Légendes, coutumes
et croyances populaires
Aiguillettes (Noueur d')
Nom donné pendant le moyen-âge à des personnes, qui, par sortilège et art magique, comme on disait, empêchaient les nouveaux époux de consommer le mariage, bien que les jeunes épouses furent fort avenantes.
On
se servait le plus souvent, pour la pratique de cette satanique
opération, d'un fil de lin, de chanvre, de coton ou de soie qu'on nouait
d'un ou de plusieurs nœuds particuliers au moment où le prêtre
prononçait les paroles sacramentelles, ou donnait la bénédiction
nuptiale.
Afin de prévenir ce malheur, il fallait dit Michel Errard, valet de chambre de Thibaut I, duc de Lorraine de 1213 à 1240, que le jeune gars étreigne et serre sa jouvencelle de façon qu'étant l'un et l'autre agenouillés près du prêtre, ils se touchent de telle façon que ne puisse être passé un doigt en travers leurs hanches, genoux et coudes.
Dans l'arrondissement de Lapalisse (Allier), pour empêcher les malignes influences des noueurs d'aiguillettes, la jeune mariée a soin, en se rendant à l'église, de placer à l'envers soit un de ses bas, soit toute autre partie de son ajustement.
Quant au futur, il s'est rendu dès la veille chez le sacristain et en a obtenu un morceau de cire détaché du cierge pascal. Cette espèce d’amulette appliquée sur l'épigastre a pour effet aussi de prévenir les sortilèges des sorciers (M. Beaulieu, Antiquités de Vichy-les-Bains, 2° édition, page 93.)
Au nombre des moyens indiqués dans le Traite des superstitions, du chanoine Thiers (livre X, chapitre 4), pour prévenir cette malencontreuse sorcellerie, nous citerons les suivants, comme témoignage à ajouter à tant d’autres de la naïve crédulité de nos aïeux.
« Pisser à travers l'anneau qui doit être béni le jour des noces et donné ensuite à, l'épouse : pratique qui peut encore servir à empêcher les maris d'être jaloux de leurs femmes. »
« Porter sur soi le jour de ses noces deux chemises à l'envers et placées l'une sur l'autre. »
«
Percer un tonneau de vin blanc dont on ne doit encore avoir rien tiré
et faire passer le premier vin qui en sort dans l'anneau de la mariée. »« Frotter avec de la graisse de loup les jambages de la porte par laquelle la jeune mariée doit passer pour se rendre au lit nuptial. »
Source : Livre "Traditions populaires, croyances superstitieuses, usages et coutumes de l'ancienne Lorraine" par Nicolas Louis Antoine Richard
Cette manière de caractériser les maléfices des prétendus sorciers sur un jeune marié qui se trouve dans un état d'impuissance, vient de ce que dans le seizième siècle, qui était celui des exorcismes, l'espèce d'étui que l'on nommait braguette, se serrait avec un cordon terminé par une aiguillette.
Source : Livre : "Dictionnaire des proverbes français" par Pierre Antoine Leboux de La Mésangère
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