Toulouse
La basilique Saint Sernin
La basilique Saint-Sernin de Toulouse est un sanctuaire bâti pour abriter les reliques de saint Saturnin, premier évêque de Toulouse, martyrisé en 250.
Devenu l'un des plus importants centres de pèlerinage de l'Occident médiéval, elle fut desservie, depuis le IXe siècle au plus tard et jusqu'à la Révolution française, par une communauté canoniale. Saint-Sernin est une des plus grandes églises romanes conservées en Europe, avec la cathédrale de Spire, en Allemagne .
Saint Saturnin, alors à la tête de la communauté chrétienne de Toulouse, fut pris à partie le 29 novembre 250 par des prêtres païens dans le forum au pied du Capitolium antique (actuelle place Esquirol).
Il refusa d'abjurer le christianisme et de sacrifier à Jupiter - un taureau ; il fut alors attaché à ce dernier qui le traîna dans les rues de la ville le long du cardo et franchit la porte Nord jusqu'à l'emplacement actuel de la basilique, où la corde rompit.
Deux jeunes filles, les saintes Puelles, enterrèrent Saint Saturnin sur place. Le taureau est notamment passé par la rue de Claustre, actuelle Rue du Taur, renommée ainsi d'après l'animal.
La basilique conserve 260 chapiteaux romans et est le symbole de l'architecture romane méridionale. Toulouse recevait alors la visite de nombreux pèlerins sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle, ou venus honorer les reliques de saint Saturnin.
La basilique Saint-Sernin fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques par la liste de 1840.
Elle est également inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO au titre des chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle en France depuis 1998.
L’histoire de la basilique Saint-Sernin
Avant la basilique romane
La première basilique (IVe siècle)
Selon la Passion de Saint Saturnin, "Le
corps du martyr demeura un certain temps sous un sol simplement
recouvert d'herbe, certes sans honneur de quiconque, mais honoré de
Dieu, jusqu'au moment où saint Hilaire, ordonné longtemps après évêque
dans la ville de Toulouse, instruit de la fin de son prédécesseur et de
son mérite, ayant fait creuser la terre jusqu'au cercueil de bois
lui-même et craignant de déplacer les saintes reliques, fit diligemment
construire par-dessus une voûte faite avec quantité de briques et même
ajouter à un aussi grand lieu de prière une basilique vraiment toute
petite, faite de matériaux ordinaires, en cachant bien le corps du
martyr pour éviter que des hommes perfides, après l'avoir exhumé, ne le
missent en pièces."
On ignore les dates de l'épiscopat d'Hilaire (qui n'est connu que par ce texte) et on ne peut trancher sur le lieu de la construction de cette première basilique : chœur de l'église Notre-Dame du Taur, ou celui de la basilique actuelle, peut-être dans la première moitié du IVe siècle, entre 314 et 356, quand la religion chrétienne devient légale et privilégiée mais alors que le paganisme reste majoritaire (particulièrement à Toulouse) et vivant.
La deuxième basilique (autour de 400)
Crypte de Saint-Sernin, sous le sol de laquelle se trouvent les restes de l'abside de la deuxième basilique
Toujours selon la Passion de Saint Saturnin, "Ensuite, le temps passant, comme les dépouilles d'un grand nombre de défunts étaient fidèlement apportées vers cette petite basilique, pour leur soulagement, à cause du martyr qui reposait là, et que tout cet endroit avait été rempli d'une multitude de corps ensevelis, saint Silve, promu à l'épiscopat de la susdite ville, faisant préparer à grands frais une belle et magnifique basilique pour y transférer les reliques du vénérable martyr, quitta ce monde avant l'achèvement de l'ouvrage commencé. Après sa disparition, saint Exupère, élu au suprême sacerdoce (...), fit très instamment achever la basilique que son prédécesseur avait fidèlement entreprise et il en fit heureusement la dédicace."
La datation de cette construction est liée à un vif débat théologique ayant eu lieu à peu près au même moment entre le prêtre Vigilance (qui aurait pu résider à Calagurris des Convenae, l'actuel village de Saint-Martory au sud de Toulouse) et Saint Jérôme.
En 404, deux prêtres demandent à Jérôme d'intervenir pour combattre ses idées de Vigilance, hostile à la vie monastique, au célibat des prêtres et des diacres et surtout aux excès du culte des martyrs.
Une demande qui semble liée au succès du culte autour de la sépulture de Saturnin puisque selon certains, c'est la construction et la dédicace de la nouvelle basilique par Exupère qui aurait pu déclencher l'offensive de Vigilance.
En 406, Jérôme répond au prêtre commingeois par son Liber contra Vigilantium où il défend le culte des saints martyrs et attaque personnellement Vigilance.
Ce débat explique peut-être les précautions prises par Exupère et que relate la Passion de Saint Saturnin.
Que ce débat ait précédé, accompagné ou suivi la construction de la deuxième basilique, il est clair que celle-ci n'a pu avoir lieu après 407, lorsque les Vandales atteignent la région toulousaine et la dévastent.
C'est sans doute à l'occasion de la cérémonie de translation organisée par Exupère (et commémorée ensuite tous les 1er novembre) que le corps de Saturnin fut "renfermé dans un tombeau de marbre, à côté des corps d'autres saints, dans la terre".
L'intention était sans doute d'éviter "qu'à l'avenir les ossements du benoit saint ne fussent confondus avec les autres".
Il ne reste, de la basilique de Silve et Exupère, que le bas du mur de l'abside, conservé dans le sous-sol de l'abside actuelle qui épouse presque parfaitement son tracé. Et peut-être le pilier central de marbre gris dans la salle principale des cryptes inférieures.
La nécropole paléochrétienne
Four à chaux découvert dans le sous-sol du musée Saint-Raymond
Les terrains au nord de la Porterie (la porte nord de la Toulouse romaine, au milieu de l'actuelle place du Capitole) ont dû servir, comme à l'entrée sud de la ville, de nécropole dès les premiers siècles de notre ère.
Mais le tombeau de Saturnin en fait très vite une nécropole spécifiquement chrétienne, très dense sur le côté sud du sanctuaire et s'étendant sous une bonne partie du quartier de l'actuelle rue du Taur.
La fouille la plus aboutie jusqu'ici a eu lieu en 1994-96 dans le sous-sol du musée Saint-Raymond.
La couche de sépultures la plus ancienne y date de la fin du IVe siècle avec présence de grands sarcophages de marbre entre IVe et Ve siècles.
Les inhumations cessent dans cette zone au début du VIIe siècle, époque où a pu être creusé le grand fossé ovale autour de la basilique qui délimitera ensuite le territoire de l'abbaye.
Sarcophage paléochrétien du "Comte de l'An mil"
Les 4 sarcophages utilisés aux Xe et XIe siècles pour abriter les restes de plusieurs membres de la famille comtale et qui ont été finalement placés au XIIIe siècle
dans l'enfeu des comtes de Toulouse, contre la double porte méridionale
du transept, sont sans doute issus de cette nécropole paléochrétienne
et typiques de ce qu'on a appelé les "sarcophages d'Aquitaine" :
des sarcophages de marbre richement décorés et dont on peut se demander
si leur principal atelier de production n'était pas situé dans les
limites de la nécropole. Toulouse était en effet facilement alimentée
par la Garonne en marbres des Pyrénées.
Aurait pu faire partie de cet atelier, représentatif du développement de la nécropole au temps de Silve et Exupère, le four à chaux de la fin du IVe siècle fouillé en 1995 dans le sous-sol du musée Saint-Raymond et abandonné brutalement avec son dernier chargement de marbre au cours du Ve siècle.
Les siècles obscurs
On ne sait "pratiquement rien" de la basilique entre sa construction au début du Ve siècle et le XIe siècle.
En 844, le "monastère de saint Saturnin martyr" est l'une des trois églises toulousaines (avec la cathédrale et La Daurade) à bénéficier du privilège de l'immunité confirmé par Charles le Chauve, qui y séjourne lors de sa guerre contre son neveu Pépin II d'Aquitaine.
L'église et son monastère sont entourés d'un fossé mais pas encore d'un bourg.
Des analyses de pollens témoignent d'un "paysage déboisé avec des bosquets de chênes à feuillage caduc et de noisetiers, comportant un peu de chêne vert, de châtaignier et de frêne", des noyers et de la vigne, de prairies, de champs de céréales, un environnement "de type péri-urbain".
La construction de la basilique romane
Le lancement du chantier et le conflit avec l'évêque Isarn
Durand de Bredon, abbé de Moissac et évêque de Toulouse (pilier du cloitre de Moissac)
Vers 1030, l'évêque de Toulouse Pierre-Roger décide "de retenir une part des dons faits à Saint-Sernin" en prévision des travaux de reconstruction de la basilique.
Celle-ci est sans doute devenue trop petite pour le flot de pèlerins et l'augmentation des ressources du chapitre permet d'envisager un agrandissement significatif du bâtiment.
Mais les tensions entre le chapitre de Saint-Sernin et l'évêque (soutenu par le comte et l'abbé de Moissac) vont devenir extrêmement vives dans les années 1070 et 1080, sans doute attisées par le lancement effectif du chantier entre 1071 et 1076.
L'évêché de Toulouse est alors très lié à l'abbaye de Moissac : l'auvergnat Durand de Bredon, évêque de 1059 à 1071, est un ancien moine clunisien qui est abbé de Moissac depuis 1048.
En 1073, le nouvel évêque Isarn, auparavant prieur de Saint-Sernin, réforme à la fois les chapitres de Saint-Étienne et de Saint-Sernin, mesure caractéristique de la réforme grégorienne (l'année même où Grégoire VII est élu pape).
La réforme est difficile et, comme à Saint-Étienne, Isarn doit, pour l'imposer à des chanoines très réticents, invoquer les plus hautes autorités : le comte Guilhem IV, l'abbé de Cluny, l'abbé de Moissac.
S'il parvient à imposer ses vues aux chanoines de Saint-Étienne, placés directement sous son autorité, ceux de Saint-Sernin vont profiter du conflit pour affirmer leur indépendance et en appeler directement au pape. Celui-ci confirme entre 1079 et 1083 qu'ils sont sous sa protection directe, tout en spécifiant qu'ils vivent "ensemble sous la règle des saints Jérôme, Augustin et autres Pères de l'Église" et ne possèdent rien en propre.
La réaction d'Isarn est violente.
En 1083, avec l'appui du comte, il expulse les chanoines, qui sont remplacés par des moines de Moissac, et met la main sur le temporel de la basilique ainsi que sur le chantier de reconstruction : "Et toute l'œuvre de la fabrique de la susdite église, je la retiens dans mon domaine tant que je vis".
Les chanoines expulsés font intervenir le pape qui les réintègre dans leurs droits et possessions et le 23 juillet de la même année, le comte Guilhem IV "se repent solennellement de son sacrilège, s'engage à ne plus attaquer Saint-Sernin, garantit la liberté des chanoines et leur temporel".
Avant la consécration de 1096 : le chevet et le transept
La construction commence par le chevet, le transept et les premières travées de la nef.
Elle enserre progressivement la basilique antérieure afin qu'il n'y ait pas d'interruption du culte et que les pèlerins puissent continuer à accéder au tombeau.
Quitterie Cazes distingue 6 étapes qui auraient pu précéder la consécration de 1096.
Elles se distinguent par "la nature des matériaux utilisés et la façon dont ils sont agencés" plus que par des changements de style puisque le plan et l'élévation de tout l'édifice ont été conçus dès avant le lancement du chantier et qu'ils seront très exceptionnellement respectés jusqu'au quasi achèvement de la basilique à la fin du XIIIe siècle.
1. La construction commence par les "murs extérieurs du chevet", "les chapelles du déambulatoire et toute la périphérie du transept, absidioles comprises".
Matériaux utilisés : la pierre pour les contreforts et encadrements de
fenêtres, la brique pour les maçonneries intermédiaires. Cette étape
laisse intacte la basilique antérieure.
Le croisillon sud du transept
2. Un "petit décrochement dans la maçonnerie"
(visible entre les fenêtres et les oculi au sud du déambulatoire)
marque le début de la deuxième étape de construction. Elle permet le
voûtement des chapelles basses et du déambulatoire, la mise en place du
chœur avec le rond-point enserrant l'ancienne abside, transformée en
crypte semi-enterrée. Les 9 baies du soubassement en briques de ce
nouveau rond-point étaient alors ouvertes et une petite ouverture carrée
(la fenestella) permettait aux pèlerins d'apercevoir le
sarcophage du saint. La construction des premiers piliers intérieurs
impose la destruction du reste de l'ancienne basilique. La disposition
des pierres est moins régulière et apparaissent quelques signes
lapidaires. On est peut-être aux alentours de 1083, lorsque la prise de
possession d'Isarn signale que le tombeau a des clés et qu'une chapelle
fonctionne.
3. Un nouveau "petit décrochement de maçonnerie"
sous les fenêtres des tribunes correspondant à un réalignement des
aplombs marque le début de la troisième étape. Les collatéraux du
transept sont voûtés (nettement plus sûrement que le déambulatoire)
ainsi que les premières travées de la nef et on élève le niveau
d'arcades dans l'abside. La pierre est utilisée de façon plus mesurée au
profit de la brique qui est désormais aussi employée à parité dans les
encadrements, les contreforts et les supports. Les signes lapidaires
sont plus fréquents.
4.
C'est une étape intermédiaire. Les tribunes du chœur et du transept
sont mises en place, on construit la partie supérieure de l'abside
majeure avec des fenêtres hautes beaucoup plus richement ornées que
celles de la partie basse. Les matériaux sont très hétérogènes mais on
utilise beaucoup de pierres. Les signes lapidaires se font plus
discrets.
5.
Les tribunes du transept sont ensuite construites en deux temps :
plusieurs travées avec beaucoup de pierres, le reste d'une façon
homogène en alternant régulièrement calcaire mollassique et briques.
6.
Pour disposer d'une basilique à peu près fonctionnelle (mais encore
sans véritable nef), ne reste plus qu'à voûter les parties hautes et
bâtir la coupole de la croisée, qui permet de mettre en place la souche
carrée du clocher et son premier niveau de baies. C'est à ce moment qu'a
pu avoir lieu la consécration de 1096.
La consécration de 1096
Le Pape Urbain II consacrant la Basilique Saint-Sernin de Toulouse par Antoine Rivalz Musée des Augustins de Toulouse
Elle
intervient lors du périple du pape Urbain II en 1095-96. Le pape
prépare la première croisade en s'appuyant sur l'évêque du Puy Ademar de
Monteil et le comte de Toulouse Raimond de Saint-Gilles (tout juste
comte puisque son frère Guilhem IV est mort environ un an auparavant et
que la succession est contestée par Guillaume IX d'Aquitaine, mari de sa
nièce).
Le
pape commence donc son périple par Le Puy, Saint-Gilles et Clermont où a
lieu le célèbre concile où il appelle solennellement à se croiser pour
prendre Jérusalem aux Turcs.
Il parcourt ensuite l'ouest de la France avant de redescendre vers Toulouse où il consacre la nouvelle église et son autel "l'année mille quatre-vingt-seizième du Seigneur, le neuvième des calendes de juin (24 mai)".
Le pape est accompagné de Raimond de Saint-Gilles et assisté des
archevêques de Tolède, de Bordeaux, de Pise et de Reggio, des évêques
d'Albano et de Pampelune et de "dix autres".
Il consacre "l'église
du saint martyr Saturnin, évêque de Toulouse, et l'autel en l'honneur
du même martyr très glorieux et du saint martyr Assiscle" et dépose "dans
le même autel une très grande partie du chef du très glorieux Saturnin
et des reliques du saint martyr Assiscle et d'autres saints et des
reliques du saint confesseur Exupère, évêque de Toulouse".
C'est donc à cette occasion qu'est installé l'autel sculpté par Bernard Gilduin, sans doute au-dessus du tombeau du saint, dans l'abside majeure.
Et
peut-être aussi les reliefs du Christ en majesté, du chérubin et du
séraphin aujourd'hui placés dans et autour de la fenêtre axiale murée de
la crypte supérieure.
La consécration et le passage du pape sont aussi l'occasion pour les chanoines de marquer quelques points dans leur longue lutte contre le parti du comte et de l'évêque : ainsi du retour de l'église Saint Pierre de Blagnac en leur possession (elle avait été donnée à Moissac par le comte en 1070-71).
Et de la confirmation par Urbain II de leurs "droits, possessions, revenus et statuts".
Raimond de Saint-Gilles partira ensuite pour la première croisade dont il sera l'un des acteurs majeurs, absence dont profite aussitôt Guillaume IX d'Aquitaine pour occuper Toulouse en 1097.
Occasion pour les chanoines de Saint Sernin de manifester une fois de plus leur indépendance et leur opposition au parti du comte et de l'évêque puisqu'ils rejoignent aussitôt le camp du duc.
Début du XIIe siècle : la mise en place de la nef
Guillaume IX d'Aquitaine, troubadour et protecteur des chanoines de Saint-Sernin
Le
démarrage du chantier a été très rapide : environ 25 années ont suffi
pour bâtir une église utilisable pour les cérémonies et les pèlerinages.
La construction continue ensuite à un bon rythme dans les deux premières décennies du XIIe siècle, sans doute favorisée par la protection de Guillaume IX qui tient la ville de 1097 à 1100 et de 1108 à 1119.
Deux étapes sont alors discernables.
7.
L'église prend toute son extension avec l'élevation du mur périphérique
de la nef et du massif occidental jusqu'au-dessus des fenêtres. On met
en place l'avant-corps de la porte Miègeville et un puits est creusé
dans le collatéral majeur nord. Les espaces du massif occidental sont
alors largement ouverts et le sol est 60 cm
plus haut qu'aujourd'hui. Le sol extérieur étant alors environ 2 mètres
plus bas, une volée de marches devait mener à l'entrée de ce côté-là.
Les matériaux sont très homogènes : calcaire mollassique et briques. On
entame le deuxième étage du clocher.
8.
C'est alors que l'on commence à voûter la nef et ses tribunes, en
commençant par les deux travées les plus orientales. Le deuxième étage
du clocher est achevé.
XIIe et XIIIe siècles : l'achèvement provisoire
Le rythme des travaux ralentit notablement après les deux premières décennies du XIIe siècle.
On ne sait s'il s'agit d'un manque de ressources (les premières phases
de travaux ont dû être coûteuses, les comtes - peu favorables à
Saint-Sernin - sont revenus, le catholicisme est de plus en plus
concurrencé par le catharisme), de main d'œuvre (les chantiers se
multiplient dans la ville) ou simplement le choix des chanoines de
privilégier la décoration intérieure de leur église (l'essentiel des
peintures date du XIIe siècle)
et la construction des bâtiments annexes comme le cloitre. Deux
dernières étapes de construction peuvent encore être distinguées, l'une
au XIIe siècle, l'autre au XIIIe.
9.
Signe que les temps changent, la brique devient prédominante dans la
construction (mais on conserve l'alternance de blocs de calcaire et de
briques dans la nef centrale). Les collatéraux sont voûtés, les deux
espaces latéraux du massif occidental (la sacristie et la chapelle
Saint-Pierre) couverts. Les solutions architecturales semblent
improvisées, témoignage possible des incertitudes causées par le
changement de style à l'œuvre (les premières croisées d'ogives
apparaissent dans la région autour de 1180). Trois des chapitaux de la
sacristie semblent même être des "pastiches d'œuvres romanes" pour préserver l'unité de style. On bâtit le troisième étage du clocher.
10. "La brique règne désormais sans partage"
(même dans les encadrements de fenêtres). Le reste des collatéraux et
des tribunes est peu à peu voûté et couvert, en finissant par la nef
vers 1250-60 et au-delà. Dans le massif occidental, on élève en partie
la tour sud, la grande rose au centre et, au-dessus, une croisée
d'ogives destinée à être surmontée d'un autre clocher au milieu de la
façade ouest. Les chapitaux, le voûtement sont donc ici de style
contemporain, peut-être "parce qu'on est dans un espace qui n'est plus celui de la nef".
Mais l'ensemble de ce côté reste totalement inachevé. Les deux derniers
étages du clocher ont dû être bâtis au début de cette période et
innovent avec leurs "arcs en mitre" qui vont ensuite se répandre dans la
région.
Le réaménagement de la crypte.
C'est à partir de 1258 que l'ensemble de la crypte est réaménagé : un grand baldaquin de pierre, de style gothique, sorte de tour hexagonale s'élevant haut dans l'abside, abrite désormais le sarcophage de Saint Saturnin.
Ce sarcophage est inséré en 1283 dans une "grande châsse en forme d'église". Dans les années 1280, on creuse sous les travées du chœur la crypte inférieure pour pouvoir abriter les nombreuses reliques qui sont venues enrichir le trésor de l'abbaye. C'est peut-être à cette occasion que l'on doit renforcer les quatre piliers de la croisée du transept, affaiblis par cette excavation.
Les travaux postérieurs
L'arrivée des ordres mendiants en ville au XIIIe siècle
(Dominicains, Franciscains, Carmes, Augustins) et la construction de
leurs grandioses églises a dû limiter quelque peu les ressources dont
disposaient les chanoines de Saint-Sernin. D'autant plus que, privée de
ses comtes, Toulouse vit à partir du XIVe siècle,
une période très difficile où crise politique (début de la Guerre de
Cent Ans), économique et démographique (peste noire) se conjugent dans
une ville qui n'est plus une capitale depuis l'extinction de la dynastie
comtale et l'intégration au royaume de France.
La plupart des grands chantiers de construction ecclésiastiques s'arrêtent et les travaux ne reprennent dans la basilique qu'à l'occasion de nécessités criantes ou de ressources inespérées.
XIVe siècle
C'est à cette époque qu'a dû être achevé le clocher avec sa balustrade et sa flèche.
La flèche, elle, a connu plusieurs versions dès le XIIIe siècle.
Une importante campagne de peinture permet de recouvrir le chœur et le début de la nef (l'espace dévolu aux chanoines) d'un décor de pierres colorées comme aux Jacobins à peu près à la même époque.
Les écus armoriés sur les voûtes des premières travées de la nef sont ceux des papes et cardinaux avignonais des années 1330 et ont pu être réalisés après 1339.
XVe siècle
L'économie
toulousaine redémarre à partir des années 1450, poussée par les débuts
du pastel, la fin de la Guerre de Cent Ans et l'établissement d'un
parlement permanent. Mais Saint-Sernin végète. On ne peut mentionner
qu'une nouvelle flèche en 1449.
En 1463, la ville de Toulouse subit un grand incendie. À cette occasion, le roi Louis XI octroie à l'abbaye une rente annuelle de 100 livres tournois afin de soutenir sa restauration.
XVIe siècle
Le
siècle du pastel et l'enrichissement soudain de la ville font sentir
leurs effets mais aussi la prise en charge de l'entretien et des travaux
par la Confrérie des Corps Saints à la fin des années 1520.
Pavement et toitures sont restaurés à partir de 1535 puis on s'attaque au massif occidental, toujours pas terminé, à partir de 1541.
Une sacristie est aménagée dans la salle haute de la tour nord et la dernière travée des tribunes de ce côté est reconstruite pour créer deux salles particulières.
Le beffroi est totalement reconstruit dans les années 1550. Beaucoup de peintures sont refaites et "un enduit blanc à faux appareil de pierre revêt la majeure partie des murs".
Antoine Olivier et Bernard Nalot signent le bail à besogne pour peindre la voûte et les murs du chœur en 1536.
Les travaux sont terminés en 1542 par Bernard Nalot seul après la mort accidentelle d'Antoine Olivier.
Le déclenchement des Guerres de religion, particulièrement violent à Toulouse avec les terribles journées de la "Délivrance" en 1562 (au cours desquelles Saint-Sernin est assiégée plusieurs jours par les forces protestantes), force à quelques travaux défensifs : petites galeries de briques au-dessus des trois portes en 1562, galerie de bois avec artillerie le long de la tribune sud de la nef en 1567.
XVIIe siècle
Une partie des reliques est sortie de la crypte et exposée dans de nouvelles châsses.
Placées dans des armoires dorées, elles composent le "Tour des Corps Saints" le long du déambulatoire.
XVIIIe siècle
L'intérieur est mis au goût du jour avec de nouvelles stalles, un orgue, un jubé, de nouvelles décorations...
Le baldaquin gothique de l'abside est détruit et remplacé par le nouveau dispositif de Marc Arcis.
Au début de la Révolution, Saint-Sernin est une des rares églises toulousaines à obtenir le statut d'église paroissiale et donc à échapper à la vente des biens nationaux (mais pas les autres bâtiments de l'abbaye qui sont vendus et, pour la plupart, détruits).
XIXe siècle
En
1838, Prosper Mérimée obtient le classement de l'église comme monument
historique. Des travaux de restauration, contestés par Mérimée, sont
effectués par Urbain Vitry (piliers nord de la nef, portails) de 1836 à
1845.
Année où Viollet-le-Duc, sur recommandation de Mérimée, est chargé d'une restauration générale.
Les travaux commencent en 1860 après une campagne très contestée de restauration des cryptes sous la direction d'Alexandre du Mège.
Secondé par Jacques-Jean Esquié (architecte départemental et auteur à Toulouse de l'hôpital Marchand et de la prison Saint-Michel).
Les toitures sont entièrement refaites et modifiées avec création de couvertures distinctes pour la nef et les collatéraux séparées par un mur de comble.
La corniche qui ornait l'extérieur du chevet est étendue à tout l'édifice.
À l'intérieur (les travaux y commencent en 1872), Viollet-le-Duc dépose le "Tour des Corps Saints" et refait une partie des décorations mais meurt avant d'avoir pu s'attaquer au massif occidental, toujours inachevé.
Vues de la basilique fin du XIXe siècle, début du XXe
Le chevet de la basilique avant la restauration de Viollet-le-Duc
Maison de la place Saint-Sernin, en 1860 Ferdinand Mazzoli
L'abside avant les restaurations, en 1861
Basilique en cours de restauration, entre 1870 et 1880. Des baraques de travaux sont visibles
Basilique Saint-Sernin, Eugène Trutat, conservée au Muséum de Toulouse
Basilique dans les années 1910
XXe siècle
Le clocher en rénovation, 1969. Photographie d'André Cros, Archives de Toulouse
Le
massif occidental est régularisé en 1929. Des travaux généraux de
restauration commencent en 1967, qui reviennent sur une grande partie
des interventions de Viollet-le-Duc : d'abord le clocher dont la
balustrade menaçait ruine puis, de 1970 à 1978, le décapage des enduits
intérieurs qui permettent de retrouver les peintures médiévales.
Les
cryptes sont "dérestaurées" et le "Tour des Corps Saints" rétabli dans
le déambulatoire. Finalement, entre 1980 et 1990, le mauvais état des
corniches force à intervenir sur les toitures qui sont rétablies dans
leur configuration antérieure au XIXe siècle.
La paroisse catholique aujourd'hui
La Basilique Saint-Sernin abrite la paroisse Saint-Sernin qui fait partie du Doyenné Centre Ville du Diocèse de Toulouse.
Elle propose les offices catholiques ou messes en semaine et le dimanche aux fidèles toulousains ou de passage ainsi que des Visites spirituelles offertes le week-end par des bénévoles formés par un historien M. Cazes, ancien Conservateur du Musée Saint-Raymond, et un théologien le Père Jean-François Galinier, archiviste au Diocèse.
Un aperçu complet de la Paroisse, de la Basilique romane et des grandes Orgues est disponible sur le site www.basilique-saint-sernin.fr
La Paroisse catholique accueille également encore aujourd'hui les pèlerins de Compostelle sur ce haut-lieu d'étape du Chemin de Saint-Jacques de Compostelle pendant la saison, avec la recrudescence actuelle du pèlerinage.
La solennité de Saint-Saturnin, premier évêque et martyre de Toulouse, est célébrée en grande pompe par la paroisse et le Doyenné du Centre ville autour de la fête du Saint le 29 novembre dont les reliques sont portées en procession ce jour là.
Aujourd'hui encore la Basilique Saint-Sernin accueille comme elle l'a toujours fait dans l'histoire de la chrétienté des adultes jeunes ou moins jeunes appelés catéchumènes, qui demandent le baptême catholique.
Organisation de la basilique
Entrée Ouest de la basilique
Chapelles rayonnantes, à l'Est de la basilique
Schéma représentant les chapelles rayonnantes après la restauration de Viollet Le Duc
Comme
la grande majorité des églises, la basilique est orientée d'Est en
Ouest. Pour plus d'explication, se reporter à l'explication général des
édifices églises.
La basilique est construite en brique de Toulouse et en pierre blanche ou légèrement verdâtre.
La pierre blanche est du calcaire extrait de carrières situées assez loin du chantier (comme Boussens).
La pierre verdâtre est une marne qui était extraite directement des rives de la Garonne.
L'extérieur est massif et dominé par le clocher octogonal pointant à 65 mètres de haut.
Elle est organisée autour d'un transept assez imposant long de 65 mètres dont chaque bras possède deux absidioles orientées.
Plan
- Porte des Comtes
- Enfeu des Comtes
- Ancien portail de l'abbaye
- Porte Miégeville
- Portail occidental
- Emplacement de l'ancien cloître
- Chapelle Saint-Pierre
- Sacristie
- Chapelle du Crucifix
- Chapelle des âmes du purgatoire
- Chapelle de l'Immaculée Conception
- Chapelle Saint-Georges
- Chapelle Saint-Esprit
- Chapelle Saint-Martial, Saint-Cyr et Sainte-Julitte
- Chapelle Saint-Sylve
- Chapelle de la Vierge
- Chapelle Sainte-Germaine
- Maître-autel
- Peinture romane : Noli me tangere
- Cycle de la Résurrection
- Peinture représentant saint Augustin
- Restes de peintures : la crucifixion
Nef
La nef est longue de 115 mètres.
Elle est composée de 5 vaisseaux et son vaisseau principal est large de 8 mètres.
La nef présente des tribunes sur les collatéraux.
La hauteur de la voûte en plein cintre est de 21 mètres.
Elle couvre la nef et le transept grâce à des contrebutées latérales constituées de voûtes en quart-de-cercle disposées au-dessus des tribunes.
La croisée du transept est surmonté d'une coupole sur trompes juste en dessous du clocher.
Les piliers centraux ont été de nombreuses fois renforcés pour soutenir le clocher qui a pris de l'élévation au cours des siècles.
Ce renforcement casse légèrement les perspectives de la nef et du chevet.
Vue globale de la nef
Schéma représentant les contrebutées de Saint-Sernin
La chaire
Dans
le collatéral nord se situe une série de bustes et reliquaire dédiés à
Sainte Agathe, Saint Grégoire le Grand, Saint Phébade, Saint Louis de
Toulouse et Saint Vincent de Paul. C'est aussi à cet endroit qu'est
installée la crèche de Noël.
Saint Vincent de Paul
Saint Benoît Labre
Saint Louis de Toulouse
Sainte Marguerite
Saint Phébade
Sainte Agathe
Le pape Saint Grégoire le Grand
Le
Collatéral Sud offre aux pèlerins un buste de Jean-Paul II bénit et
inauguré par Monseigneur le Gall, Archevêque de Toulouse, le 18 juin
2013.
L'œuvre commandée au Sculpteur Sébastien Langloÿs témoigne de la volonté constante de la paroisse d'être un lieu d'accueil de l'art, depuis le Moyen Âge à nos jours.
Cet intérêt pour l'art est démontré notamment par l'activité intense des concerts organisés dans la basilique, notamment grâce à la qualité exceptionnelle des orgues qu'elle abrite.
Les orgues
Orgues de la Basilique
Les
grandes orgues de la basilique Saint-Sernin, réputées dans le monde
entier, ont été achevées en 1889 par la maison Aristide Cavaillé-Coll.
Inauguré
le 3 avril 1889 par Alexandre Guilmant, l'instrument compte
cinquante-quatre jeux répartis sur trois claviers et un pédalier (soit
exactement 3 458 tuyaux).
De nombreux tuyaux proviennent de l'orgue précédent, construit par Daublaine et Callinet.
De 1992 à 1996, il est restauré par les facteurs d'orgue Jean-Loup Boisseau, Bertrand Cattiaux et Patrice Bellet.
Le titulaire (1996-…) de l'instrument est Michel Bouvard.
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Transept
Le
transept de la basilique s'étend de la porte des Comtes aux chapelles
du Sacré-Cœur et de Saint-Exupère, anciennement porte royale ouverte sur
le monastère, au nord de l'église.
En face de la porte des comtes se trouvent, sur un des piliers, des pieds de Saint-Christophe sculptés et, sur la face orientale du transept Sud, les chapelles de Sainte-Germaine et de la Vierge Marie.
Dans la partie nord du transept se trouvent, à l'ouest, plusieurs fresques peintes dont un Agnus Dei au plafond et une représentation du cycle de la résurrection ; à l'est, se situent la chapelle du Crucifix avec, en face de laquelle, au plafond, un agneau pascal supporté par huit anges ainsi que la chapelle des âmes du purgatoire.
Dans la partie sud, à l'ouest, les fonts baptismaux.
Croisillon nord du transept
Détail de la fresque de l'agneau pascal en face de la chapelle du Crucifix
Chapelle du Crucifix
Partie supérieure du cycle de la résurrection
Partie inférieure du cycle de la résurrection
Agnus Dei
Les fonts baptismaux
Croisée du transept : Maître-autel, tombeau de Saint-Saturnin et chœur
Le
chœur de la basilique abrite le tombeau de Saint-Saturnin : un
baldaquin de style baroque dans lequel se trouve une statue à la gloire
du Saint, sa sépulture, ainsi qu'une représentation de son supplice dans
un bas-relief de plomb doré.
Ce tombeau, auquel participa notamment le sculpteur Marc Arcis a été réalisé entre 1718 et 1759.
Table de l'autel principal
Ensemble du tombeau de Saint-Saturnin
Croisée du transept vue depuis le Sud : un faux appareil de pierres polychromes est encore visible sur les piliers ouest
Un clocher octogonal
Juste
au-dessus de la croisée du transept, où se trouve le maitre autel, se
dresse un clocher de 67 mètres de haut et de forme octogonale. Il est
constitué de 5 niveaux :
- le niveau le plus bas est au niveau de la coupole et est constitué sur chaque face de deux baies aveugles couvertes d'arcs en plein cintre ;
- les deux niveaux suivants, correspondant au beffroi, en léger retrait par rapport au précédent sont constitués de deux baies sur chaque face, également couvertes d'arcs en plein cintre ;
- les deux niveaux suivants ont été bâtis dans la seconde moitié du XIIIe siècle. Ils se caractérisent sur chaque face par deux fenêtres couvertes d'arcs en mitre ;
- enfin, en 1478, une flèche fut construite en maçonnerie pour porter un globe terminal couronné par une croix ;
- le clocher abrite un carillon composé de 18 cloches au clavier et 6 au banc du sonneur.
Clocher
Elévation romane puis gothique
Détail du clocher
Intérieur du clocher au niveau des étages gothiques
Intérieur de la flèche
En 1862, le peintre Léon Soulié se suicida en se précipitant du clocher.
Déambulatoire
Le transept est suivi d'un chevet à déambulatoire à chapelles rayonnantes.
Ces chapelles sont le lieu d'exposition des reliquaires de l'abbaye.
Le déambulatoire est décoré de sept bas-reliefs en marbre encastrés dans le mur, avec au centre un Christ encadré par un chérubins, un séraphin, deux apôtres et deux anges. Ils sont l'œuvre de Bernard Gilduin.
Ange de gauche
Apôtre de gauche
Chérubin
Christ de majesté
Séraphin
Apôtre de droite
Ange de droite
Chapelle du Crucifix
Chapelle des âmes du purgatoire
Chapelle de l'Immaculée Conception
Anciennement chapelle de Sainte Suzanne dans laquelle sont conservés le chef-reliquaire et la chasse de la sainte.
Chapelle Saint-Georges
"…dont le corps repose sur ledit autel, dans une chasse d'argent, où il fut mis le 14 novembre 1618".
Chapelle Saint-Esprit
La
chapelle et l'autel sont consacrés au Saint-Esprit, sous l'invocation
de Saint Exupère, Évêque de Toulouse, le corps duquel y repose dans une
chasse de vermeil, qui fut donnée par messieurs les Capitouls de la même
ville où il fut mis le 13 avril 1586.
Chapelle Saint-Martial, Saint-Cyr et Sainte-Juliette
Chapelle Saint-Sylve
Évêque de Toulouse, fondateur avec Exupère de l'église Saint Sernin.
Chapelle de la Vierge
Chapelle Sainte-Germaine
Les cryptes et les reliques
La crypte de la basilique, en 1937
Sous l'abside se trouve une crypte.
Le sol de l'abside est d'ailleurs surélevé par rapport au niveau du déambulatoire où s'ouvrent deux passages permettant d'accéder à la crypte.
Ces deux passages étaient utilisés pour la circulation des pèlerins, l'un servant d'entrée et l'autre de sortie.
Le déambulatoire est décoré d'éléments liturgiques baroques.
Les reliques de Saint Jacques le Majeur.
La basilique Saint-Sernin conserverait depuis 1354 la tête et le corps de Saint Jacques-le-Majeur.
Le 15 octobre 1385, le corps de saint Jacques fut transféré dans une luxueuse arche en forme d'église, cadeau de Duc de Berry et de Jean de Cardaillac.
Il était accompagné d'un buste reliquaire aussi remarquable.
C'était les plus somptueux reliquaires avec celui de Saint-Sernin.
Ces reliques provenaient de l'église Saint-Jacques qui était située près de la Cathédrale Saint-Étienne de Toulouse et qui aurait été bâtie par Charlemagne pour y recevoir les reliques qu'il avait rapportées de Galice lors de son expédition contre les Sarrasins.
Toutefois, ces reliques s'y seraient encore trouvées en 1490, selon la transcription en français de 1547 d'un procès-verbal établi par un certain Jean Badet pour vérifier l'authenticité des reliques de l'Apôtre Jacques.
On interrogea des témoins sur l'origine historique, les signes de présence des reliques et leurs découverte.
Les personnes rapportent qu'ils avaient entendu dire que Charlemagne avait rapporté ces reliques et qu'il avait fait construire l'église Saint-Jacques à Toulouse ; "la teste" y avait été déposée sous un pilier "vers main droicte et aupres l'autel madame saincte Quiterie". L'empereur aurait fait peindre "la figure de la teste mons. saint Jacques ; et ...une coquille..."
Le reliquaire de la Sainte Épine
La basilique possède depuis 1251 une épine prélevée sur la Sainte Couronne grâce au don d'Alphonse de Poitiers, frère de saint Louis.
Elle est conservée dans un reliquaire en bois puis placée au XVIe siècle dans un tube en cristal.
Cette ampoule en or et en cristal est conservée depuis 1818 dans un reliquaire de la Sainte Épine en argent (petit temple, encadré par deux anges adolescents portant la lance et l'éponge, réalisé par l'orfèvrerie toulousain Samson en 1765) enfermé lui-même dans un second reliquaire octogonal en cuivre doré, travail de l'atelier d'orfèvre de Placide Poussielgue-Rusand en 1880.
Porte Miègeville
Tympan sculpté de la porte Miègeville
Porte des Comtes
Article détaillé : porte des Comtes.
Le statut : sanctuaire, abbaye puis basilique mineure
À
partir de 1083, après une brève période d'obédience monastique sous
l'autorité des abbés de Cluny et de Moissac, la basilique devint une
collégiale, c'est-à-dire une église tenue par un collège de chanoines
réguliers dirigés par un prévôt, puis par un abbé.
L'adoption de la vie canoniale régulière doit être distinguée de celle de la règle de saint Augustin, plus tardive.
Depuis l'époque carolingienne, la vie communautaire semble avoir été réglée par la règle de Chrodegang de Metz.
En 1070 et 1076 encore, la vie régulière n'est pas réglée par une seule règle précise, mais se résume au principe de l'habitat commun. Guillaume de Cahors décide ainsi de "vivre canoniquement [sous la dépendance de Saint-Sernin] en conformité aux décrets des Pères, à savoir Augustin, Jérôme et les autres".
En 1096, à l'occasion de la dédicace de l'abbatiale, Urbain précise les conditions de la vie régulière (mise en commun des biens, obligation de résidence, etc.), mais ne mentionne pas la nature de la règle, alors que le formulaire diplomatique de ses actes ne manque pas de le faire pour d'autres communautés.
Le 21 mars 1141, le pape Innocent II place la communauté sous la règle de saint Augustin.
En 1216, à la suite du concile de Latran IV, le pape Innocent III confirme les privilèges accordés par ses prédécesseurs et mentionne à nouveau la règle de saint Augustin.
Au cours du XIIIe siècle s'y ajoutèrent des "Statuts" encore inédits, connus par une copie tardive.
L'abbé de Saint-Sernin était à la tête d'un patrimoine immobilier considérable dans Toulouse et jusqu'au pied des Pyrénées qui le conduisit à de fréquents conflits avec l'évêque de Toulouse, dont la cathédrale Saint-Étienne, avait beaucoup moins de rayonnement que Saint-Sernin. La communauté s'agrandit et une abbaye fut construite autour de l'église.
À partir du milieu du XVe siècle, l'abbé régulier est remplacé par un abbé commendataire. Le 25 septembre 1526, une bulle pontificale ordonne la sécularisation de l'abbaye qui abandonne la vie régulière.
Le chapitre canonial est supprimé à la Révolution et Saint-Sernin devient une « simple » église collégiale jusqu'en 1878, date à laquelle elle fut à nouveau consacrée et reçut le titre honorifique de basilique mineure par le pape Léon XIII.
Disparition des bâtiments de l'abbaye
Après la Révolution et avec l'abandon des bâtiments de l'abbaye, il est décidé de dégager la basilique et de rendre accessibles son parvis et ses différentes portes. Ce projet sera mis à exécution au début du XIXe siècle.
De 1804 à 1808, le cloître de l'ancienne abbaye fut démantelé et quelques chapiteaux furent conservés et exposés au musée des Augustins.
Puis, par expropriation et rachats, les bâtiments et édifices sont détruits tout autour de l'église sous l'impulsion de Jacques-Pascal Virebent, architecte en chef de la ville, afin de former une place elliptique.
Le musée Saint-Raymond, ancien collège du même nom, primitivement un hôpital géré par l'abbaye, est le seul ancien bâtiment subsistant du complexe abbatial.
Bas relief provenant des bâtiments détruit
Musée des Augustins de Toulouse
Musée des Augustins de Toulouse
Bâtiment du musée Saint-Raymond
Prévôts de Saint-Sernin
Jusqu'en 1119, l'abbaye n'est pas gouvernée par des abbés mais par des prévôts.
Liste des prévôts de Saint-Sernin
- 980 c. : Unals
- 1005 c. : Rodgarius / Rodogerisu (1025)
- 1060 c. : Unaldus
- 1070 c.-1071 : Isarn de Lavaur, évêque de Toulouse du 6 décembre 1071 au 7 février 1105.
- 1074-1105 c. : Petrus, mentionné en 1080, 1093, 1098.
- 1098-1100 c. (mention): Munio
- après 1105 : Ugo
- vers 1101 et avant 1108-1117(devient abbé)... : Raymondus Wuillelmi
Abbés de Saint-Sernin
Selon
la Gallia christiana, t. 13,col. 94, l'institution abbatiale daterait
de 1117. La liste de la Gallia christiana, est fautive et doit être
corrigée par confrontation avec les archives subsistantes; voir
notamment Histoire générale du Languedoc, t. 4/2, Toulouse, Privat,
1872, n. 103, p. 523-527.
Liste des abbés de Saint-Sernin
- 1117-1140 : Raymond de Durban ou Raimond Guillaume (Raimundus Willelmi) (+ 18 juillet 1140).
- 1140 (première mention 19 octobre 1140) - 1175 (dernière mention 6/27 décembre 1174) : Hugues (d’Avignonet ?), évêque de Toulouse (19 mars 1173 – 16 avril 1175), second abbé de Saint-Sernin.
- 1175 (première mention 6/27 juin 1175)-1182 : Pons I de Sainte-Foi (ou de Montpezat?), troisième abbé, + 21 septembre.
- 1176-1183 : Pons II de Montpesat. Il était sur le siège de saint Saturnin en 1176. Il participe à une convention avec l'abbé de Grandselve en 1178. Il meurt en 1183.
- 1184-1211 : Guillaume de Cantez (Contesio), + 5 janvier 1212.
- 1212/1213-1233/1234 (18 février) : Jordanus ou Jourdain qui affecta l'hôpital Saint-Raymond à l'accueil des étudiants et des autres pauvres.
- 1234-1235 : Pierre I, + 6 août.
- 1236-1238 (après) : Bernard I de Martres.
- 1243 (avant)-1262 : Bernard II de Gensac, + 14 octobre 1262 (et non 1263).
- 1262-1289 : Arnaud de Villemur.
- 1289-1294 : siège vacant.
- 1294-...
- 1299-1301 : Sanche de Aissada (Sanctius de Narano), + 4 juin 1301.
- 1321-1336 : Amelius / Ameil de Lautrico, promu à l’évêché de Castres le 5 décembre 1326 ; † le 15 novembre [1326] d’après le nécrologe de l’abbaye.
- 1336 c.... - 1347 c. : Hugues Roger, + 25 novembre
- 1396 c. - 1409 : Aimeric (Aimeri) Noel (Nadal, Natal) (Aimericus Natalis), devenu évêque de Condom (Gams : 1418 ; Histoire générale de Languedoc : 1411), puis de Castres (1429), suivi l'obédience de Benoît XIII qui l'institua référendaire et conservateur des privilèges de l'ordre de Cîteaux, † 3 octobre 1421. L'abbaye était vacante en 1409.
- 1413-1452 : Foulque de Rouvière (Rueria) (+10 septembre 1455).
- 1453-1461 : Jean de Juniac (de Junaco, Jehan de Jeanhac), + 16 juin.
- 1461-1473 : Jean Jouffroy / Jouffroi / Joffredi, cardinal.
- 1476-14?? : Gilles, cardinal, administrateur de l'abbaye.
- 1478-1520 : Laurent Ier Allemand évêque d'Orange (1477-1484), puis de Grenoble (1484-1518), † 5 septembre 1520.
- 1520-1561 : Laurent II Alleman
- 1561-1571 : Jean-Baptiste Rambaud de Simiane, évêque d'Apt.
- 1571-1587 : François de Simiane, évêque d'Apt.
- 1587-1615 : cardinal François de Joyeuse
- 1615-1639 : cardinal Louis de Nogaret de La Valette d'Épernon
- 1640-1698 : Jean Ruzé d'Effiat
- 1698-1729 : François Sanguin de Livry
- 1729-1748 : Henri de Rosset de Ceilhes de Rocosel
- 1748... : François III Henri de Fleurigny, abbé de Saint Sernin en 1748
- 1778... : N. de Narbonne-Lara, abbé de Saint-Sernin en 1778
- ???? (18 juin) : + Bernard de Aurivalle.
- ???? (19 août) : + Bernard.
- ???? (12 février) : + Jean de Nogaret.
- ???? (4 août) : + Pierre.
- ???? (12 août) : + Jean de Nogaret.
- ???? (18 septembre) : + Pierre Vital Blasini.
- ???? (26 février) : + Antoine, évêque de Mirepoix.
- ???? (21 mars): + Pierre Textor, cardinal chancelier de la Sainte-Église.
- ???? (22 février) : + Ramnulphe de Vasinaclo.
- ???? : Jean Maffre, cardinal, + 23 novembre d'après le nécrologe du XVIe siècle ; aucun cardinal ne porte ce nom.
Un lieu de savoir
Article détaillé : Cartes du ciel de la basilique Saint-Sernin.
La troisième travée d'une galerie de la basilique, au-dessus du collatéral extérieur nord de l’édifice, abrite deux cartes du ciel, peintes au XIIe siècle sans doute à des fins didactiques.
La première carte, fort endommagée et difficilement lisible, permet de distinguer des cercles concentriques, des signes comme le vent, les nuages.
Elle pourrait être une représentation du macrocosme et du microcosme montrant symboliquement l'interaction entre l'homme et l'univers.
La deuxième carte représente l'univers. La terre est divisée en trois continents : Europe, Afrique, Asie.
Elle est au centre de l'univers figuré par douze cercles concentriques.
Cette représentation illustre la conception géocentrique héritée du modèle Ptoléméen.
Elle avait sans doute pour but de faire comprendre la structure de l'univers et le mouvement des planètes et des étoiles, tels que communément admis avant Copernic.
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