Catéchisme
Dans la religion chrétienne, le catéchisme désigne l'exposé officiel des articles de la foi.
C'est un outil de base pour la catéchèse, qui est l'ensemble des actions destinées à éduquer des enfants, des jeunes et des adultes à la doctrine chrétienne.
La catéchèse est une des composantes de la mission évangélique du christianisme.
Historique
Les
mots catéchisme et catéchèse proviennent d'un verbe grec κατηχεĩν
(katékhein) littéralement faire résonner, qui signifie à la fois
« enseigner » et « informer ». Verbe que l'on trouve chez Saint Paul et
dans l'évangile de Luc.
Depuis la seconde génération chrétienne, la nécessité d'un enseignement s'est fait sentir pour approfondir la foi issue de la conversion initiale.
La Réforme protestante dès 1524, inventera le genre catéchisme qui accompagnera les confessions chrétiennes durant toute la période moderne.
Ainsi du Petit et grand catéchisme de Luther (1529) pour les luthériens et du Catéchisme de Heidelberg pour les réformés et plus tard ( 1538) du catéchisme de Calvin.
Il s'agit en fait d'un exposé de l'essentiel de la foi chrétienne où l'on retrouve la foi ( le credo), les sacrements, la morale et la prière du Notre Père.
Luther fit un diagnostic qui vaudra aussi pour les catholiques.
Les chrétiens du XVIe siècle vivent la foi, vont à la messe, ont une certaine pratique de morale chrétienne, font leurs prières, mais en fait ils ignorent ce qu'ils font, ils n'ont pas les mots pour rendre compte de la foi.
Ainsi, le catéchisme veut combler un déficit d'intelligence de la foi. Après une certaine méfiance, les catholiques vont reprendre l'idée de Luther et à leur tour produire des catéchismes surtout après le Concile de Trente ( 1546-1563) qui donnera obligation aux curés d'enseigner aux enfants dans leurs paroisses.
La notion de catéchisme a subi bien des évolutions jusqu'au XXe siècle.
Au XVIe siècle, il désignait un texte qui devait aider le prêtre dans l'annonce de l'Évangile, il devint progressivement l'objet même de la leçon de catéchisme.
Le but du catéchisme au XXe siècle étant d'apprendre le texte du catéchisme par question-réponse.
Par extension, le mot désigne :
- le livre qui contient l'enseignement, appelé manuel de catéchisme ou simplement catéchisme ;
- la
formation elle-même : on se rend au catéchisme ; ainsi, en France (sauf
en Alsace et en Moselle, où il y a un enseignement religieux à
l'école) :
- chez les catholiques, le catéchisme se fait à l'âge de l'école primaire et commence en CE1, soit à l'âge de sept ans ; en secondaire, il y a l'aumônerie ;
- chez les réformés, on parle d'école biblique à l'âge du primaire, et de catéchisme à l'âge du collège.
Les catéchismes réformés dans l'histoire (en France)
- 1542, Catéchisme de l'Église de Genève : le plus ancien catéchisme de l'Église réformée de France.
- 1563, Catéchisme de Heidelberg : catéchisme le plus répandu dans les églises réformés confessantes.
Les catéchismes catholiques dans l'histoire (en France)
À l'origine, le catéchisme était destiné à l'enseignement des enfants.
De nos jours dans l'Église catholique, le mot catéchisme est encore souvent associé à l'éducation religieuse des enfants, même si le terme est impropre, alors que catéchèse est le terme employé par les textes officiel de l'Église.
En toute rigueur, catéchisme désigne un résumé de la doctrine chrétienne, alors que la catéchèse désigne l'éducation de la foi que l'Église propose à tout âge.
Le mot catéchèse a un sens beaucoup plus global.
Le catéchisme donne une compréhension plus profonde des doctrines et mystères du christianisme.
En particulier, elle éclaire le fidèle sur le mystère trinitaire, la divinité et l'humanité du Christ, la présence réelle dans le Saint-Sacrement, le credo, les conciles, la doctrine sociale de l'Église, le plan de salut, l'amour de Dieu, la Rédemption, l'Assomption de Marie, la création du monde, la parole évangélique, la morale chrétienne, le pardon, etc.
- 1554, Catéchisme de Canisius : en latin, destiné aux étudiants ; version en allemand destinée au peuple et aux enfants.( aussi, 1552 petit catéchisme, 1556 grand catéchisme)
- 1566, Catéchisme romain dit aussi « du Concile de Trente », à destination du clergé en vue d'éduquer le peuple. La préface de Charles Borromée est un vrai traité de catéchèse.
- 1597, Catéchisme de Bellarmin, en latin ou abrégé de la doctrine chrétienne
- 1601, le même, traduit en français par saint François de Sales, le premier catéchisme en français
- 2e moitié du XVIIe siècle, catéchisme de Bossuet
- 1806, Catéchisme national français, dit impérial car rédigé sous le contrôle de Napoléon
- 1904, Acerbo nimis, encyclique de PIE X sur l'enseignement de la doctrine chrétienne.
- 1906, Catéchisme de saint Pie X, réalisé par l'autorité romaine et diffusé surtout en Italie et aussi dans l'ensemble de l'Église catholique en réponse à la crise moderniste.
- 1934, La Miche de Pain est un catéchisme illustré principalement destinée aux enfants (à partir de quatre ans). Il fut successivement édité par les éditions La Miche de Pain, puis par Téqui avant d'être repris par Elor. D'abord créé sous forme de fascicules périodiques en 1934, il fut, dès l'année suivante, disponible en reliure. La dernière édition date de décembre 2004 et se présente sous la forme de trois tomes (de 573 à 640 pages chacun) permettant un apprentissage progressif en au moins trois ans; cette édition a bénéficié de la qualité des dessins de l'illustratrice Joëlle d'Abbadie1.
- 1937, Première édition du catéchisme à l'usage des diocèses de France, sous forme questions-réponses, publié par les cardinaux et archevêques français.
- 1947, Catéchisme national modifié par l'épiscopat français, accompagné d'une édition pour simplifiée ( petit catéchisme illustré.)
- 1967, Fond obligatoire, ensemble des orientations catéchétiques pour les auteurs de manuels.
- 1981, corrigé en 1985 Pierres vivantes, un livre très illustré destiné à accompagner la catéchèse et à compléter les parcours catéchétiques.
- 1991, Catéchisme pour adultes des évêques de France
- 1992, Catéchisme de l'Église catholique, promulgué par le Vatican.
Parallèlement et avant la généralisation du français à toutes les couches de la population en France (deuxième moitié du XXe siècle), les diocèses utilisaient des catéchismes en langue vernaculaire pour rendre l'enseignement accessible à tous.
Autres utilisations du terme catéchisme
Dès la seconde moitié du XVIIIe siècle,
et notamment à partir de la Révolution française, de nombreux
catéchismes politiques (révolutionnaires, républicains, nationaux, puis
socialistes) ont été publiés dans toute l'Europe.
Ils reprennent souvent la forme catéchistique d’une suite de questions et de réponses, et présentent de manière succincte et populaire une doctrine politique.
De même, le terme catéchisme a été employé dans un sens dérivé par plusieurs philosophes athées et non chrétiens au XIXe siècle :
- Claude Henri de Rouvroy, comte de Saint-Simon (catéchisme des industriels)
- Auguste Comte (catéchisme positiviste, dans la phase dite religieuse du positivisme)
- Jean-Baptiste Say
Saint-Simon
et Auguste Comte sont à l'origine de mouvements considérés par l'Église
catholique comme des erreurs, voire de sectes, et plus généralement
comme relevant de l'athéisme moderne.
Ils ont été analysés par Henri Gouhier, Henri de Lubac et l'encyclique Fides et Ratio de Jean-Paul II du 14 septembre 1998.
L'Opus Dei a également son propre catéchisme, reprenant les points essentiels de la doctrine à l'usage de ses membres.
Catéchèse
Une définition de la catéchèse
La catéchèse est une des quatre formes essentielles de la parole au sein de la communauté chrétienne.
Les autres formes sont le kérygme (ou l’annonce brève du message chrétien), l’homélie (la prédication au cours de la liturgie) et la théologie (une explicitation documentée, rigoureuse et argumentée de la foi chrétienne).
Dans sa spécificité, la catéchèse au sein de l’Église désigne toute activité de parole sur la foi chrétienne et sur la manière de la vivre - qui est dialoguée, - inscrite dans un processus pédagogique réfléchi et balisé - ainsi que dans un dispositif institué et organisé - dans le but de permettre aux personnes (enfants, jeunes et adultes) ainsi qu’aux communautés de découvrir, de comprendre et de s’approprier librement, que ce soit de manière initiale ou approfondie, le message chrétien dans ce qu’il a de personnel sur le plan relationnel (la relation au Christ, à Dieu, aux autres), d’essentiel sur le plan de l’intelligence (le Credo) et d’organique sur le plan de la vie pratique (croire/vivre/célébrer - foi/espérance/charité) - et de contribuer ainsi à l’édification d’une communauté chrétienne vivante, rassemblée dans la foi pour en vivre, pour la célébrer, pour en témoigner et pour contribuer à l’édification d’une humanité fraternelle au nom de l’Évangile.
Explicitons les différents aspects de cette définition de la catéchèse.
1.
La catéchèse est une activité de parole. Elle est de l’ordre du
discours. Elle se distingue, en ce sens, de l’action ou de la
célébration, tout en restant étroitement articulée à ces deux
dimensions. L’objet de son discours est la foi (son contenu) ainsi que
la manière de la vivre personnellement et communautairement.
2.
La catéchèse est essentiellement dialoguée : elle s’inscrit dans un
espace d’échange, d’interactivité entre les partenaires. L’étymologie du
mot catéchèse (le verbe grec katechein signifie « faire résonner »,
« parler dans l’attende d’un écho, d’une réponse ») indique bien la
nature dialogale de la catéchèse. Le catéchiste est témoin de la foi ;
il l’enseigne et en rend témoignage devant les catéchisés. Mais c’est
toujours à l’intérieur d’un espace dialogal qui ouvre le jeu de la
conversation, suscite question et réponses par lesquelles les uns et les
autres peuvent aussi bien donner que recevoir.
3.
La catéchèse est un discours qui s’inscrit à l’intérieur d’une démarche
pédagogique réfléchie et balisée. L’activité catéchétique s’efforce, en
effet, de proposer des parcours avec des étapes distinctes, des
méthodes variées, des objectifs différenciés, des contenus qui se
construisent progressivement. Les catéchistes, en ce sens, doivent faire
montre de qualités pédagogiques dans la manière de construire et
d’animer un parcours catéchétique.
4.
Si la catéchèse est une pédagogie, elle est aussi forcément un
dispositif institué, avec ses lieux, ses moments, ses rythmes, ses
formes, son organisation, ses animateurs, ses responsables, ses
références, etc. Certes, il peut exister des catéchèses occasionnelles,
mais, ordinairement, la catéchèse requiert une organisation et une
programmation dans le cadre d’une pastorale catéchétique d’ensemble.
C’est dire que les communautés sont appelées à se doter d’un dispositif
varié, connu de tous, qui offre aux uns et aux autres, selon leurs
besoins et leurs souhaits, la possibilité d’avancer dans leur démarche
de foi.
5.
Les destinataires de la catéchèse sont non seulement tous les chrétiens
pris individuellement mais aussi les communautés chrétiennes comme
telles. La catéchèse ne s’adresse pas seulement aux enfants et
adolescents, mais aussi aux jeunes et aux adultes. C’est même la
catéchèse des adultes qui est la forme principale de la catéchèse, parce
que les adultes constituent les forces vives des communautés
chrétiennes et que toute catéchèse a pour but de conduire à une foi
adulte. Cette perspective ne diminue pas l’importance primordiale de la
catéchèse des enfants ; mais situe celle-ci dans une dynamique de
catéchèse permanente des communautés et de tous leurs membres.
6.
Les fonctions de la catéchèse sont diverses selon les personnes dans
leur rapport nouveau ou déjà prolongé à la foi. On peut distinguer trois
grandes fonctions de la catéchèse : l’éveil, l’initiation et
l’approfondissement. La catéchèse peut avoir une fonction d’éveil de la
foi ; elle est alors liée à la première annonce et à l’entrée dans la
foi. Cette fonction d’éveil n’est jamais achevée au sens où l’adhésion
de foi, selon les circonstances de la vie, est toujours à reprendre.
Deuxièmement, la catéchèse peut avoir une fonction d’initiation. Le
catéchuménat est le modèle par excellence de l’initiation chrétienne :
il consiste à accompagner, par étapes, des nouveaux croyants vers le
baptême et leur pleine insertion dans la communauté chrétienne. Mais,
plus généralement, l’initiation désigne aussi la catéchèse initiale de
personnes déjà baptisées (enfants, adolescents et jeunes) mais qui sont
toujours dans une démarche de découverte de la foi et de l’identité
chrétienne. Cette initiation ne se réduit pas à un simple enseignement ;
elle requiert des contacts avec une communauté, un bain dans
l’expérience chrétienne en ses divers aspects (vie fraternelle,
célébration, prière, engagement) et une réflexion sur cette expérience. À
partir de l’expérience, l’initiation ouvre ainsi au sens de la foi tout
en permettant aux catéchisés d’y adhérer librement, de construire leur
identité de croyants et leur sentiment d’appartenance à la tradition
chrétienne. Enfin, la catéchèse peut avoir une fonction
d’approfondissement. Cette catéchèse s’adresse à des personnes déjà
solidement ancrées dans la foi mais qui, au fil les circonstances
personnelles ou communautaires, ou face à des questions ou défis
nouveaux, souhaitent encore la revisiter et l’approfondir.
7.
Le but de la catéchèse est d’aider les personnes et les communautés à
comprendre la foi chrétienne, à la vivre et à se l’approprier de manière
personnelle. Cette foi chrétienne proposée par la catéchèse est d’abord
et avant tout une manière d’être et de se reconnaître en communion avec
la personne de Jésus-Christ, avec le Dieu dont il est le témoin et, par
là, avec les autres. La catéchèse, de ce point de vue, est
essentiellement l’offre d’une mise en relation. Pour ce faire, elle
ouvre à une intelligence articulée de ce mystère de communion en mettant
en relief ce qui fait l’essentiel du contenu de la foi : le Credo, à
cet égard, expression condensée de la foi et signe de reconnaissance des
chrétiens, tient une place privilégiée dans la catéchèse. Mais la
catéchèse ne se limite pas au déploiement du sens de la foi ; elle
indique aussi la manière organique de la mettre en pratique
(foi/espérance/charité) au sein de la communauté chrétienne qui croit,
vit et célèbre. Elle contribue ainsi à faire émerger, dans la cité des
hommes et pour eux, des communautés chrétiennes vivantes qui témoignent
de la grâce inouïe de Dieu manifestée en Jésus-Christ, de l’espérance
qu’elle autorise et de l’amour inconditionnel que les êtres humains sont
invités à vivre en son nom.
Catéchèse de l’Église catholique
« La crise moderniste dans le catholicisme au début du XXe siècle
représente en France, dont elle est l'épicentre, la confrontation très
vive entre les fruits de l'approche scientifique issue de la modernité
et la forme du savoir doctrinal dont l'Église catholique avait hérité.
Cette laïcisation scientifique de l'univers religieux a entraîné chez de nombreux intellectuels croyants un dilemme profond notamment à propos de l'interprétation de la Bible. » Christophe Boureux, docteur en théologie et en anthropologie religieuse, professeur à l'Institut catholique de Lille. » Introduction au cours Catholicisme et Modernité donné au CCEFR de Montreuil-sous-Bois (France)
Une crise de la dogmatique
Des tentatives innovantes ont été condamnées :
- le catéchisme progressif de Joseph Colomb (1947) qui part de l'Évangile pour aller vers la doctrine, initiative d'un sulpicien intégré dans le mouvement catéchétique d'après guerre, injustement condamné sur dénonciation sur la confusion entre progressif et progressiste dans une période où la chasse aux progressistes était ouverte4.
- le catéchisme hollandais (1967), à l'initiative de la conférence des évêques des Pays-Bas et s'enracinant dans le Concile Vatican II. Les éditions de 1967 comportent une petite annexe donnant le détail des débats.
- Jean Kamp, Le grand silence des prêtres et Credo sans foi, foi sans credo
Le catéchisme (CEC) de 1992 n'a pas résolu cette crise
Une crise de la transmission
Les
changements de langage qui ont marqué la pastorale d'après guerre
montent les difficultés à franchir le fossé entre la culture
contemporaine et les pratiques par lesquelles s'expriment la foi. Avec
une accélération ces dernières années, on est passé :
- de la leçon de catéchisme qui fut la règle pendant plusieurs siècles,
- à l'éducation religieuse dans un processus plus global,
- puis au retour de l'expression catéchèse autour des années 1950,
- tandis que le mouvement catéchétique d'après-guerre forgeait l'expression éducation de la foi,
- le mouvement kérygmatique des années 1960 centra ses efforts sur l'histoire du salut lue au travers de la Bible,
- les années 1970 virent l'arrivée de l'éducation aux valeurs et des études religieuses (avec 100 ans de retard du fait de la crise moderniste),
- au même moment, on tenta de compléter les leçons traditionnelles par diverses activités pastorales extérieures : retraites, sessions de prières (style Taizé),
- en Amérique du Nord se développa ce qu'on a appelé Campus Ministry, avec une large gamme d'activités allant des classes traditionnelles en salle alliées à de nombreuses activités d'engagement extérieur (un mouvement similaire, en France, avec de grandes différences culturelles fit apparaître de notables changement dans les aumôneries traditionnelles),
- en Espagne et en Amérique latine, l'expression pastoral tendit à être employée comme description numéro 1 de toute une gamme d'activités d'enseignements, et de célébrations de la foi, spécialement avec des jeunes,
- ces dernières années, les JMJ, sous l'influence des rassemblements charismatiques, s'appuient sur le goût des jeunes pour les grands rassemblements de foule, associant musique, discours et célébrations.
En savoir plus :
Catéchisme de l’Eglise catholique
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