Notre-Dame de Sarrance (Sarrance)

Notre-Dame de Sarrance
(Sarrance)

 

Si l'on en croit la tradition, le nom de Sarrance, donné à ce pèlerinage célèbre, vient des Sarrasins, et rappelle une victoire remportée sur ces infidèles par Charlemagne, dans la vallée d'Aspe.

L'origine de la chapelle consacrée à la mère de Dieu remonte à la plus haute antiquité.

On prétend qu'il existe dans les archives de la ville d'Oloron des pièces relatives à l'érection d'un peut que les habitants du bourg de Sainte Marie voulaient élever, il y a plus de mille ans, pour la commodité des pèlerins de Sarrance.

Le nombre de ces pèlerins était très-considérable avant les guerres religieuses qui désolèrent le Midi de la France au XVIe siècle.

On y venait non-seulement de tous les points du Béarn, mais des pays voisins et du Nord de l'Espagne.

Le roi de Navarre, le roi d'Aragon et le prince de Béarn s'y trouvèrent réunis, comme autrefois les mages à Bethléem.

Le roi de Navarre se fit même construire, près du sanctuaire, une retraite dans laquelle, oubliant les soucis de sa position, il put songer à son salut.

Plusieurs personnages illustres suivirent cet exemple ; ils se plurent à enrichir la sainte chapelle ; de nombreux bâtiments s'élevèrent sur les flancs du rocher qui la porte, et la vallée inculte et sauvage changea promptement d'aspect.

Mais Jeanne d'Albret, reine de Navarre, s'étant déclarée la protectrice de l'hérésie, le Béarn eut beaucoup à souffrir.

Le roi de France y envoya une armée catholique ; il y eut des luttes sanglantes, des vengeances terribles, et de cruelles dévastations.

Les Prémontrés, qui desservaient Notre-Dame de Sarrance, furent massacrés, leur monastère fut livré aux flammes, et les richesses de la chapelle tombèrent entre les mains des huguenots.

Toutefois l'antique statue de la Vierge avait été cachée dans une grotte par de prudents serviteurs.

Elle y resta longtemps ; mais enfin, quand les Béarnais revinrent à la foi catholique, elle reprit possession de son sanctuaire et y opéra de nombreux prodiges.

Peut-être cette antique chapelle est-elle moins fréquentée aujourd'hui qu'elle ne l'était jadis ; cependant on y voit encore, surtout à la fête de l'Assomption, un grand concours de peuple, et la Vierge sainte y répand encore ses bénédictions sur ceux qui viennent implorer son secours, au milieu de leurs souffrances ou de leurs afflictions.
Source : Livre "Les pèlerinages de France" par Eugène Rosary


Légende de Notre-Dame de Sarrance

Il faut remonter bien loin dans la nuit des âges, pour trouver les premiers vestiges de la dévotion de Sarrance.

Nous citerons bientôt les litres historiques. Mais auparavant nous devons redire la naïve légende empreinte, sinon de toute vérité, du moins d'une certaine couleur locale, qui n'est jamais sans quelque charme.

« Sarrance n'était qu'un désert où les habitants de Bédous menaient leurs troupeaux dans la belle saison.

Or, il arriva qu'un pasteur, dont le taureau disparaissait de temps à autre, étonné de voir cet animal devenir plus gras chaque jour, se figura qu'il avait dû trouver un recoin fertile en bonnes herbes ; il résolut d'en suivre les traces avec soin. 

Un soir donc qu'il l'avait suivi de plus près, il le vit à genoux sur une pierre au bord du Gave.

Près de là se trouvait un pêcheur de la vallée. Ces deux hommes s'approchèrent ensemble et reconnurent une petite statue de la sainte Vierge à demi plongée dans les eaux frémissantes d'une source limpide.

Les fidèles du voisinage apprirent bientôt la merveilleuse apparition et accoururent en grand nombre de toutes parts.

Averti à son tour par le curé de Bédous, » l'Evêque d'Oloron se rendit aussi sur les lieux » avec une partie de son chapitre. Il crut bien » faire en transportant la Madone dans # sa » cathédrale avec tout l'éclat d'une procession » extraordinaire. Mais quelques jours après, » elle avait disparu : on la retrouva au bord du » Gave, sur la pierre où le taureau l'avait fait » découvrir. Il ne fut plus permis alors de » douter que la Sainte Vierge n'eût un dessein » particulier de bonté et de miséricorde sur le » lieu de Sarrance où, en effet, on lui érigea » un petit oratoire.

Il y a toujours eu des impies. Certains de ces hommes sans cœur enlevèrent la sainte image de son autel et la précipitèrent dans le gouffre qui tourbillonne sous le pont.

Ils voulaient en faire perdre le souvenir ; mais leur frayeur fut extrême, quand ils la virent remonter le Gave et s'en retourner au lieu d'où ils l'avaient tirée. Le peuple connut ce nouveau prodige et, à partir de ce jour, il ne cessa de venir en foule au sanctuaire de Notre-dame de Sarrance. 

On peut, sans être un mécréant, révoquer en doute l'authenticité de ce récit. Mais qu'importe à la simplicité populaire ? Elle croit bonnement à une bénédiction spéciale de la Mère de Dieu en faveur de Sarrance.

Les pèlerins de tout rang, de tout âge, y affluent et ils n'en repartent jamais qu'avec l'intention d'y revenir.

Ah ! laissons-leur et la légende et leurs pieuses émotions ; le seul droit qui reste à la philosophie, c'est d'examiner si de pareilles dévotions rendent le peuple plus mauvais ou meilleur. Or, sous ce point de vue, le pèlerinage de Sarrance affronte l'examen le plus rigoureux, comme on le verra clairement par les récits incontestables qui vont suivre.
Source : Livre "Origine de la dévotion de N-D. de Sarrance" par F. de Lassalle

En savoir plus :





Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire