La bénédiction

La bénédiction
 

 Bénédiction de troupes par Pie IX

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Qu'entendez-vous par le mot de Bénédiction ?

Ce mot a plusieurs significations.

1) Il se prend pour le bien qu'on fait à quelqu'un. C'est en ce sens que les grâces et les faveurs de Dieu font appelées une infinité de fois dans l'Écriture. C'est en ce sens aussi que l'aumône est appelée par saint Paul, bénédiction.
2) Il se prend pour le souhait qu'on fait à quelqu'un des grâces de Dieu, soit qu'en les souhaitant on les procure, soit qu'on ne les procure pas.
C'est en ce sens qu'il est dit dans l'Écriture, que Melchisédek bénit Abraham, qu'Isaac bénit Jacob, que Jacob bénit ses enfants, que les habitants de Béthulie comblèrent Judith de bénédictions après la mort d'Holophernes.
Il y a dans les Livres saints une infinité d'autres exemples du mot de bénir, et de bénédictions pris en ce sens, il serait trop long de les rapporter.
5. Il se prend pour les prières et les cérémonies par lesquelles l'Église applique des personnes à certains états ou emplois, et demande pour elles solennellement la grâce de s'en acquitter dignement, en leur donnant avec cérémonie les habits et les autres marques extérieures de ces emplois, C'est en ce sens que l'Église bénit es Abbés, les Abbesses, les Vierges, les Chevaliers, etc, On peut aussi rapporter à cela la cérémonie du sacre et du couronnement des Rois et des Reines.
4. Il se prend pour les prières et les cérémonies par lesquelles l'Église tire les créatures de l'usage profane pour les faire servir à des usages de Religion. C'est en ce sens que l'Église bénit l'eau, le sel, l'huile, les cloches, les Chapelles, les cimetières, les ornements, les linges de l'Autel, et généralement tout ce dont elle se sert pour des usages de Religion, Ces prières et ces cérémonies sont quelquefois appelées Consécration. On dit la Consécration d'une Église, d'un Autel, d'un Calice, etc.
Par ces prières et par ces cérémonies, l'Église demande quelquefois à Dieu qu'il répande la venu du saint Esprit sur certaines créatures inanimées, pour produire par elles des effets surnaturels ; c'est ce qu'elle fait quand elle bénit l'eau du Baptême, les saintes Huiles, et le saint Chrême, qui servent de matière aux Sacrements. C'est ce qu'elle fait aussi en bénissant tous les Dimanches l'eau et le sel pour faire de l'Eau bénite. C'est ce que fait le Pape quand il bénit des Médailles de cire qu'on nomme Agnus Dei, (parce que Jésus Christ y est représenté sous la forme d'un Agneau.) C'est ce que l'on fait enfin quand on bénit des Chapelets, des Médailles, des linges, des habits, pour satisfaire à la dévotion des peuples.
Par ces bénédictions l'Église demande à Dieu, que ceux qui useront de ces choses avec foi, reçoivent l'effet des prières qu'elles fait en bénissant les créatures.
D. N'y-a-t-il point de superstition à attribuer ainsi des effets surnaturels à des créatures ?
R. Ce serait une superstition que de croire que des créatures pussent produire des effets surnaturels par elles-mêmes indépendamment de la vertu de Dieu et de la toute-puissance. L'Église ne croit point que ces créatures opèrent rien par leur propre vertu ; mais seulement par la vertu et la toute puissance de Dieu. Elle est assurée de cette vertu par rapport aux choses dont elle se sert pour l'administration des Sacrements. Mais pour les autres, elle ne leur attribue de vertu qu'autant qu'il plaira à Dieu de leur en donner, pour récompenser la foi de ceux qui en useront avec le respect qu'on doit avoir pour les choses bénies et consacrées par les prières de l'Église.
D. N'y a t-il pas encore quelque autre signification du mot de bénédiction ?
R. Oui. L'Église bénit tout ce qui sert à l'usage des hommes, tout ce qui se mange ou qui se boit ; les maisons , les vaisseaux, l'eau des rivières, de la mer, les champs, les vignes, le lit nuptial, les langes des enfants, les drapeaux, les étendards, les armes, les bâtons des Pèlerins, les habits, etc.
Les hommes doivent user de toutes ces choses pour la gloire de Dieu, et la bénédiction de l'Église n'est que pour obtenir de Dieu par ses prières, qu'il daigne rendre inutiles les efforts que les démons font pour engager les hommes à abuser de toutes ces choses ; et qu'il accorde aux Chrétiens la grâce de ne s'en servir que pour sa gloire et pour leur salut.
D. Ces prières qu'on nomme bénédictions y sont-elles anciennes dans l'Église ?
R. Nous en voyons l'usage établi du temps de saint Paul.
Voici les paroles de cet Apôtre : Tout ce que Dieu a créé est bon. Il ne faut rien rejeter de ce que nous recevons de sa main avec action de grâces, parce qu'il est sanctifié par la parole de Dieu et par la prière. Saint Paul parle là des viandes. Il veut dire qu'il n'en faut rejeter aucune comme mauvaise par sa nature ; que tout ce que Dieu a créé est bon ; et que si le péché a été cause que le démon et les homme abusent des créatures, la parole de Dieu et la prière que l'on fait au Seigneur de répandre sa bénédiction sur ces créatures, les sanctifie et les met dans l'ordre pour lequel elles ont été créées.
C'était donc un usage reçu du temps de saint Paul, que de faire à Dieu des prières sur les créatures inanimées, dont les hommes se servent pour les usages ordinaires.
Nous appelions ces prières, bénédictions.
Et nous voyons qu'elles sont et ont toujours été en usage dans toutes les Églises du monde ; comme il paraît par les Euchologes et les Rituels les plus anciens de l'Église Grecque, aussi bien que de la Latine.
5. 3. "Des cérémonies dont l'église se sert dans la plupart des bénédictions.
D. Pourquoi fait-on un ou plusieurs signes de Croix sur toutes les choses sur lesquelles on fait les prières qu'on nomme bénédictions ?
R. Pour faire comprendre par ce signe, que depuis le péché ce n'est que par les mérites de Jésus-Christ , et par la vertu de sa Croix, que les créatures peuvent être bénies de Dieu.
Çe n'est pas sur les hommes seuls que la vertu de la Croix de Jésus-Christ opère, elle opère aussi sur les créatures inanimées.
Le péché de l'homme avait mis une confusion entière dans la nature. Les démons abusaient de toutes les créatures et les hommes dominés par les démons, en abusaient aussi pour satisfaire leurs cupidité.
C'est là cette vanité à laquelle, saint Paul dit que toutes les créatures sont assujetties malgré elles. Ce n'est que par les mérites de Jésus-Christ et par la vertu de la Croix, que les créatures peuvent être délivrées de cet assujettissement ; parce que ce n'est que par la grâce que Jésus-Christ a méritée aux hommes par sa mort, qu'ils peuvent user des créatures selon Dieu, et que le pouvoir du démon sur elles a été lié. C'est dans cette vue que saint Paul dit : Que toutes choses ont été rétablies, réparées, renouvelées par Jésus-Christ dans le Ciel et sur la terre. C'est pour cela aussi que quand l'Église veut bénir quelque créature, et la sanctifier pour l'usage de la Religion, elle commence par faire sur elle des exorcismes avant que de la bénir, comme nous l'avons expliqué ci-dessus. Car le pouvoir du démon sur les créatures, quoique lié, ne laisse pas d'être grand, Dieu le permettant ainsi.
D. Pourquoi l'Église encense-t-elle la plupart des choses qu'elle bénit ?
R.Pour demander à Dieu que les prières qu'elle fait pour attirer sa bénédiction sur ces créatures, s'élèvent jusqu'à son  Trône comme l'encens.
D Pourquoi l'Église fait-elle jeter de l'Eau-bénite sur les personnes ou sur les choses qu'elle bénit ?

R. Pour demander à Dieu que les démons n'en approchent pas, et qu'au contraire elles soient purifiées par la vertu du Saint Esprit. Nous expliquerons cela plus amplement en parlant de l'Eau bénite. 

D. Pourquoi l'Église fait-elle des Onctions avec les saintes Huiles sur la plupart des crises qu'elle bénit et qu'elle consacre ?

R. Pour demander à Dieu qu'il daigne envoyer la vertu du Saint Esprit Sur ces choses ; afin d'obtenir par la vertu de cet Esprit Saint, les effets pour lesquels on bénit et on les consacre.
Explication

Nous avons déjà dit plus d'une fois, que l'onction extérieure des saintes Huiles, représente l'Onction intérieure, c'est-à-dire, Perfusion de la grâce et de la vertu du Saint Esprit. La grâce du Saint-Esprit est appelée Onction dans plusieurs endroits du Nouveau Testament et Jésus-Christ est appelé Christ c'est-à-dire l'Oint par excellence, parce que, comme il dit lui-même après le Prophète Isaïe le Saint 5Esprit reposait sur lui avec plénitude. Le Saint Esprit, dit-il, est sur moi, c'est pourquoi il m'a consacré par l'onction.
4 Des bénédictions réservées aux Évêques, et de celles qui ne le sont pas.
D. Tous les Prêtres peuvent-ils faire toutes sortes de bénédictions ?
R. Il yen a qui sont réservées aux seuls Évêques par un usage qui vient de Tradition Apostolique, confirmé par plusieurs Canons de l'Église. Telle est la bénédiction des saintes Huiles, la consécration des Églises et des Autels, etc II y en a que l'Église a réservées aux Évêques ou aux Prêtres commis par eux ; telle est la bénédiction des linges et des ornements  Sacerdotaux, des Chapelles, des Cimetières, des Croix, des Images publiques, des cloches, des étendards, etc. Il y en a enfin pour lesquelles la permission de l'Évêque n'est pas nécessaire ; telle est la bénédiction de l'eau, du sel, des maisons, des vaisseaux, des œufs, de tout ce qui se peut manger, des cendres, des cierges, des rameaux, etc..
D. Pourquoi l'Église a-t-elle réservé certaines bénédictions aux Évêques seuls, et d'autres ou à eux ou aux Prêtres commis par eux ?

R. Son but en cela a été ou de conserver l'honneur dû au caractère Épiscopal, ou de maintenir le bon ordre, et d'empêcher plusieurs abus qui pourraient se glisser..
Explication..
Je dis en premier lieu, que c'est par honneur pour le caractère Épiscopal que l'Église, à l'exemple des Apôtres, a réservé aux seuls Évêques certaines bénédictions. Telles sont les bénédictions les plus solennelles, celles des Abbés et des Abbesses, la consécration des Vierges, le sacre des Rois et des Reines, la bénédiction des Chevaliers, de ceux qui se croisent pour aller combattre contre les infidèles, des armes et des étendards.
Je dis en second lieu, que l'Église réserve aux Évêques ou aux Prêtres commit par eux, plusieurs bénédictions, pour maintenir le bon ordre, et pour empêcher des abus. Il est aisé de rendre cette vérité sensible. Il est du bon ordre que l'on ne souffre pas qu'on expose aux yeux des Fidèles des ornements qui ne soient de la qualité qui convient ; que les Images, les Croix, les linges de l'Église ne servent que quand il n'y a rien en toutes ces choses que de décent et de conforme aux régies ; que les Chapelles et les Cimetières ne soient bénis que quand ils sont en l'état où ils doivent être ; que l'on ne bénisse aucune cloche où l'on aurait gravé quelque chose d'indécent en la fondant, et qui ne soit de la grosseur et de la qualité convenables à la situation des lieux. Les Évêques sont les Juges de tout cela. Afin donc qu'il' n'arrive jamais de surprise, et qu'on ne bénisse ni n'expose publiquement rien qui ne soit dans l'ordre, l'Église réserve la bénédiction de toutes ces choses aux Évêques, qui en jugent eux-mêmes auparavant, ou qui commettent ces bénédictions à des Prêtres zélés, instruits, et capables de décider au nom de l'Évêque, sur le bon ou sur le mauvais état de ces choses.


Source : Livre "Instructions Generales En Forme De Catechisme, Ou L'On Explique En ..., Volume 4" Par François-Aimé Pouget,Charles Joachim Colbert de Croissy



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