Notre-Dame de Grâces
(Clermont-Ferrand)
Parmi les autels, qui s'élevaient au nombre de vingt-trois, le maître-autel était le plus remarquable.
On voyait au centre la statue dite miraculeuse, à raison sans doute des prodiges obtenus à ses pieds.
Cette
statue, qui représentait la Vierge assise avec le divin Enfant sur ses
genoux, était haute de plus de trois pieds, tout en argent, étincelante
de pierres précieuses, et renfermait les reliques qu'avaient apportées
de Rome saint Austremoine et l'évêque Étienne II.
Au-dessus,
s'élevait une grande croix d'argent ; et, par dessus cette croix,
apparaissait une autre statue de la Vierge montant au ciel, accompagnée
d'un ange qui tenait une couronne.
Riche
et beau travail où il était entré quatorze cents marcs d'argent, et qui
fit donner quelquefois à la Vierge du maître-autel le nom de Notre-Dame de l'Assomption, quoique le plus souvent on la désignât sous son ancien nom de Notre-Dame de Grâce.
Aux
deux côtés de cette dernière statue, étaient les statues des douze
apôtres de vermeil encadrées dans le retable ; et aux deux extrémités de
la partie supérieure de l'autel, étaient les reliques des saints
martyrs Agricole et Vital renfermées dans deux magnifiques châsses. Tel
était le splendide autel devant lequel les fidèles aimaient à prier
Marie.
Vers
le milieu du quinzième siècle, une peste étant venue désoler
l'Auvergne, le conseil de la ville décida, le 9 avril 1487, qu'on ferait
brûler nuit et jour un cierge devant Notre-Dame de Grâce, pour obtenir
la cessation du fléau. Le consul Savaron s'engagea, moyennant la somme
de vingt livres, à tenir ce cierge constamment allumé, et Clermont
éprouva les heureux effets de la protection de sa patronne.
Outre la Vierge du grand autel, on honorait une image de Marie placée, en dehors de l'église, contre le meneau du milieu de la porte septentrionale, et on y obtenait des miracles signalés.
Jean de Mello, évêque de Clermont, en parle ainsi dans un mandement de 1357 : « Là, dit-il, les aveugles recouvrent la vue, les sourds l'ouïe, les muets la parole, et les divers malades leur guérison.
Ceux qui, tombés au pouvoir des brigands et pillards dont les bandes ravagent la France, font vœu de venir visiter cette église, voient briser leurs fers.
Il s'y opère encore une infinité d'autres miracles que la pensée n'aurait jamais pu concevoir ; et, en conséquence, le prélat engage tous les abbés, prieurs, archidiacres et curés de son diocèse, à contribuer et faire contribuer les fidèles à la construction d'un hôpital qu'on se proposait de bâtir, auprès de l'église de Notre-Dame de Grâce, pour y exercer envers les pèlerins toutes les œuvres de miséricorde.
Outre la Vierge du grand autel, on honorait une image de Marie placée, en dehors de l'église, contre le meneau du milieu de la porte septentrionale, et on y obtenait des miracles signalés.
Jean de Mello, évêque de Clermont, en parle ainsi dans un mandement de 1357 : « Là, dit-il, les aveugles recouvrent la vue, les sourds l'ouïe, les muets la parole, et les divers malades leur guérison.
Ceux qui, tombés au pouvoir des brigands et pillards dont les bandes ravagent la France, font vœu de venir visiter cette église, voient briser leurs fers.
Il s'y opère encore une infinité d'autres miracles que la pensée n'aurait jamais pu concevoir ; et, en conséquence, le prélat engage tous les abbés, prieurs, archidiacres et curés de son diocèse, à contribuer et faire contribuer les fidèles à la construction d'un hôpital qu'on se proposait de bâtir, auprès de l'église de Notre-Dame de Grâce, pour y exercer envers les pèlerins toutes les œuvres de miséricorde.
Enfin, il était une dernière statue de Marie honorée à la cathédrale : c'était celle qui dominait le sommet de l'église.
Quand, au seizième siècle, l'évêque Jacques d'Amboise fit couvrir en plomb la cathédrale, il fit placer sur l'arête, au milieu de laquelle s'élevait le clocher du retour, deux statues de grandeur naturelle, l'une à l'occident représentant saint Michel, l'autre à l'orient représentant la sainte Vierge, qui du clocher voisin prit le nom de Notre-Dame du Retour.
Le peuple s'éprit pour cette image d'une dévotion si spéciale, qu'il lui donna le nom de Notre-Dame de tout Bien, et que souvent il montait à genoux, un cierge allumé à la main, les escaliers roides et étroits qui menaient au clocher du retour, pour aller y prier, dans sa demeure aérienne, la Vierge qui avait toute sa confiance.
Souvent aussi on la saluait et on la priait du milieu de la rue ; les femmes y apportaient leurs enfants travaillés de quelque maladie que les moyens humains ne pouvaient guérir.
Là, les genoux en terre, les yeux et les mains élevés vers Marie, on lui envoyait ses supplications ; et Marie du haut des airs exauçait l'humble prière.
C'était même autrefois un usage commun à tout voyageur venant à Clermont de se mettre à genoux, de faire le signe de croix et d'adresser une prière à Marie, du plus loin qu'il apercevait la cathédrale, soit des hauteurs de Grave-Noire, soit des cimes de la Barraque ou des autres montagnes de l'Ouest.
Quand, au seizième siècle, l'évêque Jacques d'Amboise fit couvrir en plomb la cathédrale, il fit placer sur l'arête, au milieu de laquelle s'élevait le clocher du retour, deux statues de grandeur naturelle, l'une à l'occident représentant saint Michel, l'autre à l'orient représentant la sainte Vierge, qui du clocher voisin prit le nom de Notre-Dame du Retour.
Le peuple s'éprit pour cette image d'une dévotion si spéciale, qu'il lui donna le nom de Notre-Dame de tout Bien, et que souvent il montait à genoux, un cierge allumé à la main, les escaliers roides et étroits qui menaient au clocher du retour, pour aller y prier, dans sa demeure aérienne, la Vierge qui avait toute sa confiance.
Souvent aussi on la saluait et on la priait du milieu de la rue ; les femmes y apportaient leurs enfants travaillés de quelque maladie que les moyens humains ne pouvaient guérir.
Là, les genoux en terre, les yeux et les mains élevés vers Marie, on lui envoyait ses supplications ; et Marie du haut des airs exauçait l'humble prière.
C'était même autrefois un usage commun à tout voyageur venant à Clermont de se mettre à genoux, de faire le signe de croix et d'adresser une prière à Marie, du plus loin qu'il apercevait la cathédrale, soit des hauteurs de Grave-Noire, soit des cimes de la Barraque ou des autres montagnes de l'Ouest.
La
confiance et l'amour qu'on portait à cette puissante patronne, ainsi
que les grâces qu'elle accordait à ceux qui l'invoquaient, engagèrent
les plus hauts personnages à entourer d'honneurs son église.
Les
comtes et les dauphins d'Auvergne, les comtes de Forez, les ducs de
Bourbon, de Mercœur, de Ventadour, les seigneurs d'Aurillac, de
Montmorin, de Saint-Priest et plus de vingt autres, tenant à gloire
d'être les vassaux de la Reine du Ciel, lui rendaient les hommages
féodaux dans la personne des évêques et du chapitre.
Le
droit de battre monnaie qu'avait accordé à l'ancienne cathédrale
Guillaume V, comte d'Auvergne, fut continué a celle-ci par ses
successeurs ; et ce droit impliquant la souveraineté proprement dite, on
concéda à l'évêque et au chapitre toute la partie occidentale de la
cité pour y exercer au nom de la sainte Vierge les prérogatives de la
puissance temporelle. Aussi l'écu des armes de l'église de Clermont
avait pour cimier une image de Notre-Dame représentée en buste, tenant
son Fils entre ses bras ; et les pièces qu'elle faisait frapper
portaient, sur une de leurs faces, ces mots : Urbs Arverna, et sur
l'autre, l'image de Notre-Dame avec ces mots : Sancta Maria. »
Cette
puissance temporelle de la cathédrale, ou de ses deux représentants,
l'évêque et le chapitre, s'affaiblit par degrés, à partir du seizième
siècle.
François
Ier, par son ordonnance de 1532, leur retira le droit de battre monnaie
; par son concordat avec Léon X, il ôta au chapitre le droit de s'élire
un évêque, ainsi qu'à tous les chapitres du royaume ; et, de ce moment,
leur autorité sur la ville devint à peu près purement nominale. Encore
perdirent-ils bientôt cette ombre même d'autorité, par l'arrêt du
parlement qui leur enlevait le comté de Clermont pour le donner à la
reine Catherine de Médicis, comme descendant par sa mère de l'illustre
maison de la Tour qui avait donné tant d'évêques au diocèse ; de sorte
que Dufraisse, qui écrivait en 1688, concluait l'énumération des
prérogatives de l'église Sainte Marie de Clermont par cette observation,
qu'elle s'est vue souvent contrainte en des temps fâcheux à se relâcher
d'un grand nombre de ses droits.
Le
peu qui lui en restait fut emporté par la révolution de 89, laquelle
lui enleva, en même temps, des biens tout autrement précieux : car son
chapitre, ses autels et leurs riches ornements, les statues et les
reliques des saints, tout disparut dans la tourmente : l'édifice seul
resta dans une lugubre et morne désolation ; et encore ne lui fit-on
grâce que par deux considérations dignes de l'époque : la première,
c'est qu'on ne pouvait trouver une plus belle salle de spectacle, ni un
lieu plus convenable pour les assemblées populaires ; la seconde, c'est
que la démolition serait très-dispendieuse et encombrerait la ville de
ses immenses débris.
A
la réouverture des églises, on s'appliqua à réparer peu à peu tant de
ruines, à effacer les traces de tant de mutilations ; et si on ne rendit
pas à la cathédrale son ancienne splendeur, on fit du moins ce que
permettaient les circonstances, en y ménageant toujours les souvenirs de
la sainte Vierge : car il y a quatre autels de Marie : Notre-Dame d'Août, Notre-Dame de Miséricorde, Notre-Dame de Pitié et Notre-Dame de la Bonne Mort.
Il
y a peu d'années encore, quelque chose de mieux que le retour des
magnificences d'autrefois, l'achèvement même de la cathédrale, apparut à
tous les cœurs sur le point de se réaliser.
C'était le 21 octobre 1852 ; les six évêques de la province ecclésiastique de Bourges venaient de tenir à Clermont le concile provincial.
Après leur dernière séance dans la vieille basilique, ils bénirent solennellement la première pierre qui devait servir de fondement à l'achèvement de l'édifice ; et les ouvriers se mirent au travail.
Pourquoi a-t-il fallu, sitôt après, le suspendre, faute de ressources pour le continuer ? Il est juste cependant de remarquer que chaque année, pour ainsi dire, l'intérieur de la cathédrale s'embellit : tantôt c'est un autel qui resplendit comme un diamant au milieu du sanctuaire ; tantôt ce sont des orgues dont la voix puissante se projette en notes mélodieuses à travers les replis de l'édifice : espérons qu'une main puissante posera enfin la dernière pierre que le monument attend depuis plus de sept siècles.
C'était le 21 octobre 1852 ; les six évêques de la province ecclésiastique de Bourges venaient de tenir à Clermont le concile provincial.
Après leur dernière séance dans la vieille basilique, ils bénirent solennellement la première pierre qui devait servir de fondement à l'achèvement de l'édifice ; et les ouvriers se mirent au travail.
Pourquoi a-t-il fallu, sitôt après, le suspendre, faute de ressources pour le continuer ? Il est juste cependant de remarquer que chaque année, pour ainsi dire, l'intérieur de la cathédrale s'embellit : tantôt c'est un autel qui resplendit comme un diamant au milieu du sanctuaire ; tantôt ce sont des orgues dont la voix puissante se projette en notes mélodieuses à travers les replis de l'édifice : espérons qu'une main puissante posera enfin la dernière pierre que le monument attend depuis plus de sept siècles.
Source : Livre "Notre-Dame de France ou Histoire du culte de la Sainte Vierge en ..., Volume 2" par André Jean Marie Hamon
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