Magistère
Le Magistère de l'Église (du latin magister, « celui qui enseigne, le maître ») désigne l'autorité en matière de morale et de foi de l'ensemble des évêques et spécialement du pape, sur les fidèles catholiques.
Définition
La
constitution dogmatique Dei Verbum du 18 novembre 1965, issue du
concile Vatican II, explique que la doctrine chrétienne est, pour les
catholiques, issue d'une seule source : la Révélation. Cette vérité sur
Dieu et sur le salut qu'il accorde aux hommes est connue grâce à trois
moyens :
La Tradition (christianisme), les Saintes Écritures, et le Magistère vivant dont l'autorité s'exerce au nom du Christ, c'est-à-dire par les évêques en communion avec l'évêque de Rome.
La Tradition (christianisme), les Saintes Écritures, et le Magistère vivant dont l'autorité s'exerce au nom du Christ, c'est-à-dire par les évêques en communion avec l'évêque de Rome.
Pour
les catholiques, cette autorité du collège épiscopal uni à son chef le
pape est un héritage du Christ et des apôtres, selon leur interprétation
des Évangiles, par exemple cette phrase du Christ de l'Évangile selon
Luc, 10:16 :
« Celui qui vous écoute, m'écoute ; et celui qui vous rejette, me rejette ; et celui qui me rejette, rejette celui qui m'a envoyé. »
L'Église considère qu'elle est assistée dans sa tâche d'enseignement par le Saint-Esprit, à l'œuvre particulièrement dans les conciles et les déclarations ex cathedra du pape, qui tous deux sont réputés infaillibles. Le Magistère s'exprime également dans des occasions moins solennelles, dans les actes pontificaux (encycliques, motu proprio, etc.), ou des préfets des congrégations de la Curie romaine, en particulier le préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi. Le Magistère est alors qualifié de « simplement authentique » : il requiert l'adhésion des fidèles sur le sujet traité.
C'est ainsi que se distingue le « Magistère ordinaire » du « Magistère extraordinaire ».
Dei Verbum explique ainsi au paragraphe 10 :
« La
charge d'interpréter authentiquement la parole de Dieu écrite ou
transmise a été confiée au seul Magistère vivant de l'Église, dont
l'autorité s'exerce au nom de Jésus-Christ. Ce Magistère n'est pas
au-dessus de la parole de Dieu ; il la sert, n'enseignant que ce qui a
été transmis, puisque, en vertu de l'ordre divin et de l'assistance du
Saint-Esprit, il écoute pieusement la parole, la garde religieusement,
l'explique fidèlement, et puise dans cet unique dépôt de la foi tout ce
qu'il nous propose à croire comme étant divinement révélé. »
Ces questions ont également été traitées par le Motu proprio Ad Tuendam Fidem (avec la Note doctrinale qui l'accompagne, et qui précise des choses importantes relatives à l'infaillibilité), qui a modifié de façon marquée le droit canonique sur ce point : voir canon 750 § 2 du Code de 1983.
Degrés du magistère
Magistère extraordinaire
On
appelle « magistère extraordinaire » l'ensemble des actes pontificaux
et conciliaires dont l'objet est la définition solennelle d'une doctrine
sur la foi ou les mœurs. On trouve sa définition dans Lumen Gentium au
n° 25, dans le catéchisme de l'Église catholique au §891 et dans le
canon 749 :
« Can. 749 - § 1. Le Pontife Suprême, en vertu de sa charge, jouit de l'infaillibilité dans le magistère lorsque, comme Pasteur et Docteur suprême de tous les fidèles auquel il appartient de confirmer ses frères dans la foi, il proclame par un acte décisif une doctrine à tenir sur la foi ou les mœurs.
§
2. Le Collège des Évêques jouit lui aussi de l'infaillibilité dans le
magistère lorsque les Évêques assemblés en Concile Œcuménique exercent
le magistère comme docteurs et juges de la foi et des mœurs, et
déclarent pour l'Église tout entière qu'il faut tenir de manière
définitive une doctrine qui concerne la foi ou les mœurs; ou bien encore
lorsque les Évêques, dispersés à travers le monde, gardant le lien de
la communion entre eux et avec le successeur de Pierre, enseignant
authentiquement en union avec ce même Pontife Romain ce qui concerne la
foi ou les mœurs, s'accordent sur un point de doctrine à tenir de
manière définitive. »
Cet enseignement demande une adhésion de la foi de la part des fidèles : ne peut donc se réclamer catholique celui qui refuse des points définis par le magistère extraordinaire.
Le dernier acte de ce type posé par un pape est la proclamation du dogme de l'Assomption de la Vierge Marie par l'encyclique Munificentissimus Deus en 1950. Le concile Vatican I a quant à lui définit le dogme de l'infaillibilité pontificale en 1870.
Magistère ordinaire universel
Le
« Magistère ordinaire et universel des évêques » est un enseignement
universel (valable partout et de tout temps : semper et ubique (canon de
Saint Vincent de Lérins), en communion avec le pape. Il suppose la
commune adhésion de foi des fidèles. Il est considéré comme divinement
révélé et donc irréformable. Il est défini par Lumen Gentium au n°25 et
par le catéchisme de l'Église catholique au §891.
Le fidèle doit à cet enseignement « l'adhésion de la foi ».
Il peut arriver que le besoin se fasse sentir de solenniser cet enseignement : soit pour lutter contre des erreurs sur ce sujet, soit pour rendre grâce à Dieu. Le pape ou un concile peut alors user de son magistère extraordinaire : C'est ce qui s'est passé en 1950 avec Munificentissimus Deus.
Magistère authentique
C'est
l'enseignement habituel du pape et des évêques dans leurs exhortations,
leurs catéchismes, leur lettres diverses, ou leurs sermons ou
explications. L'autorité de ce magistère est très variable, selon ce que
le pape ou l’évêque manifeste de sa pensée et de sa volonté et que l’on
peut déduire en particulier du caractère des documents, ou de
l’insistance à proposer une certaine doctrine, ou de la manière même de
s’exprimer.
« CEC - 892. L’assistance divine est encore donnée aux successeurs des apôtres, enseignant en communion avec le successeur de Pierre, et, d’une manière particulière, à l’évêque de Rome, Pasteur de toute l’Église, lorsque, sans arriver à une définition infaillible et sans se prononcer d’une “manière définitive”, ils proposent dans l’exercice du Magistère ordinaire un enseignement qui conduit à une meilleure intelligence de la Révélation en matière de foi et de mœurs. À cet enseignement ordinaire les fidèles doivent “donner l’assentiment religieux de leur esprit” (LG 25) qui, s’il se distingue de l’assentiment de la foi, le prolonge cependant. »
Le fidèle doit à cet enseignement un « assentiment religieux de leur esprit » : la parole de l'évêque doit être tenue pour juste et vraie, jusqu'à plus ample informé.
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