Église de l'Annonciation
(église Sainte Rita)
L'église de l'Annonciation, communément appelée église Sainte-Rita, est une église baroque située dans le Vieux-Nice au 1 rue de la Poissonnerie.
Elle porte également les noms de : chapelle Saint-Jaume, chapelle Saint-Jacques-le-Majeur, chapelle Saint-Giaume et chapelle Sainte-Rita.
Elle est classée monument historique par arrêté du 3 février 1942.
Historique
L'Annonciation de Chevelkine (1829)
L'église
de l'Annonciation est l'une des plus anciennes de Nice. On peut établir
la date de son érection vers l'an 900 de l'ère chrétienne.
Dédiée
à l'apôtre Jacques le Majeur pendant 935 ans, dont 893 comme paroisse,
elle fut la deuxième, en importance, des quatre paroisses de la ville de
Nice.
L'église qui abritait entre autres l'autel de Saint-Érasme, patron des navigateurs, était celle de la paroisse de la Marine.
En
1531, les moines de l'abbaye Saint-Pons échangent avec le chapitre
cathédral le prieuré Sainte-Réparate contre l'église paroissiale
Saint-Jacques.
Cette dernière porte aussi le nom de Saint-Giaume (en niçois). Les transactions ne furent finalisées que le 22 juillet 1576.
Le
couvent des Carmes a été détruit au cours du siège de 1543. Ceux-ci
cherchent alors un nouveau lieu pour s'installer et choisissent l'église
Saint-Jacques. Un accord est trouvé avec l'abbaye Saint-Pons. Il est
approuvé par le pape Paul V, le 4 juin 1605.
En
1604, après l'administration paroissiale des Bénédictins, les pères
Carmes desservirent l'église en y établissant la confrérie
« Notre-Dame-du-Mont-Carmel ».
L'église étant en très mauvais état, les pères décidèrent dès 1610 de la reconstruire.
Afin
de pouvoir agrandir l'église qu'ils jugeaient « trop étroite, incommode
et obscure », ils achetèrent une maison contiguë à l'ouest sans
laquelle tout agrandissement était impossible, mais n'obtinrent pas le
transfert de la loge communale, construite en 1584, qui était accolée au
nord du bâtiment.
La
première pierre de la nouvelle construction est posée le 15 mai 1677.
Vers 1685 l'église est achevée, mais des travaux de finition et
d'embellissement se poursuivront pendant cinq ans.
Ce
n'est qu'en 1740-1741 qu'un clocher sera rajouté à l'édifice après
accord du vice-légat d'Avignon pour emprunter la somme nécessaire. Il
semble qu'une reprise des travaux ait eu lieu en 1760.
La
structure et la décoration de l'église sont similaires à celles de
l'église du Laghet et de la cathédrale Saint-Réparate qui ont été
réalisées par Jean-André Guiberto et Marc-Antoine Grigho.
En 1793, par décret du gouvernement de la Terreur, l'église fut fermée et réduite à un dépôt de sel.
Douze ans plus tard, en 1806, elle fut restaurée et rouverte au culte.
À
partir de ce moment toutefois, l'église n'était plus paroissiale, mais
simplement un lieu de culte dépendant de la paroisse du Gesù.
Le prêtre et théologien Borelli et, plus tard, l’abbé André Gilli
travaillèrent beaucoup l'un et l'autre à la restauration de la chapelle.
Le
16 juillet 1834, fête de Notre Dame du Mont-Carmel, un grave incendie
éclata dans l’église et détruisit le grand tableau de l'abside.
Il
s'agissait d'un tableau représentant la Transfiguration de Jésus-Christ
devant les trois apôtres Pierre, Jean et Jacques le Majeur (titulaire
de l'église), œuvre importante du peintre Domenichino.
Le tableau fut remplacé par celui de 'L'Annonciation, œuvre du peintre russe K.A. Chevelkine (1829). Le tsar Alexandre Ier
en avait fait don au général comte Alexandre Michaud de Beauretour. Ce
dernier, né et mort à Nice, fut aide de camp du tsar et commandant
militaire de la Russie impériale.
Après
l'incendie, Michaud offrit le tableau à l’église. C’est à partir de ce
jour que l'église changea de titulaire et fut appelée populairement
« église de l'Annonciation ».
La façade fut rénovée en 1836.
En 1844, Mgr
Galvano, évêque de Nice, la confia aux pères Oblats de la Vierge Marie
qui entreprirent une restauration complète de l'édifice, avec notamment
l'exécution des portes en noyer sculpté vers 1845 (encore visibles
aujourd'hui).
En
1934, le père Andrea Bianco, alors recteur de l'église, y introduisit
le culte de sainte Rita en installant une statue de sainte Rita sur le
premier autel latéral, à gauche en entrant dans l'église.
La
dévotion des Niçois à sainte Rita n'a cessé depuis lors de grandir à
tel point que l'église est davantage connue aujourd'hui sous le vocable
d'église Sainte-Rita que sous son nom véritable d'église Saint-Giaume et
de l'Annonciation.
En 1983, de nouveaux travaux réalisés sur la façade permettent de dégager l'inscription du linteau.
En
1984-1985, les Pères Oblats, grâce à la collaboration des fidèles, ont
effectué d'importantes rénovations afin qu'aujourd'hui encore on puisse
admirer la beauté artistique et la richesse de la décoration.
Au
fil des restaurations successives, deux autels seulement ont changé :
celui de la Sainte-Croix remplacé par Sainte-Rita en 1934 et celui de
Saint-Joseph restitué à Saint-Érasme.
Caractéristiques
L'extérieur de l'église
L’église
est dotée d’une façade inachevée qui a perdu sous des rénovations
successives ses structures originelles. Elle ne se distingue que par son
léger recul.
Le
porche concentre sur lui seul toute l’ornementation et tranche par la
blancheur de ses marbres sur le haut mur crépi, qui n’est troué que par
les baies de l’église.
Les vantaux de la porte en noyer, frappés du monogramme des Oblats de
la Vierge Marie, ont été sculptés vers 1845 par le frère oblat Julien
Barberis.
Au linteau de la porte, on peut lire une inscription rappelant la présence des Carmes dans le lieu : « O quœ carmeli Gavdes quos purgant ignes/Habitare recessus hos tua vota ivvent » (Ô toi qui habite les lieux retirés du Carmel, tes prières sont salutaires à ceux que le feu purifie).
Le
clocher, ajouté à l’édifice en 1740-1741, renferme trois cloches
coulées en 1807 par la Fonderie de la place Saint -François des frères
Rosina et domine une sorte d'amoncellement d'immeubles qui composaient
le couvent.
Il est surmonté d'un bulbe étranglé couvert de tuiles vernissées et dominé par les trois étoiles des Carmes.
Il
émerge d’une pittoresque et désordonnée superposition de toitures sur
lesquelles il reflète les signes de la culture baroque et de la
fantaisie rococo.
La nef de l’église est accolée à la loggia et à l’ancien couvent des Carmes.
Intérieur
Entièrement restructuré au XVIIe siècle, en pleine floraison du baroque niçois, l'intérieur de la chapelle est d'un luxe et d'une richesse inouïs.
Le
plan de l'église est très clair et simple : une nef rectangulaire et,
séparé par un arc triomphal, un chœur en hémicycle, celui-ci étant
surmonté d'une étrange demi-coupole.
Le demi-cylindre du chœur est souligné par sa hauteur dépassant nettement celle de la nef.
La
nef est ornée, latéralement, de six chapelles qui furent entretenues,
comme dans toutes les autres églises du Vieux-Nice, soit par des groupes
(corporations ou confréries), soit utilisées comme sépulture jusqu'à la
fin du XVIIIe siècle par des particuliers, nobles en général.
L'entrée, avec ses portes en noyer sculpté, est surplombée d’un orgue construit par la Maison Tamburini d'Italie.
La
« série » des retables de l’église, bien qu’elle ne constitue pas un
ensemble homogène, s’intègre admirablement au développement en
profondeur de chacune des travées de l’édifice. Les retables occupent
généralement tout le fond des chapelles.
La nef centrale
La voûte de la nef est en berceau simple.
Elle fut décorée de fresques vers 1834, lors de la réhabilitation de la chapelle.
À partir de l'entrée, la fresque centrale représente :
- La Délivrance de Saint Pierre par l’Ange du Seigneur de la prison de Jérusalem,
- Le mystère de l'Annonciation qui est le vocable de la chapelle (on peut observer la beauté du visage de la Vierge envahi par la lumière de l’Esprit Saint ; le bleu de son manteau est des plus lumineux),
- La Vierge du Mont Carmel donnant le scapulaire à saint Simon Stock.
Dans les tympans des fenêtres, on note :
- Le Sacré-Cœur de Jésus porté par Marguerite-Marie Alacoque (du côté de la porte, au nord),
- Le voile de la Sainte Face porté par sainte Véronique (au sud). La tradition relate l’épisode de la Sainte Face que Jésus aurait laissée imprimée sur le petit linge utilisé par la femme pour essuyer la sueur sur son visage, lors de sa Passion.
Entre
ces deux tympans, quatre allégories symbolisent peut-être diverses
vertus : la Foi (avec le calice et le livre, et avec la croix),
l'Espérance (avec l'ancre), la Charité (avec le cœur).
De deux côtés de l'Annonciation, deux saints docteurs évêques, peut-être saint Augustin et saint Ambroise.
Du
côté de l'autel, deux anges sont entourés par les quatre évangélistes. À
noter, à la clé de voûte de l'arc central, l'inscription « Janua coeli » (Porte du ciel), qui est un des noms de la Vierge dans ses litanies.
Le chœur
Couronné
par une coupole très lumineuse, le maître-autel, tout en marbre coloré,
met en relief le tableau représentant L'Annonciation faite à Marie,
titulaire de l’église.
Pour la fête de sainte Rita, ce tableau est remplacé par une image de la sainte.
Au-dessus
du tableau est placé l’emblème de la Congrégation des Oblats de la
Vierge Marie, au centre d’une belle décoration dorée.
Sur le pilier de gauche se trouve une plaque commémorative à Philippe de Blonay, dont la traduction est la suivante : Philippe
de Blonay, Chevalier de l’Ordre de Jérusalem, illustre par sa noble
naissance savoyarde et par les plus hauts grades de l’armée commandant
en chef de la marine royale, d’abord des trirèmes puis des plus grands
navires nommé ensuite gouverneur du château de Suse, de Sassari au-delà
de la mer par après enfin pendant qu’il gouvernait militairement Nice et
sa province mourut et décida par testament d’être enterré ici âgé de 61
ans le 5 juin 1777.
Dans
les piliers de la clôture de chœur, deux calices portant une hostie
gravée ont été sculptés : sur l'hostie de gauche est représentée la
Crucifixion et sur celle de droite la Résurrection.
La fresque située au-dessus du maître-autel représente L'Adoration du Saint Sacrement (« le pain des anges ») par les anges.
Chapelle de Sainte-Rita
La chapelle Sainte-Rita
Première
chapelle en entrant sur la gauche, elle fut précédemment dédiée à la
Sainte-Croix, puis à Notre-Dame-des-Sept-Douleurs avant d’être dédiée à
Sainte-Rita en 1934.
Il
y a dans cette chapelle deux strates décoratives successives : celle
évoquant la précédente titulaire du lieu, Notre-Dame-des-Sept-Douleurs,
et celle évoquant la nouvelle, Sainte-Rita.
Le
souvenir de la Mère de Jésus meurtrie par sa Passion et sa mort est
évoqué par les instruments de la Passion peints sur la voûte et le
tableau de Charles Garacci (paroi de droite) : La déposition du Christ (1840).
Sur la paroi de gauche se voit un tableau représentant Sainte Élisabeth de Hongrie.
Ce tableau est la copie presque exacte d’un autre tableau de même sujet, visible dans le chœur de l’Église du Gesù.
Non
seulement il figure la sainte, mais aussi deux consœurs de la confrérie
féminine des Pénitentes grises de Nice (les deux femmes vêtues de robes
grises qui entourent la sainte pendant qu’elle fait l’aumône).
Sa
présence ici est inexplicable, puisque la chapelle de la confrérie, si
elle déménagea du Gesù à Saint-Gaétan pour revenir au Gesù, ne fut
jamais installée dans l'église de l'Annonciation.
Au centre, la statue de Sainte Rita, vénérée par les fidèles, est une œuvre naïve du début du XXe siècle.
Chapelle de Saint-Pierre
Chapelle corporative des pêcheurs, XVIIIe siècle.
Deuxième chapelle en entrant sur la gauche, elle fut considérée comme la chapelle de la confrérie des pêcheurs de Nice.
C’est
d’ici que, le jour de Saint Pierre, les pêcheurs niçois partaient en
procession pour se rendre à la mer avec la statue de Saint Pierre afin
de bénir les eaux, lieu de leur travail.
C’est
une chapelle qui a conservé sa décoration d’origine, surabondante, et
dont le thème principal est bien sûr la vie de Pierre, patron des
pêcheurs.
Ainsi, le tableau central (anonyme, XVIIe siècle) figure la Vocation de Pierre,
et il est entouré de deux statues représentant à gauche saint Paul (son
épée et son livre l’identifient) et à droite saint André, son frère
aîné (reconnaissable à sa croix en X).
La
chapelle est abondamment ornée des symboles de saint Pierre, les clés
qui représentent le pouvoir que Jésus lui donna de « lier et délier sur
terre et dans les cieux ».
Les tableaux des parois latérales (datés de 1699) sont de Louis-Abraham van Loo. Ils figurent, à gauche, La délivrance de Pierre et, à droite, Saint Jean l’Évangéliste, reconnaissable à son aigle.
À la voûte, les mêmes thèmes sont déclinés : La Vocation de Pierre, L'ascension et Jésus donnant à Pierre le pouvoir de lier et délier ornent l'arc. En liaison avec les pêcheurs, quatre dauphins stuqués encadrent le médaillon central de la voûte.
Chapelle de Notre-Dame-du-Mont-Carmel
Occupant
la dernière travée à gauche précédant le chœur, la chapelle de
Notre-Dame-du-Mont-Carmel, entièrement réalisée en marbre, est un
embellissement du XVIIIe siècle de qualité. Elle développe une architecture et un décor typiquement rococo.
Le
culte à Notre-Dame du Mont Carmel fut instauré par les Carmes, dont
elle est la protectrice, qui entreprirent d’orner cette chapelle à
partir de 1760.
L’ensemble décoratif est dominé par la magnifique statue mouvementée en marbre blanc de la Vierge et l'Enfant,
présentant tous deux le scapulaire. Elle est l’œuvre du génois J.B.
Ansaldi (vers 1760-1771). La blancheur diaphane de la statue est
rehaussée par les teintes soutenues du fond de la niche. Elle est
encadrée par deux colonnes torses de marbres polychromes.
À
gauche, la chapelle abrite aussi deux témoignages de la tradition
niçoise : au sol, l'accès de la tombe de la famille des Balduini, comtes
de Clans ; dans la paroi de gauche, une vitrine où se trouve une
représentation de la Vierge, enfant emmailloté de tissus précieux. Il
semble que ce culte de la Santissima Bambina, né à Côme vers 1730, ait été intensément propagé par les Carmes.
Au mur des deux parois, deux scènes liées à la vie de la Vierge (N. Masset, 1854) : à gauche, Sainte Anne, Saint Joachim et Marie enfant, en rapport avec la Santissima Bambina qui se trouve dessous ; à droite, une Mort de saint Joseph tout à fait classique.
La
chapelle est isolée de la nef par la clôture de la très riche
balustrade « de marbre avec entailles de marbre jaune et noir », au
motif très original, qui est l’œuvre de Cordelano (XVIIIe).
Chapelle de Saint-Julien
Chapelle corporative des tonneliers, XVIIe siècle, qui occupe la dernière travée à droite précédant le chœur.
Saint Julien d’Auvergne ou de Brioude était un soldat romain secrètement chrétien, martyrisé au IIIe siècle près de Brioude.
Le tableau de l’autel le représente entouré de Saint Jean-Baptiste à gauche et d’un ange à droite.
Il
semble en fait être le produit d’une confusion avec Saint Julien
l’Hospitalier, dont la légende dit qu’il porta un dartreux sous les
apparences duquel s’était dissimulé un ange.
De plus, l’ange accompagné d’un enfant tenant, au bout d’un fil, un poisson, est l’épisode que nous connaissons du Jeune Tobie et l’ange, déjà vu dans l'église Saint-François-de-Paule.
Or,
dans le comté de Nice, saint Julien est réputé guérir les maladies
infantiles. Peut-être est-ce encore du fait d’une confusion, alimentée
par la présence de l’enfant sur le tableau ?
Par ailleurs, saint Julien était aussi le saint patron des tonneliers de Nice.
Le
voisinage de la rue Barillerie justifie sa présence ici. Mais en 1754,
les tonneliers adhérèrent à la corporation des menuisiers.
L’iconographie
environnante (à la voûte et aux parois latérales) décrit les
différentes phases du martyre de saint Julien de Brioude et de celui
qu’une légende fait passer pour son supérieur hiérarchique, saint
Ferréol.
On discerne à la paroi de gauche une Décapitation de Saint Ferréol, datée de 1651 ou 1681, et à la paroi de droite un Miracle de saint Ferréol (au premier plan, des personnages trempent un linge dans le sang du martyr).
Au-dessus
du retable, les gypseries qui composent des nuées portant un Père
Éternel et des angelots constituent l’un des meilleurs exemples du
travail du stuc dans les églises niçoises.
Chapelle du Cœur-Immaculé-de-Marie
Deuxième
chapelle en entrant sur la droite, elle fut le centre d'une confrérie
religieuse pour la conversion des pêcheurs, unie à l'archiconfrérie de
Notre-Dame-des-Victoires de Paris.
Il n’y a pas ici de thématique unique, mais plutôt une réunion de divers symboles.
A l'autel est représentée la Vierge au Cœur Immaculé
(peint par Cottolengo, frère du saint fondateur de l’hôpital des
pauvres de Turin, 1854), représentée en partie sous les traits de la Femme de l'Apocalypse selon Saint Jean
(couronne de douze étoiles, croissant de lune sous les pieds), le cœur
transpercé d’un poignard qui symbolise les Sept-Douleurs.
À
droite, on reconnaît saint Michel Archange tuant le Dragon, aux pieds
de la Vierge et, au registre inférieur, sainte Thérèse d’Avila, le cœur
percé de la flèche de l’extase de la Révélation.
À gauche figurent Saint Gabriel Archange, qui donna l’Annonciation à Marie, et au-dessous Saint Alphonse de Liguori.
On notera au bas du tableau les navires pleins de pécheurs qui seront sauvés par leur foi en la Vierge et convergent vers elle.
Enfin,
au-dessus, dans la gloire du retable, un cœur de bois sculpté, percé du
poignard, que l’on peut ouvrir et qui contient la liste des membres de
la confrérie fondatrice.
Sur la paroi gauche de la chapelle se trouve un Saint Antoine ermite (anonyme).
À
Nice, il était le patron de la corporation des portefaix, qui possédait
une chapelle sur la rive droite du Paillon, au débouché du pont-vieux.
Son symbole est un cochon, visible à droite du tableau.
En
référence à ce symbole, notons que la corporation des portefaix de Nice
possédait un cochon, seul autorisé à divaguer par les rues de la ville,
à charge pour son propriétaire d’indemniser les dégâts qu’il causait
aux devantures.
Sur la paroi de droite figure un Saint Homobon, marchand drapier de Crémone canonisé en 1199 pour son amour des pauvres.
L'intérêt
du tableau réside dans la présentation de son outillage, contemporain
du tableau (ciseaux, outil de mesure en bois, fer à repasser ?) qui peut
laisser penser qu'il était aussi un tableau corporatif.
Une corporation des garçons-tailleurs et apprentis avait été créée en
1783 et siégeait dans l'église Saint-Martin-Saint-Augustin, où se
trouvait encore son tableau en 1948.
Elle s'était placée sous le patronage de saint Homobon. Est-ce ce tableau, installé aujourd'hui à l'Annonciation ?
Chapelle de Saint-Érasme
Chapelle corporative des marins, XVIIe siècle, qui occupe la première travée en entrant sur la droite.
À
Nice, saint Érasme (ou saint Elme) est le protecteur des marins, comme
en témoigne le cartouche au-dessus du tableau central. Toute la
thématique décorative de la chapelle tourne autour de cette corporation.
Ainsi,
dans le cartouche inférieur de l’autel, note-t-on la représentation de
divers instruments de navigation : ancre, gouvernail, boussole, etc.,
comme à la voûte, en haut à gauche, avec une rame. Au centre de la voûte
est aussi lisible la devise du saint, « Iras maris frangit » (Il brise les colères de la mer).
Saint Érasme lui-même, dans le tableau central (XVIIe siècle, anonyme), étend sa main droite pour presque saisir un navire en perdition.
En
observant attentivement le navire que saint Érasme tient dans sa main
droite, on a le sentiment que, par sa forme, il est de bien postérieur
au XVIIe siècle, date probable du tableau.
De
fait, le pavillon qui orne sa poupe est le pavillon civil de Sardaigne
adopté en 1814 : fond bleu, angle supérieur gauche à fond rouge orné de
croix blanches superposées.
On peut donc supposer que ce navire a été ajouté au XIXe siècle
sur la toile originale, peut-être en ex-voto, par un marin
reconnaissant à saint Érasme de l’avoir protégé de la colère des flots.
Aux pieds de Saint Érasme, les angelots tiennent aussi des instruments
de navigation.
Au mur latéral gauche, on note une représentation de Sainte Rosalie intercédant pour faire cesser la peste, tableau qui renvoie aux dramatiques événements de 1630-1631.
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