Marie de l'incarnation ou Barbe Jeanne Avrillot

Bienheureuse Marie de l'incarnation
ou Barbe Jeanne Avrillot
  
Marie de l'incarnation


Barbe Jeanne Avrillot, épouse de Pierre Acarie, en religion Marie de l'Incarnation, née à Paris le 1er février 1566, décédée à Pontoise le 18 avril 1618. Mystique française, animatrice d'un cercle dévot, et introductrice en France des carmélites déchaussées.

Barbe Avrillot est issue de la haute bourgeoisie de finances, proche des Guises.

Elle épouse à seize ans en 1582 Pierre Acarie, maître des comptes et ardent ligueur, avec lequel elle aura six enfants, trois filles et trois fils.

Le couple Acarie participe à la Ligue. Pierre Acarie, surnommé le "laquais de la Ligue", est membre des Quarante et est mêlé à l'assassinat du président du Parlement Barnabé Brisson en 1591.

Il est banni temporairement de la capitale lorsqu'Henri IV prend la ville en 1594.

 

La grande épreuve de 1594

Les faits

Bientôt, outre les très dures ascèses qu’elle s’imposait et les douleurs provoquées par ses extases et ses stigmates, Barbe Acarie va devoir supporter l’abandon, la ruine et le rejet.

Nous sommes en 1594. Depuis le 1er août 1589, Henri de Navarre est devenu Henri IV, le roi de France.

La Ligue catholique le récuse. C’est la guerre civile.

Las ! Pierre Acarie finance l’activité militaire de la Ligue. Il est même l’un des seize dirigeants de la Ligue parisienne.

Pierre va être exilé : il se réfugiera chez les chartreux, à Bourgfontaine, près de Villers-Cotterets, non loin de Soissons. La situation matérielle de Barbe et de sa famille devient extrêmement précaire, et ses proches l’abandonnent...

Les créanciers se pressent pour réclamer leur dû : en effet, Pierre, pour financer la Ligue et aider de nombreux ecclésiastiques et religieux, avait contracté une douzaine d’emprunts : au total 30 000 écus. (soit environ 2 300 000 euros)

Conséquence : les huissiers saisissent tout ce qui peut-être vendu, y compris l’hôtel de la rue des Juifs, (l’habitation de la famille Acarie) et le reste du patrimoine...

Barbe met ses enfants à l’abri et, accompagnée d’Andrée Levoix, sa sainte servante, et d’un petit laquais, se réfugie chez une parente, Madame de Dieu-Verger, mère de Pierre de Bérulle.

Pierre Acarie pourra bientôt se retirer à Luzarches où Barbe pourra le visiter. C’est au retour d’une de ces visites que Barbe, en 1596,  toute perdue en Dieu, tombe de cheval et se casse le fémur en trois endroits. Au prix d’atroces souffrances, le fémur est à peu près remis en place, mais le lendemain, constatant que le travail était mal fait, le spécialiste recommence l’opération... en oubliant d’ajuster un petit os de la hanche, ce qui provoquera les nombreux déboîtements dont Barbe souffrira plus tard. Barbe restera alitée pendant quatre mois.

L’année suivante, Barbe glisse sur une marche et se casse à nouveau le fémur. On est en 1598. Le fémur se casse de nouveau, et Barbe rentrera à Paris sur un brancard: elle restera dès lors très handicapée et ne marchera plus qu’appuyée sur des béquilles, et en souffrant beaucoup. Heureusement Pierre Acarie pourra bientôt rejoindre sa femme. Mais n’ayant plus sa charge de conseiller (qui avait dû être vendue), la vie matérielle sera difficile.

Barbe Acarie se réfugie alors dans le mysticisme.

Elle anime un cercle de dévôts dans son hôtel particulier, situé rue des Juifs, dans le Marais.

On y croise son cousin, Pierre de Bérulle, le capucin Benoît de Canfield, le docteur en théologie André du Val, Michel de Marillac, Vincent de Paul, François de Sales, ou le cardinal François de Sourdis.

Ce cercle, sensible à la mystique flamande et rhénane comme aux influences religieuses espagnoles, est à l'origine du renouveau catholique de la Contre-Réforme en France.

Il illustre le rôle d'anciens ligueurs dans la construction d'un courant dévôt dans les premières années du XVIIe siècle.

Le carmel en France
Fortement impressionnée par la lecture des œuvres de Thérèse d'Avila, assistée par Bérulle, elle introduisit en 1604 l'Ordre du Carmel en France.

Barbe Acarie décide d’installer le Carmel en France.

Le 18 octobre 1604, le premier Carmel de France est fondé à Paris et dès le 15 janvier 1605, Madame Acarie fonde le Carmel de Pontoise.

Pontoise est alors en train de devenir, à travers ses multiples fondations religieuses (Carmélites, Jésuites en 1604, Ursulines en 1611, Bénédictines anglaises en 1658), l’une des villes phares de la Contre-Réforme. Le Carmel de Pontoise est, à l’époque, situé au 15 rue Marcel Rousier, dans la maison d’un particulier, où une plaque l’indique encore.
 
Après la mort de son mari, en 1614, elle-même entra au Carmel, sous le nom de Marie de l'Incarnation.

En décembre 1616, elle se retira au Carmel de Pontoise, fondé en 1605.

Elle s'y éteint en 1618.

A la demande de Michel de Marillac, un mausolée fut érigé dans l'église du Carmel. Le marbre fut offert par Marie de Médicis. La chambre où Madame Acarie rendit son dernier souffle fut transformée en oratoire dans les années 1630.

Dès 1622, son fils en religion Pierre Acarie, rassembla les documents nécessaires pour sa béatification, mais l'affaire traîna à Rome et ce n'est qu'à la fin du XVIIIe siècle qu'on la reprit. Elle fut béatifiée en 1791 par le pape Pie VI, et sa fête est fixée au 18 avril.

Sa fille, Marguerite Acarie (°1590- +1660), fut également religieuse carmélite à partir de 1605, sous le nom de Marguerite du Saint-Sacrement.

Les grâces extraordinaires

Les extases

C’est vers 1590 que Barbe Acarie commença à être ravie en extase : “La violence des ravissements lui procurait des douleurs très aigües et affaiblissaient son corps rendu presque débile.”

Il semble, en effet, que Dieu visitait Barbe d’une manière très douloureuse. Par ailleurs, Barbe craignait que toutes ces manifestations viennent du démon.

En conséquence :
– Barbe Acarie cache ses extases
– Sa santé s’altère. Son entourage s’affole, et les médecins s’appliquent à la saigner copieusement, elle déjà si faible...
– Barbe est épuisée, inquiète. Mais l’entourage comprend que c’est Dieu qui la visite.

Le Père André Duval témoigne :

“... Lorsqu’elle (Barbe) sentait qu’ils allaient se produire, (les ravissements) elle s’y soustrayait autant qu’il était en son pouvoir, chantant ; se promenant, fléchissant les genoux, jusqu’à ce que, n’étant plus maîtresse d’elle-même, elle était submergée par les flots montants de la présence divine. Lorsqu’elle sentait qu’elle serait surprise, elle se réfugiait promptement dans un endroit plus retiré et s’asseyait...”

Petite anecdote : Madame Acarie avait une servante, Andrée, qui était avec elle depuis son enfance. Barbe et Andrée étaient si proches sur le plan spirituel qu’elles avaient parfois des extases simultanées. 

 

Les stigmates

Barbe disait souvent : ”Dieu nous chérit plus lorsqu’il nous conduit par le chemin de la Croix que quand il nous laisse dans celui de la prospérité parce que celui de l’affliction est bien plus assuré que l’autre et que c’est celui que Notre Seigneur a consacré en sa personne.”

Les souffrances de Barbe ne cesseront de croître tout au long de sa vie.
Mais il semble que c’est à partir de 1593 que Barbe Acarie reçut les stigmates de la Passion de Jésus.

C’est après la mort de Barbe, en 1618, que le Père Coton, (supérieur des jésuites pour la France et confesseur de Henri IV) qui la connut pendant 15 ans, écrivit à Michel de Marillac : ”... elle avait les stigmates invisibles en son corps en cette manière qu’à certaines heures, et saignement (sic) les vendredis, samedis et jours de carême, elle sentait des extrêmes douleurs ès pieds, ès mains, au côté et en la tête, comme qui les aurait percés et l’aurait suspendue, secret que je n’ai dit ni révélé à personne jusqu’à maintenant...  Je voudrais bien savoir si aucun autre que moi ne vous a rien dit des stigmates. Si M. de Bérulle ne le sait, à peine aucun le saura.”

La Mère Magdelaine de Saint-Joseph affirme que le Père de Bérulle avait connaissance des stigmates de Barbe et qu’il avait même cru devoir en vérifier la réalité :

“Le Cardinal de Bérulle m’a dit qu’il était véritable que ladite sœur Marie de l’Incarnation (Barbe) avait aux mains, aux pieds et au côté les stigmates invisibles de Notre Seigneur et qu’il l’avait ainsi reconnu pour ce que ladite bienheureuse lui en avait parlé comme à celui qui gouvernait son intérieur. Il trouva à propos, pour la plus grande gloire de Dieu, d’en expérimenter la vérité, et qu’à cet effet il avait touché par plusieurs et diverses fois sur l’endroit des stigmates des mains de la bienheureuse et avait reconnu qu’elle ressentait des grandes douleurs par ces attouchements.”

Le Père André Duval précise : “Bien que durant sa vie... ceux qui la fréquentaient habituellement, même ses domestiques, n’en aient rien connu, cependant on en remarque des indices fort apparents dans les récits qu’ils ont fait d’elle après sa mort.

Ainsi pour les mains, ils certifient qu’elles les avait si affaiblies à certaines époques qu’elle n’eût pu porter la moindre chose sans la laisser tomber.

Il semblait quelquefois qu’elles fussent paralysées, car elle ne pouvait les porter à sa tête, ni même les mouvoir de façon naturelle ; et quelquefois elle ne pouvait faire le signe de la croix sur son front tant elles étaient faibles ou remplies de douleur...”

Et le Père André Duval de confirmer: “Nous concluons qu’en ces jours-là, Marie (Mme Acarie) était pour ainsi dire fixée à la croix du Christ, et qu’elle a subi, à sa manière, dans ses mains, dans ses pieds, dans son côté, dans sa tête, les douleurs du Christ.”

Ces jours-là, elle mangeait peu, et parlait très peu.

Curieusement selon le témoignage de la sœur converse qui s’occupait d’elle au carmel, Marguerite de Saint-Joseph, “ces maux-là s’en allaient comme ils étaient venus.”

Barbe Acarie semble avoir porté ces stigmates pendant vingt ans.

Source : http://nouvl.evangelisation.free.fr/leblanc_marie_acarie.htm

Barbe Jeanne Avrillot, épouse de Pierre Acarie, née à Paris le 1er février 1566, morte à Pontoise le 18 avril 1618.

Animatrice d'un cercle religieux, elle introduit en France l'ordre des Carmes déchaux.

Après la mort de son mari, elle entre au Carmel sous le nom de Marie de l'Incarnation.

Grande mystique, elle est la première stigmatisée française officiellement reconnue.

Béatifiée en 1791 par le pape Pie VI, elle est fêtée le 18 avril.

Biographie

Sa jeunesse

Barbe Avrillot est issue de la haute bourgeoisie de finances, proche des Guise.

Elle est née le 1er février 1566, fille de de Nicolas Avrillot, seigneur de Champlatreux (près de Luzarches), Maître des comptes de la Chambre de Paris, chevalier de la Reine de Navarre, et de Marie Lhuillier, d'une famille très ancienne.

Son père sera très tôt un ligueur convaincu.

Barbe a trois petits frères.

Enfant, elle est confiée à sa tante Isabelle Lhuillier, clarisse à Notre-Dame de Longchamp.

Chez ces religieuses, elle apprend à lire, à chanter et à prier.

Elle apprend également la vertu de force.

Dans ce couvent, à l'âge de 14 ans, les filles doivent choisir entre la vie religieuse et le mariage.

Or, en 1580, la peste et le choléra sévissent à Paris : Barbe choisit d'être religieuse à l'Hôtel-Dieu pour servir les pauvres malades.

Mais ses parents veulent la marier.

Ils la retirent donc de son couvent pour la ramener dans leur maison.

Cependant Barbe refuse cette vie ; elle refuse de porter des parures et des bijoux.

Pour la punir, sa mère la soumet aux rigueurs de l'hiver : elle aura un pied gelé et un os sera même atteint.

Le mariage

À l'âge de seize ans et demi, en 1582, ses parents la marient à Pierre Acarie (âgé de 22 ou 23 ans), maître des comptes (comme son beau-père Nicolas Avrillot) et futur ligueur.

Pierre Acarie est fils unique, vicomte de Villemor, seigneur de Montbrost et de Roncenay.

Ils auront six enfants, trois filles et trois fils.

Le couple s'installe, dans le Marais à Paris, rue des Juifs (devenue la rue Ferdinand-Duval).

Le bâtiment ancien n'existe plus, mais il était localisé au lieu de l’actuel numéro 11.

Les deux époux sont très amoureux l'un de l'autre.

Leurs premiers enfants arrivent très vite : Nicolas, le 22 mars 1584, Marie début juillet 1585, Pierre en mars 1587, puis Jean le 6 février 1589, Marguerite le 6 mars 1590 et Geneviève en février 1592.

Le salon des Acarie voit se réunir la jeunesse dorée de Paris ; la vie est mondaine, les fêtes nombreuses.

Barbe, ayant du temps libre, lit beaucoup. Ce sont des livres profanes, des écrivains amusants et des romans.

Mais un jour, son mari Pierre Acarie découvre les lectures de sa femme et remplace ses romans par de pieuses lectures.

Probablement vers 1587, elle lit la pensée suivante : « Trop est avare à qui Dieu ne suffit ».

Cette phrase la transforme complètement, et sa vie change radicalement.

Au service des autres

Pendant la dernière guerre de religion, en 1589, à l'issue la bataille de Senlis, qui fait plus de 1 200 morts, l'hôpital Saint-Gervais est rempli de blessés.

Barbe Acarie va tous les jours à l’hôpital avec sa belle-mère pour panser les blessés.

Durant le siège de Paris par Henri IV, qui dure de mai à septembre 1590, Barbe passe des journées entières à l'Hôtel-Dieu avec les blessés, elle se dévoue sans compter aux soins des blessés et des malades de la peste.

Toujours pendant ce siège, Barbe Acarie distribue aux affamés « le pain de sa propre bouche. Cela avec tant de dextérité que ni son mari, ni sa belle-mère ne s'en aperçoivent ».

Le couple Acarie participe à la Ligue.

Pierre Acarie est membre des Quarante et il est mêlé à l'assassinat du président du Parlement Barnabé Brisson en 1591.

Lorsqu'Henri IV prend la ville de Paris en 1594, Pierre est banni de la ville et il est contraint le 5 avril 1594 de s'enfermer chez les Chartreux de Bourgfontaine (près de Soissons).

Pierre ayant fait des emprunts pour financer la Ligue, voit tous les biens du couple confisqués et saisis par les créanciers.

Ruinée, sans ressources, Barbe doit trouver asile chez une cousine.

Son mari est même enlevé dans son monastère, et Barbe doit contracter un nouvel emprunt pour payer sa rançon.

Elle affronte de nombreuses épreuves et aux humiliations pour rétablir la situation de son époux, et en 1599, elle obtient du roi la grâce de son mari.

Son habileté à dénouer les affaires de son époux et à lui obtenir très rapidement la grâce du roi la laissera célèbre dans tout Paris.

Cependant, une grave chute de cheval lui occasionne diverses fractures (jambes, hanche) qui la laisseront handicapée à vie.

Par la suite, d'autres chutes et fractures seront très douloureuses et la laisseront définitivement infirme.

Elle continuera néanmoins de s'investir dans les actions sociales de proximité, notamment en faveur des prostituées.

Durant le très rude hiver de 1608, Barbe accueille dans son hôtel particulier, situé dans le Marais, un grand nombre de malheureux.

Transformation spirituelle

 

Sœur converse ursuline de la congrégation de Paris

Par https://wellcomeimages.org/indexplus/obf_images/af/87/e26807a3530e99cf9a8bd09e778c.jpgGallery: https://wellcomeimages.org/indexplus/image/L0069450.htmlWellcome Collection gallery (2018-04-03): https://wellcomecollection.org/works/pamftm8b CC-BY-4.0, CC BY 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=36263312

 

En 1590 elle éprouve ses premières manifestations mystiques.

Face à ses transports mystiques, les médecins prescrivent des saignées qui vont l'épuiser physiquement.

Elle décide de modifier sa tenue vestimentaire : elle se défait de ses bijoux, retire ses riches habits et décide de se vêtir simplement.

Barbe envisage de consacrer tout son temps à Dieu, mais elle est mariée.

Plusieurs religieux proches la renvoie à son devoir d'état : son époux et ses enfants.

À partir de 1593 elle commence à éprouver les douleurs des stigmates, sans que ceux-ci ne soient apparents.

Mme Acarie sera d'ailleurs la première Française à être officiellement reconnue par l’Église catholique comme portant les stigmates.

Barbe Acarie se consacre à la religion.

Elle anime un cercle spirituel dans son hôtel particulier (l'Hôtel Acarie qui lui a été restitué en 1598), situé rue des Juifs, dans le Marais.

Y participent notamment son cousin, Pierre de Bérulle, le capucin Benoît de Canfield, le docteur en théologie André du Val, Michel de Marillac, Saint Vincent de Paul, Saint François de Sales, et le cardinal François de Sourdis.

Ce cercle, sensible à la mystique flamande et rhénane comme aux influences religieuses espagnoles, participe au renouveau catholique de la Contre-Réforme en France.

Des grands noms de la société de l'époque, tel Marie de Médicis, la marquise de Maignelay ou la marquise de Bréauté, des personnes de la cour ou du clergé viendront également consulter Mme Acarie et lui demander conseils.

Elle intervient également, sous différentes formes, dans les réformes de différents monastères.

Elle aide également Madame de Sainte-Beuve à fonder, en France, l'ordre des Ursulines destinées à l'éducation des jeunes filles.

L'action de Barbe Acarie illustre le rôle d'anciens ligueurs dans la construction d'un courant dévot dans les premières années du XVIIe siècle.

Le Carmel

 L'appel du Carmel

 Sainte Thérèse d'Avila, sculpture polychrome en bois de Gregorio Fernández (1576-1636), maintenant exposée à le Musée Nacional de Escultura, à Valladolid (l'Espagne)


Elle est très impressionnée par la lecture des œuvres de Thérèse d'Avila, traduites par Jean de Brétigny et publiées en 1601.

Madame Acarie dira avoir eu, par deux fois (1601-1602) la vision de Thérèse d'Avila lui demandant d'introduire en France le Carmel réformé.

Avec Andrée Levoix (sa fidèle femme de chambre, qui sera la première carmélite française), elle rassemble des jeunes filles et des jeunes veuves avides de spiritualité dans une petite communauté qu'elle héberge dans un premier temps dans sa maison.

Puis, elle déplace ce noyau de communauté carmélitaine dans une modeste maison, rue Sainte-Geneviève.

Elle demande conseil, s'entoure de plusieurs hautes personnalités, et lance des démarches pour obtenir les autorisations nécessaires à la fondation d'un carmel déchaussé en France.

 

Première fondation

Le 3 novembre 1603, le pape Clément VII accorde la bulle d'institution permettant la création d'un carmel déchaussé en France.

Mais les carmes espagnoles refusent d'envoyer de leurs sœurs à Paris pour l'aider à fonder le premier couvent.

Mme Acarie envoie alors son cousin Pierre de Bérulle, accompagné de trois membres de sa petite communauté (installée rue Sainte-Geneviève), pour débloquer la situation en Espagne.

Ils partent avec une lettre de recommandation d'Henri IV qui soutient le projet.

Après bien des péripéties et des épreuves, le petit groupe revient en France avec six religieuses espagnoles, dont deux, Mère Anne de Jésus et Mère Anne de Saint-Barthélemy, qui ont été formées directement par Thérèse d'Avila.

La caravane arrive à Paris, en grande fête, le 15 octobre 1604, c'est la fondation du premier carmel déchaussé en France, le couvent des Carmélites au faubourg Saint-Jacques.

L'intervention de Barbe Acarie a été déterminante pour établir cette première fondation que d'autres avaient déjà tentée depuis 20 ans, sans succès.

Malgré les difficultés d'installations des nouvelles carmélites, deux mois plus tard, il faut ouvrir un nouveau couvent pour accueillir les postulantes.

Ce sera le carmel Saint-Joseph de Pontoise, ouvert le 15 janvier 1605. Les autres fondations suivent très vite :

  • Dijon, automne 1605,
  • Amiens, en 1606,
  • Tours, en 1608,
  • Rouen, en juin 1609.

À sa mort, en 1618, on compte 27 carmels en France.

 

Entrée au Carmel

Après la mort de son mari, le 17 novembre 1613, elle entre au Carmel d'Amiens, le 15 février 1614 comme sœur laie (ou sœur converse), sous le nom de Marie de l'Incarnation.

Très affaiblie, elle est régulièrement malade et souffre beaucoup.

Elle parle, enseigne et prodigue ses conseils aux novices, mais aussi aux carmélites et à la prieure.

En décembre 1616, elle se retire au carmel de Pontoise.

Elle y meurt le 18 avril 1618.

La rumeur se propage très rapidement, « Une multitude de peuple se trouva dehors et devant l'église ».

Cette phrase circulait dans l'assemblée : « La sainte est morte, la sainte est morte ».

Sa fille, Marguerite Acarie (1590–1660), devient également religieuse carmélite le 15 septembre 1605 au couvent de l'Incarnation de Paris, sous le nom de Marguerite du Saint-Sacrement.

Les deux autres filles de Barbe : Marie et Geneviève entrent également au couvent de l'Incarnation le 23 mars 1608.

 

Béatification

 

Statue et reliquaire, chapelle du carmel de Pontoise

Par BastienM — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=14878731

 

 

Elle est enterrée dans un des côtés du cloître du monastère de Pontoise et y demeure jusqu'en 1643.

La chambre où Madame Acarie rendit son dernier souffle fut transformée en oratoire dans les années 1630.

De nombreux miracles ont été rapportés sur son tombeau.

À la demande de Michel de Marillac, un mausolée est érigé dans l'église du Carmel. Le marbre fut offert par Marie de Médicis.

En 1792, pour éviter les destructions des révolutionnaires, son corps est confié à M. de Monthiers, qui le cache.

Il est rendu aux carmélites quand celles-ci purent retourner dans le carmel de Pontoise le 23 septembre 1822 (les reliques y sont toujours exposées).

Dès 1622, son fils Pierre Acarie, rassemble les documents nécessaires pour sa béatification.

Le fils ainé, Nicolas, grand vicaire de Rouen, fait ouvrir les enquêtes juridiques pour la béatification de sa mère, mais l'affaire, plusieurs fois interrompue et reprise traine en longueur.

Ce n'est qu'à la fin du XVIIIe siècle, sur les instances de Madame Louise de France, que le dossier est mené à terme.

Elle est béatifiée le 5 juin 1791 par le pape Pie VI dans la basilique Saint-Pierre. Le décret est publié le 24 août 1791.

Sa fête liturgique est fixée au 18 avril.

Dans l'Ordre du Carmel, sa fête est célébrée avec rang de mémoire facultative sauf en France où elle a rang de mémoire obligatoire.

 

Madame Acarie, en religion Marie de l'Incarnation.

Tableau du XVIIe siècle

 

Vitrail représentant le cardinal Bérulle et Mme Acarie lors de la fondation de la communauté du Carmel

(Paris, église Notre-Dame-des-Blancs-Manteaux)

Par GFreihalter — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=12665042

 

Église du Carmel de Pontoise,

lieu de la sépulture de la Bienheureuse

 Par Chris2007 — Travail personnel, CC BY 2.5, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=2196634

Entrée du convent de Pontoise

 

Œuvres de Madame Acarie

  • Écrits spirituels ; présentation par Bernard Sesé. Orbey : Arfuyen, 2004. (ISBN 2-84590-050-3).
  • Les Vrays exercices de la bienheureuse sœur Marie de l'Incarnation composez par elle-même. Paris : D. Moreau, 1623.
  • un grand nombre de lettres, dont très peu sont connues.
  • un traité sur « la vie intérieure », ouvrage perdu car Mme Acarie brûla elle-même l'ouvrage.

 

Notoriété

En 1791, l'année de sa béatification, une nouvelle biographie est publiée. Une autre biographie est publiée après la période révolutionnaire, en 1800.

En 1942, le carme Bruno de Jésus-Marie publie une biographie, La belle Acarie, avec un prisme psychologique important. Ecartant la théorie de l'hystérie, il réhabilite la dimension mystique de Barbe Acarie. Il défend à partir de son exemple la sanctification par le mariage, alors que la vie consacrée et la continence étaient jusque là mises au premier plan.

En 2018, la Mission aux commémorations nationales du Ministère de la Culture a inscrit l'anniversaire du 400e anniversaire de son décès au calendrier de ses commémorations. Dans ce cadre, un colloque a été organisé à l'Institut catholique de Paris les 12 et 13 avril.

Un documentaire intitulé « Madame Acarie », réalisé par Marlène et Xavier Goulard, a été réalisé à l'occasion des festivités du 400e anniversaire. Sa première diffusion a eu lieu dans le cadre de cette commémoration.

Également dans le cadre de ces festivités, le 15 avril, ont été exposés exceptionnellement des reliques de la bienheureuse Marie de l'Incarnation.

Source :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Barbe_Acarie

 

En savoir plus :
http://www.magnificat.ca/cal/fran/04-18.htm#incarn
http://missel.free.fr/Sanctoral/04/18.php
http://fr.wikipedia.org/wiki/Barbe_Acarie
http://www.madame-acarie.org/






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