Les dévotions des églises du Nord
Sebourg
Pèlerinage
C'est
le 16 de ce mois d'avril que l'Église chôme la fête de St. Druon ou
Drogon, patron de Sebourg, village à deux petites lieues de
Valenciennes.
Ce Saint, qui avait tant de dévotion qu'il fit le voyage de Rome avec des pois dans ses souliers (à ce que rapporte la tradition), avait, dit-on, le pri villège de se trouver, en même temps, aux champs et à la ville, d'où le proverbe : il est comme St Druon, aux champs et à la ville.
Ce Saint, qui avait tant de dévotion qu'il fit le voyage de Rome avec des pois dans ses souliers (à ce que rapporte la tradition), avait, dit-on, le pri villège de se trouver, en même temps, aux champs et à la ville, d'où le proverbe : il est comme St Druon, aux champs et à la ville.
Mais la plus grande fête dont ce Saint ait été l'occasion et l'objet, consistait dans le pèlerinage qui avait lieu le lendemain de la Pentecôte. Ce jour-là, de grand matin, les dévots et les partisans du plaisir partaient pour Sebourg, où l'on faisait voir la Chapelle ardente, dans laquelle le Saint demeurait lorsqu'il était sur la terre. Son cénotaphe, entouré d'une grille, et surmonté de sa statue, est placé au milieu de l'église ; la statue ne s’y trouve plus.
Ce pèlerinage était autrefois fréquenté par les Tournaisiens qui y arrivaient en foule, pour rendre leurs hommages au Saint, que l'on invoquait particulièrement contre les hernies et le calcul de la vessie ; les uns y allaient dans de grands chariots de campagne ; les autres, plus modestes, en faisaient un objet de promenade pédestre.
Pendant toute l'année, les ouvriers du même style, faisaient une bourse commune, dont l'usage était destiné à cette partie de plaisir. Le soir ou les voyait revenir ayant à leur chapeau des banderoles de papier représentant l'image de St. Druon ,fixée à un brin d'osier ; plusieurs tenaient en main des thyrses ornés par un bout de quelques rameaux de pervenche cueillie dans les bosquets du village. A demi-ivres, ces pèlerins chantaient quelques couplets bachiques, et ma nifestaient leur hilarité en jetant des cris de joie qui divertissaient les spectateurs attirés pour voir le retour de la bande joyeuse ; cela ne ressemblait pas mal à une ancienne bacchanale, si ce n'est qu'il ne se commettait pas d'indécence, et qu'on n'y voyait pas de Bacchantes en fureur.
Depuis l'établissement du concordat de 1801, cet usage a cessé.
Cet acte réglant les jours de solennité, le curé de Sebourg a refusé de célébrer l'office, et surtout de faire la procession accoutumée au jour ordinaire. Alors les habitants de Tournai ont abandonné ce pèlerinage ; ils ont porté ailleurs leur dévotion. Les habitants des communes de la route depuis Tournai jusqu'à Sebourg, principalement de St. Amand , Valenciennes, Marly et Estreux, ont perdu à ce changement : de tous les étrangers qui faisaient ce gai voyage, les habitants de Carvin-Epinov seuls, compatriotes du Saint, continuent de venir lui rendre des hommages.
Source : Livre "Précis historique et statistique sur la ville de Valenciennes" par Desfontaines de Preux
Saint Druon guérit de la pierre le comte de Hainaut.
Dans
la ville de Verdun était une dame malade de la pierre, et qu'aucun
remède n'avait pu guérir. Sur la réputation de l'homme de Dieu, cette
dame vint à son tombeau, et par ses prières assidues , mérita d'être
guérie de la manière suivante. Pendant qu'elle priait, elle rendit une
pierre de la grosseur d'un œuf d'oie. En mémoire de ce miracle, elle
laissa cette pierre dans l'église, et s'en retourna joyeuse et bien
portante, en rendant grâce à Dieu. Un homme noble et puissant, de pieuse
mémoire, Jean, comte de Hollande et de Hainaut, (1280 à 1304.) dans les
domaines duquel repose le corps du saint homme, était violemment
tourmenté de la pierre. Plusieurs de ses principaux officiers, qui
avaient été affligés de la même maladie, lui dirent : «Vénérable prince,
nous étions aussi atteints de ce mal, et nous nous rendîmes au tombeau
de saint Druon, à Sebourg, dans l'espoir d'être guéris par son
intercession et ses mérites. Après avoir fait notre prière devant le
tombeau, nous donnâmes à l'église une offrande de même poids que nos
corps, et nous fûmes guéris sur-le-champ. En reconnaissance de ce
bienfait, nous fîmes vœu de faire chaque année à cette église un présent
de pareil poids, ou d'une somme équivalente ; et, de cette manière,
nous nous croyons à l'abri du retour de cette maladie, grace au mérite
de saint Druon.
Ces
paroles, ou d'autres semblables, persuadèrent le prince, qui se rendit
avec une suite nombreuse à l'église où repose le vénérable corps. Après
avoir présente l'offrande, il s'approcha du tombeau, et, de concert avec
les assistants, il implora la miséricorde de Dieu et du saint homme
pour le rétablissement de sa santé. Pendant que tout le monde était en
prières, le prince rendit tout à coup quatre pierres de la grosseur
d'une noisette. Il les laissa dans l'église comme témoignage de ce
miracle, et se retira plein de joie, après avoir donné à l'église une
pièce de drap d'or pour ornement. Les habitants du lieu accoururent
alors en disant : «Prince illustre, il est absurde et offensant pour la
gloire de Dieu qu'un si vénérable personnage dont le corps fait tant de
miracles, ne puisse, à cause d'un décret apostolique, être mis au rang
des saints. « Nous vous supplions donc, pour l'amour de Dieu, et à cause
du prodige qui vous a rendu la santé, de demander au souverain pontife
la canonisation de ce saint homme. Le prince, vaincu par tant de
prières, le promit.
Un noble chevalier du diocèse de Beauvais, domestique et secrétaire du roi Charles, fit le voyage de Sebourg avec sa femme et une suite nombreuse.
Après
s'être fait peser et avoir dit sa prière, il fit connaître en ces
termes, en présence de plusieurs habitants, la cause de son pèlerinage :
« Un jour, dit-il, j'étais dans la chambre du roi : une personne s'y
trouvait avec moi, et, en présence du prince, nous nous entretenions de
différentes choses. Tout à coup, je ne sais comment cela arriva, mes
boyaux s'étant rompus, mes intestins descendirent dans la partie
inférieure de mon corps. La douleur me fit grincer les dents, et je ne
savais à quoi me résoudre. Le roi, voyant ce grincement de dents, me dit
: « Est-ce que vous souffrez ? » J'éprouve un mal si violent, lui
répondis-je, que je ne puis me contenir ; et je me traînai comme je pus à
l'hospice des matrones. On appela des médecins et des chirurgiens ;
mais, malgré tous les remèdes, mes testicules restèrent dans le même
état. Enfin, que dirai-je ? Le jour vint où l'on devait m'opérer : mes
amis et mes domestiques étaient dans l'affliction. Dans ce triste
moment, un écuyer me dit : « Monseigneur, il y a à Sebourg, en
Hainaut, un saint appelé Druon, qui a le pouvoir de guérir cette espèce
de maladie. Je promis alors, du fond de mon cœur, à saint Druon, que
si, par ses mérites, j'obtenais ma guérison de la bonté divine, je
ferais en personne un pèlerinage à son
église. Bientôt j'éprouvai la puissance de ce saint, et, par un miracle
étonnant, je retournai chez moi parfaitement guéri. Mais ensuite le
service du roi et mes affaires personnelles me firent oublier le
pèlerinage si dévotement promis. Un an et un jour après ma guérison,
cette négligence fut punie par le retour de la même maladie. Je me dis
alors : « J'ai mérité ce que je souffre, car j'ai péché envers le saint
du Seigneur. Et, après ce retour sur moi-même, voulant donner
satisfaction au saint homme, «j'ai emmené avec moi ma femme, comme pour
m'acquitter doublement de ma promesse, et je suis venu ici accomplir mon
vœu.
Source : Livre "Histoire de Hainaut : traduite en Français avec le texte Latin en ..., Volume 12" par Jacobus (de Guisia), Agricole Joseph François Xavier Pierre Esprit Simon Paul Antoine de Fortia D'Urban
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire