Notre-Dame de Vaudouan
(Briantes)
Mais
il est dans l'arrondissement de la Châtre un sanctuaire non moins
vénéré, un pèlerinage non moins fréquenté que tous ceux que nous a
offerts jusqu'ici le diocèse de Bourges : c'est la chapelle de
Notre-Dame de Vaudouan, située à cinq quarts de lieue de la Châtre, dans
la paroisse de Briantes, au milieu d'une lande déserte et inculte où
l'on ne trouve que fougères, genévriers et bruyères.
S'il
faut en croire l'auteur d'une histoire de Vaudouan imprimée en 1817,
cette dévotion remonterait à l'époque même où saint Ursin et saint Juste
vinrent apporter en Berri le flambeau de la foi, c'est-à-dire vers la
lin du premier siècle ou le commencement du second ; mais cette
conjecture est dénuée de preuves solides ; et le sentiment le plus
vraisemblable est que cette dévotion prit naissance dans l'an 1013, sous
le règne de Robert le Pieux.
Le
25 mars de cette année, selon la légende, une jeune bergère s'étant
enfoncée dans le bois de Vaudouan pour aller réciter quelques prières en
l'honneur de Marie aperçut flottant sur l'eau d'une fontaine une statue
de bois.
Étonnée,
elle retourne promptement informer ses compagnes de la découverte
qu'elle vient de faire ; et accourant toutes ensemble, ces jeunes
bergères retirent de l'eau la statue merveilleuse : c'était une statue
de la Vierge portant sur son bras droit l'Enfant Jésus qui tenait dans
ses mains une colombe.
Elles l'emportent avec bonheur, la remettent au curé de Briantes ; et celui-ci la place dans l'église.
Le
lendemain, dit la légende, l'image étant revenue d'elle-même à la
fontaine, on la porta chez les religieux de Saint-Vincent de la Châtre ;
limage s'en retourna une seconde fois au même lieu.
On
conclut de là que la sainte Vierge voulait être honorée là où on
l'avait trouvée et aussitôt on se mit en devoir de lui élever avec des
branches d'arbres une petite chapelle, qu'on recouvrit de bruyères.
Mais
les seigneurs du Virolant, dont le château était peu éloigné, trouvant
ce sanctuaire improvisé peu digne de la Mère de Dieu, lui élevèrent une
chapelle convenable, à cinq cents pas de la fontaine, dans une clairière
de la forêt, qu'on crut désignée pour cette construction par une
indication miraculeuse qu'il serait trop long de raconter.
Le
jour de la bénédiction de la chapelle fut une grande fête pour tout le
pays ; une foule immense s'y rassembla avec le clergé des paroisses
voisines.
On
commença par bénir le nouveau sanctuaire ; puis on alla en procession,
prendre la statue à la chapelle en feuillage qui l'abritait
provisoirement ; on la transporta en grande pompe à la chapelle neuve ;
on l'y installa, on l'y pria avec ferveur, en lui promettant d'y revenir
; et depuis ce temps, en effet, Notre-Dame de Vaudouan n'a cessé d'être
l'objet de la vénération publique, un but de pèlerinage pour tout le
pays.
Les
seigneurs du Virolant, non contents d'avoir élevé ce sanctuaire à
Marie, construisirent près de la quelques bâtiments pour l'aumônier et
les pèlerins, y attachèrent des prés, des bois, des rentes et autres
revenus.
En
1291, Regnaud Raymbues, chanoine de la Châtre et seigneur du Virolant,
voulant assurer le service régulier d'un pèlerinage qui avait pris tant
d'importance, y fonda une vicairie perpétuelle par un acte authentique
qui porte la date du jeudi après le dimanche Lœtare, c'est-à-dire le
quatrième dimanche de carême, et dont la copie se conserve encore aux
archives de l'Indre.
A cet effet, il donne d'abord sa chapelle de Vaudouan, ainsi qu'il
s'exprime, preuve qu'il la possédait comme propriété particulière, en
tant que seigneur du Virolant, puis les maisons et chezeaux dudit lieu,
les terres, les prés, les bois et les rentes qui dépendent de ladite
chapelle, sa maison de la Châtre avec le jardin et le pré qui y sont
attenants, une ouche, cinq vignes, un cellier et le pressoir qu'il
renferme, situé dans le grand bourg de la Châtre, in magno vico de
Castra, les rentes de blé qui lui appartiennent dans les paroisses de
Chassignoles, Crozon et Jouhet, enfin un missel et un bréviaire qui
doivent être achetés de ses deniers ; mais il stipule d'autre part que
ceux qui seront successivement pourvus de cette vicairie seront tenus de
payer les cens et rentes de ces dits biens, de résider personnellement à
Vaudouan, de célébrer ou de faire célébrer à perpétuité trois messes
chaque semaine dans ladite chapelle, pour le repos de son âme et de
celle de ses parents ; et que cette vicairie, après avoir été conférée
une première fois par ses exécuteurs testamentaires, le sera ensuite par
le prieur et les chanoines de Saint-Germain de la Châtre.
Du
droit de collation que cet acte lui conférait, le chapitre de la Châtre
conclut qu'il était propriétaire de la chapelle et de ses dépendances.
On contesta cette prétention du chapitre ; Rome la maintint par une double sentence.
Le
curé de Briantes revendiqua à son tour la propriété du pèlerinage comme
étant sur sa paroisse ; l'autorité métropolitaine se prononça, comme le
saint siège, en faveur du chapitre ; et celui-ci, au lieu de nommer un
vicaire pour desservir la chapelle, comme le portait l'acte de donation,
afferma le poste à un de ses membres. L'adjudication avait lieu le
mardi de la Pentecôte ; et le chanoine à qui elle était adjugée résidait
sur les lieux pendant toute la durée de son bail.
Par là, le chapitre évitait toute contestation ; peut-être aussi un
motif d'intérêt n'était-il pas étranger à cette mesure : car ce bénéfice
plaçait le titulaire dans une position aisée, malgré les redevances
auxquelles il était soumis : un bail du 17 janvier 1550 nous apprend que
l'hôtellerie seule, bâtie en faveur des pèlerins, était louée à cette
époque, avec ses appartenances, quatre cent quarante livres tournois par
an, somme considérable pour le temps ; et à ce premier revenu
s'ajoutait la location des autres propriétés données à la chapelle.
Les choses demeurèrent dans cet état jusqu'aux dévastations du protestantisme.
Alors
le duc de Deux Ponts, luthérien forcené, qui avait amené d'Allemagne
treize mille lansquenets pour prêter main-forte aux protestants, entra
dans le Berri comme un torrent dévastateur ; il ravagea et incendia
plusieurs églises, entre autres, celle de Notre-Dame de Pontigny ; de là
il tomba sur Vaudouan dans la nuit du 10 au 11 août 1569 et mit le feu à
la chapelle. Mais les flammes ne dévorèrent que le sanctuaire et
épargnèrent la statue.
A la nouvelle d'un tel désastre, ce fut une désolation générale dans toute la contrée.
Les fidèles supplièrent les chanoines de Saint-Germain de la Châtre, en promettant leur concours, de rebâtir promptement la sainte chapelle.
Ceux-ci, malgré les pertes subies dans la guerre dont les protestants inondaient tout le pays, accueillirent favorablement cette prière ; et dès que leur détermination fut connue, chacun se mit à l'œuvre pour leur venir en aide ; les colons firent de nombreuses corvées, les riches envoyèrent leurs dons en abondance, les paroisses voisines y ajoutèrent leurs offrandes ; et grâce au généreux concours que prêta à la bonne œuvre l'enthousiasme général, Notre-Dame de Vaudouan fut promptement réédifiée.
En 1630, M. de Maulmont, seigneur du Virolant, avec la permission du chapitre de la Châtre, ajouta au sanctuaire vénéré une petite chapelle, en se réservant le droit d'y avoir un banc seigneurial, d'y peindre ses armes sur les vitraux et d'y être inhumé lui, sa famille et ses successeurs.
En 1648, le chapitre, voyant de jour en jour s'accroître la dévotion à Notre-Dame de Vaudouan, comprit la nécessité d'agrandir la chapelle ; et, en conséquence, il la fit allonger de trente-trois pieds derrière le grand autel.
Une partie de la nouvelle construction fut affectée à la sacristie, l'autre au sanctuaire, au fond duquel on recula le grand autel, et qu'on décora d'un grand tableau de l'Annonciation, dû au pinceau du célèbre Boucher, une des gloires de Bourges.
Le 5 août 1668, on bénit les constructions nouvelles qui transformaient la chapelle de Vaudouan en une véritable église.
Cette église, en effet, outre le sanctuaire et la sacristie dont nous venons de parler, avait une nef de quatre-vingt-dix-neuf pieds de long avec deux chapelles latérales, l'une adroite appartenant aux seigneurs du Virolant, l'autre à gauche, dite la chapelle de Créquy, d'un seigneur de ce nom qui en avait obtenu la jouissance.
Le porche ou vestibule était séparé de la nef par un mur dans lequel on avait pratiqué une porte à clairevoie et deux ouvertures de chaque côté, fermées par des châssis de barres de fer, afin que les pèlerins qui arrivaient quand la porte était fermée pussent avoir le double avantage d'être abrités sous le vestibule, et de voir la statue miraculeuse à travers les barreaux de la porte ou les grilles des ouvertures.
Outre la porte principale, l'église comptait six autres portes extérieures pour faciliter la libre circulation des pèlerins aux jours des grandes fêtes.
L'image de la Vierge du fond du sanctuaire reposait sur un piédestal derrière le tabernacle.
Les fidèles supplièrent les chanoines de Saint-Germain de la Châtre, en promettant leur concours, de rebâtir promptement la sainte chapelle.
Ceux-ci, malgré les pertes subies dans la guerre dont les protestants inondaient tout le pays, accueillirent favorablement cette prière ; et dès que leur détermination fut connue, chacun se mit à l'œuvre pour leur venir en aide ; les colons firent de nombreuses corvées, les riches envoyèrent leurs dons en abondance, les paroisses voisines y ajoutèrent leurs offrandes ; et grâce au généreux concours que prêta à la bonne œuvre l'enthousiasme général, Notre-Dame de Vaudouan fut promptement réédifiée.
En 1630, M. de Maulmont, seigneur du Virolant, avec la permission du chapitre de la Châtre, ajouta au sanctuaire vénéré une petite chapelle, en se réservant le droit d'y avoir un banc seigneurial, d'y peindre ses armes sur les vitraux et d'y être inhumé lui, sa famille et ses successeurs.
En 1648, le chapitre, voyant de jour en jour s'accroître la dévotion à Notre-Dame de Vaudouan, comprit la nécessité d'agrandir la chapelle ; et, en conséquence, il la fit allonger de trente-trois pieds derrière le grand autel.
Une partie de la nouvelle construction fut affectée à la sacristie, l'autre au sanctuaire, au fond duquel on recula le grand autel, et qu'on décora d'un grand tableau de l'Annonciation, dû au pinceau du célèbre Boucher, une des gloires de Bourges.
Le 5 août 1668, on bénit les constructions nouvelles qui transformaient la chapelle de Vaudouan en une véritable église.
Cette église, en effet, outre le sanctuaire et la sacristie dont nous venons de parler, avait une nef de quatre-vingt-dix-neuf pieds de long avec deux chapelles latérales, l'une adroite appartenant aux seigneurs du Virolant, l'autre à gauche, dite la chapelle de Créquy, d'un seigneur de ce nom qui en avait obtenu la jouissance.
Le porche ou vestibule était séparé de la nef par un mur dans lequel on avait pratiqué une porte à clairevoie et deux ouvertures de chaque côté, fermées par des châssis de barres de fer, afin que les pèlerins qui arrivaient quand la porte était fermée pussent avoir le double avantage d'être abrités sous le vestibule, et de voir la statue miraculeuse à travers les barreaux de la porte ou les grilles des ouvertures.
Outre la porte principale, l'église comptait six autres portes extérieures pour faciliter la libre circulation des pèlerins aux jours des grandes fêtes.
L'image de la Vierge du fond du sanctuaire reposait sur un piédestal derrière le tabernacle.
A peine dégrossie dans sa partie inférieure, elle était recouverte d'une toile d'azur
parsemée de fleurs de lis ; mais la tête de la Vierge et celle de
l'Enfant Jésus, sculptées avec soin, étaient assez gracieuses pour
n'avoir besoin d'aucune ornementation : cependant, en 1625, on les fit
peindre avec une grande fraîcheur de coloris ; et la statue ayant été
apportée à la Châtre pour ce travail, les principaux habitants
réclamèrent l'honneur de la recevoir, en passant, dans leurs maisons,
regardant cette visite comme une bénédiction qui leur porterait bonheur.
Les
pèlerins de Notre-Dame de Vaudouan allaient toujours en procession à la
fontaine où la statue avait été trouvée la première fois, et voulaient
en boire ou en emporter de l'eau ; et pour faciliter à la multitude qui
se pressait autour de la petite source un moyen de satisfaire sa piété,
on creusa près de là un bassin de six pieds carrés qu'on entoura de
pierres de taille capables d'en défendre l'accès aux animaux, et sur le
bord duquel on éleva une croix avec une chaire de pierre, où le
prédicateur du carême de la Châtre venait prêcher, tous les ans, le
lundi de Pâques. On éleva de plus cinq croix, de distance en distance,
sur le chemin de la Châtre à Vaudouan, afin d'entretenir et d'accroître
la piété des pèlerins par les stations qu'ils faisaient à chacun de ces
calvaires.
Les chanoines de la Châtre s'y rendaient tous les ans le jour de l'Assomption, en chapes et bannière déployée. Ils quittaient leurs chapes à la première croix, les reprenaient à la seconde, après avoir prié quelques instants à genoux, et se dirigeaient ensuite, en chantant, vers la fontaine, de là vers la chapelle, où l'un d'eux célébrait la grand'messe.
L'autorité métropolitaine les ayant obligés à ne pas quitter la Châtre le jour de l'Assomption, pour ne pas laisser la ville sans offices, ils remirent leur procession au second dimanche après la Nativité de la sainte Vierge.
Les chanoines de la Châtre s'y rendaient tous les ans le jour de l'Assomption, en chapes et bannière déployée. Ils quittaient leurs chapes à la première croix, les reprenaient à la seconde, après avoir prié quelques instants à genoux, et se dirigeaient ensuite, en chantant, vers la fontaine, de là vers la chapelle, où l'un d'eux célébrait la grand'messe.
L'autorité métropolitaine les ayant obligés à ne pas quitter la Châtre le jour de l'Assomption, pour ne pas laisser la ville sans offices, ils remirent leur procession au second dimanche après la Nativité de la sainte Vierge.
Deux
fois par an, savoir, le lundi de la Pentecôte et le jour de la Nativité
de la sainte Vierge, le curé de la Châtre, accompagné de ses fabriciens
et d'un grand nombre de fidèles, s'y rendait en procession. Les
fabriciens offraient chaque fois un cierge à la chapelle.
Au
moins trente paroisses étrangères y venaient en procession, le mardi de
Pâques, dit M. de Villebanois ; il n'y avait pas de paroisse à quatre
ou cinq lieues autour de Vaudouan, dit M. de Fontenay , qui ne se fût
obligée par vœu d'y venir tous les ans ; et les procès-verbaux de la
visite pastorale de Mgr de la Rochefoucauld, en 1734, portent
expressément « que tous les curés du voisinage, à sept ou huit lieues
des environs, y venaient en procession, en différents temps de l'année,
avec les fidèles de leurs paroisses ».
En
1654, les villes de Sainte-Sévère, de Châteaumeillant, de Guéret, y
vinrent aussi en procession ; il vint même une députation de la petite
ville de Linas, au diocèse de Versailles : preuve que la dévotion à
Notre-Dame de Vaudouan était connue au loin.
Ce
qu'il y eut de plus remarquable en ce genre, ce fut la visite de plus
de deux cents pénitents de Châteauroux, arrivant le soir du 11 août à la
Châtre, presque tous pieds nus et un cierge allumé à la main, suivis de
plus de cent autres personnes de l'un et de l'autre sexe, qui venaient
comme eux implorer la protection de la sainte Vierge.
Ils se rendirent directement à l'église de Saint-Germain de la Châtre,
où l'archiprêtre de Châteauroux leur adressa une vive exhortation pour
les disposer au pèlerinage du lendemain.
Le 12 août, de grand matin, après avoir entendu la messe, ils partirent
deux à deux, pieds nus, leur cierge à la main, en chantant les louanges
de Dieu et de sa sainte Mère.
A la deuxième croix qui se trouvait sur la route, l'archiprêtre leur
adressa un nouveau discours, les conduisit de là à la fontaine, puis à
la chapelle, où il célébra la grand'messe.
La
plupart d'entre eux y communièrent, offrirent à Marie des prières
ferventes, de magnifiques présents, et s'en retournèrent avec la même
édification qu'ils étaient venus.
Au
mois de février 1548, les carmes de la Châtre y avaient fait un
pèlerinage non moins solennel et non moins édifiant pour obtenir le
rétablissement de la santé du maréchal d'Aulmont, seigneur de
Châteauroux et de la Châtre, qui, se trouvant dangereusement malade,
avait réclamé d'eux ce bon office ; et ils avaient eu soin auparavant
d'en demander la permission au chapitre de la ville, qui en fit dresser
acte par-devant notaire, afin que ces religieux ne pussent s'en
prévaloir pour prétendre à l'avenir avoir droit de faire de semblables
processions a leur chapelle de Vaudouan.
En
1643, Louis XIII, dangereusement malade à Saint Germain en Laye, après
s'être voué à Notre-Dame de Vaudouan, avait, comme le maréchal
d'Aulmont, voulu avoir des prières dans ce sanctuaire ; et trois
seigneurs de sa cour furent chargés par lui de faire a pied ce
pèlerinage à son intention.
A
peine arrivaient-ils à Orléans, qu'ils apprirent que le monarque était
déja mort. Ils n'en continuèrent pas moins leur route par respect pour
la volonté du roi, vinrent à Vaudouan, y firent célébrer la messe pour
le repos de l'auguste défunt, et y laissèrent de riches offrandes.
Impossible
de dire le nombre des pèlerins qui venaient chaque année à Vaudouan ;
le seul jour du lundi de Pâques, il s'y trouvait annuellement de trois à
quatre mille personnes.
On
y venait réclamer le secours de la sainte Vierge contre les hernies, la
pierre, la gravelle et autres maux de cette nature ; les jeunes époux y
venaient, la première année de leur mariage, placer leur union sous le
patronage de la sainte Vierge ; les laboureurs, à la saison des
semailles, y apportaient du blé pour le faire bénir, et le mêlaient
ensuite avec leurs semences, espérant de là une récolte plus abondante.
En
1706, l'archevêque de Bourges autorisa à conserver, depuis la veille
jusqu'au lendemain des dimanches et fêtes, des hosties consacrées, pour
donner la communion aux fidèles qui se présentaient en grand nombre à la
sainte table, et érigea une confrérie de Notre-Dame de Vaudouan.
Cette confrérie prospéra tellement qu'en 1734, elle comptait plus de deux mille associés, comme l'atteste le procès-verbal de visite de Mgr de la Rochefoucauld ; elle avait deux fêtes principales, le lundi de la Pentecôte et le second dimanche après la Nativité de la sainte Vierge. Alors on faisait une procession dans le bois de Vaudouan, et on y portait la statue de Notre-Dame, en chantant des cantiques et en priant avec grande modestie, piété et religion : tout était édifiant dans ces réunions, et il n'y avait ni jeux, ni danse, ni rien de contraire à l'esprit qui convient à une fête chrétienne. Plus tard quelques abus se glissèrent dans ces assemblées ; on y vit des querelles, des danses, des cabarets où souvent on dépassait les bornes de la tempérance ; l'archevêque de Bourges intervint et rendit à ce pèlerinage son caractère parfaitement religieux.
« Nous enjoignons au chapelain, dit l'archevêque dans son ordonnance, de tenir la main a ce qu'il n'y ait ni danse, ni jeux, aux environs de ladite chapelle, à ce que les cabaretiers ne donnent point à boire et à manger les jours de concours, passé deux heures de l'après-midi, sous peine d'interdit de ladite chapelle. »
Le remède était énergique, il produisit son effet ; et les réunions à Notre-Dame de Vaudouan redevinrent édifiantes comme auparavant.
Grand nombre de pèlerins venaient nu-pieds et passaient la nuit en prières dans la chapelle, se confessaient et communiaient.
Cette confrérie prospéra tellement qu'en 1734, elle comptait plus de deux mille associés, comme l'atteste le procès-verbal de visite de Mgr de la Rochefoucauld ; elle avait deux fêtes principales, le lundi de la Pentecôte et le second dimanche après la Nativité de la sainte Vierge. Alors on faisait une procession dans le bois de Vaudouan, et on y portait la statue de Notre-Dame, en chantant des cantiques et en priant avec grande modestie, piété et religion : tout était édifiant dans ces réunions, et il n'y avait ni jeux, ni danse, ni rien de contraire à l'esprit qui convient à une fête chrétienne. Plus tard quelques abus se glissèrent dans ces assemblées ; on y vit des querelles, des danses, des cabarets où souvent on dépassait les bornes de la tempérance ; l'archevêque de Bourges intervint et rendit à ce pèlerinage son caractère parfaitement religieux.
« Nous enjoignons au chapelain, dit l'archevêque dans son ordonnance, de tenir la main a ce qu'il n'y ait ni danse, ni jeux, aux environs de ladite chapelle, à ce que les cabaretiers ne donnent point à boire et à manger les jours de concours, passé deux heures de l'après-midi, sous peine d'interdit de ladite chapelle. »
Le remède était énergique, il produisit son effet ; et les réunions à Notre-Dame de Vaudouan redevinrent édifiantes comme auparavant.
Grand nombre de pèlerins venaient nu-pieds et passaient la nuit en prières dans la chapelle, se confessaient et communiaient.
Cette ferveur recevait souvent sa récompense par l'obtention des grâces qu'on venait solliciter.
Sans parler des phénomènes miraculeux qui reposent sur la tradition populaire et que raconte la légende, sans parler de la guérison subite de M. d'Herbigny, intendant du Berri, nous indiquerons quelques-uns des faits qui nous ont le plus frappé dans les histoires imprimées de Notre-Dame de Vaudouan.
Le seigneur de Fay, près de Neuvy, ayant la jambe gangrenée, à la suite d'un coup d'arquebuse qu'il y avait reçu, les chirurgiens déclarèrent qu'ils ne voyaient d'autre remède au mal que l'amputation.
Le malade, au lieu de se soumettre à une décision si sévère, se fit transporter à la chapelle de Vaudouan, y pria pieusement la sainte Vierge ; et pendant le saint sacrifice auquel il assistait, la balle tomba de la plaie, sans lui causer aucune douleur.
A dater de ce moment, la gangrène disparut peu à peu, la plaie se cicatrisa, et bientôt la guérison fut complète.
Sans parler des phénomènes miraculeux qui reposent sur la tradition populaire et que raconte la légende, sans parler de la guérison subite de M. d'Herbigny, intendant du Berri, nous indiquerons quelques-uns des faits qui nous ont le plus frappé dans les histoires imprimées de Notre-Dame de Vaudouan.
Le seigneur de Fay, près de Neuvy, ayant la jambe gangrenée, à la suite d'un coup d'arquebuse qu'il y avait reçu, les chirurgiens déclarèrent qu'ils ne voyaient d'autre remède au mal que l'amputation.
Le malade, au lieu de se soumettre à une décision si sévère, se fit transporter à la chapelle de Vaudouan, y pria pieusement la sainte Vierge ; et pendant le saint sacrifice auquel il assistait, la balle tomba de la plaie, sans lui causer aucune douleur.
A dater de ce moment, la gangrène disparut peu à peu, la plaie se cicatrisa, et bientôt la guérison fut complète.
En
1649, au milieu des guerres civiles du protestantisme, vingt cavaliers
tombèrent en embuscade au milieu de quarante-cinq ennemis qui, dès la
première décharge, en jetèrent dix-neuf par terre. Le vingtième, resté
seul au milieu de la bande ennemie, invoque Notre-Dame de Vaudouan, fait
vœu d'y aller en pèlerinage, et s'échappe sain et sauf du milieu de
tant d'ennemis qui le poursuivent ; les balles transpercent ses
vêtements, et aucune n'arrive jusqu'à son corps.
En
1691, M. de Fontenay, auteur d'une des histoires de Vaudouan, eut le
double malheur, lorsqu'il était à la mamelle, d'avoir les yeux crevés
par l'agrafe de sa mère en se jetant sur son sein pour s'allaiter, et
d'être étouffé par l'imprudence de ses domestiques, lorsqu'ils le
portaient en pèlerinage à Vaudouan : ceux-ci continuant leur route
pleins de confiance en la sainte Vierge, déposèrent le cadavre au pied
de son autel, et se mirent a prier de tout leur cœur ; l'enfant recouvre
au même instant et la vie et l'usage de ses yeux.
En
1706, M. de Fontenay raconte qu'un enfant de Châteaumeillant, né
aveugle, recouvra également la vue dans la chapelle de Vaudouan.
Enfin,
on ne saurait dire le nombre de ceux qui ont été miraculeusement guéris
dans ce béni sanctuaire. On en peut juger par le grand nombre de
béquilles, de jambes, de bras, de têtes, d'ex-voto de toute espèce
appendus aux murailles, ou par les chandeliers, crucifix, calices,
parements d'autel, lampes, couronnes d'or, statues d'argent, devants
d'autel à fond d'or brodé d'argent et autres magnifiques présents, que
la reconnaissance a offerts à Notre-Dame de Vaudouan.
Tant de richesses tentèrent la convoitise.
En
1546, une bande de voleurs enleva les calices, les ciboires, les croix
d'argent, tout ce qui s'y trouvait de plus précieux. Mais le Ciel en fit
justice : les voleurs s'égarèrent dans les bois, prenant un sentier,
puis un autre qui les ramenait sans cesse à Vaudouan, de sorte qu'ils
tombèrent entre les mains des agents de la force publique : ils furent
tous condamnés à mort ; et la chapelle recouvra ses richesses.
En
1793, la chapelle vénérée subit de nouvelles profanations, comme
presque toutes les autres églises de France : on enleva les vases, les
ornements sacrés, tous les objets de quelque valeur.
Un
des profanateurs osa même arracher la statue miraculeuse du sanctuaire,
où , depuis huit cents ans, elle recevait les hommages des fidèles ; et
l'ayant attachée sur la croupe de son cheval, il l'emmena triomphant à
la Châtre, la scia en deux, et la jeta au feu.
Mais
il porta jusqu'à la tombe la peine de son crime ; atteint, peu après,
d'une maladie grave, il demeura courbé vers la terre, tout le reste de
sa vie, sans pouvoir jamais se redresser, frappé ainsi précisément à
l'endroit de la colonne vertébrale qu'avait touché la statue miraculeuse
dans son enlèvement sacrilège.
Quant
aux autres spoliateurs, ils demeurèrent stigmatisés par l'opinion
publique, qui les poursuivit de son mépris jusqu'à la mort.
L'état
lamentable où venait d'être réduite la chapelle de Vaudouan n'empêcha
pas les fidèles d'y venir en pèlerinage, même au plus fort de la
révolution, d'y faire leurs prières devant les portes fermées, d'y
déposer même quelquefois leur modeste offrande, et d'aller de là en
procession à la fontaine.
Lorsque
l'orage révolutionnaire fut passé et la paix rendue à l'Église, on
acheta une nouvelle statue, on y incrusta le petit coffret de reliques
qui était dans l'ancienne ; et, après l'avoir exposée à la vénération
publique, on demanda que les offices fussent célébrés à Vaudouan comme
par le passé.
Mais
celui qui avait acheté la chapelle comme bien national ayant réclamé la
moitié du casuel, l'autorité ecclésiastique, choquée de cette
prétention, jeta un interdit sur la chapelle ; cet interdit n'empêcha
pas plus que la spoliation les populations d'y venir prier.
Enfin,
en 1816, le clergé de la Châtre, autorisé par l'archevêque, y vint en
procession pour demander la cessation de la pluie, et y rapporta l'image
de la sainte Vierge qu'on en avait retirée.
Un
mois après, on racheta la chapelle, qui avait été vendue comme bien
national ; les plus riches habitants de la Châtre voulurent contribuer
aux frais de l'acquisition ; le curé de la ville y contribua également,
cédant pour cet achat toutes les offrandes perçues à la chapelle en 1816
; et l'on vit, avec grande édification, un de ceux qui avaient pris
part aux excès commis contre ce sanctuaire déployer pour sa restauration
le zèle le plus empressé, et témoigner publiquement de son repentir.
Le
second dimanche après la Nativité de la sainte Vierge, la fête
solennelle reprit son cours, et il s'y trouva de sept à huit mille
pèlerins.
En
1838, le culte cessa dans la chapelle, par suite de discussions
nouvelles entre le curé de la Châtre, qui prétendait avoir droit de la
desservir comme ayant été cédée à sa fabrique par le propriétaire, et le
curé de Briantes, qui revendiquait ses droits sur ce sanctuaire, comme
étant dans son territoire ; mais les fidèles n'en vinrent pas moins,
ainsi qu'autrefois, prier devant les portes fermées.
Enfin,
en 1851,un décret de l'État ayant autorisé la commune de Briantes à
acheter la chapelle de Vaudouan qu'il érigeait en chapelle de secours,
les pèlerinages recommencèrent.
On remplaça l'ancienne statue par une statue nouvelle, également de bois sculpté, portant l'Enfant Jésus sur le bras gauche.
Depuis
cette époque, on y vient prier, comme dans les jours de foi ; on s'y
fait réciter un évangile, on entend la sainte messe ; plusieurs
communient, donnent des honoraires de messes, font brûler un cierge,
boivent ou emportent de l'eau de la fontaine, et tous assistent a la
procession.
Le jour de la grande fête surtout, dès six heures du matin , arrivent
les pèlerins de huit à dix lieues ; tous les chemins sont couverts de
fidèles en habits de fête qui y viennent les uns à pied, les autres à
cheval ou en voiture. Jusqu'au moment de l'office public, chacun vaque à
ses pratiques particulières de dévotion.
A
onze heures commence la grand'messe, à laquelle tous assistent ; puis
la procession se met en marche ; quatre hommes, en tunique blanche,
portent la statue vénérée ; le clergé, entouré des chantres des
paroisses voisines, chante les litanies de la sainte Vierge, et une
foule compacte le précède ou le suit, dans le plus parfait silence,
priant Dieu, un livre ou un chapelet à la main.
Arrivé
près de la fontaine, on chante un libera pour Reynaud Raymbues, le
fondateur du pèlerinage, et une antienne à la sainte Vierge ; on bénit
tout le peuple à genoux avec la croix, et l'on s'en revient, en chantant
le Te Deum. Tel est le spectacle qu'offre chaque année Notre-Dame de
Vaudouan, avec cette différence que le nombre des pèlerins semble
toujours s'accroître, jusque-là qu'on y a vu, dans ces dernières années,
de onze à douze mille personnes.
Aussi
les miracles s'y continuent : en 1817, Marie de Vaudevant y avait
recouvré l'usage de ses jambes dont elle était entièrement percluse ; en
1858, Marie Morier y recouvra également l'usage de ses jambes, et, de
plus, la vue dont elle était privée. Nous nous bornons à ces deux faits,
qui furent dans le temps de notoriété publique.
Source : Livre "Notre-Dame de France ou Histoire du culte de la Sainte Vierge en ..., Volume 2" par André Jean Marie Hamon
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