Expiation
L'expiation est une doctrine rencontrée au sein du christianisme et du judaïsme.
Elle décrit la façon dont le péché peut être pardonné par Dieu.
Dans
le judaïsme, l'expiation est le processus de pardon des transgressions.
Elle était à l'origine accomplie à travers des rituels exécutés par un
Grand Prêtre (Kohen Gadol), le jour le plus saint de l'année juive, Yom
Kippour (le Jour de l'Expiation ou du Grand Pardon).
Dans
la théologie chrétienne, l'expiation fait référence au pardon des
péchés à travers la mort de Jésus-Christ par la Crucifixion, laquelle a
rendu possible la réconciliation entre Dieu et la création.
Au
sein du christianisme, trois théories principales existent à propos de
la façon dont une telle expiation fonctionne : la théorie de la rançon,
la théorie de la satisfaction et la théorie de l'influence morale.
Principes de l'expiation dans le christianisme
Les chrétiens ont utilisé trois métaphores différentes pour expliquer la façon dont l'expiation pourrait fonctionner.
Les
Églises et dénominations peuvent diverger selon la métaphore qu'elles
considèrent conforme à leur point de vue théologique. Cependant, tous
les chrétiens assurent que Jésus est le sauveur du monde et qu'à travers
sa mort, les péchés de l'humanité ont été pardonnés.
La première métaphore, résumée par la théorie de la rançon à Satan, fut avancée par le théologien du IVe siècle
Grégoire de Nysse et basée sur des versets tels que Marc 10:45 : « Car
le Fils de l'homme est venu (...) pour servir et donner sa vie comme la
rançon de plusieurs. » Dans cette métaphore, Jésus libère l'humanité de
l'esclavage de Satan et ainsi de la mort, en donnant sa propre vie comme
rançon. La victoire sur Satan consiste à échanger les vies de
l'imparfait (l'humanité) contre la vie du parfait (Jésus). Une variation
de ce concept est connue sous le nom de la théorie de « Christus
Victor » qui voit Jésus non pas utilisé comme une rançon mais plutôt
triomphant de Satan dans une bataille spirituelle et libérant ainsi
l'humanité esclave, de son geôlier.
La seconde métaphore, développée par le théologien du XIe siècle
Anselme de Cantorbéry, est appelée la théorie de la satisfaction. Selon
cette image, l'humanité a une dette, non pas envers Satan, mais envers
Dieu lui-même. Un souverain est capable de pardonner une insulte ou une
offense en sa qualité personnelle, mais parce qu'il est souverain, il ne
le peut pas si l'État a été déshonoré. Anselme affirmait que l'offense
envers Dieu est si grande que seul un sacrifice parfait pouvait
satisfaire à cette situation, et Jésus étant à la fois Dieu et homme,
est ce sacrifice parfait. Une variation de cette théorie est celle de la
« substitution pénale » qui est communément soutenue par les
protestants. Au lieu de considérer le péché comme un affront à l'honneur
de Dieu, cette théorie le voit comme une violation de la loi morale de
Dieu. Mettant l'accent sur Romains 6:23 (le salaire du péché c'est la
mort), la substitution pénale considère l'homme pécheur comme étant
soumis au courroux de Dieu, et l'œuvre salvatrice de Dieu se substituant
à la place du pécheur, supportant la malédiction à la place de l'homme
(Galates 3:13). Une autre variante de cette métaphore est celle d'Hugo
Grotius : la théorie gouvernementale. Celle-ci voit Jésus comme recevant
une punition en tant qu'exemple public de jusqu'à quel point Dieu va
pour faire respecter l'ordre moral.
La troisième métaphore est celle de la guérison, associée à Pierre Abélard au XIe siècle et Paul Tillich au XXe siècle.
Selon elle, la mort de Jésus sur la croix démontre l'étendue de l'amour
de Dieu pour nous, et touchée par ce remarquable acte d'amour,
l'humanité réagit et est transformée par la puissance du Saint-Esprit.
Cette conception est adoptée par la plupart des théologiens libéraux
sous le nom de théorie de l'influence morale. Elle forme aussi la base
de la théorie de René Girard du « désir mimétique ».
Principales théories en détail
Les
principales théories de l'expiation sont présentées ci-dessous avec les
différents théologiens qui ont contribué à leur élaboration.
Rançon et Christus Victor
- Grégoire de Nysse
- Origène
- Christus Victor : Gustave Aulén
- Récapitulation : Irénée de Lyon
Satisfaction
- Satisfaction divine : Anselme de Cantorbéry
Substitution
- Justin de Naplouse
- Eusèbe de Césarée
- Augustin d'Hippone
- Satisfaction pénale : Jean Calvin, calvinisme et imputation de la justice du Christ
- Repentance vicaire : John McLeod Campbell et Robert Campbell Moberly
Gouvernementale
- Hugo Grotius, Jacobus Arminius et John Miley
- Jonathan Edwards et Charles Grandison Finney
Influence morale
- Pierre Abélard
- Hastings Rashdall
Bouc émissaire
- James Alison
- Gerhard Forde
- René Girard
- William Tyndale
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