Bienheureux Alcuin († 804)
En charge de l'Abbaye de Saint Martin de Tours
Raban Maur (gauche), soutenu par Alcuin (milieu), dédicace son œuvre à l'archevêque Otgar de Mayence (droite)
Alcuin d'York, en vieil anglais Ealhwine, latinisé Albinus et surnommé Flaccus (Northumbrie, vers 730 – Tours, 804), était un savant et religieux anglais.
C'était l'un des principaux amis et conseillers de Charlemagne, et un artisan important de la Renaissance carolingienne au VIIIe siècle et au IXe siècle.
Il fut à la tête de la plus grande école de l'Empire carolingien : l'Académie palatine.
Il
a mené de grandes réformes et il fut un des premiers à défendre l'idée
d'une identité européenne qui s'appuie sur la civilisation antique
plutôt que sur les héritages barbares.
L'historien Eginhard le tient pour « l'homme le plus savant de son temps ».
Biographie
Jeunesse et formation
Alcuin
naquit vers 730 dans le Yorkshire, de parents nobles et riches. Alcuin
fut éduqué dans l'école cathédrale d'York, une des plus renommées de
l'époque, sous la direction de Egbert puis de Elbert, un disciple de
Bède le Vénérable.
Il devint maître de l'école en 778.
Un homme de culture
En 781, à 49 ans, Alcuin effectua un voyage à Rome.
De
passage à Parme, Alcuin rencontra Charlemagne et accepta son invitation
à Aix-la-Chapelle, où le roi rassemblait les plus grands savants de son
temps.
À la tête de l'école palatine, Alcuin devint le professeur et conseiller de Charlemagne, et de ses fils.
Charlemagne donna à Alcuin la charge des abbayes de
Ferrières-en-Gâtinais, de Saint-Loup de Troyes, et de Saint-Josse en
Ponthieu.
Sous l’égide d’Alcuin, de grands centres culturels s’organisèrent autour des monastères et des cathédrales.
Il
introduisit les méthodes d'enseignement anglo-saxonnes dans les écoles
franques, systématisa le curriculum scolaire, et encouragea l'étude des
arts libéraux.
Simple diacre, Alcuin fut chargé de l'éducation de jeunes nobles destinés aux plus hautes fonctions de l'Église et de l'État.
Un proche de Charlemagne
En 790, Alcuin est envoyé en Angleterre afin de faire la paix avec Offa de Mercie.
Il
retourna en France trois ans plus tard et participa au concile de
Francfort en 794, puis au concile d'Aix-la-Chapelle en 799, où il
combattit l'adoptianisme, une hérésie selon laquelle Jésus ne serait que
le fils adoptif de Dieu.
Parfaitement
intégré à la vie de cour, Alcuin figura naturellement au premier plan
dans les réunions du milieu palatin, où les beaux esprits de la cour
disputaient en compagnie du roi.
Dans ce cercle de clercs cultivés, on s'attribuait des noms illustres.
Charlemagne fut surnommé « David », Alcuin « Flaccus », Théodulfe
« Pindare », Angilbert « Homère », et Éginhard « Béséléel ».
Alcuin montait à cheval pour suivre les déplacements de Charles, se baignait avec lui et participait à la vie de cour.
Il fit preuve cependant d'une grande piété et loua la supériorité de la vie monastique.
La querelle de l'adoptianisme
Cette querelle se réfère à une controverse qui a eu lieu pendant près de quinze ans, à partir de la fin du VIIIe siècle en Espagne et en France.
En
794, l'évêque de Tolède, Élipand adressa une lettre aux évêques de
France et à Félix d'Urgell où il affirmait que la personne du Fils de
Dieu n'était pas la même que la personne du fils de Joseph.
Pour
lui, le Christ était seulement le fils de Marie, et ne serait devenu
fils de Dieu que par adoption lors de son baptême. C'est ce que l'on
appelle l'adoptianisme.
Charlemagne
eut tôt fait de rallier « le sage Alcuin » pour s'opposer à cette
doctrine et rétablir l'unité de la chrétienté dans l'empire d'Occident.
Devant
l'affaiblissement des chrétiens d'Espagne qui étaient sous domination
musulmane, il espèrait sans doute appuyer l'Église, en prenant le parti
du pape, sans doute aussi pour établir une partie de son autorité
politique dans la zone occupée.
Il
veilla, par son épée, au service de l'empire chrétien, et Alcuin
seconda le pape par l'épée de la doctrine (doctrine des deux épées,
selon laquelle le pape défendait la foi, et Charlemagne, l'empire
chrétien d'Occident).
Abbé de Saint-Martin de Tours
Charlemagne
recevant Alcuin qui lui présenta les manuscrits écrits par ses moines.
Peinture au plafond d'une salle de la galerie Campana du musée du Louvre
Alcuin fut nommé par Charlemagne abbé de Saint-Martin de Tours en 796 où il rétablit l'observance régulière.
L'abbaye Saint-Martin de Tours devient l'un des foyers de la
renaissance carolingienne, où vient étudier notamment le jeune Raban
Maur.
Alcuin
encouragea la copie de nombreux textes au sein du scriptorium,
l'atelier de copie de l'abbaye, d'après des modèles importés
d'Angleterre, et augmenta considérablement le fonds de la bibliothèque
de Tours.
Alcuin insista particulièrement sur le soin de la calligraphie et de la ponctuation.
Sous
son égide, la minuscule caroline se diffusa en quelques années et se
perfectionna dans les magnifiques bibles produites par le scriptorium.
Il
participa à la réforme de la liturgie catholique et à la révision de la
Bible et du Sacramentaire grégorien, et établit en 800 une version de
la Bible qui s’imposa comme modèle. Alcuin réorganisa également la
structure scolaire, et rédigea des manuels dans chaque discipline.
« Ici
venez prendre place, vous dont la fonction est de transcrire la loi
divine et les monuments sacrés de la sagesse des Pères. Prenez garde de
mêler à ces graves discours quelque propos frivole ; veillez à ce que
votre main étourdie ne commette pas quelque erreur. Cherchez
studieusement des textes purs, afin que votre plume, dans son vol
rapide, aille par le droit chemin. C'est un grand honneur que de copier
les livres saints, et ce travail trouve sa récompense. »
— Alcuin.
En
étroites relations épistolaires avec Charlemagne et avec les principaux
personnages de son temps, il continua jusqu'à sa mort d'exercer un
véritable magistère intellectuel dans l'empire.
« À l'abbaye Saint-Martin de Tours, il fonda une académie de
philosophie et de théologie si innovatrice qu'elle fut surnommée « mère
de l'Université » [...] L'abbaye de Tours était le centre d'une
production de manuscrits à la qualité remarquable. »
Alcuin mourut le 19 mai 804 à l'abbaye Saint-Martin de Tours.
Œuvre littéraire
Alcuin laisse de nombreuses œuvres dédiées à l'éducation, à la théologie et à la philosophie.
Il laisse également de nombreuses lettres, des vies de saints, et des poèmes.
Bien qu'il fût le maître incontesté de son temps, Alcuin lègue une œuvre littéraire sans envergure.
- Patrologia Latina, t. 100-101.
- Monumenta Germaniæ Historica, Poeta latini ævi carolini, t. 1 à 6.
- Monumenta Germaniæ Historica, Epistolæ, t. 4.
- Alcuino, Commento al Cantico dei cantici - con i commenti anonimi Vox ecclesie e Vox antique ecclesie, ed. Rossana Guglielmetti, Firenze, SISMEL 2004
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