Notre-Dame de Gray

Notre-Dame de Gray

Notre-Dame de Gray
Carte postale de Notre-Dame de Gray

La ville de Gray jouit de la même faveur.
En 1613, une veuve de Salins, madame Bonnet, ayant fait le pèlerinage de Montaigu, en rapporta un morceau du chêne où fut trouvée l'image miraculeuse de Marie.
Lorsqu'elle s'en revenait, il lui arriva de montrer, dans l'hôtellerie où elle s'était arrêtée, le précieux morceau de bois qu'elle avait obtenu.
Un voyageur, raillant sa crédulité, le lui arrache et le jette au feu.
On le cherche dans la cendre, et on le trouve intact, sans la moindre tache de noirceur.
Arrivée à Saint-Claude, cette dame le confie à un artiste qui en fait une statuette semblable à celle de Montaigu.
De retour à Gray, elle trouve le gouverneur de la ville en proie à d'atroces douleurs : il pousse des cris de désespoir, et il va mourir dans cet état.
Alors on va chercher la statuette qu'on avait déposée dans la chapelle de son hôtel ; on la lui présente ; son irritation se calme aussitôt ; son âme se résigne, et la sérénité reparaît sur son visage jusqu'alors rouge de colère.
Les Capucins de Gray, témoins d'un changement si merveilleux, demandent la précieuse statuette pour l'exposer dans leur église ; on la leur accorde ; ils lui donnent une place d'honneur, et proclament par toute la ville la grande faveur qu'ils viennent de recevoir.
Les fidèles aussitôt accourent, prient devant la sainte image, et obtiennent des grâces extraordinaires.
La première fut, au mois de février 1620, la guérison d'un enfant de dix ans, nommé Voisin, qui était perclus de tous ses membres et se mourait d'épuisement.
On l'apporte devant la statuette. Il récite un Ave, Maria ; il recouvre à l'instant une santé parfaite.
Ce fait produisit une sensation immense. Les habitants de Gray en firent faire un tableau commémoratif, qui se conserve encore à l'église paroissiale, et s'engagèrent par vœu à venir processionnellement, chaque année, aux Capucins, bénir Marie de ce premier miracle.
Ils furent fidèles à leur engagement jusqu'à la Révolution de 93 ; et même, en 1720, un siècle après l'événement, ils en célébrèrent avec pompe l'anniversaire séculaire ; ils offrirent à la sainte Vierge un cœur d'argent, qui, avec tous ses ornements, pesait plus de six kilogrammes ; et le portèrent en procession à l'église des Capucins avec la plus grande solennité, accompagnés non-seulement de toute la ville, mais d'une multitude d'étrangers accourus  à la cérémonie; enfin ils établirent dans la même église des Capucins une confrérie en l'honneur du saint Cœur de Marie, dans lequel ils vénéraient la source d'où découlaient toutes les faveurs que la Mère de Dieu épanchait sur le monde.
Les statuts de cette confrérie sont remarquables : ils portent, entre autres choses, que des associés se partageront tous les jours de l'année et toutes les heures de chaque jour, pour faire, sans interruption, en se succédant les uns aux autres, leur cour à la Mère de Dieu, de manière qu'il y ait toujours quelqu'un devant son autel, qui l'honore, qui l'aime, qui gémisse sur les injures qu'elle a reçues des hérétiques et lui en fasse réparation, qui enfin la prie pour tous les besoins de l'Église ; et si on ne peut se trouver à l'heure convenue, on se fera remplacer : car, ajoute-t-on, une heure vide gâte la beauté de l'œuvre, et frustre l'association du but qu'elle se propose.
La Mère de Dieu se montra bien digne de tant d'honneurs ; car de 1620, où elle fit son premier prodige, jusqu'à 1634, on compta plus de deux mille cinq cents miracles.
L'autorité ecclésiastique ordonna des enquêtes et en constata un très-grand nombre.
Les Capucins en rédigèrent le récit par ordre chronologique ; et ce recueil précieux se conserve aux archives de la fabrique de Gray.
Tantôt c'est une muette qui recouvre l'usage de la parole, ce sont des malades désespérés subitement guéris, des membres brisés remis à l'instant, des estropiés ou boiteux redressés, des aveugles qui recouvrent la vue, des polypes au visage qui disparaissent ; tantôt ce sont des incendies éteints, la peste arrêtée, comme à Salins, à Dole, à Gray, à Jussey.
Aussi venait-on en pèlerinage à Notre-Dame de Gray de toutes les parties de la province et même des provinces environnantes, de la Bourgogne, de la Lorraine, de la Champagne et de l'Alsace.
Les villes entières s'y rendaient en procession, pour conjurer les fléaux qui les menaçaient ; Notre-Dame de Gray semblait le refuge universel.
En 1689, elle fit éclater sa puissance par un miracle qui eut plus de retentissement encore que tous les autres, en la personne de sœur Pierrette Béatrix Hugon, Religieuse Ursuline.
Cette pauvre sœur avait une telle complication de fièvre, de douleurs extrêmes, de paralysie dans toute la partie inférieure du corps, qu'on ne pouvait la remuer sans qu'elle tombât en faiblesse.
Néanmoins on la porta avec des peines extrêmes devant la sainte image : elle paraissait privée de sentiment et à demi morte ; puis survinrent des convulsions si violentes qu'elle poussait les hauts cris, entremêlés de défaillances qui faisaient douter si elle ne rendait pas le dernier soupir.
Dans cet état de crise, le père Capucin qui se trouvait à la chapelle touche de la statue miraculeuse son front, sa bouche, sa poitrine ; et aussitôt elle s'écrie : Sainte Vierge vous m'avez guérie, je vais vous suivre.
Elle se lève en effet, suit le Père qui reporte l'image à sa place ; et se mettant à genoux, elle remercie sa bienfaitrice, pendant que toute l'assistance chante le Te Deum d'action de grâces.
L'Archevêque de Besançon, frappé d'une guérison si extraordinaire, en dressa un procès-verbal qu'on peut lire encore aux archives de l'église de Gray, la ville elle-même le constata par une inscription qu'elle fit placer à l'entrée de la chapelle, et elle en témoigna sa reconnaissance à Marie par une procession générale le 5 septembre suivant.
Ce fait contribua beaucoup à répandre de plus en plus la dévotion à Notre-Dame de Gray ; les pèlerinages se multiplièrent, et ne discontinuèrent pas pendant tout le dix-huitième siècle.
Des miracles continuels les encourageaient.
En 1702, Françoise Grappin de Besançon, tombée dans le Doubs, invoque Notre-Dame de Gray au moment où elle allait se noyer, et elle est sauvée.
En 1704, un aveugle recouvre la vue.
En 1705, Claudine Guenot, impotente des bras, en recouvre l'usage.
En 1721, le fils de madame Villerschemin, atteint de quatre maladies mortelles, est subitement guéri.
En 1729, une enfant de la paroisse de Laubry est délivrée d'une maladie incurable par le seul contact de la sainte image.
Grâce à ces prodiges et à une foule d'autres, la dévotion de Notre-Dame de Gray se soutint jusqu'en 93, ne cessant de se manifester par des processions solennelles et générales que provoquaient les magistrats eux-mêmes, et dont ils étaient les premiers à donner l'exemple.
Ces magistrats n'estimèrent pas que ce fût encore assez ; ils voulurent qu'un témoignage public de cette dévotion à Marie demeurât nuit et jour devant la sainte image ; et en conséquence ils y firent poser une lampe pour qu'elle y brûlât constamment à leurs frais.
 Tel était l'état des choses, lorsque arriva la Révolution.
Malgré les instances favorables du maire et du conseil municipal, les Capucins furent chassés, leur église pillée, leur couvent vendu, et la sainte image emportée à l'hôtel de ville.
Heureusement une famille pieuse vint à bout de se procurer la statue vénérée ; elle la cacha soigneusement pendant les mauvais jours ; et, au rétablissement du culte, elle la rendit à l'église paroissiale, où on la plaça provisoirement au-dessus du maître-autel.
Ce fut là que, pendant plusieurs années, tous vinrent la vénérer ; mais enfin ne pouvant souffrir l'état de pauvreté et de délabrement où elle se trouvait, ils se cotisèrent pour lui disposer une place plus convenable dans la chapelle, à gauche du sanctuaire.
Une année entière fût employée à ces travaux ; et l'on peut dire que pour l'embellissement de l'autel de Marie, tous rivalisèrent de zèle et de générosité.
Les uns donnèrent une châsse d'argent, qu'on enrichit d'une garniture d'émeraudes ; les autres firent présent d'un sceptre d'or et des pierres qui ornent le piédestal ; d'autres firent réparer la voûte et la toiture, paver la chapelle en pierres rouges et bleues, fournirent des nappes et des garnitures avec des cœurs d'or et d'argent destinés à entourer la statue.
Un particulier racheta le devant d'autel en pierre de Notre-Dame des Capucins, qui n'avait pas été détruit, et le donna à la nouvelle chapelle.
Tout étant ainsi préparé, le 9 août 1807, on fit la translation de la sainte image avec toute la pompe et toute la solennité qu'on put imaginer.
Le curé la porta au milieu d'un nombreux clergé, et la déposa là où on la voit maintenant.
C'est une statuette de onze centimètres ; elle tient de la main droite un sceptre d'or, de la gauche l'Enfant Jésus, qui appuie une de ses mains sur l'épaule de sa Mère.
Sa chevelure est flottante; deux cercles d'or, dont l'un est formé de six étoiles, sont sur sa tête, et cachent une couronne en bois sculpté dès le principe.
Une châsse d'argent, fermée par un verre mobile, renferme la statue ; et à la partie inférieure est pratiquée une ouverture circulaire par où l'on peut lui faire toucher divers objets.
Ce même jour de la translation, on établit un chapelain chargé de chanter les litanies de la Vierge tous les samedis, pendant le cours ordinaire de l'année, et le Stabat pendant le carême ; il devait de plus, après ces chants, bénir le peuple avec la statue, et la faire baiser aux fidèles.
 Quand 1820 arriva, on voulut faire la seconde procession séculaire, établie en mémoire du premier miracle opéré par Notre-Dame de Gray.
Mais auparavant on tint à décorer plus magnifiquement sa chapelle ; on y employa trois ans ; et enfin,le 14 mai 1823, se fit cette procession, que nous essayerions en vain de décrire, et qui fut une des plus brillantes manifestations religieuses qui se puissent faire.
Une circonstance extraordinaire en rehaussa l'éclat ; ce fut l'offrande d'un cœur d'argent à la sainte Vierge par le maire de Gray, au nom de toute la ville.
Ce cœur enflammé, environné de palmes d'argent, et surmonté d'une couronne royale, reposait sur un tapis de velours bleu de ciel, orné de franges et de trente-deux étoiles.
II apparaissait aux regards sur un riche brancard, que portaient sur leurs épaules quatre jeunes personnes vêtues de robes blanches avec une écharpe en soie bleue.
 Le 15 mai 1836 vit se renouveler quelque chose de semblable dans la procession dite des habillées de blanc, à raison des jeunes personnes qui en faisaient partie.
L'Archevêque de Besançon présidait lui-même la cérémonie et portait l'image miraculeuse, tandis que trente-deux jeunes personnes en blanc entouraient le cœur d'argent offert par la ville, et se partageaient, de distance en distance, par groupes de quatre, le port du brancard où il reposait.
Mais d'autres gloires attendaient Notre-Dame de Gray.
En 1849, le terrible choléra vint envahir la ville.
Le Cardinal Mathieu accourt au secours de ses diocésains épouvantés, et après avoir porté partout à domicile des paroles de consolation et d'encouragement, il va se jeter aux pieds de Notre-Dame, lui consacre tout son diocèse, et lui voue une statue en vermeil.
A partir de ce moment, la maladie s'arrête, s'apaise sensiblement, et enfin elle disparaît, laissant dans toutes les âmes un renouvellement de foi et de religion.
Le célèbre père de Bussy profite de ces heureuses dispositions pour donner une retraite de dix jours ; et deux mille quatre cents personnes s'approchent de la table sainte ; des congrégations d'hommes, de dames, de demoiselles, de domestiques se fondent ; et une conférence de saint Vincent de Paul s'établit.
En 1851, le même Père vient prêcher une seconde neuvaine, et cette fois il obtient jusqu'à six mille communions ; peu de semaines après, le Cardinal-Archevêque de Besançon se présente, apportant la magnifique statue qu'il avait vouée à Notre-Dame deux ans auparavant, et qu'il voulait offrir, non-seulement en son nom, mais au nom du chapitre, du clergé et de tous ses diocésains.
Cette statue représentait Marie foulant aux pieds les nuages, et s'élevant dans les cieux, tenant d'une main, en signe de commandement, un sceptre d'or garni de diamants, et étendant l'autre en signe de supplication.
Elle portait une couronne d'or sur la tête, avec un calice et une ceinture de perles. Des ciselures ornaient les bords de sa robe, et autour du socle étaient des brillants qui forment le chiffre de Marie, des topazes, des émeraudes et des diamants groupés en rosace.
Aux deux extrémités, derrière la Vierge, s'élevait un arc-en-ciel, symbole de la paix rendue à la ville par Marie.
La cérémonie de cette offrande fut des plus magnifiques : on y comptait quatre-vingt-douze prêtres en habit de chœur, toutes les autorités judiciaires, civiles et militaires, avec une population immense, jalouse d'unir ses sentiments pieux à ceux du Cardinal.
Cette consécration redoubla le dévouement des habitants à Marie.
Les plus généreux sacrifices ne leur coûtèrent plus rien : on acheva le portail de son église ; on en couronna le faîte par sa statue ; et, pour ces travaux, la ville n'hésita pas à fournir jusqu'à soixante-seize mille francs.
Depuis cette même époque, des flambeaux ne cessent de brûler devant la sainte image, des ex-voto l'entourent, et des dons lui sont continuellement offerts par la reconnaissance qu'inspirent ses bienfaits.

Notre-Dame de Gray
Carte postale de Notre-Dame de Gray

Si N.D. de Montciel doit au chêne de N.D. de Montaigu un accroissement de splendeur, le pèlerinage de N.D. de Gray lui doit son origine.
— La sainte image de Notre-Dame de Gray fut faite aussi d'un morceau du chêne de Notre-Dame de Montaigu, et dans les grâces obtenues de Notre-Dame de Gray, il nous est donné de contempler la gloire de Notre-Dame de Montciel.
Jetons un regard de respect sur de si grandes faveurs. Elles sont consignées dans les archives de la ville de Gray.
Des faits de ce genre nous feront aussi comprendre pourquoi, à une époque où les ermites de Montciel s'étaient retirés dans la ville, lorsque la guerre devait rendre difficile l'accès de l'Ermitage, les habitants de Lons-Le-Saunier s'adressèrent avec tant de confiance à Notre-Dame de Gray.
En 1620, un enfant de dix ans, réduit par une longue étisie à une telle maigreur qu'il n'offrait plus aux yeux qu'un squelette desséché, était d'une si grande faiblesse qu'il avait besoin, pour son petit corps, des mêmes services qu'on lui rendait dans sa première enfance.
— Un jour que l'on faisait en sa présence le récit des grâces miraculeuses obtenues dans la sainte chapelle de Gray, ce petit enfant s'écria : « Ah ! mon père, qu'attendez-vous pour me porter à la chapelle des miracles ? Il ne faut qu'un Ave Maria pour me guérir.»
— Le père différait, dans la crainte de le voir expirer sur la route ; mais enfin, vaincu par les prières de son fils, il l'enveloppe dans une épaisse fourrure, le porte à la sainte chapelle, et l'étend à demi mort devant la balustrade.
— A peine avait-on commencé la messe, qu'il se fit à l'instant dans ce petit squelette animé la plus prodigieuse de toutes les révolutions : les forces, les chairs, les couleurs, tout lui est en même temps rendu. « Ah mon père, s'écria-t-il, je suis guéri !
— Le père et l'enfant entendirent la messe à genoux, livrés l'un et l'autre aux transports de la reconnaissance.
— Après la messe, le jeune enfant est comme assiégé par la multitude, qui ne peut se lasser de le voir et le conduit en triomphe à la maison paternelle.
Douze aveugles obtinrent aussi leur guérison.
Dans le nombre se trouvait une aveugle-née et un nommé Jean Brevelle de Gilley, aveugle et sourd à la fois.
Il était dans cet état lorsqu'il entra dans la sainte chapelle ; mais au milieu de la messe il fut si parfaitement guéri qu'il s'écria, comme hors de lui dans les religieux transports de sa joie : « Soyez béni, Seigneur, je vois le prêtre et j'entends tout ce qu'il dit. »
— D'autres aveugles retrouvèrent encore la vue.
L'historien de Notre-Dame de Gray, après avoir parlé des douze premiers, est obligé d'indiquer de nouveaux faits, et il ajoute qu'ils sont sans nombre.
Une de ces nouvelles guérisons fut si notoire, que presque tous les habitants de Saint-Vallier signèrent le procès-verbal destiné à la constater.
 Écoutons encore le même historien.
« La fille d'Antoine de la Fosse de Villafans se fendit la tête au retour de la sainte chapelle, où elle avait recouvré l'usage des jambes, et les chirurgiens avaient déjà conclu à la cruelle et dangereuse opération du trépan ; mais sa confiance, vivement enflammée par le premier miracle, en sollicite un second, qu'elle obtient avec la même facilité de la très-sainte Vierge, dont la puissance ne s'épuise point, dont la bonté ne se lasse point. La malade fut, au quatrième jour de sa neuvaine, parfaitement guérie. »
Lambelet de Fresne, petit enfant de cinq ans, voué aux douleurs dès sa naissance, cent fois avait arrosé son berceau de larmes amères que lui arrachaient les vives atteintes de la pierre, dont il avait apporté le germe funeste du sein même de sa mère.
La faiblesse de son âge et le malheur de son état excitaient la compassion de tout le monde. Les chirurgiens se préparaient à lui faire subir l'opération la plus douloureuse. A la vue de leurs instruments, il s'écria : « Non ! non ! qu'on me porte à N.-D. de Gray, et la sainte Vierge me guérira. »
Ses religieux parents s'empressent de le satisfaire, dans le doux espoir que la compatissante Marie préviendra, par un miracle, et épargnera à ce cher enfant de si cruelles douleurs.
—Vierge sainte, ce n'est point en vain qu'on espère en vous ! Après une courte prière à la sainte chapelle, le petit malade en sort parfaitement délivré de la pierre.
 Une religieuse Ursuline, nommée Hugon, était depuis six mois en proie à plusieurs maladies réunies, dont une seule aurait suffi pour lui donner la mort.
Dépenses, soins, attentions, rien n'avait été épargné.
— Toutes les ressources humaines avaient été inutilement épuisées, lorsqu'on se résout enfin à la porter à la sainte chapelle.
— Pendant ce pèlerinage, on crut à chaque instant qu'elle allait expirer : les défaillances étaient profondes et multipliées.
On arriva cependant. La malade fut étendue sur un matelas devant la chapelle, et tomba dans si grande faiblesse que l'on douta si elle vivait encore.
— La sainte relique, cette précieuse statue faite, comme celle de Montciel, d'un fragment du chêne de Montaigu, fut son unique ressource.
Lorsque le prêtre l'éleva pour la bénir, tous ses maux disparurent, toutes ses faiblesses cessèrent, toutes ses douleurs furent calmées.
« Sainte Vierge ! s'écria-t-elle, « vous m'avez guérie ! »
— En effet, elle se lève sans secours, et entre dans la chapelle d'un pas ferme.
Là, sa reconnaissance se manifeste par des cris de joie et des transports comme extatiques, tandis que la multitude, saisie d'une religieuse frayeur, garde un profond et respectueux silence.
Ce miracle est du 20 août 1689, et le procès-verbal dressé par Tordre de Monseigneur l'archevêque Antoine-Pierre de Grammont, est signé de quatre-vingts témoins oculaires.
 Qu'il est à regretter que l'on ne se soit pas toujours fait un devoir de constater par des procès-verbaux les grâces obtenues de N.-D. de Montciel !
A Gray, on a recueilli une multitude presque innombrable de preuves de ce genre.
— Encore quelques faits tirés de ces précieuses archives.
Un petit enfant allait être enterré. Déjà l'on se mettait en marche pour le conduire à l'église.
A cette vue, la mère désolée s'émeut, et, pressée par le désir ardent qu'elle conçoit de voir revivre son fils, elle s'écrie dans un transport de confiance : « Ah ! Simon ! « Simon ! (c'était le nom du pauvre enfant), à ton tour n'éprouveras-tu point le pouvoir de N.-D. de Gray sur la vie et sur la mort. »
A l'instant l'enfant ouvre les yeux, lève les bras, embrasse sa mère et s'attache à son cou.
L'hôtel-de-ville de Gray allait être réduit en cendres par un affreux incendie. Les maisons voisines et tout un quartier étaient menacés du même malheur.
A la vue d'un tel danger, la foi du peuple se réveilla, et il n'y eut qu'un cri général dans ce moment critique : « Qu'on apporte N.-D. de Gray ! » L'image miraculeuse parait. On la présente aux flammes, et cet élément indomptable se calme devant la sainte image et s'éteint.
— Le miracle était arrivé le premier samedi de mai.
Les habitants de Gray s'engagèrent par vœu à jeûner ce jour-là, pendant quelques années, en l'honneur de la sainte Vierge.

Telle est la gloire de N.-D. de Gray.
Dans cette gloire, nous voyons sans peine celle de N.-D. de Montciel. A l'Ermitage, comme à Gray, nous trouvons un précieux fragment du chêne qui servit de sanctuaire à N.-D. de Montaigu.
Mais comment une parcelle de ce chêne est-elle arrivée jusqu'à l'Ermitage ?
« Messire Guillaume Despingler, chevalier, d'une noble famille du bailliage do Montmorot, qui servit longtemps comme officier dans les troupes des archiducs Albert et Isabelle, souverains des Pays Bas et du comté de Bourgogne, étant allé en pèlerinage à Montaigu, demanda quelques parcelles de ce bois précieux. Les archiducs lui en accordèrent gracieusement. A son retour en Comté, le chevalier fit sculpter le bois à Saint-Claude. Il l'avait demandé pour satisfaire sa dévotion particulière. Mais la renommée lui ayant fait connaître Germain Riol, il crut ne pouvoir faire un meilleur usage de sa précieuse madone, que de la donner au saint homme pour son ermitage.
L'inauguration s'en fit en grande solennité dans la nouvelle chapelle.
Alors la dévotion à l'Ermitage de Montciel ne connut plus de bornes ; on accourait à ce lieu saint de toutes les provinces voisines, telles que la Bourgogne, la Bresse, la Lorraine, etc. A toutes les heures du jour, la montagne était  couverte de pèlerins qui montaient ou qui descendaient, les uns nu-pieds et les autres la corde au cou. Des villages entiers venaient en procession se mettre sous la protection de la Madone. Les nombreux tableaux qui tapissaient les murs de la chapelle ou qui étaient suspendus à la tribune, attestaient les guérisons miraculeuses opérées par l'intercession de la Vierge.
Source : Livre "Notre-Dame de Mont-Ciel" par Montial
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