Notre-Dame de Fourchaud
(Bourges)
Notre-Dame
du Fourchaud, située au centre de la ville, devait son origine et son
nom à un fait miraculeux que racontent grand nombre d'auteurs, entre
autres Chenu, médecin de Toulouse, dans un livre intitulé Libellus
arboris judaïcœ, et Nicole Giles, secrétaire de Louis XII, dans ses
Chroniques.
Voici
le fait : sous le règne de Clotaire Ier, en 527, il y avait à Bourges
un artisan juif, dont le fils âgé de dix à douze ans suivait une école
fréquentée par des enfants chrétiens ; preuve que dès lors on
connaissait cette charité qu'on a appelée tolérance, que juifs et
chrétiens vivaient en paix les uns avec les autres, et que leurs enfants
assistaient ensemble à la même école publique.
L'enfant juif apprenait de son mieux ce qu'on lui enseignait en classe,
se récréait avec ses jeunes amis, faisait ce qu'il leur voyait faire ;
et comme quelques-uns d'eux entraient souvent dans l'église de
Notre-Dame de Sales pour y prier devant l'image de la sainte Vierge, lui
aussi y entrait et priait de tout son cœur.
Un
jour, il fit plus encore : à la fête de Pâques, voyant ses compagnons
s'approcher de la sainte table, et en revenir la joie et le bonheur sur
le front, il y alla aussi lui-même, et après avoir reçu le pain
eucharistique, il fit sa prière habituelle devant l'image de la Mère de
Dieu.
De retour à la maison, son père lui demanda pourquoi il rentrait plus tard qu'à l'ordinaire.
L'enfant, dans sa candeur naïve, lui raconta ce qu'il venait de faire.
Le
juif aussitôt entre en fureur, prend son fils, le lance dans un four
ardent où il venait d'allumer un grand feu, et y jette du bois de
nouveau avec la rage de la colère, pour redoubler encore l'activité de
la flamme.
La
mère, qui de l'extrémité de la rue avait vu rentrer l'enfant, est toute
surprise, à son arrivée dans la maison, de ne point l'y trouver ; elle
le demande, elle le cherche, mais en vain : elle ne peut découvrir ce
qu'il est devenu.
Elle vient au four, et quel est son étonnement ! elle y aperçoit son fils, plein de vie, au milieu du bois à demi consumé.
Elle pousse un cri ; on accourt, et l'on retire l'enfant sain et sauf ; il n'a rien souffert.
« J'ai » été, dit-il, préservé des flammes par la dame qui est sur l'autel. »
On comprit qu'il parlait de la sainte Vierge.
La
multitude exaspérée se jette sur le juif ; emportée par une fureur qui
ne réfléchit pas, elle le lance lui-même dans le four, où bientôt la
flamme l'a dévoré ; puis abattant sa maison, elle se prépare à élever en
place une église sous le vocable de Notre-Dame du Fourchaud.
Cependant
le fils et la mère, frappés du miracle, se font chrétiens ; l'église
s'élève ; sur ses vitraux on représente le fait miraculeux ; on le
reproduit sur sa bannière, sur les tapisseries dont on décore ses
murailles, afin que la postérité en garde à jamais le souvenir.
Source : Livre "Notre-Dame de France ou Histoire du culte de la Sainte Vierge en ..., Volume 2" par André Jean Marie Hamon
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