Athéisme
L’athéisme peut être considéré comme une attitude ou une doctrine qui ne conçoit pas l’existence ou affirme l’inexistence de quelque dieu, divinité ou entité surnaturelle que ce soit, contrairement, par exemple, au déisme et au théisme qui soutiennent ces existences, ou à l’agnosticisme qui considère que personne ne peut répondre à ces questions.
C'est une position philosophique qui peut être formulée ainsi : il n'existe rien dans l'Univers qui ressemble de près ou de loin à ce que les croyants appellent un « dieu », ou « Dieu ».
Étymologie
Usages anciens
αθεοι (« atheoi ») dans la lettre aux Éphésiens (2,12) attribuée à Paul de Tarse - Papyrus 46 du début du IIIe siècle
Dans
la Grèce antique, l’adjectif atheos (en grec : ἄθεος, composé du ἀ-
privatif + θεός dieu) signifie « sans-dieu ». Le préfixe « a » indique
une absence de dieu revendiquée en Grèce dès le Ve siècle av. J.-C.
et prend le sens de « rompre la relation avec les dieux » ou « nier les
dieux » à la place de l’ancien sens asebēs (en grec : ἀσεβής),
« impie ».
« La
plupart [des philosophes] ont dit que les dieux existaient, mais
Protagoras était dans le doute, Diagoras de Mélos et Théodore de Cyrène
pensaient qu’il n’y en avait aucun. […] Diagoras [de Mélos], appelé
άθεος (athée) et plus tard Théodore [de Cyrène] ont ouvertement nié
l’existence des dieux. » (Cicéron, De la nature des dieux, I, i, 2 et
xxiii, 63).
Le terme est fréquemment utilisé au cours du débat entre les premiers chrétiens et les païens, chaque camp accusant l'autre d'être « atheos » dans le seul sens péjoratif qui existait à l'époque, qui n'est pas celui d'incroyance ou d'hérétique, mais d'impiété ou de vanité. Il existait aussi en grec le terme ἀθεότης (atheotēs), « athéisme », que Cicéron transcrivit par le mot latin, atheos.
Avant d’acquérir son sens actuel, le mot « athée » a eu nombre d’usages différents, qui ne sont plus usités. Selon Émile Littré, « les Grecs distinguaient les prénoms athées (par exemple Platon) et les prénoms théophores (par exemple Dionysos) ». Un prénom « athée » est donc simplement un prénom laïc, qui ne se réfère pas à la religion. En 167 après J.-C., à Smyrne, un chrétien nommé Polycarpe, refusant de rendre hommage à l’empereur alors divinisé, se vit proposer le choix entre le bûcher ou crier publiquement « Mort aux athées ». Polycarpe s'exécuta, mais en indiquant clairement que c’étaient ses accusateurs qu’il désignait ainsi.
En français
Le mot athéisme apparaît au XVIe siècle.
La première mention en français en est faite dans le texte de François
de Billon, Le Fort inexpugnable de l’honneur du sexe féminin, en 1555.
Il désigne alors l’incroyance d'un peuple. Il dérive du mot athée et du
suffixe -isme et qualifie donc « la doctrine de l'athée ».
Le mot athée (dans sa version française) remonte également au XVIe siècle (première mention : François Rabelais dans Lettre à Érasme décembre 1532). Le mot est composé du préfixe « a » privatif qui signifie sans et du radical grec théos signifiant dieu et vient de l'acception chez Platon de l'adjectif grec atheos [Αθεος (1re déclinaison)] « qui ne croit pas aux dieux » (les dieux grecs) qui sera repris en latin chrétien par atheos « qui ne croit pas en Dieu » (le dieu biblique).
Définitions
Image symbolisant l'athéisme au cœur des sciences
L’athéisme, dans sa variante matérialiste, ne consiste pas à croire que « Dieu » n'existe pas, mais à ne pas croire, à penser qu'il n'y a rien de tel, à ignorer et à ne pas considérer comme sacrés les propos et écrits faisant état de phénomènes surnaturels et donc, par extension, à ne pas reconnaître l’existence de quelque divinité que ce soit. La pensée athée se revendique comme fondée sur le rationnel. Il existe néanmoins diverses formes d’athéisme en fonction des fondements et de la culture de chaque individu. Il convient en outre de distinguer l'athéisme de l’agnosticisme et de l’anticléricalisme. Caroline Fourest soutient l'hypothèse que chez une majorité d'athées francophones, l'anticléricalisme est nécessaire, pour des raisons historiques, et que ceux-ci se déclarent laïques pour cette raison. C'est-à-dire, dans cette acception, militants de la laïcité.
Les auteurs ont des difficultés à définir de la meilleure façon possible l'athéisme et à le classer, puisqu'il peut à la fois signifier une simple absence de croyances et un rejet réel et conscient des religions. Plusieurs catégories ont été proposées pour tenter de distinguer ces différentes formes d'athéisme, la plupart le définissant comme « absence de croyances en une ou plusieurs divinités » permettant ainsi de couvrir la variété de ce non-théisme.
De plus, la diversité des définitions possibles de la divinité engendre des ambiguïtés dans le champ de la notion d'athéisme : une croyance sera compatible ou non avec l'athéisme selon que son objet sera ou pas considéré comme une divinité. Les phénomènes rejetés par les athées pourront aller de la figure de Dieu personnifié, comme celui de la religion chrétienne, à l'existence de toute réalité spirituelle, surnaturelle ou transcendantale.
Fondements
L'athéisme est une position philosophique qui admet des fondements divers selon les auteurs.
Athéisme scientifique
Les
progrès de la science, notamment à partir de la révolution
copernicienne, puis à l'époque des Lumières, permettent d'expliquer le
monde de manière de plus en plus satisfaisante sans recours à aucun dieu
de type biblique, comme le montre l'échange célèbre : « Monsieur de
Laplace, je ne trouve pas dans votre système mention de Dieu ? »
(Napoléon) ; « Sire, je n'ai pas eu besoin de cette hypothèse. »
(Laplace).
La
suite est moins connue : d'autres savants ayant déploré que Laplace
fasse l'économie d'une hypothèse qui avait selon eux « le mérite
d'expliquer tout », Laplace répondit cette fois-ci à l'empereur :
« Cette hypothèse, Sire, explique en effet tout, mais ne permet de
prédire rien. En tant que savant, je me dois de vous fournir des travaux
permettant des prédictions ». Il aurait pu ajouter que l'explication
religieuse n'est pas une véritable explication, puisqu'elle recourt à
une cause sans cause. À l'époque où les connaissances scientifiques
(plus particulièrement celles concernant les sciences de l'univers) en
étaient encore à leurs balbutiements, le principe d'économie penchait
plutôt en faveur du religieux. C'était le principe même du rasoir
d'Occam.
L'observation d'Aristote était la règle : un monde sublunaire peu prévisible régi par des mouvements unidirectionnels (chute des corps pesants, montée de la vapeur d'eau), et un monde céleste, au-delà de la sphère lunaire, parfaitement compréhensible et formé de cycles éternels : la complexité était simplement renvoyée dans « l'autre monde », le monde divin. Inversement, depuis quelques siècles, les progrès dans les sciences ont donné de nombreux éléments permettant d'éviter le recours à l'intervention divine dans la démarche de compréhension du monde, notamment par la réfutation des thèses créationnistes lors de la découverte du Big Bang et de son explication.
L'« athéisme scientifique » est la démarche en inférant que le rôle de la croyance religieuse dans l'explication du monde est caduc. L'argument voltairien (qui devient alors : « qu'est-ce qui explique que la physique obéisse à telles règles plutôt qu'à d'autres ? ») est renvoyé à un stade ultérieur d'accomplissement de la science, ou bien comme inconnaissable fondamental. L'astrophysicien Stephen Hawking estime que connaître la provenance de ces lois sera « comme connaître la pensée de Dieu ».
Selon Richard Dawkins, la science et le rationalisme sont une autoroute vers l'athéisme.
Athéisme philosophique
À
quelques nuances près, la réflexion philosophique occidentale tend en
général à naturaliser le divin, à le ramener dans le monde, comme chez
Spinoza. Elle prépare ainsi la voie à un athéisme fondé sur une doctrine
philosophique, l'athéisme philosophique. Il trouve son origine chez le
philosophe grec Démocrite, et s'appuie sur des arguments variés, du
domaine du relativisme, du rationalisme, du nihilisme, et même de la
morale. L'athéisme refuse de postuler l'existence d'entités dont
l'existence n'est ni prouvée ni observable, et souligne également
l'immoralité éventuelle de cette existence (« La seule excuse de Dieu,
c'est qu'il n'existe pas », citation que Prosper Mérimée attribua à
Stendhal). Nietzsche reprendra la phrase dans Ecce Homo en regrettant
que Stendhal en ait eu l'idée avant lui. Il n'existe pas d'arguments
rationnels valables pour soutenir la croyance en l'existence d'un dieu
quelconque, qu'il soit conçu par l'homme (anthropomorphique) ou qu'il
soit une abstraction métaphysique.
À partir de l’Humanisme puis des Lumières, qui s'inspirent de l'Antiquité gréco-romaine, et jusqu’à aujourd'hui, plusieurs philosophes parvinrent à disserter avec liberté sur l'hypothèse de l'existence de Dieu ou des dieux, soit pour la remettre entièrement en cause, soit pour la reformuler. L'œuvre de Spinoza constitue l'une des critiques les plus remarquables du phénomène religieux.
L'affaire Galilée est sans doute l'une des sources, si ce n'est la principale, de l'athéisme philosophique du XVIIe siècle et des siècles suivants, car elle remit en cause les fondements et la classification des connaissances posés par la scolastique au XIIIe siècle.
Dans le Drame de l'humanisme athée (1944, réédité en 1998), Henri de Lubac identifie quatre philosophes qui, selon lui, ont nié le plus radicalement l'existence de Dieu au cours du XIXe siècle : Auguste Comte, avec sa philosophie et sa religion positivistes, dont la loi des trois états conduit à un monde sans religion, et même sans métaphysique ; Ludwig Feuerbach, « L'homme créa Dieu à son image », Dieu comme projection des désirs de l’homme ; Karl Marx, qui conçoit toutes les croyances religieuses comme « opium du peuple » ; et Friedrich Nietzsche, avec ses concepts d'esprit libre, de surhomme et de volonté de puissance.
L'athéisme philosophique peut aller d'une critique radicale de la religion jusqu’à une attitude de recherche ou d'interrogation constructive sur l'existence de Dieu, ce qui fait partie de la légitime spéculation philosophique. Ce peut être aussi de la simple indifférence ou du nihilisme. En Europe, l'athéisme philosophique est la première forme d'athéisme qui fut tolérée par les autorités catholiques et la première reconnue par les intellectuels comme un « athéisme positif ». Le Dictionnaire de l'Académie française (8e (1932) et 9e éditions) définit d'ailleurs seulement l'athéisme comme une « doctrine philosophique qui nie l'existence de Dieu ».
Athéisme spirituel
Le
spiritualisme et l'athéisme ne sont pas forcément opposés. En effet,
les systèmes athées peuvent ne mettre en cause que le caractère
transcendant du spirituel, et le conserver sous d'autres formes
immanentes. Par exemple, la vision darwiniste d'intelligence
planificatrice du marché. L'athéisme n'empêche pas la croyance en
d'autres formes de pensée abstraite ou d'émotions mystiques. Ainsi, des
religions, tel le bouddhisme, dont les dogmes ne font pas intervenir la
notion de divinité, peuvent, dans une certaine mesure, être considérées
comme athées. Il existe également des personnalités, tel le théologien
John Shelby Spong, qui se définissent à la fois comme chrétiennes et
comme athées.
Histoire
Article principal : Histoire de l'athéisme.
Selon
Michel Onfray, philosophe et fondateur de l'université populaire de
Caen, « Il n'y a pas d'athéisme au sens contemporain du terme avant le
XVIIIe siècle ». Plus avant dans sa conférence
d'introduction, il expose que les philosophes antiques que nous nommons
aujourd'hui « athées » présentent en fait plusieurs variantes de
scepticisme. La trace écrite connue la plus ancienne qui nous prouve que
l'athéisme est au moins aussi ancien que le judaïsme se trouve dans la
bible (Ancien Testament, psaume 14'). L'athéisme, sous toutes ses
formes, est au moins aussi vieux que la croyance dans le domaine
historique. Quant aux temps préhistoriques (qui représentent une durée
largement supérieure à celle de l'histoire), l'absence de trace écrite
rend aléatoire toute supputation sur la nature des éventuelles
préoccupations métaphysiques des hommes, et sur la pertinence d'une
transposition des notions modernes de croyance religieuse et d'athéisme.
Introduction
L'anthropologie,
l'ethnographie et plus généralement toutes les sciences de l'Homme
exposent, à la plupart des époques connues, l'association systématique
de concepts religieux extrêmement variés dans la naissance de toutes les
sociétés examinées; le principe religieux et le principe politique ne
font alors qu'un. À l'inverse, l'athéisme, qui suppose d'abord une
critique, puis éventuellement un rejet de ces concepts religieux, émerge
au fil des siècles, dès que ce système religieux ne rend plus compte de
la société qui l'a secrété. Pour l'Occident, c'est au XVIIIe siècle.
Ces faits donnèrent naissance au protestantisme, mais aussi à des versions de plus en plus dissidentes ou critiques de la doctrine chrétienne dominante (panthéisme, agnosticisme, déisme). De plus, tous ces mouvements protestataires ont été poursuivis, parfois très violemment (Inquisition), au mépris des valeurs de tolérance, pourtant prônées par ces mouvements religieux dominants.
Les guerres de religion entre catholiques et protestants ont motivé de nombreux intellectuels, à la suite de Pierre Bayle, contre la prédominance de la religion dans les affaires humaines, et pour la tolérance religieuse, dont bénéficièrent aussi les athées.
En Grèce Antique
Socrate est accusé d'impiété
Dans les sociétés antiques, ce ne sont pas les croyances qui sont imposées, mais l'observation des cultes publics. Les dieux sont révérés par des rites très précis, des fêtes et des offrandes, mais pas en professant une doctrine sur leur existence ou leur rôle. Les théories rationnelles des philosophes, et leurs métaphysiques, ne sont jamais mises en regard des invraisemblances de la mythologie pour montrer des contradictions. Ces sociétés ne condamnent pas des hérétiques, promoteurs d'une conception hétérodoxe du monde et de son histoire, mais des impies ou des sacrilèges. Il n'est donc pas question d'athéisme dans ces sociétés. Et les philosophes considérés comme athées croyaient probablement aux divinités de leur cités, ainsi qu'aux légendes et aux pouvoirs qui leur ont été accordés. Il n'existe pas de texte connu cherchant à démontrer l'inexistence de Zeus ou d'Athèna, ni l'invraisemblance de leur histoire qui était plus considérée comme un corpus inépuisable et bénéfique de métaphores et de sagesses, que comme une vérité dogmatique, au sens que lui donneront le judaïsme puis le christianisme.
Le philosophe, poète et homme politique grec Critias justifie la religion par le rôle qu'elle joue, il convient qu'elle est une institution historique, utilisée pour inspirer la vertu aux peuples, afin d'établir la civilisation. Le philosophe Diagoras qui, quatre siècles avant J.-C., critiquait de façon sévère la religion et le mysticisme, est souvent envisagé comme le « premier » athée. Les atomistes tels que Démocrite ont tenté d'expliquer le monde de façon strictement matérialiste, sans référence au spirituel ou au mystique : si le monde est constitué d'atomes, ceux-ci se combinent au hasard, donnant parfois des formes stables, voire se reproduisant, mais aucune intervention de Dieu. Cette position irrite Platon qui ne fait aucune place aux idées de Démocrite dans ses écrits - pas même pour les réfuter - ni n'y mentionne son nom. D'autres philosophes, avant Socrate, avaient aussi des points de vue sceptiques, comme Prodicus et Protagoras. Au troisième siècle avant J.-C., les philosophes grecs Theodore et Straton de Lampsacus ne croyaient pas non plus aux dieux, ce qui n'est pas équivalent à dire qu'ils ne connaissaient ou n'éprouvaient aucune transcendance.
Socrate (-471 à -399) était accusé d'être athée à cause de son impiété parce qu'il posait des questions sur la nature et l'existence des dieux. Bien qu'il ait nié son accusation d'« athée complet », il fut condamné à mort. Euhemere (-330 à -260) présenta l'idée selon laquelle les dieux n'étaient que des dirigeants et des conquérants du passé, et que leurs cultes et les religions n'étaient que la continuation de royaumes anéantis et de structures politiques d'un autre temps. Euhemere fut ensuite critiqué pour avoir « répandu l'athéisme sur l'ensemble des terres en désignant les dieux comme de vieux concepts ». Épicure (-341 à –270) critiquait beaucoup des doctrines religieuses de son temps, et notamment le concept d'existence d'une vie après la mort ou de l'existence physique des déités ; il considérait l'esprit entièrement matériel et mortel. Si les épicuriens ne remettent pas en cause l'existence des dieux, ils nient toute intervention de leur part dans les affaires humaines. Dans la Lettre à Ménécée, Épicure énonce quatre principes à suivre pour mener une vie bienheureuse. Le premier de ces principes est de ne pas craindre les dieux, puisque ceux-ci ne se préoccupent pas des humains.
D'autres encore nient ouvertement l'existence des dieux, tel Théodore l'Athée qui avait démontré, dans ses écrits, leur inexistence. (vers - 320 av. JC). Le poète romain Lucrèce (-99 à –55) indiqua que, s'il y avait des dieux, ces derniers n'étaient pas préoccupés par l'humanité et étaient incapables d'influer sur le monde naturel. Pour cette raison, il pensait que l'humanité n'avait aucune crainte à avoir du surnaturel. Il exposa ses vues épicuriennes du cosmos, des atomes, de l'esprit, de la mortalité, et de la religion dans l'ouvrage De rerum natura (De l'Essence des Choses), ce qui rendit populaire la philosophie épicurienne dans la Rome antique.
La signification d'« athée » change pendant l'Antiquité. Les premiers chrétiens furent appelés athées par les non-chrétiens pour leur non croyance dans les dieux romains. Lorsque le christianisme devint religion d'État à Rome, en 381, l'hérésie devint passible de condamnation.
Scepticisme du Moyen Âge à la Renaissance
François Rabelais, humaniste français du XVIe siècle
Les vues athées revendiquées étaient rares en Europe pendant le Moyen Âge, surtout lors de l'Inquisition ; la métaphysique, la religion et la théologie étaient alors les matières dominantes portées au quadrivium. Cependant, pendant cette même période, des conceptions nouvelles du Dieu chrétien se sont développées, telles que des vues différentes de la nature, de la transcendance, et de l'intelligibilité de Dieu. Des théologiens tels que David de Dinant ou Amaury de Chartres ont gardé la religion chrétienne tout en adoptant des vues panthéistes.
Les Français Jean de Mirecourt et Nicolas d'Autrecourt, philosophe nominaliste, ont privilégié la position selon laquelle la connaissance humaine est limitée aux objets matériels, et que l'essence d'un être divin ne pouvait pas être appréhendée, intuitivement ou rationnellement, par l'intellect humain.
La Renaissance a permis l'expansion de la liberté de pensée et du scepticisme. Par exemple, Léonard de Vinci, indiquait que l'explication venait de l'expérimentation, et opposait ses arguments aux autorités religieuses. D'autres critiques de la religion et de l'Église catholique ont aussi été formulées par les chrétiens Nicolas Machiavel, Bonaventure des Périers, et François Rabelais. Toutefois, l'apologie de Raymond Sebond, de Michel de Montaigne, reste sans équivalent sur le scepticisme de cette époque.
Il était alors question d' « incroyance » pour désigner toute forme de dissidence face à la religion dans sa forme officielle comme en témoigne Lucien Febvre.
Entre les XVIIe et XIXe siècles
Paul Henri Thiry d'Holbach, dit le baron d'Holbach, penseur athée
La Renaissance et la Réforme permettent d'assister à une résurgence de la ferveur religieuse, comme en témoignent la prolifération de nouveaux ordres religieux, de confréries, les dévotions populaires dans le monde catholique, et l'apparition de sectes protestantes calvinistes. Cette époque de rivalité interconfessionnelle permit un élargissement des sujets théologiques et l'ouverture aux raisonnements philosophiques, dont la majeure partie sera plus tard utilisée pour promouvoir une vision sceptique du monde religieux. La critique du christianisme est devenue de plus en plus fréquente au cours des XVIIe et XVIIIe siècles, en particulier en France et en Angleterre, avec un « malaise religieux », selon les sources, telles que certains penseurs protestants comme Thomas Hobbes. Ce dernier adopte une philosophie matérialiste et sceptique envers les évènements surnaturels. À la fin du XVIIe siècle, le déisme est ouvertement adopté par les intellectuels, tels que John Toland, et pratiquement tous les philosophes du XVIIIe siècle, en France et en Angleterre.
Portrait de Jean Meslier
Le premier athée connu ayant ouvertement rejeté le déisme de couverture, pour nier l'existence de dieu, était l'allemand Matthias Knutzen, qui devance par ses écrits athées de l'an 1674 le prochain auteur athée Jean Meslier, un abbé français, de plus que 50 ans. Knutzen et Meslier ont été suivis par d'autres penseurs ouvertement athées, comme le baron d'Holbach, qui se manifeste à la fin du XVIIIe siècle, au moment où exprimer l'incrédulité en Dieu est devenu une position moins dangereuse.
La Révolution française fit sortir l'athéisme des cercles intellectuels et le fit entrer dans la sphère publique. Beaucoup de mesures séculaires ont alors intégré la législation française à cette époque. Certains révolutionnaires de l'époque ont aussi tenté de déchristianiser la France, en promouvant à la fois le déisme (notamment Robespierre et son Culte de l'Être suprême) et l'athéisme (Culte de la raison). Sous l'ère napoléonienne, la sécularisation de la société française a été institutionnalisée. Enfin, dans la seconde moitié du XIXe siècle, l'athéisme prend de l'ampleur sous l'influence de philosophes, à la fois philosophes rationalistes et libres penseurs. Beaucoup de philosophes allemands de cette période ont convaincu de l'absence de dieux et étaient critiques envers la religion ; parmi les plus célèbres Arthur Schopenhauer, Karl Marx ou encore Friedrich Nietzsche.
L'athéisme s'exprime au Japon notamment avec le penseur Nakae Chômin.
Au XXe siècle
Bertrand Russell, mathématicien et philosophe du XXe siècle
L'athéisme au XXe siècle progresse dans de nombreuses sociétés. La pensée athée est reconnue dans une large variété de philosophies, telles que l'existentialisme, l'objectivisme, l'humanisme laïque, le nihilisme, le positivisme logique, le marxisme, le féminisme, et le mouvement scientifique et rationaliste au sens large. Cette nouvelle vision a ouvert la voie à la philosophie analytique, au structuralisme, et au naturalisme. Leurs promoteurs, tel Bertrand Russell, ont dénoncé avec force les méfaits et les illusions issus de la croyance en Dieu.
Dans ses premiers travaux, Ludwig Wittgenstein a tenté de séparer métaphysique et langage surnaturel dans le discours rationnel. AJ Ayer a affirmé l'invérifiabilité et la futilité des arguments religieux, et revendique son adhésion aux sciences empiriques. JN Findlay et JJC Smart ont fait valoir que l'existence de Dieu n'est pas logiquement nécessaire. Matérialistes et naturalistes, tel John Dewey, ont examiné le monde naturel, selon eux à la base de tout, et ont nié l'existence de Dieu ou le concept d'immortalité.
Le XXe siècle a également été marqué par la reprise de l'athéisme à des fins politiques. Sous l'impulsion d'une interprétation fallacieuse des œuvres de Marx et Engels certains mouvements politiques ont même versé dans l'antithéisme. Après la révolution russe de 1917, les libertés pour les minorités religieuses ont survécu pendant quelques années. La Russie révolutionnaire vivait alors dans un climat de tolérance relative à l'égard du phénomène religieux, bien que le Parti bolchévik luttât activement contre la religion par des moyens rigoureusement pacifiques, définis dès 1905 par Lénine. Sa politique s'appuyait en effet sur la définition du jeune Marx : l'État et la société dans son ensemble « produisent la religion, une conscience renversée du monde, parce qu'ils sont eux-mêmes un monde renversé. ». Le problème religieux ne fut donc pas placé au premier plan, parce qu'il était avant tout perçu comme le produit idéel de l'oppression pratique et matérielle du prolétariat. Dans cette optique, transformer la base sociale et économique du pays revenait à combattre la source même du religieux, sans pratiquer de répression directe et violente à son égard. Le bolchévisme fit alors la promotion, d'une part, d'un État laïque, qui ne se mêle ni de reconnaître ni d'interdire aucun culte ; d'autre part, d'un parti idéologiquement athée qui cherche à toucher les masses par l'information scientifique, la presse, la littérature, etc.. Sous la politique de terreur rouge lancée par la gouvernement de Lénine, des persécutions antireligieuses ont été menées à grande échelle. Le stalinisme a plus tard relancé une répression farouche à l'encontre des religions. Dans l'URSS de Staline, nombre de lieux confessionnels furent transformés, détruits ou fermés, et le contrôle des populations en ce domaine favorisa une atmosphère de délation à l'égard des croyants. Durant la guerre d'Espagne, de nombreux épisodes de violences antireligieuses et anticléricales, commises par des groupes communistes et des anarchistes, ont eu lieu durant la période dite de la terreur rouge espagnole. L'Union soviétique et les autres États communistes ont promu un antithéisme d'État et se sont opposés aux religions, recourant parfois à la violence contre elles. En 1967, Enver Hoxha alors secrétaire général du Parti du travail d'Albanie, annonça la fermeture de toutes les institutions religieuses dans le pays, déclarant la République populaire d'Albanie « premier État officiellement athée ».
En 1966, le magazine Time demandait « Dieu est-il mort? » en réponse à la dissolution d'un mouvement religieux chrétien, citant l'estimation que près de la moitié des habitants de la Terre vivent sous un pouvoir détaché du religieux, et des millions d'autres en Afrique, en Asie et en Amérique du Sud ne sont pas intéressés par le Dieu chrétien.
Au XXIe siècle
Depuis la chute du mur de Berlin, le nombre de mouvements actifs antireligieux a considérablement diminué. La fin du XXe siècle et le début du XXIe siècle
ont vu la reprise d'un athéisme théorique par certains philosophes
comme André Comte-Sponville ou Michel Onfray. Notons que Comte-Sponville
insiste sur le fait qu'il n'adhère pas aux croyances du catholicisme,
mais n'entend pas renoncer pour autant à une certaine partie de ses
valeurs qu'il juge pertinentes.
Religions
Judaïsme
L’athéisme
juif tire ses racines de la Haskalah, l'équivalent hébraïque de la
Révolution des Lumières, dont il partage les sentiments antireligieux et
anticléricaux. Il fait référence aux Juifs laïques, qui ont choisi
d'abandonner la croyance en Dieu mais qui n'ont pas rejeté leur identité
juive ou leur attachement au peuple juif.
« La
Haskalah et le combat pour l'Émancipation conduisirent l'avant-garde
des Juifs allemands à rompre à des degrés divers avec la tradition juive
et à adopter un mode de vie et de pensée souvent beaucoup plus laïcisé
que ne l'avaient anticipé les premiers apôtres de l’Aufklãrung juive ».
Christianisme
Denis Diderot remet en cause les dogmes du christianisme
À l'époque où le christianisme dominait la vie sociale (spirituelle, politique, intellectuelle, scientifique, etc.) d'une grande partie de l'Europe, l'athéisme était généralement considéré comme le rejet de cette religion en particulier. Bien que cela ait été le cas de certains athées humanistes (en opposition notamment aux croisades et à l'Inquisition), l'antichristianisme ne représente qu'une petite frange des athées. Il existe d'ailleurs un lien historique étroit entre christianisme et athéisme, puisque c'est dans les pays de tradition chrétienne que s'est développée le plus largement la pensée athée et la laïcisation des institutions publiques.
La débaptisation n’est nullement nécessaire aux athées puisque ces derniers n'attachent pas d’importance au baptême. Son seul objectif est, pour la personne athée, purement symbolique, et exprime le désir de ne plus se voir recensée parmi les fidèles de l’Église catholique, et marquer ainsi son détachement officiel à cette dernière. En Allemagne, Autriche et Suisse, ou l'État prélève un impôt religieux reversé à certaines Églises, il existe une procédure légale de sortie de l'Église (Kirchenaustritt) obligatoire pour quiconque, ayant été baptisé ou ayant autrement déclaré son appartenance à une Église, souhaite être libéré de l'impôt religieux.
Islam
Dans
la plupart des pays à majorité musulmane, l'islam est intégré au tissu
même de l'État et de la société. En revanche certains d'entre eux, comme
la Turquie, revendiquent une laïcité forte qui provoque des polémiques
nombreuses à chaque fois qu'elle est remise en cause. Cependant, dans ce
dernier cas, la laïcité consiste en une séparation des institutions
politiques et religieuses et n'a souvent rien à voir avec l'athéisme,
très peu de Turcs se déclarant athées.
Le
Coran condamne les « mécréants », incluant tous les non-musulmans mais
aussi les adeptes des autres religions abrahamiques, qualifiés
d'injustes :
« Ceux
qui ont été chargés de la Thora mais qui ne l'ont pas appliquée sont
pareils à l'âne qui porte des livres. Quel mauvais exemple que celui de
ceux qui traitent de mensonges les versets d'Allah et Allah ne guide pas
les gens injustes. Dis : "Ô vous qui pratiquez le judaïsme ! Si vous
prétendez être les bien aimés d'Allah à l'exclusion des autres,
souhaitez donc la mort, si vous êtes véridiques". »
— Sourate 62
« Et quel pire injuste que celui qui invente un mensonge contre Allah, ou qui dément la Vérité quand elle lui parvient ? N'est-ce pas dans l'Enfer une demeure pour les mécréants ? »
— Sourate 29
Il indique ainsi que tous les mécréants sont condamnés à finir dans la Géhenne66
tant qu'ils persisteront dans leur conviction. Cependant, les lectures
de l'athéisme en islam sont multiples et complexes et dépendent de
l'interprétation faite du Coran. L'athée est considéré comme une
personne dans l'« erreur » la plus profonde, personne qui sortirait de
son « erreur » en commençant par respecter, tout au moins, les cinq
piliers de l'islam. L'opprobre et les persécutions auxquels sont
confrontés les musulmans ayant fait acte d'apostasie et devenus athées
sont tels que le phénomène de l'athéisme officiel est inexistant et
l'athéisme privé difficile à recenser.
Religions orientales
Article détaillé : Athéisme dans la philosophie hindoue.
Pour
une personne éloignée géographiquement et culturellement de
l’Extrême-Orient et du sous-continent indien, la figure de la divinité
n’apparaît pas dans les religions de ces régions (bouddhisme, sikhisme,
jaïnisme, taoïsme, védanta, etc.) de façon claire et homogène. Certains
proposent d’y voir plutôt des philosophies, et les qualifient (le
bouddhisme en particulier) d’athées.
Les
divinités jouent un rôle important dans le taoïsme religieux depuis ses
origines. Par contre, le bouddhisme hinayana et le jaïnisme, s'ils
admettent l'existence des êtres surnaturels supérieurs aux humains que
sont les deva du brahmanisme, ne leur accordent aucun rôle dans le
salut. Les bouddhismes mahayanas et vajrayanas accordent, eux, une place
importante à des entités surnaturelles (bodhisattvas et bouddhas
« transcendants »), en général appelées « déités ». Dans la philosophie
mahayana, les différentes déités sont des manifestations de la même
nature, qui est aussi celle du pratiquant. La définition de ces systèmes
comme athées n’est donc qu’un point de vue possible, qui suppose une
certaine analyse philosophique de la part du pratiquant ou de
l’observateur.
Du
point de vue de la pratique, ces philosophies prennent un caractère
religieux notamment avec l'existence d'une hiérarchie pyramidale et
l'institutionnalisation du statut de « personne éveillée ». Cela rend la
qualification de « religion athée » délicate. Cependant il y a
davantage dans ces religions l'affirmation d'un Absolu impersonnel (Tao,
nirvāna, brahman, etc.) à la fois transcendant et immanent, que d'un
dieu créateur transcendant à la façon théiste, affirmation que ces
philosophies considèrent comme un anthropomorphisme.
Politique
Coexistence
La plupart des athées acceptent la coexistence avec les croyants des différentes religions :
- soit par respect : idée que les messages attribués à Dieu ou aux dieux synthétisent une réalité anthropologique et sociale, et que même si la cause attribuée, la divinité est absente et fausse, l'effet n'en demeure pas moins réel et par conséquent les valeurs prônées par les religions sont dignes d'intérêt (par exemple, les interdits religieux peuvent trouver leur cause dans des problèmes sanitaires antérieurs et le message chrétien a été conservé par les sociétés occidentales).
- soit par tolérance : dans un souci de réciprocité afin que sa propre non-croyance soit tolérée ou avec l'idée que les religions disparaîtront d'elles-mêmes sans qu'aucune confrontation ne soit nécessaire.
- soit par pragmatisme : la religion pourrait être considérée comme un outil social permettant de maintenir l'unité nationale, l'identité nationale, etc. C'est le cas de Charles Maurras.
Régimes d'inspiration marxiste
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À l'inverse, l'athéisme fut instauré comme doctrine d'État officielle au XXe siècle
notamment dans la République populaire socialiste d'Albanie d'Enver
Hoxha, où l'exercice de toute religion était réprimé et où tout symbole
religieux était proscrit. Les monuments religieux ont été soit détruits
soit volontairement transformés. Cette situation n'est pas directement
liée à la philosophie marxiste proprement dite, mais à la pratique
totalitaire de régimes d'inspiration marxiste réelle ou prétendue. Par
définition, un régime totalitaire (quelles que soient les doctrines dont
il se réclame) considère comme subversive toute croyance en une
autorité supérieure à celle de l'État ou du Parti dirigeant; son propre
système idéologique, qui n'est jamais qualifié de religion, tient lieu
de religion officielle. En conséquence, les pratiques religieuses, vues
comme des comportements déviants, sont soit purement et simplement
proscrites, soit tolérées de façon précaire.
L'Union
soviétique et ses états satellites ont également fait de l'athéisme
d'État l'un des fondements de leur idéologie. Avec plus ou moins de
vigueur. L'« athéisme scientifique » faisait partie des matières
obligatoires à l'université. Toutes ces pratiques varièrent en intensité
tout au long de l'existence de l'Union soviétique. De 1917 à 1924, le
régime eut une politique conciliante envers la pratique privée, alors
qu'il sécularisait les biens de l'Église orthodoxe russe. Les dirigeants
étaient partagés entre la volonté d'enlever « le bandeau qui masquait
la vérité au peuple » et la peur de s'aliéner les masses.
L'accession
au pouvoir de Staline mit fin à cette tolérance relative. Jusqu'en
1932, le régime mena une politique répressive, marquée par de multiples
destructions d'édifices religieux. Les années trente virent un lent
regain de l'organisation religieuse, ralenti par un court regain de
répression pendant les Grandes Purges (1937-1938). Le changement de
politique fut complet lors de la Grande Guerre Patriotique (1941-1945),
qui inaugura une période de détente idéologique. Un clergé officiel fut
autorisé et la charge de métropolite, abolie depuis 1925, rétablie,
tandis que les musulmans recevaient quatre Directions Spirituelles,
autorisées à former des mollahs et à publier régulièrement des fatwas.
Après-guerre, la politique de promotion de l'athéisme reprit, mais
surtout, elle se combina à un durcissement des Églises officielles (les
uniates d'Ukraine furent les premiers à en pâtir). Cette divergence
entraîna la création d'une hiérarchie officieuse, les « églises
souterraines » et « l'islam parallèle » composé des religieux de
confréries soufies. En dépit de l'affirmation constante de son athéisme,
l'URSS ne cessa d'emprunter à la liturgie orthodoxe. Staline inaugura
cette pratique en confiant les funérailles de Lénine (1924) aux bons
soins de Krasine, de la secte des « Constructeurs de Dieu ».
L'embaumement du défunt avait une forte résonance orthodoxe : il faisait
directement référence à l'imputrescibilité du corps du saint.
Les
pratiques parallèles comme les cultes officiels furent la cible de
Khrouchtchev à compter de 1959, qui se positionnait ainsi en
rétablisseur de la tradition léniniste face aux errances staliniennes.
L'ère Brejnev fut une accalmie : un compromis fut trouvé qui reposait
sur le rôle des religieux à l'extérieur, notamment dans les relations
avec les pays arabes. En revanche, Gorbatchev relança une politique
répressive sur des bases idéologiques similaires à celles de
Khrouchtchev. Après la chute du bloc de l’Est et de l'URSS, les cultes
orthodoxe (Russie, Ukraine), catholique (Pologne), et musulman (Asie
centrale, Caucase et Tatarstan) reprirent de la vigueur. L'expression de
la religiosité s'accrut et des personnes nées dans des familles athées
se convertirent. Certains des régimes politiques issus de la chute du
bloc de l'est continuent cependant la politique religieuse mise en place
par l'URSS, ou du moins, à l'instar de l'Ouzbékistan, en ont conservé
les méthodes.
Conception anglo-saxonne
Richard Dawkins, militant athée médiatique en Grande-Bretagne
Des
philosophes tels que Antony Flew et Michael L. Martin ont décrit les
différences entre l'athéisme fort (positif) et l'athéisme faible
(négatif). L'athéisme fort est l'affirmation explicite que les divinités
sont des inventions humaines. L'athéisme faible inclut toutes les
autres formes de non-théisme. D'après cette distinction, toute personne
n'étant pas théiste est soit un athée faible soit un athée fort. Les
termes « faible » et « fort » sont relativement récents ; cependant, les
termes équivalents de « positif » et « négatif » ont été utilisés dans
la littérature philosophique. En considérant cette définition de
l'athéisme, la plupart des agnostiques peuvent alors se qualifier
d'athées faibles.
Tandis
que l'agnosticisme peut être vu comme une forme d'athéisme faible, la
plupart des agnostiques envisagent leur point de vue comme différent de
l'athéisme. L'incapacité de connaître la vérité quant à l'absence ou à
la présence de dieux supposés incitent les agnostiques à un scepticisme
plus poussé que les athées, ces derniers niant l'existence de dieux. La
réponse habituelle des athées à cet argument d'une nécessité de
scepticisme est que les dogmes religieux non fondés méritent aussi peu
de croyances et de reconnaissance que n'importe quel autre dogme
infondé, et que l'incapacité à prouver l'existence de dieux n'implique
pas un argument de même valeur pour les deux partis.
Certains
auteurs populaires comme Richard Dawkins préfèrent distinguer théistes,
agnostiques, et athées, par la probabilité accordée à la proposition
« Dieu existe ».
Statistiques
Diverses estimations du nombre d'athées ont été émises.
Organismes officiels
Pourcentage d'athées : Résultat de l'enquète Eurobaromètre 2005
Le
World fact book de la CIA estime, en 2007, le nombre de personnes
« sans religion » à 11,77 % de la population mondiale, auquel elle
rajoute 2,32 % d'athées. Cependant, ces résultats sont à nuancer. Les
chiffres de la CIA sont souvent éloignés de la réalité (le nombre de
catholiques en France est estimé à 88 % par la CIA, alors que plusieurs
sondages indiquent des chiffres autour de 27 % de catholiques croyant en
Dieu). Dans une enquête de l'Eurobaromètre en juin 2005, 52 % des
Européens affirment croire en un dieu, et 18 % disent qu'ils ne croient
en aucune forme de divinité, d'esprit ou de force supérieure (le plus
fort taux étant atteint en France, avec 33 % d'athées). Les personnes
indiquant qu'ils croient en un dieu sont minoritaires dans 15 pays de
l'Europe des 25. En outre il existerait une corrélation entre la
croyance en un dieu et l'âge, une corrélation inverse avec le niveau
d'éducation et les femmes auraient plus tendance à croire en un dieu que
les hommes (p. 10).
Dans
les ouvrages de références, la World Christian Encyclopedia annonce
1 071 millions d'agnostiques et 262 millions d'athées dans le monde en
2000. Selon l'ouvrage de Jean Baubérot (dir.), Religion et laïcité dans
l'Europe des 12, 1994, page 259 : au moment de la publication de
l'ouvrage, un quart de la population de l'Union européenne était « non
religieuse ». 5 % des Européens étaient athées convaincus.
Enquêtes d'opinions et sondages
Pourcentage des athées et agnostiques dans le monde en 2007
Une
enquête menée dans 21 pays sur 21 000 personnes et publiée en décembre
2004 annonce que 25 % des Européens de l'Ouest se disent athées contre
12 % dans les pays d'Europe centrale et orientale. Toujours selon cette
enquête publiée dans The Wall Street Journal (version européenne), 4 %
des Roumains et 8 % des Grecs se disent athées. Au contraire, 49 % des
Tchèques et 41 % des Néerlandais se déclarent athées. L'athéisme
progresse nettement aux États-Unis (voir sous-section plus bas) :
d'après un sondage Pew Forum d'août 2007, 8 % des Américains sont
athées, soit 24 millions de personnes. Il indique aussi que les
Américains agnostiques, doutant de l'existence de Dieu, constituent 21 %
de la population, soit 63 millions de personnes83.
Selon une enquête d'avril 2009 de l’American Religious Identification
Survey (en), le nombre d'Américains sans religion s'établirait à 15 %.
Les athées américains s'organisent en associations, parmi lesquelles la
Coalition laïque pour l'Amérique est la plus puissante. Dans les
universités, l’Alliance des étudiants laïques possède quelque 146
bureaux sur les campus du pays. La dernière enquête en date au Canada a
eu lieu entre le 22 et le 26 mai 2008, et a été réalisée sur un
échantillon de 1 000 personnes par La Presse canadienne-Harris Décima.
Elle indique que 23 % des Canadiens sont athées. Le pourcentage
d'agnostiques s'élève à 6 %. Un précédent sondage de 2001 comptait
16,5 % d'athées dans la population.
En
France, selon un sondage de l'institut de sondage CSA sur les croyances
des Français réalisé en mars 2003, 26 % des personnes interrogées se
déclarent « sans religion », et 33 % des personnes estiment que le terme
« athée » les définit « très bien » ou « assez bien ». Dans un sondage
IFOP du 12 avril 2004, 55 % des Français annonçaient croire en un dieu,
44 % affirmaient ne croire en aucun dieu et 1 % ne se prononçaient pas.
Un sondage de l'institut Harris Interactive, publié par le Financial
Times, daté de décembre 2006, dénombre 32 % d'athées et 32 %
d'agnostiques en France (sondage réalisé sur les États-Unis,
l'Allemagne, l'Espagne, la France, l'Italie et le Royaume-Uni).
Évolution de l'athéisme entre 2005 et 2012
Le
22 août 2012, le site de la BBC annonce que la nouvelle étude mondiale
sur l'évolution des attitudes par rapport aux croyances et à l'athéisme
vient de paraître. Cette étude, menée auprès de 51 927 personnes dans 57
pays sur les cinq continents, par 57 Instituts affiliés au groupe
WIN-Gallup International, mesure la perception, par les gens eux-mêmes,
de leur relation aux croyances — ou non-croyances. Elle est intitulée
The Global Religiosity and Atheism Index.
Une
première étude avait été publiée en 2005, avec les mêmes questions
posées, auprès du même échantillonnage, et dans les mêmes pays, ce qui
donne un outil statistique sur l'évolution des attitudes, sur ces
sujets-là, dans le monde.
Il
ressort de ces comparaisons statistiques que, globalement, en 2012 et
dans l'ensemble du monde, l'athéisme déclaré représente 13 % de la
population étudiée. De plus, les personnes interrogées se déclarant
« sans religion » totalisent 23 % (seules, 4 % se déclarent « sans
opinion » ou ont refusé de répondre).
En
termes de « régions du monde », les « régions » ayant le plus fort
pourcentage de personnes se déclarant « sans religion » sont, par ordre
décroissant : l'Extrême-Orient (57 %), l'Amérique du Nord (33 %),
l'Europe de l'Ouest (32 %), le Proche-Orient et l'Asie du Nord (ex-aequo
à 30 %), l'Europe de l'Est (21 %), suivis par le Monde arabe (18 %),
l'Amérique latine (13 %), l'Asie du Sud (11 %) et l'Afrique (7 %).
Les
« régions » ayant le plus fort pourcentage d'athées sont, par ordre
décroissant : l'Asie du Nord (42 %), suivie par l'Europe de l'Ouest
(14 %), l'Amérique du Nord (6 %), l'Europe de l'Est (6 %), le
Proche-Orient et l'Asie du Sud (ex-aequo à 3 %), et enfin l'Amérique
latine, l'Afrique et le Monde arabe (ex-aequo à 2 %).
Dans
certains pays, l'athéisme a nettement progressé entre 2005 et 2012 : il
a augmenté d'un tiers environ au Japon (de 23 % à 31 %), en Tchéquie
(de 20 % à 30 %), en Corée du sud (de 11 % à 15 %), en Allemagne (de
10 % à 15 %), en Islande (de 6 % à 10 %), et au Canada (de 6 % à 9 %).
Toujours entre 2005 et 2012, il a doublé aux Pays-Bas (de 7 % à 14 %),
et plus que doublé en France (de 14 % à 29 %) ainsi qu'en Pologne (de
2 % à 5 %). Il a plus que triplé en Argentine (de 2 % à 7 %), et
quadruplé en Afrique du Sud (de 1 % à 4 %). Enfin, il a quintuplé aux
États-Unis, passant de 1 % à 5 %.
En
revanche, l'athéisme a reculé de 1 %, passant de 10 % à 9 % en Espagne,
de 7 % à 6 % en Finlande, de 4 % à 3 % en Ukraine, ou encore, de 4 % à
3 % en Inde. Les plus forts taux de recul enregistrés se situent en
Bosnie-Herzégovine (-5 %), en Malaisie (-4 %), et en Bulgarie (-3 %).
Les
pays ayant le plus fort pourcentage d'athées « déclarés » sont : la
Chine (47 %), le Japon (31 %), la Tchéquie (30 %), la France (29 %), la
Corée du Sud (15 %), l'Allemagne (15 %), les Pays-Bas (14 %), l'Autriche
(10 %), l'Islande (10 %), l'Australie (10 %), l'Irlande (10 %), le
Canada (9 %), l'Espagne (9 %), la Suisse (9 %), Hong Kong (9 %), la
Suède (8 %), la Belgique (8 %), l'Italie (8 %), l'Argentine (7 %), la
Russie (6 %), la Finlande (6 %), le Sud-Soudan (6 %), l'Arabie Saoudite
(5 %), la Moldavie (5 %), les États-Unis (5 %), la Pologne (5 %), et
l'Afrique du Sud (4 %).
Dans
une section titrée « La religiosité est plus forte chez les pauvres »,
le Global Index remarque : « Il est intéressant [de noter] que la
religiosité décline au fur et à mesure que la prospérité matérielle des
individus augmente. Alors que les résultats par nations globales sont
complexes, les individus interviewés dans un pays spécifique donnent une
image révélatrice. Si l'on regroupe les citoyens des 57 pays en cinq
strates, depuis les relativement pauvres jusqu'aux relativement riches
par rapport au niveau propre de leur pays, [on voit que] plus l'on est
riche, moins l'on se définit comme religieux ».
Enfin,
une autre section est intitulée : « La religiosité diminue chez les
personnes ayant eu une éducation universitaire ». Il y est affirmé que
« Les personnes ayant été à l'université sont 16 % à être moins
religieuses que celles qui n'y ont pas été. Plus le niveau d'éducation
atteint est élevé, moins les personnes se déclarent religieuses ».
Le tableau illustratif montre que, globalement, les personnes n'ayant pas atteint le niveau du secondaire sont 68 % à se déclarer religieuses ; celles ayant bénéficié d'une éducation secondaire ne sont plus que 61 % ; enfin, il n'en reste plus que 52 % parmi celles ayant atteint le niveau de l'enseignement supérieur.
Le tableau illustratif montre que, globalement, les personnes n'ayant pas atteint le niveau du secondaire sont 68 % à se déclarer religieuses ; celles ayant bénéficié d'une éducation secondaire ne sont plus que 61 % ; enfin, il n'en reste plus que 52 % parmi celles ayant atteint le niveau de l'enseignement supérieur.
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