Notre-Dame des Grottes
et Notre-Dame du bien mourir
(Fontgombault)
Notre-Dame du bien mourir
Toutefois, bien supérieur encore est le sanctuaire de Notre-Dame des Grottes à Foutgombault.
Fontgombault tire son nom d'un personnage de sang royal, nommé Gombault, qui, vers le milieu du onzième siècle, vint chercher sur la rive gauche de la Creuse une retraite pour y vivre loin du monde, uniquement occupé de Dieu et de son salut.
Il creusa, près de la rive, une grotte, à côté d'une source à laquelle il forma un bassin, qui de son nom s'appela la fontaine de Gombault ou Fontgombault.
Là, sans autre nourriture que quelques herbes ou racines sauvages, vivant dans un exercice continuel de prières, humble, doux et charitable envers ceux qui l'approchaient, homme du ciel plutôt que de la terre, il embauma tout le pays de la bonne odeur de sa sainteté, jusqu'au jour où il s'endormit dans le Seigneur.
Après sa mort, d'autres personnages vinrent habiter cette terre bénie, sanctifiée par tant de vertus, et s'y creusèrent aussi des grottes pour s'y livrer dans le silence à la prière et à la contemplation des choses célestes : on les voit encore aujourd'hui autour de la fontaine.
Ce sont quinze trous de rochers qui ont à peine six pieds de hauteur.
Une de ces grottes, qui servait sans doute de salle de réunion, a deux larges entrées ; le plafond en est soutenu par un pilier central, et les parois contiennent de petites niches destinées sans doute à renfermer quelques objets précieux.
Une modeste chapelle dédiée à saint Julien, évêque du Mans, fut d'abord le lieu où les solitaires se réunirent pour prier ; mais cette chapelle avait une crypte, et ils y établirent une statue de la sainte Vierge.
Les peuples ne l'eurent pas plutôt appris, qu'ils s'empressèrent d'y venir en pèlerinage : Notre-Dame des Grottes devint célèbre dans toute la contrée ; on vint de loin la prier, et en même temps on s'édifia des vertus des solitaires, à ce point que plusieurs, touchés de tant de beaux exemples, demandèrent à faire partie d'une si sainte communauté.
De ce nombre fut Pierre de l'Étoile, noble et saint personnage.
Pressé du désir de sa perfection, il était allé d'abord se former à l'école du bienheureux Robert d'Arbrisselles, qui menait une vie angélique avec un petit nombre de disciples dans la forêt de Craon, aujourd'hui au diocèse de Laval ; puis il était venu se fixer à Fontgombault ; et voyant s'accroître le nombre de ses disciples, il avait passé dans le vallon qui borde l'autre rive de la Creuse.
Là, aidé par les seigneurs de la Trémouille et les comtes de Buzançais, il jeta en 1091 les fondements de l'abbaye de Fontgombault et de sa magnifique église, pendant que de son côté Robert d'Arbrisselles, son saint ami, passé de Craon à Fontevrault, élevait dans ce dernier monastère sa magnifique église abbatiale.
Chose remarquable, deux pauvres solitaires, habitant l'un une grotte, l'autre une hutte en feuillage, réunissent chacun la double auréole du saint et de l'artiste, élèvent chacun un monument du premier mérite dans le même style romano-byzantin, avec la même perfection de goût et d'exécution, la même grandeur de proportions, la même régularité de plans, la même pureté de lignes !
L'église de Fontgombault a la forme d'une croix latine ; la nef et le chœur, d'une longueur de deux cent quarante-six pieds, sont divisés en trois parties par deux rangs de colonnes monocylindriques ; au pourtour du chœur, il y a un déambulatoire et des chapelles qui sont comme le rayonnement de la couronne du Christ.
Pierre de l'Étoile fut le premier abbé de Fontgombault : atteint du mal des ardents, il mourut en odeur de sainteté en 1114, précédant de deux ans dans la tombe le B. Robert d'Arbrisselles. Il fut inhumé dans l'église qu'il avait commencée ; et sur la pierre sépulcrale, autour de son effigie en costume d'abbé avec la croix d'une main et un livre de l'autre, on grava ces quatre vers :
C'est-à-dire, selon la traduction qui a été faite de cette épitaphe en vers français :Autrefois je fus Pierre,
Je ne suis aujourd'hui qu'une vile poussière ;
Mais le Seigneur l'a dit, j'ai foi dans son amour
Ossements desséchés, vous revivrez un jour.
Priez, passant, que Dieu me soit propice ;
Comme vous j'étais ce matin ;
Comme moi vous serez demain ;
Ainsi l'a réglé sa justice.
L'église, commencée par ce moine artiste, fut achevée et consacrée en 1131, et bientôt elle devint un lieu de pèlerinage comme la crypte de l'antique chapelle de Saint Julien : à la crypte, on honorait Notre-Dame des Grottes ; dans l'église, on priait Notre-Dame du Bien-mourir, dont la statue était placée au-dessus d'un des autels, sur le mur latéral du nord.
L'abbaye
nourrissait les pèlerins ; mais cependant, pour mettre de l'ordre dans
sa charité et prévenir les abus, elle régla qu'elle fournirait à chaque
paroisse qui y viendrait en procession vingt-cinq pintes de vin et
quatre jambons.
En
1559, les calvinistes envahirent l'abbaye et sa riche basilique,
pillèrent et saccagèrent tout, ne laissant de l'église que le chœur avec
deux ailes, dont les voûtes subsistèrent sans couverture jusqu'en 1670,
et les images vénérées qui furent soustraites à la profanation, l'une
parla piété des fidèles, l'autre par la hauteur même où elle était
placée et où ils ne purent atteindre.
Les peuples n'en continuèrent pas moins, depuis cette époque jusqu'en 1789, à venir honorer dans le sanctuaire dépouillé la Mère de Dieu.
Enfin
la Révolution, jalouse d'achever ce qu'avait commencé la Réforme,
fondit à son tour sur l'abbaye avec la résolution de n'y plus laisser
pierre sur pierre.
On se met donc à démolir ; on exploite les bâtiments comme une carrière ; charpentes, plombs, fers, sont arrachés des diverses parties de l'édifice ; mais voilà qu'au milieu de ces travaux de destruction, un des démolisseurs aperçoit l'image de Notre-Dame du Bien-mourir à la partie élevée du mur où on l'avait placée.
Il s'élance rapide et furieux sur ce mur : déjà il lève le bras pour frapper, lorsque tout à coup son pied chancelle, glisse sur un appui mal assuré ; et le malheureux, roulant par terre, est écrasé sous les décombres.
Depuis
lors, personne n'a osé toucher à cette partie de l'édifice, encore
moins à la statue, de peur d'être frappé de mort comme ce démolisseur
sacrilège ; et ainsi l'image miraculeuse, toujours à la même place,
continue de voir à ses pieds de nombreux pèlerins, surtout le lundi de
la Pentecôte, qui est la grande fête de Notre-Dame de Fontgombault.
Quant
à l'abbaye, l'archevêque de Bourges l'avait supprimée en 1741, comme ne
contenant plus que cinq religieux, et y avait établi des prêtres de
Saint-Vincent de Paul pour évangéliser les campagnes ; mais en 1850, le
cardinal du Pont, archevêque de Bourges, y installa des trappistes venus
de l'abbaye de Bellefontaine ; et ces dignes enfants de saint Bernard
travaillent à faire refleurir dans cette solitude si longtemps veuve et
silencieuse l'amour de Marie avec toutes les vertus qui en découlent.
Ils ont réparé le chœur et le transept de l'église abbatiale avec tant d'intelligence qu'on dirait que, depuis les premières années du douzième siècle, rien n'a été endommagé.
On espère qu'avec le temps ils répareront de même la grande nef, qui est encore à l'état de ruines, ainsi que la façade et les murs latéraux, sur le haut desquels on voit Notre-Dame du Bien-mourir.
Ils ont réparé le chœur et le transept de l'église abbatiale avec tant d'intelligence qu'on dirait que, depuis les premières années du douzième siècle, rien n'a été endommagé.
On espère qu'avec le temps ils répareront de même la grande nef, qui est encore à l'état de ruines, ainsi que la façade et les murs latéraux, sur le haut desquels on voit Notre-Dame du Bien-mourir.
Source : Livre "Notre-Dame de France ou Histoire du culte de la Sainte Vierge en ..., Volume 2" par André Jean Marie Hamon
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