Spiritualité
La
notion de spiritualité (du latin ecclésiastique spiritualitas) comporte
aujourd'hui des acceptions différentes selon le contexte de son usage.
Elle se rattache traditionnellement à la religion dans la perspective de l'être humain en relation avec un être supérieur (Dieu) et le salut de l'âme.
Elle se rapporte, d'un point de vue philosophique, à l'opposition de la matière et de l'esprit (voir problème corps-esprit) ou encore de l'intériorité et de l'extériorité.
Elle désigne également la quête de sens, d'espoir ou de libération et les démarches qui s'y rattachent (initiations, rituels, développement personnel, Nouvel-Âge).
Elle peut également, et plus récemment, se comprendre comme dissociée de la foi en Dieu, jusqu'à évoquer une « spiritualité sans dieu ».
Elle désigne parfois des aspects esthétiques dans la littérature.
Religions et spiritualité
Bien
que les aspirations et pratiques spiritualistes se soient développées
de façon souvent très normative (dans le cadre d’Églises établies, ou de
rites traditionnels) au point de rendre les termes religion et
spiritualité synonymes pendant plusieurs siècles, la notion de
spiritualité s'est de plus en plus appliquée dans les travaux de
théologiens ou de sociologues pour désigner des croyances et
comportements humains universels antérieurs ou postérieurs aux religions
historiques et dont la motivation serait liée à l'espoir d'une survie
après la mort physique, à une notion plus ou moins apparentée à celle de
l'âme, en tant qu'entité cohérente et indépendante du corps, ainsi qu'à
des rites propitiatoires proches du chamanisme (pour appeler une bonne
chasse, de bonnes récoltes etc., voir les rites funéraires
préhistoriques). Certains voient dans la spiritualité une simple
expression de l'instinct de survie, voire un moyen de ne pas se
confronter à la réalité de notre condition de mortels; selon d’autres,
elle révèle la mémoire intrinsèque de l’immortalité de l’âme. Si toute
religion est fondée dans une spiritualité, toute spiritualité n'est donc
pas une religion. Selon certains auteurs, la distinction se ferait
ainsi : il y aurait dans la religion une perspective collective et dans
la spiritualité une démarche plus individuelle.
La spiritualité dans le cadre de la religion
La
spiritualité religieuse est généralement associée à l'aspiration à se
« relier » (du latin religare, racine possible du mot religion).
Il s'agit alors essentiellement de se relier à Dieu, au Divin, à une réalité transcendante; un lien qui conduirait, par extension, l'homme à se relier aussi à lui-même, aux autres, à la nature ou à l'univers.
Après avoir supplanté les spiritualités plus ou moins déstructurées du paganisme ou de l'animisme, les spiritualités juive, bouddhique, chrétienne, musulmane, se sont développées sans véritable concurrence pendant de nombreux siècles, jusqu'au siècle des Lumières. Dans tous les pays où ces religions n'étaient pas parvenues à s'imposer, des spiritualités locales ont cependant continué à se développer.
Pratiques associées
Différentes pratiques sont issues des spiritualités religieuses :
- la méditation, la prière, la lecture (de textes sacrés (voir lectio divina) et leurs commentaires, de livres de piété), l'audition (lectures à voix haute, prêches) ;
- le travail manuel ou intellectuel, la lecture (d'ouvrages savants ou d'autres traditions), l'écriture, le chant (musique sacrée), les « bonnes œuvres » (secours aux nécessiteux ou aux malheureux, prêche, instruction) ;
- la réflexion, l'engagement dans la société, la rencontre et surtout le dialogue.
Certaines
de ces activités sont solitaires, d'autres collectives, certaines se
vivent dans la réclusion volontaire (cellule monastique) et d'autres « à
l'extérieur » (dans la société civile). Certaines sont contemplatives,
d'autres plus pratiques. Le choix des activités et l'importance relative
donnée à chacune permettent d'approcher la « spiritualité » qui diffère
à chaque courant spirituel.
Toutes ces activités sont expressément définies et organisées lorsque l'expérience spirituelle est vécue au sein d'un monastère (ou son équivalent couvent, ashram, confrérie), les tâches domestiques sont alors également incluses dans le champ de la pratique spirituelle et donc stipulées par la Règle monastique.
La notion « d'expérience spirituelle »
La
spiritualité n'est pas limitée à une démarche conceptuelle ou
dogmatique. L'expérience spirituelle (ou expérience mystique), par la
recherche d'intériorité, de connaissance de soi, de transcendance, de
sagesse, ou de dépassement des limitations de la condition humaine18
est indissociable de la démarche intellectuelle. C'est pourquoi la
spiritualité débouche généralement sur des démarches corporelles,
émotionnelles et mystiques, cherchant à générer une expérience
transcendante, une relation (selon l'une des étymologies de religion)
avec Dieu, le Soi, la Conscience, l’Âme, le Monde, le Devenir etc. Pour
certains, le but de la spiritualité est une exploration profonde de
l'intériorité, conduisant à l'éveil spirituel, une conversion intime, ou
l'accession à un état de conscience modifié et durable.
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