Avignon
Cathédrale Notre-Dame des Doms
La cathédrale Notre-Dame des Doms est une cathédrale catholique romaine située à Avignon dans le département français de Vaucluse et la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, à côté du Palais des papes d'Avignon.
De style roman provençal, elle date de 1150, puis fut agrandie aux XIVe et XVIIe siècles par des chapelles latérales.
Elle est le siège de l'archidiocèse d'Avignon.
Localisation
Notre-Dame-des-Doms, cliché Le Monde Illustré, 1859
La Cathédrale Notre-Dame des Doms d'Avignon est située sur la partie nord d'Avignon intramuros.
Elle a été construite sur une protubérance rocheuse au nord de la ville, le rocher des Doms, surplombant la rive gauche du Rhône.
Sa position sur le rocher, sa flèche imposante surmontée d'une vierge et sa proximité du Palais lui permettent à la fois de dominer la ville et d'être vue de très loin.
L'un des meilleurs points de vue, et ce n'est pas un hasard, se trouve sur l'autre rive du Rhône, du mont Andaon, promontoire sur lequel est construit le fort Saint-André de Villeneuve-lès-Avignon.
Elle est aussi visible, tout comme le Palais, depuis le sommet des Alpilles, soit un peu moins d'une vingtaine de kilomètres au sud.
Histoire
Le palais avec derrière Notre-Dame des Doms en 1617
alors que Jean-François de Bagni était vice-légat,
dessin du père jésuite Martellange
Elle date de 1150, puis agrandie aux XIVe et XVIIe siècles par des chapelles latérales.
Dès 1336, Giacomo Stefaneschi, le cardinal de Saint-Georges passe commande à Simone Martini, le plus gothique des peintres italiens considéré comme le chef de file de l’École de Sienne, des fresques du porche de Notre-Dame-des-Doms. Celui-ci, qui avait été l’élève de Duccio de Buoninsegna, vint sur place avec son épouse Giovanna et son frère Donat. Elles furent achevées avant la mort du commanditaire en 1343.
Sous Benoît XIII, Avignon fait l'objet d'un siège. En dépit de la surveillance dont il était l'objet, le pontife réussit à quitter le palais et sa ville de résidence le 11 mars 1403, après un éprouvant siège de cinq ans.
Pour faciliter la défense, la démolition de toutes les maisons situées entre le grand et le petit palais fut autorisée. C'est ce que l'arlésien Bertrand Boysset note dans son journal :
« L’an MCCCCIII, du mois de décembre, janvier et jusqu’à mai, furent démolies les maisons qui étaient entre le grand et le petit palais, jusqu’au pont du Rhône ; et après on commença à bâtir de grands murs sur la Roque de Notre-Dame des Doms grâce auxquels étaient reliés le grand palais au petit palais et à la tour du pont, de telle façon que le pape Benezey et les autres après lui puissent entrer et sortir du palais. »
Si Benoît XIII ne revint jamais plus à Avignon, il avait laissé sur place ses neveux, Antonio de Luna avec la charge de recteur du Comtat Venaissin, et Rodrigo.
Celui-ci et ses Catalans s'installèrent dans le palais pontifical.
Le mardi 27 janvier 1405, à l’heure de vêpres, le clocher pyramidal de Notre-Dame des Doms s’écroula et écrasa dans sa chute l’antique baptistère dédié à saint Jean.
Les Catalans furent accusés de cette action et ils en profitèrent pour établir une plateforme sur ces ruines afin d'installer leur artillerie.
Architecture
Alors
que le Palais des Papes est considéré comme le plus grand ensemble
gothique du Moyen Âge, Notre-Dame des Doms, située juste à côté, est un
des chefs-d'œuvre de l'art roman provençal.
Elle possède de nombreuses caractéristiques stylistiques inspirées de l'antique :
- remarquable porche à l'antique :
- entablement constitué d'une frise de grecques et de modillons ornés de feuilles d'acanthe
- colonnes engagées cannelées surmontées de chapiteaux à feuilles d'acanthe
- pilastres surmontés de chapiteaux ornés d'une frise d'oves
- grand arc en plein cintre orné d'une frise d'oves
- clocher :
- pilastres cannelés sur toute la hauteur du clocher
- colonnes engagées
Le parvis vu depuis la Palais des Papes
Le porche et le clocher
Le porche à l'antique
Colonne cannelée et chapiteau à feuilles d'acanthe
Une des gargouilles
Détail des pilastres du clocher
Ornements et mobilier
Tombeau de Jean XXII
La cathèdre
Tombeau de Benoît XII
- Cathèdre romane en marbre blanc du XIIe siècle décorée sous un des accoudoirs par le lion de Saint-Marc, sous l'autre du bœuf de Saint-Luc, classée Monument Historique au titre objet
- Tombeaux gothiques de Jean XXII et de Benoît XII
- Trois statues de la Vierge Marie sont présentes à la Cathédrale : Une statue de Notre Dame de tout Pouvoir et deux statues de Notre Dame des Doms dont une Vierge de plomb doré couronne le clocher depuis 1859.
- Orgue doré sur une tribune surplombant la cathèdre, de 1819, construit par, selon les sources, le lombard Piantanida ou un de ses élèves Giovanni Mentasti, classé Monument Historique au titre objet
- Orgue de chœur de Charles Mutin en 1902, placé au sol en face de la cathèdre
- Plusieurs pièces d'art, sculptures mais aussi mobilier.
- Tribunes style baroques (nef et chœur)
Orgue doré
Orgue Charles Mutin
Galerie baroque du XVIIe
Arc séparant nef et narthex
Fresques macabres
Fresque macabre du XIIIe siècle
Dans la cathédrale Notre-Dame-des-Doms, a été mise au jour une fresque du Dit des trois morts et des trois vifs, où les personnages mis en scène sont placés sous des arcades individuelles.
Cette fresque encadre une autre œuvre macabre, où la Mort crible de flèches des gens massés à sa droite et à sa gauche.
L'étude paléographique de l'inscription figurant au-dessus celle-ci, qui donne le nom du donateur Pierre de Romans, a permis de dater l'ensemble de la seconde moitié du XIIIe siècle.
Ce qui fait de l'ensemble de ces fresques macabres l'une des œuvres les plus anciennes d'Europe.
Sinopias de Simone Martini
Christ Pancreator entouré d'anges
Christ bénissant
Vierge à l'enfant avec le cardinal Annibal de Ceccano agenouillé à ses pieds
Le tympan du porche de la cathédrale a gardé des traces de l'œuvre de Simone Martini, deux sinopie, étapes préliminaires au pigment rouge dans le travail de peinture à fresque, l'une figurant Le Christ Rédempteur en Gloire entouré par des ange et l'autre La Vierge et l'Enfant entourés d'anges, qui se trouvait sur le tympan du porche (réalisée dans les années 1340), détachées et transférées sur panneaux, exposées dans la salle du Consistoire du Palais des Papes.
Les cloches
Le bourdon, Maria de Domnis
Le clocher de la cathédrale est doté d'un important carillon de trente-cinq cloches.
Quinze d'entre elles peuvent sonner en volée, ce qui en fait la troisième sonnerie la plus étoffée de France après les sonneries de la cathédrale de Strasbourg et de la cathédrale Notre-Dame de Verdun. Par contre, avec un poids total de 14 tonnes, la sonnerie ne compte pas parmi les plus lourdes du pays (la sonnerie de Notre-Dame de Paris pèse par exemple 35 tonnes, celle de la primatiale de Rouen pèse 20 tonnes).
Le bourdon de la cathédrale d'Avignon, appelé Maria de Domnis, pèse tout de même 6 300 kg et a été coulé en 1848 par le fondeur avignonnais Pierre Pierron.
Historique
Il
n'y a plus, dans le clocher de Notre-Dame des Doms, aucune cloche
antérieure à la Révolution française qui les fit fondre pour en
récupérer le bronze et faire des canons.
D'autant plus que la ville d'Avignon, cité des papes, faisait office de symbole pour les révolutionnaires.
Lors de la restauration de la métropole, en 1825, sous l'épiscopat de Monseigneur Maurel de Mons, un bourdon fut coulé par M. Perre, fondeur à Avignon. Cassé en 1830, il fut descendu et refondu ainsi qu'une autre cloche dite petit bourdon par M. Perre et Pierron en 1848, ainsi qu'une autre cloche rajoutée en 1853. Ces deux dernières, mal accordées avec le bourdon, furent vendues et installées dans le clocher de la Collégiale Saint-Pierre où elles sonnent encore aujourd'hui.
La fabrique voulant doter la métropole d'un carillon bien accordé garda le bourdon nouvellement fondu et lui ajouta 8 cloches supplémentaires qui furent installées en 1854 et 1855.
Le carillon projeté n'ayant jamais été réalisé, ces 9 cloches rythmèrent la vie religieuse de la métropole jusqu'en 1980.
En 1980, M. Jean Zeeh, électro-mécanicien à Montigny-lès-Metz, décide d'aider la chapitre de la cathédrale à compléter le carillon auquel il fit ajouter 4 nouvelles cloches qui furent bénites le 2 mars 1980.
En 1984, M. Zeeh offre 8 nouvelles cloches, arrivées le 5 août 1984, bénites en 1985 et installés dans le beffroi le 18 mars 1985.
En 1988, de généraux donateurs permettent d'achever le carillon. 14 nouvelles cloches, bénites le 8 janvier 1989, viennent s'ajouter aux 21 déjà en place.
Elles comblent les lacunes des notes manquantes et ajoutent une nouvelle gamme.
Le nouveau carillon de 35 cloches permet donc une utilisation sur 3 octaves chromatiques.
Le carillon actuel
Quelques cloches du carillon
Quelques cloches du carillon
Les cloches sont réparties dans le beffroi sur 4 niveaux différents
Le « petit » bourdon, Remigius (Ré3)
Voici la liste de la composition du carillon de la cathédrale :
Numéro | Nom | Masse (en kg) | Note | Mode de sonnerie |
---|---|---|---|---|
1 | Maria de Domnis | 6 301 | Fa#2 | Tintement et volée |
2 | Remigius | 1 472 | Ré3 | Tintement et volée |
3 | Michaël | 1 043 | Mi3 | Tintement et volée |
4 | Maria-Andréa | 860 | Fa3 | Tintement et volée |
5 | Fabianus | 724,5 | Fa3 | Tintement et volée |
6 | Solemnis | 610 | Sol3 | Tintement et volée |
7 | Anna-Maria | 460 | Sol#3 | Tintement et volée |
8 | Ladislaüs | 445 | La3 | Tintement et volée |
9 | Maria Virgo Dolorosissima | 365 | La#3 | Tintement |
10 | Sidonius | 288 | Si3 | Tintement et volée |
11 | Jeanne-Marie | 240 | Do4 | Tintement et volée |
12 | Donatus | 208 | Do#4 | Tintement et volée |
13 | Regina | 166,5 | Ré4 | Tintement et volée |
14 | Martha | 165 | Ré4 | Tintement |
15 | Claude-Madeleine | 160 | Mi4 | Tintement et volée |
16 | Caecilia | 125 | Fa4 | Tintement |
17 | Hugues | 120 | Fa#4 | Tintement et volée |
18 | Marie-Bernadette | 105 | Sol4 | Tintement et volée |
19 | Maria Martyrum regina | 75 | Sol#4 | Tintement |
20 | Rufina-Agricola | 57 | La4 | Tintement |
21 | Eutropia-Siffreda | 48 | La#4 | Tintement |
22 | Francisca-Clara | 45 | Si4 | Tintement |
23 | Theresa-Vincenta | 38 | Do5 | Tintement |
24 | Norberta | 32 | Do#5 | Tintement |
25 | Flourenceto | 28 | Ré5 | Tintement |
26 | Marie-Josèphe | 20 | Ré#5 | Tintement |
27 | Marie-Alberte | 19,5 | Mi5 | Tintement |
28 | Marie-Raymonde-Fernande | 19 | Fa5 | Tintement |
29 | Marie-Suzanne-Marguerite | 17 | Fa#5 | Tintement |
30 | Marie-Christophe-Angélique | 16,5 | Sol5 | Tintement |
31 | Marie-Matthieu-Jean-Baptiste | 16 | Sol#5 | Tintement |
32 | Pierre-Marie-Gabrielle | 14,4 | La5 | Tintement |
33 | Marie-Louise-Joséphine | 14 | La#5 | Tintement |
34 | Marie-Berthe-Lucile | 13,5 | Si5 | Tintement |
35 | Marie-Angélie | 13 | Do6 | Tintement |
Représentation de Notre-Dame des Doms au fil du temps
Le
« Retable du crucifix » d'Antoine Rozen, peint en 1520 est considéré
comme la seconde plus ancienne représentation réaliste du palais et de
Notre-Dame des Doms.
Le dessin du palais des papes en 1617 par le père jésuite Étienne Martellange parfaitement réaliste laisse apparaître de peu de différences au niveau de la Cathédrale.
Parmi les représentation plus récentes, dans un style artistique différent, plusieurs peintres ont peint l'ensemble Rhône - pont d'Avignon - Palais des papes / Notre-Dame des Doms - rocher des Doms, mettant tour à tour en avant l'un ou l'autre.
Lorsque James Carroll Beckwith peint Le palais des papes et le pont d'Avignon, Notre-Dame des Doms fait jeu égal avec le palais qui n'est présent que dans le coin supérieur droit sur moins d'un 1/6e du tableau alors que le Rhône en couvre la moitié.
Paul Signac, avec son tableau Le Palais des papes représente une vue sensiblement orientée de la même manière, mais même si la proportion accordée au pont d'Avignon (sur la gauche du tableau) reste sensiblement la même, l'angle choisi recentre le palais, le rendant beaucoup plus important et gommant presque du fait le rocher de doms.
Les proportions choisie par l'auteur semblent même exagérée afin de lui donner une importance plus grande.
Notre-Dame des Doms y est bien détaché, créant ainsi un effet de mise en valeur des deux entités architecturales.
Avec une orientation différente, vraisemblablement depuis l'Île de la Barthelasse ou Villeneuve-lès-Avignon, Adrian Stokes pour son Le palais des papes d'Avignon écrase le palais et le pont sur la moitié droite du tableau pour faire ressortir la colline du rocher des doms, et y ajout même de la végétation et Notre-Dame des Doms n'y est que très peu visible.
Le palais des papes dominant le Rhône, dessin de T. Allom, gravure de E. Brandard, 1840
Le palais des papes et le pont d'Avignon
par James Carroll Beckwith (1852-1917)
par James Carroll Beckwith (1852-1917)
Le Palais des papes
peint par Paul Signac en 1900
peint par Paul Signac en 1900
Le palais des papes d'Avignon
par Adrian Stokes (1854-1935)
par Adrian Stokes (1854-1935)
Étude du palais et de la cathédrale par Viollet-le-Duc
Plan du palais des Papes d'Avignon
Vue générale depuis l'ouest (Notre-Dame des Doms est à gauche)
A, église Notre-Dame des Doms, rétablie dans sa forme première et avant l'adjonction des chapelles.
B & H, tours.
b, corps de logis avec au-dessous, la salle des festins.
C, cour du cloître.
D, cour d'honneur.
e, mâchicoulis défendant le bâtiment E.
G, grande salle entièrement voûtée qui servait de chapelle.
I, escalier d'honneur donnant entrée à la chapelle et dans les appartements des corps de logis à l'occident et au levant.
K, escalier desservant un couloir de service qui longe les pièces de l'aile occidentale et communique avec les défenses supérieures par les vis L, aboutit au-dessus de la poterne P, et met l'aile occidentale en communication avec le logis E.
F, les grandes cuisines (premier étage).
B & H, tours.
b, corps de logis avec au-dessous, la salle des festins.
C, cour du cloître.
D, cour d'honneur.
e, mâchicoulis défendant le bâtiment E.
G, grande salle entièrement voûtée qui servait de chapelle.
I, escalier d'honneur donnant entrée à la chapelle et dans les appartements des corps de logis à l'occident et au levant.
K, escalier desservant un couloir de service qui longe les pièces de l'aile occidentale et communique avec les défenses supérieures par les vis L, aboutit au-dessus de la poterne P, et met l'aile occidentale en communication avec le logis E.
F, les grandes cuisines (premier étage).
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