Notre-Dame des Miracles (Orléans)

Notre-Dame des Miracles
(Orléans)

 

Plus favorisée que Notre-Dame du Mont, la chapelle de Notre-Dame des Miracles, dans l'église Saint-Paul, a toujours subsisté depuis onze siècles, avec son immense popularité, attirant à elle et les habitants d'Orléans et les pèlerins étrangers.

Fondée au septième siècle, dans un quartier qu'on appelait le bourg d'Avignon et qui était alors en dehors de la ville, à laquelle il ne fut réuni qu'au quatorzième siècle, elle devint au neuvième siècle l'objet d'une grande vénération, à la suite d'un fait miraculeux que raconte ainsi Vincent de Beauvais :

« Il y a près de la ville, dit cet historien, un bourg nommé Avignon, en latin Avenum, où les habitants ont construit une église en l'honneur de la très-heureuse Vierge Marie, lesquels, se voyant attaqués par les ennemis, pleuraient et se lamentaient ; mais confiants plutôt en l'aide de la Mère de Dieu qu'en leurs propres forces, ils se rassemblent avec leurs femmes et leurs enfants, et s'acheminent à l'église. Là, ils se prosternent devant l'image de la Vierge Marie, avec prières et soupirs ; ils la conjurent d'être leur libératrice. Les prières finies, ils emportent de cette église l'image de la Vierge, la posent sur la porte du bourg, afin qu'elle soit leur protectrice et la terreur des ennemis. Un des citoyens, étant à la garde de la porte, caché derrière l'image de la Vierge, lance des flèches sur les ennemis dont il tue plusieurs. Ce que l'un des ennemis voyant, il cria à l'arbalétrier, ainsi caché derrière l'image de la Vierge : « Tu ne saurais maintenant éviter la mort, ni cette image te défendre, si présentement quittant icelle, tu n'ouvres la porte de la ville. Ayant dit ces mots, il lance son dard. Chose admirable à dire, l'image de la Vierge, étendant son genou, reçoit la flèche et ainsi défend et protège son serviteur en péril. Lui, délivré miraculeusement de la mort par la Vierge Marie, pousse un cri de joie, puis darde sa flèche sur son adversaire et le tue. Le bruit de ce miracle se répand aussitôt parmi les ennemis. Ils reconnaissent et proclament hautement que la sainte Vierge Mère de Dieu défendait les habitants d'Avignon et combattait pour eux. Ils sont saisis de crainte, jettent leurs armes, demandent la paix qui leur est octroyée, se rendent dans l'église de Notre-Dame, où l'on avait replacé l'image de la sainte Vierge portant en son genou la flèche lancée sur le citoyen d'Avignon, et lui offrent plusieurs présents, promettant qu'à l'avenir ils ne feront aucun dommage aux habitants du bourg. »

« Jusqu'à ce jour, continue Vincent de Beauvais, qui écrivait son Speculum historale en 1244, l'image de la Vierge a toujours défendu les Orléanais. Elle est conservée dans la même chapelle, portant en son genou élevé la flèche lancée contre celui qui s'était réfugié sous sa protection. »

Magdunoir, religieux bénédictin, consigna l'événement miraculeux dans un ouvrage intitulé : Dignités et excellences de la très-sainte et sacrée Vierge Marie, qui fut conservé longtemps à la bibliothèque de Fleury sur Loire ; et Olivier Conrald, religieux cordelier du monastère de Meung-sur-Loire, le célébra, au seizième siècle, par un poème latin dans le goût de l'époque.

Mais il est un fait qui prouve mieux que les histoires et les poèmes le miracle dont nous parlons : c'est la dévotion constante et publique des Orléanais pour Notre-Dame des Miracles.

Les vieux cartulaires du dixième et du onzième siècle et les Comptes de la ville font foi de la piété de leur époque envers ce sanctuaire.

Depuis 1383, chaque année, à la requête des échevins, on faisait à Notre-Dame des Miracles huit processions dans lesquelles plus de cent hommes étaient employés à porter les corps saints et les reliques, en vue d'obtenir, par l'intercession de Marie, les bénédictions du ciel sur les biens de la terre.

Indépendamment de ces solennités annuelles à époques fixes, chaque fois qu'une guerre, un fléau, une calamité publique jetaient l'alarme ou l'affliction dans la cité, chaque fois que le besoin d'une grâce particulière se faisait sentir, c'était à Notre-Dame des Miracles que le clergé et le peuple avaient recours et venaient processionnellement offrir leurs prières.

Ce fut là qu'en 1409 et 1410, lorsque la lutte si terrible entre les Armagnacs et les Bourguignons tenait tout le pays dans l'alarme et paralysait toutes les relations, on vint plusieurs fois en procession solliciter la cessation de la guerre.

Ce fut là que le 8 mai 1429, quand les Anglais eurent levé le siège d'Orléans, dont ils avaient été sur le point de s'emparer, une procession générale, qui depuis se renouvela chaque année, jusqu'en 1792, vint remercier Marie de cette insigne victoire ; et Jeanne d'Arc elle-même, prenant part à la cérémonie, s'agenouilla pieusement, revêtue de son armure de guerre, devant l'autel de Notre-Dame.

Ce fut là qu'en 1449, lorsque Charles VII poursuivait les Anglais concentrés dans la Normandie, leur dernier refuge, le clergé et le peuple d'Orléans, sur l'invitation du roi, vinrent demander, en trois processions successives, le 1er août, le 12 octobre, le 6 décembre, l'heureuse issue de la guerre, et une quatrième fois encore, le 12 février 1450, ils renouvelèrent la même cérémonie.

Lorsqu'au mois d'avril suivant, Charles VII eut battu les Anglais à Formigny, les échevins, sur sa demande, vinrent de même remercier solennellement, en son nom, Notre-Dame des Miracles, au mois d'octobre 1450 ; et cette procession, comme celle du 8 mai, devint une solennité annuelle pour la ville d'Orléans.

Ces processions de chaque année se continuèrent jusqu'en 1560, avec une ferveur que ne diminua jamais leur fréquente répétition.

Mais, à cette époque, ces saints exercices furent interrompus par la haine violente des calvinistes, alors très-nombreux à Orléans.

Ces sectaires intolérants ne purent souffrir la piété des catholiques à l'endroit de la Mère de Dieu.

Emportés par une rage d'impiété, ils se ruèrent sur la ville ainsi que sur les paroisses circonvoisines, portèrent partout le ravage ; et, dans ce soulèvement irréligieux, le premier objet sur lequel s'abattit leur fureur, ce fut le sanctuaire de Notre-Dame des Miracles.

Ils enlevèrent la statue miraculeuse, la jetèrent dans les flammes, et veillèrent à ce qu'il ne restât d'elle qu'un monceau de cendres.

Mais la tempête passée et la paix rétablie, on remplaça la statue brûlée, qui était de bois noir, par une statue de pierre noircie ; l'antique dévotion refleurit, et les Orléanais revinrent prier encore à l'autel qui leur était si cher.

Ce sanctuaire qu'a ainsi consacré la vénération des âges, n'était, au septième siècle, qu'une chapelle isolée parmi plusieurs autres, également isolées, au centre du petit bourg d'Avignon.

Vers la fin du douzième siècle, on réunit ces modestes chapelles en une seule église, consacrée sous le vocable de saint Paul, mais sans ôter à Notre-Dame des Miracles son existence distincte, de telle sorte qu'elle avait son propre curé, qui exerçait la juridiction alternativement avec le curé de Saint-Paul, chacun sa semaine.

Cet état de choses dura jusqu'en 1750, époque a laquelle l'évêque d'Orléans voyant les conflits qui résultaient de ce mélange alternatif de juridictions, décida qu'il n'y aurait plus à l'avenir qu'un seul curé.

En 1297, Raoul, seigneur d'Orléans, fit restaurer ou reconstruire le sanctuaire de Notre-Dame des Miracles. Mais il ne reste plus rien aujourd'hui de l'œuvre du treizième siècle.

La chapelle actuelle, construite en hors d'œuvre dans l'église Saint-Paul et ayant son ouverture sur la basse nef méridionale, rappelle à l'extérieur le quinzième siècle par ses voûtes à ogives entre-croisées : les murs extérieurs, par leur ornementation et leurs fenêtres cintrées, accusent une époque plus récente. Le retable et l'autel en marbre blanc sont de style grec, et les murailles sont couvertes de peintures reproduisant plusieurs épisodes qui se rattachent à l'histoire de Notre-Dame des Miracles. Quant à la statue, qui est placée dans une niche éclairée par le haut, la tête de la Vierge, ainsi que celle de l'enfant Jésus, est seule sculptée sur le modèle de la statue primitive ; le reste est un bloc de pierre recouvert de deux riches manteaux.

En 1793, elle fut soustraite à la profanation par un pieux paroissien de Saint-Paul et rétablie presque aussitôt après la réouverture des églises.

En 1855, une procession générale des douze paroisses de la ville se rendit a ce sanctuaire si vénéré pour fêter la promulgation du dogme de l'Immaculée Conception ; et depuis quelques années, les exercices de l'archiconfrérie de Notre-Dame des Victoires, qui s'y font chaque dimanche, ont donné un nouvel élan à la piété pour ce béni sanctuaire.
Source : Livre "Notre-Dame de France ou Histoire du culte de la Sainte Vierge en ..., Volume 1" par André Jean Marie Hamon

En savoir plus :
http://interfaithmary.net/pages/Orleans.htm






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