Collégiale Notre-Dame de Nantes
La collégiale Notre-Dame, ou église royale et collégiale Notre-Dame, est une ancienne église catholique de Nantes, en France, construite à la fin du Xe siècle, et aménagée jusqu'au XVIIIe siècle.
Elle fut démolie après avoir été laissée à l'état de ruine, au début du XIXe siècle.
Certaines parties furent abattues à la fin du XIXe siècle. Il n'en reste que quelques traces sur des bâtiments anciens.
L'édifice
a été le lieu d'inhumation des ducs Alain Barbetorte et Pierre II de
Bretagne, et fut donc un lieu symbolique de l'histoire du duché de
Bretagne.
Historique
L'église
Église Sainte-Marie
À
l'emplacement de l'actuelle place Dumoustier, le premier duc de
Bretagne, Alain Barbetorte, est inhumé, en 952, dans l'église
Sainte-Marie, qu'il a fait construire après sa victoire sur les Normands
en 937, sur un emplacement où préexistait une chapelle également
consacrée à Marie.
L'église
est donnée en 1074 aux religieux de l'abbaye Sainte-Croix de Quimperlé.
Cette possession est ensuite contestée par l'évêché de Nantes, qui se
voit confirmer ses droits en 1135, et par les bénédictins de l'abbaye
Saint-Sauveur de Redon qui en obtiennent la propriété après un procès,
en 1172. L'église est alors administrée par des moines.
Collégiale Notre-Dame
L'église
Sainte-Marie, sans doute transformée, est érigée en collégiale, sous le
nom de Notre-Dame de Nantes, par l'évêque de Nantes Daniel Vigier, en
1325. Le chapitre de chanoines de cette nouvelle collégiale est composée
de dix-neuf membres.
L'édifice
a abrité le tombeau prévu pour accueillir les dépouilles du duc Pierre
II de Bretagne et de son épouse Françoise d'Amboise. Pierre II avait
auparavant fait rénover l'église, et fait construire l'abside et une
flèche à six pans surmontant six clochetons, réalisée après sa mort. Si
la sépulture ducale (réalisée en 1443) était recouverte d'une dalle
figurant les deux époux, seul le corps de Pierre II y fut déposé,
François d'Amboise ayant été inhumée dans le monastère des Couëts, sur
le territoire de l'actuelle commune de Bouguenais, qu'elle avait fondé
et où elle finit ses jours.
En
1461, les premières fonctions attribuées par François II lors de la
création à Nantes de l'université de Bretagne sont confiées au chapitre
collégiale Notre-Dame. Le duc fait restaurer le tombeau de Barbetorte.
Il fait ensuite construire l'aile droite du chœur, et à la suite de ces
travaux, l'église est de nouveau consacrée, le 12 mai 1476.
Après
son exécution par pendaison, en 1485, le corps de Pierre Landais, grand
Trésorier de Bretagne tombé en disgrâce, est déposé dans la collégiale
Notre-Dame, son enfeu se trouvant plus précisément dans la chapelle de
la Madeleine (nord-est de l'église).
La
fille de François II, Anne de Bretagne, fait, en 1506, édifier l'aile
gauche du chœur. Des travaux sont effectués sur l'église jusqu'en 1745,
et même 1746 puisque le carrelage est semble-t-il refait cette année-là,
au prix de la disparition de nombreuses dalles d'enfeus.
Plusieurs
chapelles viennent compléter l'édifice : les chapelles Saint-Claude (ou
de Rouville), Saint-Thomas, Saint-Jacques et Saint-Philippe (après
1533), et une autre en 1548.
Destruction progressive de l'église
Lors de la Révolution, l'église sert d'écurie pour 300 chevaux.
Puis elle est vendue en tant que bien national. Les premiers
acquéreurs, en 1793, sont Marguerite Gautier, veuve Poinson Burot, et
Henri Pierre Orillard, négociant spécialisé dans la confection
d'indiennes. En 1798, Louis Tourmeau acquiert la partie est de l'église.
La séparation en deux parcelles provoque la création d'une « rue »
passant sous le clocher de l'église, la coupant en deux. La partie ouest
du bâtiment change de propriétaire, le fondeur Pierre-Jean Mouillé
l'achetant en 1801. Cette année-là, la flèche est détruite par la
foudre.
En
1803, l'ingénieur Pierre Fournier est chargé de procéder à la
destruction d'une grande partie de l'église. À cette occasion, il
explore le tombeau de Pierre II de Bretagne, et y découvre, en lieu et
place des restes du duc, un mannequin. Cette découverte n'a pas eu
d'explication par la suite, l'hypothèse d'un stratagème permettant au
duc de finir sa vie incognito étant souvent évoquée. Cependant, dès
1894, une analyse de la découverte tendait à démontrer qu'il s'agissait
sans doute d'une méprise, le tombeau de Pierre II ayant sans doute été
détruit avant 1803.
La
vente par famille Tourmeau d'une partie des bâtiments achetés en 1798 a
été consignée sur papier, ce qui permet de certifier qu'en 1814, une
tour était accessible par un escalier, éléments de l'ancienne église.
François-Jean-Baptiste Ogée, architecte voyer, constate en 1816 que
l'église est « coupée en deux » (au niveau de la rue Saint-Denis).
La
partie ouest de l'ancienne collégiale, achetée en Pierre-Jean Mouillé
en 1801, est exploitée par un autre fondeur originaire de Suisse
francophone, Pierre Siméon Voruz (1763-1819), arrivé en France en 1780.
Il s'est marié à Nantes en 1786 avec la sœur d'un fondeur, Guillaume
Cossée, et est parent par alliance de Pierre-Jean Mouillé. Le frère de
Pierre Siméon, Jean Samuel Voruz (1772-1827), arrive lui en France en
1790. En 1808, la famille Voruz rachète l'ancienne collégiale à
Pierre-Jean-Mouillé. Cependant, les fondeurs cherchent à mettre un terme
à l'éclatement de leurs sites de production. Outre l'ancienne
collégiale, ils ont également des ateliers dans l'ancien cloître des
Cordeliers, rue Galilée (actuelle rue du Calvaire), et rue du
Peuple-Français (actuelle rue du Roi-Albert). C'est en 1829 que les fils
de Jean Samuel Voruz, Pierre Samuel (1806-1830) et Jean Simon
(1810-1896), achètent un site dans le quartier Launay (près de
l'actuelle place Canclaux) pour regrouper leurs activités.
La mairie de Nantes achète la « propriété Voruz »
(partie ouest de l'église, à partir du niveau de la rue Saint-Denis) en
1828 ou 1829, dans le but d'aménager une nouvelle place, appelée par
anticipation « place du Marché ». En 1830, l'angle nord-est de l'îlot
subsistant est détruit pour permettre la construction d'un bâtiment,
l'« hôtel Plumard », par l'entrepreneur Perraudeau fils. La « place du
Marché » est baptisée place Dumoustier le 23 janvier 1832. En 1835, la
municipalité y fait apposer une plaque à la mémoire de Françoise
d'Amboise. Le plan cadastral établi cette année-là permet de constater
la conservation (au sol) du tracé de l'abside, d'une partie du chœur et
des chapelles latérales.
En
1866, le projet d'aménagement de la place Saint-Pierre prend forme,
sous la conduite de l'architecte Lechalas. La chapelle Saint-Thomas est
détruite, la rue Portail est percée. En 1869, des plans sont dressés sur
un bâtiment de la rue Ogée (au nord-est de l'ancienne collégiale),
mettant en évidence des éléments de la structure de l'ancienne église.
Entre 1873 et 1893, d'autres constructions sont entreprises sur ces
parcelles. Cependant, les immeubles de cette zone ont conservé des
éléments bâtis anciens, contrairement à ce qui a été réalisé autour de
la place Saint-Pierre.
En
2011, des travaux de ravalement ont révélé, le long de la rue Portail,
des vestiges dans le mur sud des habitations de la rue Ogée. Ces
vestiges ont été laissés apparents.
Reste d'arc brisé visible sur un pignon de d'immeuble
Vestige de colonne
Vestige d'ouverture
Plaque commémorative, place Dumoustier
Chapelle Saint-Thomas
La
chapelle Saint-Thomas est construite de 1514 à 1524 sous l'impulsion de
l'évêque de Dol Thomas II Le Roy. Après la mort de celui-ci, son cœur
est transféré dans l'édifice qui porte son nom. Cette chapelle n'est
achevée qu'en 1644.
Elle
échappe à la destruction consécutive à l'ouverture de la « place
Notre-Dame » en 1831, et connaît une histoire indépendante de l'église
dans laquelle elle était incluse. Elle sert d'abord de dépôt de cercueil
de la ville.
En
1836, Prosper Mérimée, en visite dans l'Ouest, constate son état de
délabrement, et, certain de la valeur architecturale de l'édifice, il
écrit au préfet de la Loire-Inférieure et au conseil municipal que « c'est pitié de voir une ruine si intéressante négligée de la sorte ».
La
chapelle fait partie des trois seuls bâtiments de Nantes ayant retenu
l'attention de Mérimée, avec le château et la cathédrale.
Puis l'édifice est utilisé comme magasin pour un facteur d'orgue, et comme atelier de forgeron.
En
1865, Arthur Le Moyne de La Borderie, sous le pseudonyme de Louis de
Kerjean, demande de surseoir à la destruction programmée de la chapelle.
Ange
Guépin soumet au conseil municipal une proposition de Louis Cailleau
(1823-1890), dit frère Louis, directeur de l'institution pour enfants
sourds de La Persagotière, de reconstruire la chapelle Saint-Thomas dans
son établissement.
La solution n'est pas retenue.
Le 7 août 1866, l'architecte de la ville établit le devis pour deux
opérations : la reconstruction de la chapelle dans le cimetière La
Bouteillerie, ou la remise à la Société nantaise d'archéologie de toutes
les pierres sculptées. Le conseil municipal suit la recommandation du
rapporteur de la commission chargée d'étudier cette affaire, Louis
Mathurin Babin-Chevaye, qui, arguant de l'état de ruine de la chapelle
et du coût trop élevé d'une reconstruction, propose la destruction.
La
chapelle Saint-Thomas est détruite en 1866, quelques éléments
architecturaux étant conservés pour construire un porche intérieur de la
chapelle de l'Oratoire.
Actuellement, les éléments subsistants de la chapelle sont conservés (mais non exposés) au musée Dobrée.
Architecture
Tombeaux et enfeus
Outre
celles d'Alain Barbetorte, de Pierre II de Bretagne et de Pierre
Landais, la collégiale Notre-Dame a également accueilli les sépultures
de personnalités nantaises jusqu'à la fin du XVIIIe siècle.
Par
exemple, en 1428, Gilles de Lesbiest (ou d'Elbiest), capitaine de la
ville et du château de Nantes, seigneur de Thouaré, et son épouse
Béatrix de Lande, dame de Guihen et de Thouaré (morte en 1422).
Le
cœur du fondateur de la chapelle Saint-Thomas, Thomas Le Roy, est placé
sous l'autel ; une reproduction de la gravure figurant sur sa « tombe »
a été conservée.
Salomon
de La Tullaye, arrière-petit-neveu et héritier de Thomas Le Roy, après
rénovation de la chapelle, y fait installer un enfeu, où sont par la
suite inhumés les membres de la famille de La Tullaye.
Source :
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