Notre-Dame de la Foi
(Gravelines)
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Non
loin de la petite ville de Dinant, près d'une métairie appartenant au
seigneur de Celles, s'élevaient deux chênes plus que séculaires.
L'un
de ces deux arbres ayant été abattu en 1609, l'ouvrier qui le mettait
en œuvre trouva dans l'intérieur du tronc une petite statue de la Mère
de Dieu, avec trois barreaux de fer qui lui avaient servi de treille.
Quelques
pieux chrétiens, à une époque que l'on ignore, avaient creusé ce chêne
pour y placer, comme dans une niche, la sainte image.
L'ouverture
faite à l'arbre, jeune encore, s'était insensiblement refermée, et il
avait grandi en cachant dans son sein le précieux dépôt.
Jetée
d'abord à l'écart par les serviteurs de la métairie, comme un objet de
vil prix, cette statue avait été ensuite attachée à l'autre chêne,
derrière un nouveau grillage en fer, par l'ordre du baron de Celles, qui
avait été informé de toutes ces particularités.
Dans ce nouveau sanctuaire, elle fut honorée sous le titre de Notre-Dame de Foi, du nom de la métairie.
Les
passants ne manquèrent pas de la vénérer ; les guérisons inespérées,
les grâces de toute espèce se multiplièrent, et les pèlerins
accoururent.
Le
Père Pierre Bouille a écrit en français et en latin l'histoire de
Notre-Dame de Foi ; le Père Antoine Deslions l'a célébrée dans le
premier livre de son poème latin : De cultu beatœ Mariœ.
Nous rapporterons ici la description que le premier nous a laissée de la sainte image, dans son histoire française.
« La statue est en pierre cuite , dressée sur un piédestal treillisé en balustres. Elle est d'un corsage bien fait et d'une belle taille, quoique de stature petite, et guère plus haute que d'un empan. Pour prendre à point juste la mesure estelonnée, selon le pied du roi ou géométrique, toute la pièce, y comprise la couronne, depuis le sommet jusqu'à la palte ou plinthe d'en bas, a trois palmes et autant de grains d'orge. Sa robe extérieure paraît artistement plissée sans broderie, sans taillure, sans afféterie ; la cotte intérieure est aussi toute simple, hormis le collet bordé d'une dentelle. Sa chevelure touffue et rejetée par derrière est couverte d'un voile pendant un peu plus bas que l'épaule ; son front est ceint d'une couronne emperlée et fleuronnée. La face est des plus gracieuses, pleine de sérénité, sans nuage et sans rides, tournée doucement vers son fils, qu'elle regarde avec un sourire modeste ; elle le tient sur le bras droit ; sa main gauche tombe sur le pied droit du divin enfant. Quant au petit Jésus, il est revêtu d'une tunique plus haute que les genoux qu'il croise chastement à découvert. Il s'appuie tendrement de la main gauche sur le col de sa mère, et de l'autre il tient une pomme. »
Nous rapporterons ici la description que le premier nous a laissée de la sainte image, dans son histoire française.
« La statue est en pierre cuite , dressée sur un piédestal treillisé en balustres. Elle est d'un corsage bien fait et d'une belle taille, quoique de stature petite, et guère plus haute que d'un empan. Pour prendre à point juste la mesure estelonnée, selon le pied du roi ou géométrique, toute la pièce, y comprise la couronne, depuis le sommet jusqu'à la palte ou plinthe d'en bas, a trois palmes et autant de grains d'orge. Sa robe extérieure paraît artistement plissée sans broderie, sans taillure, sans afféterie ; la cotte intérieure est aussi toute simple, hormis le collet bordé d'une dentelle. Sa chevelure touffue et rejetée par derrière est couverte d'un voile pendant un peu plus bas que l'épaule ; son front est ceint d'une couronne emperlée et fleuronnée. La face est des plus gracieuses, pleine de sérénité, sans nuage et sans rides, tournée doucement vers son fils, qu'elle regarde avec un sourire modeste ; elle le tient sur le bras droit ; sa main gauche tombe sur le pied droit du divin enfant. Quant au petit Jésus, il est revêtu d'une tunique plus haute que les genoux qu'il croise chastement à découvert. Il s'appuie tendrement de la main gauche sur le col de sa mère, et de l'autre il tient une pomme. »
Pour
satisfaire le pieux empressement des fidèles, il fallut reproduire
l'image vénérée. Le chêne, qui pendant tant d'années l'avait renfermée
dans son sein, servit à cet usage ; l'autre chêne y fut également
employé quelques années plus tard, lorsque, abattu à son tour, on le
remplaça par une chapelle.
Mais partout où ces copies furent honorées, la sainte Vierge se plut à opérer des prodiges. Lobbes, Ruisseauville, Montmartre, les villes de Rheims, de Lille, de Hesdin, de Saint-Omer, de Bailleul, d'Oudenbourg possédèrent une de ces pieuses images et furent témoins de plusieurs miracles.
Ce fut en 1622 que la petite ville de Gravelines se vit au nombre des pays privilégiés.
Laissons parler encore l'historien de Notre-Dame de Foi.
Mais partout où ces copies furent honorées, la sainte Vierge se plut à opérer des prodiges. Lobbes, Ruisseauville, Montmartre, les villes de Rheims, de Lille, de Hesdin, de Saint-Omer, de Bailleul, d'Oudenbourg possédèrent une de ces pieuses images et furent témoins de plusieurs miracles.
Ce fut en 1622 que la petite ville de Gravelines se vit au nombre des pays privilégiés.
Laissons parler encore l'historien de Notre-Dame de Foi.
«
Un Père de la Compagnie de Jésus envoyé à Gravelines comme en une vigne
féconde pour y travailler à la culture des âmes, avait excité, par ses
prédications, les habitants de cette ville à un grand amour envers la
Mère de Dieu. Voyant que cette dévotion avait pris racine, il s'était
entretenu avec Messieurs du magistrat de ce qu'il était convenable de
faire pour maintenir et augmenter la piété du peuple, et il leur laissa
une image de Notre-Dame de Foi, faite avec le bois du premier chêne, et
tout-à-fait semblable à celle qui avait été trouvée dans le cœur de
l'arbre. Mgr l'évêque de Saint Omer avait béni et inauguré cette statue,
pour donner aux habitants de Gravelines un gage de son bon vouloir, et
pour contribuer en quelque chose à l'honneur de la bienheureuse Vierge.
Les Magistrats reçurent ce présent avec une joie très grande, et ayant
fait apporter un grand reliquaire, en forme de reposoir, au-dessus du
maître-autel, dans l'église paroissiale, l'image de Marie y fut
solennellement posée le jour de l'ascension de son divin Fils, l'an
1622. Depuis elle a été honorée avec un grand concours de fidèles. Les
miracles qui s'y sont faits et qui s'y font encore journellement sont en
grand nombre. »
Nous
apprenons du même historien qu'il existait de son temps un livret ayant
pour titre : Bénéfices et guérisons remarquables faites à l'invocation
de Notre-Dame de Foi, à Gravelines.
Ce
livret avait été imprimé à Saint-Omer, en 1623, avec l'approbation de
l'ordinaire. Le Père Bouille cite quatre guérisons obtenues dans le
sanctuaire de Notre-Dame de Foi, à Gravelines ; il les choisit, dit-il,
entre une multitude d'autres qui se trouvaient consignées dans ce
livret.
Magdeleine,
fllle de Pierre Sanel, charpentier demeurant à Gravelines, avait, à
l'âge de treize ans, les bras contrefaits et les pieds contournés ; elle
ne pouvait faire un pas ni se tenir debout. Antoinette Waeret, sa mère,
s'adresse à celle que l'Eglise appelle le salut des infirmes. Pendant
neuf jours elle porte la pauvre malade dans la chapelle de Notre-Dame de
Foi, et toutes deux y prient avec ferveur. La neuvaine terminée, elles
reçurent le prix de leur sainte confiance : Magdeleine se trouva
parfaitement guérie ; il ne lui resta aucune trace de son infirmité.
La
même année 1622, Péronne Joncheers, veuve de Jacques de Hays, était
fort malade d'une enflure dont les médecins ne connaissaient ni la
cause, ni le remède. Etant venue par hasard à Mardick, et entendant
parler des miracles opérés par Notre-Dame de Foi, elle se fait
transporter à Gravelines ; elle se confesse et fait célébrer le saint
sacrifice à l'autel de Marie. A peine eut-elle reçu la sainte communion
que son mal disparut entièrement; elle n'en souffrit plus depuis lors.
Elle fit sa déposition le 17 août 1622, en présence du bourgmestre et
des échevins de Dunkerque, ainsi que la personne qui l'avait accompagnée
et qui avait été témoin de sa guérison instantanée. Péronne Joncheers
demeurait encore à Dunkerque en 1666, lorsque le Père Bouille donnait sa
seconde édition de son histoire de Notre-Dame de Foi.
Marie de la Haye, fille du mayeur de Gravelines, fut atteinte, à l'âge de treize ans, d'une maladie que les médecins jugèrent incurable. La mère propose à sa fille de recourir à Notre-Dame de Foi. L'une et l'autre commencent une neuvaine le 4 octobre 1622. Au second jour, après leur prière à la sainte Vierge, un vomissement qui n'avait été provoquée par aucun remède survient à la jeune malade, et sa guérison est complète.
Marie de la Haye, fille du mayeur de Gravelines, fut atteinte, à l'âge de treize ans, d'une maladie que les médecins jugèrent incurable. La mère propose à sa fille de recourir à Notre-Dame de Foi. L'une et l'autre commencent une neuvaine le 4 octobre 1622. Au second jour, après leur prière à la sainte Vierge, un vomissement qui n'avait été provoquée par aucun remède survient à la jeune malade, et sa guérison est complète.
Isabeau
Carlier, qui était au service de Mme Anne de Hannon, fille de M. de
Bavincove, Mayeur de Saint-Omer, se brûle, par maladresse, l'œil droit
avec un fer chaud. Le chirurgien, Antoine de la Hautoye, homme fort
habile, est appelé. Il déclare à Mme de Hannen que le mal est sans
remède. Cependant, pour ne pas affliger la malade, il consent à lui
appliquer un remède sur lequel il ne compte nullement. De son côté
Isabeau Carlier se recommande à Notre-Dame de Foi ; elle promet, si elle
obtient sa guérison, de visiter la chapelle de Gravelines. Le lendemain
le chirurgien lève l'appareil, et reconnaît, à son grand étonnement,
que l'œil si malade la veille est aussi clair et aussi net que l'autre.
Il juge la guérison miraculeuse, et le13 juin 1623, l'autorité
compétente recevait sa déposition , ainsi que celle de M""' de Hannon et
d'Isabeau Carlier.
Le Père de Balinghem, dans son calendrier, cite deux autres miracles opérés par Notre-Dame de Foi ; le premier sous la date du 16 février 1623, le second sous la date du 18 juillet 1624.
Un homme souffrait horriblement depuis trois semaines ; pendant trois jours entiers il avait été dans le délire, et les médecins ne conservaient plus la moindre lueur d'espérance. Les personnes qui environnent le lit du malade profitent d'un moment lucide pour lui parler des grâces obtenues par l'intercession de Notre-Dame de Foi, dont l'image est vénérée à Gravelines. Le malade ne pouvait plus parler ; il répond par un signe et fait comprendre qu'il consent à vouer un pèlerinage et des prières. Au même instant il se trouve beaucoup mieux. Non-seulement la sainte Vierge lui rendit la santé, mais les trois jours suivants elle lui apparut à différentes reprises, environnée d'une lumière éblouissante, et l'inonda de consolations célestes.
Le Père de Balinghem, dans son calendrier, cite deux autres miracles opérés par Notre-Dame de Foi ; le premier sous la date du 16 février 1623, le second sous la date du 18 juillet 1624.
Un homme souffrait horriblement depuis trois semaines ; pendant trois jours entiers il avait été dans le délire, et les médecins ne conservaient plus la moindre lueur d'espérance. Les personnes qui environnent le lit du malade profitent d'un moment lucide pour lui parler des grâces obtenues par l'intercession de Notre-Dame de Foi, dont l'image est vénérée à Gravelines. Le malade ne pouvait plus parler ; il répond par un signe et fait comprendre qu'il consent à vouer un pèlerinage et des prières. Au même instant il se trouve beaucoup mieux. Non-seulement la sainte Vierge lui rendit la santé, mais les trois jours suivants elle lui apparut à différentes reprises, environnée d'une lumière éblouissante, et l'inonda de consolations célestes.
L'autre
prodige raconté par le Père de Balinghem est la résurrection d'un
enfant mort en naissant. Tandis que la sage-femme dispose déjà tout pour
la sépulture, la mère désolée invoque Notre-Dame de Gravelines, et sa
prière est exaucée. Une chaleur vivifiante se répand dans les membres
raides et glacés de l'enfant. Il pousse un cri, il agite ses petits
bras, et non-seulement il reçoit la grâce du baptême, mais sa mère eut
encore la consolation de le voir grandir sous ses yeux. Ces deux
miracles ont été affirmés, comme les premiers, sous la foi du serment.
Enfin, en compulsant ce qui nous reste des archives de l'église de Gravelines, j'y ai trouvé la mention d'un autre prodige opéré pendant le carême de 1628. Un capitaine de navire avait fait naufrage ; le vaisseau avait sombré ; matelots et passagers, tout le monde avait péri ; le capitaine seul luttait encore contre les flots sans espérance d'échapper à la mort, car il se trouvait au moins à trois lieues de Gravelines. Dans ce pressant danger, il a recours à Notre-Dame de Foi ; il fait vœu de visiter sa chapelle, si elle veut bien venir à son aide ; et voilà que tout-à-coup, sans qu'il puisse expliquer comment cela s'est fait, il se trouve en sûreté sur le rivage. Il s'empressa d'accomplir son vœu, et il racontait avec reconnaissance à tous ceux qu'il rencontrait la protection singulière dont il avait été l'objet.
Enfin, en compulsant ce qui nous reste des archives de l'église de Gravelines, j'y ai trouvé la mention d'un autre prodige opéré pendant le carême de 1628. Un capitaine de navire avait fait naufrage ; le vaisseau avait sombré ; matelots et passagers, tout le monde avait péri ; le capitaine seul luttait encore contre les flots sans espérance d'échapper à la mort, car il se trouvait au moins à trois lieues de Gravelines. Dans ce pressant danger, il a recours à Notre-Dame de Foi ; il fait vœu de visiter sa chapelle, si elle veut bien venir à son aide ; et voilà que tout-à-coup, sans qu'il puisse expliquer comment cela s'est fait, il se trouve en sûreté sur le rivage. Il s'empressa d'accomplir son vœu, et il racontait avec reconnaissance à tous ceux qu'il rencontrait la protection singulière dont il avait été l'objet.
Pour
entretenir la dévotion à Marie dans le cœur des habitants de
Gravelines, et pour conserver les fruits de salut qu'il avait opérés, le
Père jésuite, à qui cette ville est redevable de l'image miraculeuse,
avait établi l'usage de célébrer une messe tous les dimanches, vers huit
heures, en l'honneur de Notre-Dame de Foi ; à l'évangile, le prêtre
montait en chaire et expliquait au peuple, pendant un quart-d'heure, la
doctrine chrétienne.
En
1637, Christophe de France, évêque de Saint-Omer, ayant appris, dans sa
visite pastorale, que cette explication de la doctrine chrétienne ne se
faisait plus, et qu'on la remplaçait par un grand sermon, réclama
contre cet abus, et rappela les fruits abondants que les Pères de la
Compagnie de Jésus avaient produits par cette instruction courte et
pathétique, mise à la portée de tout le monde. On lit encore dans les
archives de l'église la recommandation qu'il laissa par écrit au clergé
de la paroisse.
L'Assomption
de la sainte Vierge est la fête particulière de Notre-Dame de Foi. A
cette époque de l'année, on retire l'image miraculeuse de la niche où
elle repose ; on la place avec honneur dans l'église, au milieu des
flambeaux et des fleurs. Pendant neuf jours on célèbre un salut solennel
; vers le soir, et il s'y fait encore un assez grand concours de
peuple.
Par
qui et comment ce précieux trésor a-t-il été conservé pendant la
révolution ? Nous n'avons pu le découvrir ; en vain avons-nous feuilleté
les archives de l'église, elles n'en disent pas le moindre mot.
Vainement aussi avons-nous consulté les vieillards ; personne n'en sait
rien. Cependant l'image actuellement honorée à Gravelines est sans aucun
doute celle qu'on y vénérait avant les jours de la tourmente
révolutionnaire, car nous l'avons trouvée, parfaitement conforme, aussi
bien que les riches ornements qui l'entourent, à la description qui en
est faite dans un inventaire fort ancien, conservé parmi les archives.
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