Compostelle (Espagne) Jacques
Au moyen-âge, Jacques, d'origine française, marié depuis 15 ans n'a pas d'enfants.
Une nuit, dans une église, tous deux se recueillent devant une image de Notre-Dame.
Quand ils furent endormis, ils virent dans leur rêve une femme très lumineuse, elle leur dit :
"Dieu
a agréé votre requête, j'ai supplié Dieu pour vous, et il vous donnera
un enfant mâle. Seulement, s'il vous le donne, vouez-le pour qu'il serve
l'église du Seigneur Jacques, fils de Zébédée, quand il arrivera à
l'âge d'homme, car mon Fils a ordonné cela"
La femme conçut un garçon. Ils l'appelèrent Jacques.
A 12 ans, ses parents le mènent à Compostelle.
En chemin, ils s'arrêtent dans une auberge. La fille du propriétaire fait des avances à l'adolescent, en vain.
"Tentée par Satan" elle glisse discrètement un récipient d'or dans le sac de Jacques pour le faire accuser de vol.
Le lendemain, la famille reprend la route, mais l'aubergiste et sa fille les rattrapent.
Jacques est molesté, traîné devant le juge et condamné à être pendu.
Ses
parents parviennent à Compostelle. Ils prient longuement devant une
icône de la Vierge et de saint Jacques, et retournent sur le lieu de la
pendaison.
Soudain, leur fils cria, étant accroché à l'arbre.
Il leur dit : "Gens de peu de foi, pourquoi criez-vous, hurlez-vous, et doutez-vous ainsi ?
Moi,
Jacques, votre fils, je vous informe de ce que depuis que l'on m'a
accroché à l'arbre et que l'on m'a pendu, ma Dame, la sainte deux fois
Vierge Marie, m'est apparue sous l'aspect d'une femme resplendissante.
Avec Elle, était Jacques mon homonyme, il me prit le bras et me dit : "N'aie pas peur".
La Vierge, jusqu'au cinquième jour, m'apporta nourriture et boisson pour chaque moment.
Elle
me parla et me dit : "Aujourd'hui viendront auprès de toi ton père et
ta mère et d'autres gens ; ils verront le miracle de Dieu".
Jacques est ordonné diacre puis devient évêque de Compostelle.
Source : Dictionnaire des apparitions de l'abbé Laurentin
Présentation
Il
s'agissait de mettre en garde les pèlerins de
Saint-Jacques-de-Compostelle contre les mauvais agissements
d'aubergistes peu scrupuleux.
Les versions
- Version de Toulouse
D'après
le pape Calixte II, un Allemand allant avec son fils à Saint-Jacques
vers l'an 1090 s'arrêta pour se loger à Toulouse chez un hôte qui
l'enivra et cacha une coupe d'argent dans sa malle. Quand ils furent
repartis le lendemain, l'hôte les poursuivit comme des voleurs et les
accusa d'avoir volé la coupe. On ouvrit la malle et trouva l'objet. On
les traîna sans délai chez le juge. Il y eut un jugement qui prononçait
que tout leur avoir fût adjugé à l'hôte, et que l'un d'eux serait pendu.
Mais comme le père voulait mourir à la place du fils et le fils à la
place du père, le fils fut pendu et le père continua, tout chagrin, sa
route vers Saint-Jacques. Or, vingt-six jours après, il revint et
s'arrêta près du corps de son fils. Il poussa des cris de lamentation
quand son fils, attaché à la potence, se mit à le consoler en disant :
« Très doux père, ne pleure pas, car je n'ai jamais été aussi bien.
Jusqu'à ce jour, saint Jacques m'a sustenté et il me restaure d'une
douceur céleste ». En entendant cela, le père courut à la ville, le
peuple vint, détacha le fils du pèlerin qui était sain et sauf, et
pendit l'hôte1.
- Version de Santo Domingo de la Calzada
En
1130, Hugonel, jeune pèlerin germanique en route avec ses parents vers
Saint-Jacques-de-Compostelle, passa la nuit dans une auberge de Santo
Domingo de la Calzada. Une jeune servante lui fit des avances, qu’il
repoussa. Éconduite, elle cacha dans son bagage de la vaisselle
d'argent. Au moment du départ, elle l’accusa du vol du plat. Il fut
condamné et pendu pour ce vol qu’il n’avait pas commis.
Les
parents éplorés continuèrent leur pèlerinage et prièrent saint Jacques.
À leur retour de Compostelle, ils l'entendirent leur dire du haut du
gibet qu'il vivait, car saint Jacques le protégeait. Émerveillés, ils
s'adressèrent à l’alcalde, (de l’arabe al cadi : le juge) qui était en
train de déguster un coq et une poule rôtis, leur répondit avec ironie :
« Si votre fils est vivant, cette poule et ce coq se mettront à chanter
dans mon assiette. » Ce qu’il advint, le coq chanta et la poule
caqueta. L’alcalde bouleversé fit dépendre le jeune homme et pendre à sa
place la fautive.
Dévotion
Depuis le XIVe siècle,
une poule et un coq blancs vivent à l'intérieur de la cathédrale de
Santo Domingo de la Calzada, dans un beau poulailler gothique, au grand
étonnement des touristes qui ne connaissent pas l'histoire, et qui,
parfois, demandent où il faut glisser une pièce pour faire chanter les
automates.
Le
6 octobre 1350, une bulle signée à Avignon accorde des indulgences aux
pèlerins qui prient devant les reliques où se trouvent le coq et la
poule. En tout état de cause, il est de bon présage d'entendre le coq
chanter.
Le
coq et la poule se trouvent derrière une grille ouvragée, ce qui
empêche les pèlerins d'aujourd'hui de leur arracher une plume en guise
de relique. Celle-ci est aimablement donnée par le sacristain de Santo
Domingo. Dès lors, en plus de la coquille Saint-Jacques, le pèlerin
porte aussi la plume de la poule ou du coq.
Les
chaînes du captif et la poutre du gibet sont suspendues aux murs de la
cathédrale. Elles commémorent le surprenant miracle. Cette légende est
évoquée sur quantité de retables tant en France (par exemple à
Cotdoussan ou Prelles dans les Hautes-Alpes) qu'en Suisse ou en
Allemagne (Jakobskirche de Rothenburg).
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