L'oblation du pain et du vin
Acte par lequel le prêtre offre à Dieu, pendant la messe, le pain et le vin qu'il doit consacrer.
Il est de Foi que la substance du pain et celle du vin ne
sont changées qu'au moment où le Prêtre a prononcé les paroles de J. C.
; mais il est essentiel au Sacrement que l'intention de l'Eglise qui
l'offre soit manifestée, et que ses Ministres expriment ce qu'elle veut et ce qu'elle désire.
Vous
comprenez par-là, M.F., de quelle importance est la prière qu'il me
reste à vous expliquer : elle est de Tradition apostolique ; elle
appartient en partie à la consécration.
Pour
en bien comprendre toute la signification et l'étendue, rappelez-vous
que l'Eglise a en vue, non-seulement l'oblation du pain et du vin, qui
vont devenir le corps et le sang de J. C., mais encore l'oblation
d'elle-même, celle du Prêtre et des assistants qui se sont joints à
l'oblation des Saints du ciel et de la terre.
Le
Prêtre commence cette prière les mains jointes, et il ne les sépare que
pour faire des signes de Croix sur les dons qui sont offerts, par
lesquels il annonce par avance la Mort du Seigneur, dont le sacrifice de
la Messe n'est que la continuation.
Ces bénédictions sont accompagnées des paroles quant oblationem, etc., c'est-à-dire :
«
Nous vous prions, ô Dieu ! qu'il vous plaise de faire que cette
oblation soit en toutes choses bénie, admise, ratifiée, raisonnable et
agréable, afin qu'elle devienne pour nous le corps et le sang de votre
très cher Fils Notre Seigneur Jésus-Christ. .... Quam oblationem tu,
Deus, in omnibus, quœsumus, benedictam.
Quand
J. C. bénit le pain en instituant l'Eucharistie, il le changea en son
corps nous demandons que Dieu par sa toute-puissance, répande sa
bénédiction sur le pain et sur le vin, pour les changer au corps et au
sang de J. C. ; et qu'ainsi l'oblation qui est sur l'autel, devienne la
divine victime comblée de toutes les bénédictions célestes, et qu'elle
nous les communique, afin que l'oblation de nous-mêmes soit aussi bénie
par la bonté infinie de Dieu... Adscriptam, que l'oblation qui est sur
l'autel soit admise ; qu'il lui plaise de ne la pas rejeter, et que
l'oblation que nous faisons de nous-mêmes soit aussi admise avec celle
de J. C. et des Saints.
Ratam,
que l'oblation de l'autel soit ratifiée, pour être permanente et
irrévocable, c'est-à-dire, qu'elle devienne cette victime qui ne
changera point, ni comme les anciens sacrifices d'animaux qui ont été
révoqués, ni comme tous les autres corps qui se détruisent et ne doivent
avoir qu'un temps ; que notre oblation soit aussi stable et
irrévocable, en nous attachant à Dieu de telle manière que nous n'ayons
jamais le malheur de nous en séparer.... Rationabilem, raisonnable.
On
n'avait jamais fait une semblable demande avant J. C, parce qu'on
n'offrait en sacrifice que des animaux destitués de raison.
Nous
demandons que l'hostie qui est sur l'autel devienne une victime
humaine, la seule et unique douée de raison. Nous demandons en même
temps pour notre oblation qu'elle soit accompagnée de raison et
d'intelligence, et que nous devenions des victimes raisonnables,
parfaitement soumises et assujéties à Dieu... Acceptabilemque facere
digneris, qu'elle soit agréable.
Qu'ainsi
l'oblation de l'autel devienne la seule victime digne d'être infiniment
agréable à Dieu par elle-même, en devenant le corps de son Fils
bien-aimé ; nous demandons aussi que notre oblation devienne de jour en
jour plus agréable aux yeux de notre souverain Seigneur, par
l'application exacte à remplir nos devoirs, et à accomplir avec plus
d'amour ses saintes volontés.. »Ut nobis corpus etsanguis fiât
dilectissimi Filii tui DomininostriJesu Christi, afin qu'elle soit faite
le corps et le sang de votre très cher Fils N.S.J.C.
Enfin
l'Eglise demande le grand miracle du changement du corps et du sang de
J. C. Que son expression est énergique, M. F. ! elle est aussi forte
qu'elle est simple Ut fiai.
C'est
celle dont l'Ecriture se sert pour exprimer la création, le prodige de
la toute-puissance de Dieu : Fiat lux, que la lumière soit faite.
C'est
celle dont Marie se servit pour exprimer l'incarnation du Verbe en elle
: Fiat mihisec undùm verbum tuum, qu'il me soit fait selon votre
parole.
Ce
n'est donc pas simplement du pain et du vin que l'Eglise prétend offrir
à Dieu : si elle les offre, c'est pour en faire le corps et le sang de
J. C.
Il
faut donc entendre ici une espèce de production du corps et du sang de
J. C. dans l'Eucharistie, aussi véritable et aussi réelle que celle qui
fut faite dans le sein de Marie, au moment de la Conception et de
l'Incarnation du Fils de Dieu.
C'est pourquoi l'Eglise se sert ici du mot de faire, fiat, pour marquer une véritable et très-réelle action.
C'est
aussi ce que les Grecs expriment dans leur Liturgie, lorsqu'en priant
Dieu comme nous, de faire de ce pain et de ce vin le corps et le sang de
J. C., ils demandent expressément que ce pain soit fait le propre corps
, et ce vin le propre sang de J. C. ; et ils ajoutent qu'ils le soient
faits par le S. Esprit qui change ce pain et ce vin ; et c'est ce que
portent toutes les Liturgies anciennes.
Nous
ne demandons pas seulement que cette oblation devienne le corps et le
sang de J. C., mais qu'elle le devienne pour nous : Utnobis fiât,
c'est-à-dire, pour nous communiquer les dons que J. C. nous a mérités
par son sacrifice, la grâce du pardon entier de nos péchés, et tous les
secours nécessaires à notre salut ; et comme quand il est dit dans Isaïe
( I ): Un enfant nous est né, un enfant nous est donné, on entend qu'il
est né et donné pour notre salut, nous demandons aussi que cette
oblation devienne le corps de Jésus-Christ pour notre sanctification sur
la terre, et notre consommation et notre bonheur éternel dans le ciel.
Amen.
Source : Livre "Explication de la doctrine catholique sur l'eucharistie comme sacrement et ..." Par Joseph François Du Clot de la Vorze
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