Notre-Dame des Clefs (Verdun)

Notre-Dame des Clefs
(Verdun)


Notre-Dame des Clefs (Verdun)
Carte poste de Notre-Dame de Verdun, église Saint Victor

Le 3 septembre de chaque année, une procession solennelle part de la cathédrale de Verdun et se rend à l'église de Saint-Victor, où l'on chante les vêpres, et où un sermon est prononcé pour rappeler aux fidèles l'origine de cette procession.

La voici :
En 1562, année que les progrès de l'hérésie de Luther et de Calvin rendirent si funeste à la religion, le prince de Condé, chef du parti protestant, appela à son aide les Anglais et les Allemands.

Metz donna passage à ces derniers, qui y firent de nombreux prosélytes ; mais cette conquête ne leur suffisant pas, ils se dirigèrent sur Verdun, dont ils désiraient se faire une place de sûreté.

Ils nouèrent des intelligences dans la ville ; mais le pieux prélat qui en occupait alors le siège épiscopal déjoua leurs menées, en éclairant les magistrats et le peuple sur les désastreuses conséquences qu'elles pouvaient avoir.

Les huguenots, n'ayant pu réussir par la ruse, résolurent d'employer la force, d'attaquer la ville et de la prendre d'assaut.
Ils étaient nombreux et vaillants, et la place n'était pas en état de faire une longue défense.

Mais l'évêque Psaume, dont le nom est resté célèbre, ne voyant aucune ressource dans le secours des hommes, eut recours à Dieu, dit l'histoire de Verdun, et, se confiant sur la protection de la sainte Vierge, patronne de son diocèse, il ordonna des prières publiques et une procession générale, dans laquelle il exhorta son clergé, les magistrats et le peuple à la pénitence, pour implorer la miséricorde du ciel, dans un besoin si pressant.

On redoubla pendant cette nuit les prières qu'on faisait depuis quelque temps dans toutes les églises, pour implorer la protection de Dieu, par l'intercession de la saint Vierge, patronne de la ville, et l'on ordonna à tous les bourgeois capables de porter les armes de veiller et de se tenir prêts à la première alarme.

Environ l'heure de minuit, deux mille hommes des meilleures troupes ennemies, s'étant approchés sans bruit des murailles de la ville, vers lia porte Saint-Victor, à l'endroit que ceux de leur complot avaient marqué, y dressèrent les échelles qu'ils avaient préparées pour escalader, et commencèrent à monter ; mais une décharge de coups d'arquebusades qu'on tira sur eux ayant fait sonner l'alarme, ils descendirent avec tant d'épouvante et de précipitation, qu'ils laissèrent leurs échelles et leurs instruments qu'ils avaient apportés pour enfoncer la porte de la ville, se sauvant vers le gros de leur armée, qui s'avançait pour les soutenir, et qui fut mise en déroute par la frayeur qu'ils y répandirent.

« J'ai oui dire bien des fois, écrivait en 1671 le père Urbain Quillot, et des personnes entendues me l'ont confirmé, que, tandis que les uns montaient à l'escalade, les autres rompaient et enfonçaient les portes de la ville, et, ne s'étant trouvé dedans que trois compagnies de soldats, elle allait être prise indubitablement. Les bourgeois, se voyant trop faibles pour la soutenir, et dans l'impuissance de les repousser, mirent les clefs des portes de la ville aux pieds de Notre-Dame, qui, elle seule, les repoussa, en jetant le vertige dans leurs esprits et la crainte dans leurs cœurs. »

La tradition ajoute que la statue de Notre-Dame, placée au-dessus de la porte Saint-Victor, inclina la tête en signe d'acquiescement à la prière de ceux qui la conjuraient de se charger de la défense de la place, et que, voyant ce prodige, ils se relevèrent pleins de confiance en la toute-puissante protection de la sainte madone.

Non-seulement la procession commémorative de ce grand événement attire toujours une multitude empressée de rendre à Marie l'hommage de sa reconnaissance et de son amour; mais la sainte image voit encore, chaque jour, se presser à ses pieds d'humbles chrétiens, auxquels le souvenir de cette miraculeuse délivrance inspire une vive et tendre confiance. La Vierge auguste qui a prêté l'oreille aux cris d'une ville en détresse n'écoute pas avec moins de bonté la plainte et la prière des plus petits de ses enfants.
Source : Livre "Les pèlerinages de France" par Eugène Rosary

En savoir plus :





Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire