement, la nouvelle cathédrale comportait un chœur gothique soutenu par de magnifiques arcs-boutants.

Ce chœur fut complété par des chapelles absidiales à la fin du XIIIe siècle et par des chapelles latérales au cours du XIVe siècle.

La cathédrale passe sans heurts la Guerre de Cent Ans, y compris le siège d'Orléans levé grâce à Jeanne d'Arc le 8 mai 1429.

En 1512, une grosse boule dorée surmontée d'une croix est hissée sur le clocher qui vient d'être élevé au-dessus de la croisée des transepts.

Dans les années qui suivent, le raccord avec les transepts romans est terminé ; quatre travées neuves permettent à la nef d'atteindre le portail qui s'encastre entre ses deux vieilles tours.

 

La destruction par les huguenots

En 1567, débute la deuxième guerre de religion et Orléans, plus qu'à moitié acquise à leur cause, passe aux mains des protestants qui s'acharnent bientôt sur les églises.

Déplorant ces excès, le Prince de Condé, à la tête des protestants, fait murer les ouvertures de la cathédrale pour éviter de nouveaux saccages.

Cependant, un petit groupe de huguenots fanatiques, déçus de voir Condé prêt à traiter avec les catholiques, s'introduit dans la cathédrale dans la nuit du 23 au 24 mars 1568 et fait sauter les quatre piliers de la croisée des transepts.

Les piliers s'effondrent, entraînant le clocher, la sphère de cuivre le surmontant, les voûtes du chœur, et la nef.

Seules restent intactes les chapelles absidiales rayonnant autour du chœur, ainsi que les deux premières travées de la grande nef.

Des travaux de déblaiement et d'aménagement provisoires seront effectués rapidement.

Le 2 juillet 1598, le roi Henri IV revient de Bretagne, après avoir signé l'Édit de Nantes qui va mettre fin aux guerres de religion.

À Orléans, il promet de lancer, aux frais de l'État, la reconstruction de la cathédrale.

Il scelle la première pierre le 18 avril 1601.

Une plaque est alors apposée sur un des piliers subsistants.

 

La reconstruction : la cathédrale des Bourbons

 
Plan de la cathédrale



Le 18 avril 1601, le roi et la reine Marie de Médicis posèrent la première pierre du nouvel édifice.

Le chœur est terminé en 1623.

En 1627, on jette les fondations du transept qui sera achevé en 1636.

Le transept nord est achevé en 1643, et le transept sud en 1690.

La marque du Roi Soleil apparaît en introduisant une part de classicisme dans l'édifice de style gothique flamboyant.

Son portrait et sa devise Nec pluribus impar figurent également, avec la date d'achèvement de 1679, au centre de la rosace située au-dessus du portail du transept sud.

La devise peut se traduire par : « Il suffirait à [gouverner] plusieurs [royaumes] ».

L'architecte Étienne Martellange y œuvra au XVIIe siècle, succédé au XVIIIe siècle par Jacques V Gabriel qui créa les stalles et la clôture du chœur et Louis-François Trouard.

En 1739, commence l'édification du portail occidental surmonté des deux tours, prolongement de la grande nef.

La vieille façade romane, qui a survécu à toutes les destructions est démolie.

La façade, jusqu'à la base des tours, est terminée en 1773.

Les deux premiers étages des tours sont construits durant les dix années suivantes, alors qu'il faut renforcer le portail qui menace de s'effondrer.

La Révolution suspend les travaux, il ne manque à l'édifice gothique que ses deux tours.

On ne reprend les travaux qu'en 1817.

Le roi Charles X inaugure l'achèvement des travaux le 8 mai 1829, pour le 400e anniversaire de la levée du siège des Anglais, par Jeanne d'Arc et son armée : un perron monumental prend place devant la cathédrale, parallèlement à la percée de la nouvelle rue Jeanne d'Arc et à la création du grand parvis de la cathédrale.

 

Les affres du temps et de la guerre

 
La cathédrale sur une estampe d'Asselineau (XIXe siècle)



Depuis son achèvement en 1829, la cathédrale a connu les affres du temps et des guerres.

Le clocher, qui s'inclinait de façon inquiétante, est détruit en 1854, puis reconstruit et inauguré en 1858.

Les vitraux du chœur (œuvre de Lobin) sont installés en 1859 à l'initiative de Mgr Dupanloup.

En 1940, pendant l'avancée allemande, une partie du centre ancien d'Orléans est ravagée par les bombes et des obus allemands.

La cathédrale est également touchée, mais les dégâts restent mineurs, de même qu'en 1944.

Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, les travaux de restauration se succèdent afin de redonner à l'édifice sa splendeur passée.

Cependant, les affres de la guerre ne sont pas toutes réparées : par exemple, l'accès aux deux tours est interdit au public, car non réparé depuis 1940 ; à la suite du bombardement de mai 1944, le bourdon, cloche la plus grave (et donc la plus grosse) s'était trouvé finalement fêlée (en 1971).

Devenue donc inutilisable, elle n'a été refondue et réinstallée qu'en 2012.

 

Les recherches archéologiques

La découverte du XVIIe siècle

François Lemaire, juge au tribunal ecclésiastique d'Orléans, relate dans Histoire de l’Église et Diocèse d’Orléans qu'en 1628 auraient été trouvés, au cours du creusement des fondations pour le bras nord du transept, les restes d'un château romain qui n'a, par la suite, jamais été confirmé.

 

Les fouilles de 1890

Les premières découvertes assurées datent des travaux entrepris en 1889/1890 pour installer un calorifère dans la cathédrale.

Elles ont permis de reconnaître le bras nord et la croisée du transept, l'alignement des piliers sud de la nef de la cathédrale romane.

Leur publication est accompagnée d'un plan apportant une restitution hypothétique, fortement inspirée du plan de Saint-Sernin de Toulouse (nef à bas-côté double, chœur très court et déambulatoire à cinq chapelles).

D'autres reconstitutions, tout aussi éloignées de la réalité historique, ont été encore proposées par Paul Frankl ou Frédéric Lesueur.

 

La fouille de 1903

En juillet 1903, une fouille établit que la cathédrale romane n'a jamais possédé de crypte.

Cette fouille avait été engagée à l'initiative d'un groupe de séminaristes emmenés par le jeune Georges Chenesseau.

 

Les fouilles de 1937 à 1942

En 1937 est ouverte, sous la direction de Georges Chenesseau, devenu entre temps chanoine honoraire, la première véritable campagne de fouilles, menée dans le but de reconnaître le chœur roman.

Ses résultats sont spectaculaires : l'ensemble du chœur roman, fruit de deux campagnes de construction, le déambulatoire et l'entrée de la chapelles d'axe sont maintenant connus.

Les résultats sont conservés dans un sous-sol archéologique improprement appelé crypte, cet espace n'a aucune fonction religieuse.

Outre des tombes et des substructions des époques romane et carolingienne, sont mis au jour des vestiges de bâtiment attribués à l'époque gallo-romaine.

Georges Chenesseau les identifie immédiatement avec la basilique construite par l'évêque saint Euverte, provoquant ainsi une violente polémique qui a rapidement dépassé le simple cadre local.

En 1940 un sondage dans le bas-côté nord de la nef fait apparaître le mur nord de la nef, apportant ainsi la preuve que la cathédrale romane n'avait qu'un seul bas-côté.

Restait à résoudre la question du nombre d'absidioles. Des fouilles menées en 1941 devant la sacristie apportent la réponse : la cathédrale d'Orléans avait trois chapelles rayonnantes.

 

Jeanne d'Arc

Il existe un lien indirect entre la cathédrale actuelle et Jeanne d'Arc. L'héroïne historique nationale est venue suivre la messe vespérale le 2 mai 1429 durant le siège d'Orléans (il faut rappeler que l'édifice tel qu'il est aujourd'hui n'existait pas en 1429, à l'exception des chapelles de l'abside, qui entourent le chœur à l'arrière).

On peut signaler aussi que la rue Jeanne d'Arc ouverte au XIXe siècle arrive devant la façade principale (à l'époque on souhaitait avant tout dégager le sanctuaire des petites rues et des constructions médiévales qui l’"enserraient", la dénomination ne vint qu'après).

Chaque année, au soir du 7 mai, pendant les Fêtes Johanniques, a lieu, sur le parvis, la cérémonie de la Remise de l'Étendard (qui évoque celui de Jeanne d'Arc).

La municipalité en est gardienne et le transmet aux autorités religieuses catholiques pour la durée des festivités. La façade de la cathédrale sert ensuite de support à un son et lumière.

 

Description

Grandes orgues Cavaillé-Coll de Sainte-Croix d'Orléans

 

Quelques dimensions

  • La cathédrale mesure 140 mètres de long, elle est composée de 5 nefs.
  • Largeur intérieure totale de la nef : 40 mètres.
  • Largeur intérieure au niveau du transept : 53 mètres.
  • Largeur extérieure au niveau du transept : 65 mètres.
  • Largeur de la façade : 53 mètres.
  • La hauteur sous voûte est de 32 mètres (cathédrale Saint-Étienne de Bourges : 37,15 mètres).
  • Les deux tours s'élèvent à 88 mètres de hauteur.
  • La flèche centrale monte à 114 mètres.

 

Les orgues

Le grand orgue vient de l'abbaye de Saint-Benoît-sur-Loire, échangé avec celui de la cathédrale en 1822.

Rapidement rénové, il l'est ensuite par Louis Callinet dès 1831, puis (après d'autres interventions) de nouveau en 1880 par Cavaillé-Coll qui le transforme profondément pour en faire un orgue romantique.

Après d'autres épisodes, l'instrument est rénové une dernière fois par Bernard Hurvy à partir de 2004 et remis en fonction en septembre 2007.

Il comprend quatre claviers, un pédalier pour un total de 54 jeux et plus de 3700 tuyaux.

Les trois co-titulaires sont Jean-Pierre Griveau, Gildas Harnois et Arnaud Riffet, tous rémunérés à la vacation.

L'orgue de chœur est également un Cavaillé-Coll.

Installé provisoirement en 1837, remplacé par un orgue définitif en 1846, il comprend deux claviers, un pédalier, 16 jeux et est classé aux Monuments Historiques.

 

Les cloches

Bourdon Sainte Jeanne d'Arc


Les cinq cloches se situent dans la tour nord.

Quatre d'entre elles proviennent de la fonderie de cloches Bollée d'Orléans, fondues en 1898.

La Sainte-Jeanne d'Arc, le Bourdon a été refondu par Paccard en 2012, celle de Bollée étant fêlée depuis plusieurs décennies, à la suite du bombardement de 1944.
  • Sainte-Jeanne d'Arc, pèse 6 000 kg, sonne le « Sol2 » ;
  • Saint-Michel, pèse 2 300 kg, sonne le « Do3 » ;
  • Sainte-Catherine, pèse 1 600 kg, sonne le « Ré3 » ;
  • Sainte-Marguerite, pèse 1 100 kg, sonne le « Mi3 » ;
  • Félix Dupanloup, pèse 640 kg, sonne le « Sol3 ».

 

Représentations picturales

Le peintre Maurice Utrillo (1883-1955) a représenté sa façade principale vers 1913.

 

Galeries d'image

Vues extérieures


Vue du transept sud


Vue de la façade ouest



La flèche


Au premier plan le jardin de l'hôtel Groslot


Vue de la tour nord


Vue de la façade sud

 

Vues intérieures

La nef et le chœur


La nef depuis le chœur


Le déambulatoire


Le chœur depuis le déambulatoire



Le transept nord

 

Vitraux

Vitrail des apparitions de Jeanne d'Arc à Domrémy


Vitrail de l'entrée de Jeanne d'Arc dans Orléans


Vitrail du couronnement de Charles VII à la cathédrale de Reims


Les lancettes du chœur


Des vitraux (ou parties de vitraux) modernes ont également été installés (ou intégrés à des éléments plus anciens), entre 1996 et 2000.

 

Dans la fiction

Dans Pantagruel de François Rabelais, la boule dorée qui surmonte le clocher est évoquée comme étant l'une des pilules d'airain qui ont servi à l'exploration de l'estomac du géant Pantagruel afin de le guérir.

Source :

Orléans, la cathédrale Sainte Croix


Orléans, la cathédrale Sainte Croix


Orléans, la cathédrale Sainte Croix





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