Dogmes chrétiens
Un dogme est une expression de la foi proclamée solennellement par l’Église.
Pour les chrétiens, les seules instances qui peuvent proclamer un dogme sont les conciles.
Pour les catholiques, un concile avec le pape, ou le pape seul, ont également ce pouvoir.
Statut du dogme
Pour tous les chrétiens, la révélation est complètement et définitivement donnée en Jésus Christ.
Cependant, c'est le rôle de l'Église de transmettre cette révélation et d'en approfondir la compréhension au cours des âges, avec l'assistance de l'Esprit-Saint.
C'est l'ensemble de cette transmission-approfondissement du message évangélique qui constitue la Tradition, fondée sur la succession apostolique.
Ainsi,
les catholiques par exemple considèrent les dogmes comme des
expressions de la foi déjà implicitement incluses dans la révélation
divine, et qui sont simplement explicités par l'Église.
Formation des dogmes
Les questions précises relatives à l'élaboration d'une doctrine du Christ ont commencé à se poser très tôt (IIe siècle).
C'est ainsi que se définissent, par opposition l'une à l'autre, les « hérésies » et l’« orthodoxie », comme en témoignent, par exemple, les écrits apologétiques d’Hilaire de Poitiers contre les hérétiques.
En effet, si la première tradition est orale, la reconnaissance de la canonicité de ce qui constituera le Nouveau Testament mit un certain temps à être fixée. Ces écrits eux-mêmes n'ont pas été rédigés comme des ouvrages de référence dogmatiques.
De ce fait, comme dans toutes les religions, des interprétations multiples ont commencé à se répandre. La plus répandue étant les gnoses dont les évêques de Constantinople et d'Antioche considéraient qu'elles sapaient les fondements mêmes de la foi chrétienne. Se considérant dépositaires du seul message chrétien authentique, ils s'investirent de la mission de le propager et de l'autorité d'en préciser des points si nécessaire.
C'est au cours du IVe siècle que débute la succession des conciles élaborant la dogmatique, particulièrement la christologie. Plutôt que de trouver un consensus entre les cinq patriarcats, égaux et indépendants à l'époque, les conciles agissent comme des tribunaux et chacun d'eux donna lieu à un schisme. Toutefois, jusqu'en 1054, ces schismes ne séparaient que des communautés de croyants (appelées « sectes » c'est-à-dire "coupées"), mais non les patriarcats (Jérusalem, Alexandrie, Rome, Antioche et Constantinople), qui eux, restèrent dans l’« orthodoxie ».
Les
premiers schismes sont issus de la multiplication des débats
christologiques entre Antioche, Alexandrie et Constantinople. Le
présupposé herméneutique qui se fait jour à cette époque est la
nécessité de définir ce qu'il faut croire. Dès leur condamnation, les
écoles minoritaires — arienne, nestorienne et monophysite — seront
déclarées hérétiques avec le sens péjoratif qui persiste de nos jours.
Article détaillé : Dogme
Comme l'explique Marie-Emile Boismard o.p., une formulation des divers dogmes destinée au croyant se retrouve alors dans les confessions de foi qui représentent une conception héllenistique de la religion :
"Croire
que les dogmes étaient présents à l'origine relève de la mentalité
moderne. On a toujours tendance à analyser les textes du Nouveau
Testament pour y retrouver la foi de l'Église actuelle. Dans le monde
sémitique, la foi est avant tout l'engagement d'une personne vis-à-vis
de Dieu. Quand on passe dans le monde grec, elle se transforme : au lieu
d'être une adhésion à une personne, elle devient adhésion à des
vérités, à des dogmes.
Elle "s'intellectualise". Pour beaucoup de gens, est chrétien celui qui va adhérer à un credo."
Lucien Jerphagnon attire notre attention sur la crise arienne qui change tout. Auparavant, les conciles sont locaux : ce sont des tribunaux où l'on juge les minoritaires, tel celui de Hierapolis qui avait exclu Montan en 175. Avec la crise arienne au lieu d'être local (assorti de conséquences locales) le concile, par la volonté de l'empereur, devient oecuménique et les conséquences s'étendent à tout l'empire. La seule issue pour l'hérétique condamné est alors l'exil.
Dogmes orthodoxes et catholiques
Régulièrement, la promulgation de dogmes fut suivie de schismes, privant le dogme « orthodoxe », qui en grec signifie "juste foi", de ce caractère de « catholicité » qui, en grec, signifie universel.
Article détaillé : Christologie.
C'est pourquoi il est impossible de parler de dogmes œcuméniques même si l'expression est tentante.
En effet, en 1054, pour des raisons d'ailleurs plus géopolitiques que doctrinales, l’Église d’Occident, dirigée par l’évêque et pontife de Rome, le « Primus inter pares » ("premier parmi ses pairs" : le Pape), quitte la Pentarchie (qui devient dès lors une « tétrarchie ») et depuis lors, cette Église a réuni pas moins de 14 conciles qui lui sont propres et dont les innovations tant doctrinales que canoniques (Filioque, Purgatoire, autorité temporelle des papes, célibat des prêtres, inquisition entre autres) rendent l'expression dogmes œcuméniques inadéquate, bien que certains dogmes initiaux soient toujours partagés par de nombreuses Églises chrétiennes. Le nombre des conciles dits œcuméniques varie selon les diverses églises : les Églises orthodoxes en sont restées à sept, les réformés reconnaissent pleinement l'autorité des quatre premiers conciles, certaines Églises d'Orient comme l'arménienne ne reconnaissent pas le concile de Chaldédoine. En ajoutant ses 14 conciles propres aux 7 premiers, l'Église catholique romaine compte pour sa part vingt et un conciles, qu'elle considère tous comme œcuméniques.
Par ailleurs, même au sein d'une même confession, les dogmes ne sont plus reçus uniformément de la même manière qu'autrefois, malgré la définition originale de la dogmatique.
Dogmes des sept premiers conciles
- 325 : Premier concile de Nicée - Fils « vrai Dieu de vrai Dieu, engendré et non créé, consubstantiel au Père » (empereur Constantin Ier, Ossius de Cordoue contre Eusèbe de Césarée et Arius).
- 381 : premier concile de Constantinople - « Saint-esprit consubstantiel au Père » - Credo de Nicée-Constantinople (empereur Théodose Ier, Grégoire de Nazianze contre Démophile).
- 431 : Concile d'Éphèse - Marie, Mère de Dieu (théotokos) (Cyrille d'Alexandrie contre Nestorius).
Les conclusions de ce concile provoquent la scission avec les Églises des deux conciles- En 449 se déroule le Deuxième concile d'Éphèse, un concile oriental qui décide le monoénergisme. Ce concile n'est pas reconnu par les Églises des sept conciles
- 451 :
Concile de Chalcédoine - « La double nature de Jésus » c'est-à-dire
deux natures en une personne (pape Léon - empereur Marcien contre
Eutychès - Dioscore d'Alexandrie)
Les conclusions de ce concile provoquent la scission avec les Églises des trois conciles - 553 : deuxième concile de Constantinople
- 680 : troisième concile de Constantinople
- 786 : Concile de Nicée II - Légitimité du culte des icônes (Théodore Studite, patriarche Nicéphore)
À
partir de 1054, la rupture est progressivement consommée entre
catholiques (latins) et orthodoxes (grecs), qui organisent deux conciles
distincts et parallèles. Les anathèmes mutuels provoquent la scission
avec les Églises des sept conciles (l'un d'eux n'étant reconnu que par
les christianismes orientaux) et donc la rupture définitive de la
Pentarchie.
Dogmes proprement romains
- 1545-1563 : Concile de Trente - Transsubstantiation ; fixation du canon biblique catholique, la théorie des deux sources de la Révélation, incluant la Tradition interprétative magistérielle, canonisation de la Vulgate.
- 1854 : Immaculée Conception de Marie, dogme établi par une bulle pontificale Ineffabilis Deus de Pie IX). Il signifie que Marie, mère de Jésus de Nazareth, fut conçue sans le péché originel.
- 1870 : Concile Vatican I - Infaillibilité pontificale ; le concile est interrompu par la guerre de 1870.
- 1950 : Assomption de Marie, dogme établi par la constitution apostolique Munificentissimus Deus de Pie XII. Il signifie que Marie, mère de Jésus de Nazareth, est montée au ciel avec son corps, suivant en cela l'apocryphe La Mort de Marie. Un des rares dogmes qui n'a aucune base scripturaire. Les Églises Orthodoxes confessent que la Mère de Dieu est morte et a été ensevelie, comme le Christ l'a été, car nul serviteur n'est plus grand que son maître. Le Christ est venu chercher l'âme de la Mère de Dieu comme on peut le voir sur les icônes de cette fête appelée "Dormition". Le troisième jour son corps n'était plus dans le tombeau lorsque les Apôtres sont venus l'ouvrir pour Thomas arrivé en retard.
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