Hyères
Chapelle Notre-Dame de Consolation
Rue de l'Almanarre, conduisant à l‘Ermitage ; 4 kilomètres 500 mètres.
Dominant
comme un phare la vaste plaine encadrée par les collines de Costebelle,
la ville d’Hyéres, les Salins Neufs, le Palivestre et la plage du
Ceinturon, la chapelle de Notre-Dame de Consolation, nommée le plus souvent l’Ermitage, est le but d’incessants pèlerinages.
La chapelle composite, vénérée de la population, a dépossédé un établissement gallo-romain, probablement un temple.
Asile d’un solitaire dés les premiers temps du christianisme, elle eut longtemps le privilège d’être Occupée par de pieux cénobites.
Aux cénobites succédèrent des chapelains. L’un d’eux, tiré de son humble condition, monta sur un siège épiscopal pendant le siècle de Charles V.
On ne saurait croire a quel point le sanctuaire de Notre-Dame de Consolation est populaire dans toute la région.
Notre-Dame de la Garde, à Marseille, et Notre-Dame de Fourvières, à Lyon, n’ont une notoriété plus éclatante qu’à raison des centres populeux qui se groupent dans leur voisinage.
La mémoire des habitants est pleine de légendes ; les murs du monument sont couverts d’ex-voto, témoignages de foi et de gratitude d’une muette et puissante éloquence ; La Révolution a essayé d’anéantir l’Ermitage ; vains efforts, la croyance a promptement réparé ses ruines, et maintenant, comme autrefois, c’est une sorte de Palladium.
Sous le coup des vicissitudes qu’elle a éprouvées, la chapelle primitive s’est modifiée et transformée. Dans les derniers temps, la générosité des fidèles, et surtout celle d’un Lyonnais, M. Pasquier, a permis de relever le portail de l’édifice.
Construction rustique, Voûtée en ogive, la chapelle se compose de quatre travées ménagées par des piles quadrangulaires où persiste la tradition romane, que l’art ogival n’a jamais entièrement effacée en Provence.
Chevet carré, transepts, fenêtres étroites en plein cintre, trois nefs, quatre petites chapelles secondaires moitié ogive, moitié plein cintre, en quelques mots, tel est l’intérieur, qui rappelle à peu près toutes les phases de l’architecture depuis l’avènement de l’ogive.
Un retable de la fin de la Renaissance occupe le fond du sanctuaire : c’est un fronton échancré au sommet, portant sur deux accouplements de colonnes torses où s’entrelacent des pampres et des figurines.
Une grande toile où est peinte l’Assomption s’encadre au milieu des dorures du retable. On attribuait cette peinture à Puget. C’est une erreur que l’inscription du tableau suffit à détruire. Le peintre a signé. Le nom de Ferret, et la date 1650, se voient très-nettement.
Le portail neuf, surmonté d’une haute tour, est une composition romano-ogivale très-librement comprise.
Voici ses éléments : trois portes plein cintre ébrasées, au rez-de-chaussée ; une tour sur quatre contreforts, percée d’une rose rayonnante, surmontée de lambrequins ; des baies ; géminées, en plein cintre, sur chaque face de la tour, un dessin de fronton à corniches de modillons cylindriques, un lambrequin suivant le mouvement des pignons du clocher.
Sur la toiture, au milieu de quatre pyramidions frontonnés, se dresse une statue colossale, en métal, de Notre-Dame.
L’intérêt, pour le visiteur, n’est pas dans la construction ; il est surtout dans l’expression tour à tour naïve, énergique, exaltée et toujours éloquente des témoignages de reconnaissance qui remplissent l’intérieur. Des armes, des béquilles, des coiffures de marin, un pavillon timbré de la croix grecque, souvenirs de tempêtes, de combats, d’infirmités et de salut, sont suspendus çà et là.
Toutefois, la forme habituelle de l’ex-voto, comme à La Garde et à Fourvières, est une peinture accompagnée d‘inscriptions.
Certes, si l’on venait à l’Ermitage avec des préoccupations artistiques, cette galerie n’obtiendrait guère que des protestations et des. critiques ; mais il ne s‘agit pas d’œuvres d’art, il s‘agit d’actes spontanés, personnels et volontaires, la plupart accomplis par de pauvres gens.
Ceux qui apportent leurs ex-voto à l’Ermitage viennent témoigner du péril encouru, de la prière exaucée.
Il y la tout un monde de catastrophes : éboulements, incendies, naufrages, batailles, accidents de mer et de terre, épidémies, maladies sans espoir, tempêtes, ouragans ; l’emprisonnement, l’exil et la persécution ont aussi engendré des vœux, exaucés comme l'attestent les légendes de quelques tableaux.
Parmi les inscriptions formulées au bas de ces centaines de témoignages, nous en relevons une qui porte la date de 1844 : — J. B. se recommandant à la sainte Vierge ; chirurgien ça ! Ce chirurgien ça ! est d‘une éloquence et d'une foi énergiques comme s’il datait de quatre siècles.
Le plus ancien ex-voto conservé est de 1613. Il représente un noble bourgeois à genoux, en costume de l’époque.
Aucun événement, aucun régime n‘a eu la puissance de réduire au silence les expressions de la gratitude et de la croyance. On trouve des ex-voto de 1793.
La statue de Notre-Dame, dont l’origine se perd dans les nuages de traditions légendaires, n’est pas, tant s‘en faut, une œuvre d'art. Mais il s‘agit bien de cela ! On la regarde comme une relique, et on ne troquerait pas cette effigie, d‘une exécution tout à fait primitive, contre un chef-d‘œuvre.
Elle est couverte d‘objets de prix et de bijoux : cœurs d'argent, bagues, épingles, bracelets, colliers de perles ; au milieu des feux du diamant se rencontrent des modèles ou plutôt des miniatures d’objets de diverses espèces rappelant la cause qui les a fait exécuter.
Pourtant l’effigie de Notre-Dame n’est pas la seule qui fasse allumer des cierges et suspendre les simulacres en cire des organes frappés de maladie. Les saints qui patronnent les chapelles ont aussi leurs pèlerins.
Outre ses ex-veto, la chapelle possède une petite Vierge, d'argent d’une certaine valeur.
Quant au tableau de l’Assomption, il a été l’objet d’une tentative dont plus d‘une œuvre de maître serait glorifiée.
Lors de l‘invasion de 1814, les Anglais, dont le quartier général se trouvait à la bifurcation des deux routes de Toulon, voulurent s’emparer de la toile.
Ils éprouvèrent une résistance qui les fit renoncer à leur projet.
L’inauguration de la tour, du portail et de la statue extérieure de Notre-Dame, le 21 septembre 1860, a montré, dans tout son éclat, la ferveur passionnée de la population, et mis en relief les saillies du caractère provençal.
Deux journées de fête, mélange des éléments de la réjouissance officielle et de ceux de la solennité religieuse, ont été consacrées à la cérémonie. Rues pavoisées d'oriflammes, de velums et de bannières, maisons brodées de guirlandes vertes, de fleurs, et voilées de tentures, fenêtres converties en oratoires, en chapelles et en reposoirs, drapeaux nationaux flottant de tous côtés, c‘est ainsi que se résume l’aspect de la ville.
Et dans la ville, sur le parcours de l’église Saint-Louis jusqu’à la cime de la colline, sur trois kilomètres de longueur, la foule circulait joyeuse, empressée, expansive.
En côtoyant les murs, les jardins et les plantations, on retrouvait d’autres éléments décoratifs. Du feuillage et des arbres combinés en arcs de triomphe, en arcades et en dômes, marquaient les étapes du parcours.
Chacun des oratoires de pierre, qui sont comme les bornes milliaires du chemin de la Vierge, était rempli d’images, de statuettes, de fleurs et de bougies.
Quand la cérémonie commença, le parvis en plate-forme de la chapelle débordait d’assistants qui se pressaient autour d’un gradin sur lequel un dominicain s’adressait à la foule.
Dans le cercle décrit par des collines verdoyantes, les rivages de la mer et les ondulations de la plaine, sous un ciel d’émail et un soleil ardent tempéré par une brisé odorante, cette foule attentive et émue, aux pieds de ces religieux en tunique blanche, ramenait la pensée au temps de la primitive Église, aux prédications sur les montagnes de la Judée : Le langage imagé du dominicain, qui prenait souvent la forme de la prosopopèe et de l’interrogation, remuait avec une incroyable puissance les imaginations et les cœurs. Des salves de bravos, des exclamations énergiques, des explosions de joie et des torrents de larmes entrecoupaient le sermon. L’âme du prêtre avait passé dans les âmes de l’auditoire.
Bruyante et passionnée dans l’expression de sa ferveur, la foule offrit bientôt le spectacle de son entrain dans le plaisir.
Une fête champêtre, des goûters sur l’herbe, des jeux et des amusements de toute sorte, prolongés jusqu’au soir, remplirent la fin de la journée.
Pendant une partie de la nuit, des illuminations étoilèrent la ville et la campagne, répandant ainsi au loin la nouvelle des réjouissances dont la ville d’Hyéres venait d’être le théâtre.
Source : Livre "Hyères et sa vallée. Guide historique-médical-topographique" par Amédée AUFAUVRE
La chapelle est située sur la colline de Costebelle où à l’origine existait un sanctuaire dédié à Notre Dame.
Il fut entièrement détruit lors du débarquement de Provence en 1944.
Cette chapelle moderne fut reconstruite en 1952 par l'architecte Raymond Vaillant.
La façade présente des sculptures de l’artiste polonais Jean Lambert Rucki.
L’intérieur est illuminé par un chef d’œuvre en dalles de verre coloré réalisées par le maitre verrier Gabriel Loire.
Cette verrière retrace l’histoire du sanctuaire depuis Saint Louis.
En savoir plus :
Le magasin du sanctuaire
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