Rome (Italie) Mère Elena Aiello
De
1940 à 1961, Notre-Seigneur Miséricordieux et la Mère de Dieu ont donné
de nombreux messages à une religieuse stigmatisée en Italie. Son nom
était Sœur Elena Aiello, de Consenzae.
Chaque
Vendredi saint et à certaines autres occasions, Sœur Elena a souffert
dans son corps sanglant, la passion de Notre Seigneur, de la même
manière que Theresa Neumann, le Padre Pio et d'autres “âmes victimes
réparatrices” choisies. Comme eux, elle a également porté les plaies du
Christ dans les mains, les pieds et le côté.
Un
rapport non signé et cité par Monseigneur Spadafora dans le livre qu’il
consacra à Elena Aiello contient un important message reçu par Sœur
Elena le 8 décembre 1957 :
«Il
est naturel que l’on demande la signification d’un tel phénomène :
pourquoi ce sang ? Ont-elles un langage ces manifestations peu
ordinaires ? La réponse est peut-être sur une simple feuille de papier
que j’ai entre les mains, légère comme un léger souffle de vent ; Son
contenu, cependant, semble assez grave : il a la chaleur et la teneur
d’une page de l’Apocalypse ; elle en renferme les pressants
avertissements, les terribles annonces ; une ample vision qui embrasse
toutes les nations, du regard profond qui remonte aux origines
lointaines et très hautes des événements humains. Voici les phrases les
plus saillantes :
« Les hommes offensent trop leur Dieu. Si je te faisais voir le nombre de péchés qui se commettent chaque jour, tu mourrais de douleur.
Les
temps sont graves. Le monde est complètement bouleversé parce qu’il est
devenu pire qu’au temps du déluge. Le matérialisme avance et continue
sa marche marquée par le sang et les luttes fratricides. Il y a des
signes évidents et dangereux pour la paix. Le châtiment passe sur le
monde comme l’ombre d’un nuage menaçant, pour montrer au hommes que la
justice de Dieu plane sur l’humanité et que la puissance de la Mère de
Dieu ralentit encore l’éclatement de l’orage. Tout est suspendu comme à
un fil : quand ce fil rompra, la Justice divine tombera sur le monde et
ce sera alors la grande purification. Toutes les nations seront punies
parce qu’innombrables sont les péchés qui, comme une marée d’immondices,
ont recouverts la terre. Les forces du mal sont prêtes à se déchaîner
dans chaque partie du monde, avec une terrible violence. Il s’ensuivra
une détresse inimaginable.
Cela fait bien longtemps que j’avertis les hommes, de plusieurs manières. Les Gouvernants des peuples, les avertissant des graves menaces qui pèsent sur eux ; mais ils ne veulent pas reconnaître que, pour éviter le châtiment, il est nécessaire de faire revenir la société à une vie vraiment chrétienne. Combien mon cœur est attristé de voir que les hommes ne pensent même plus à un retour vers Dieu ! Mais le temps est compté : le monde entier sera bouleversé. Beaucoup de sang sera versé : des justes, des innocents, de saints prêtres, et l’Église elle-même souffrira beaucoup. La haine arrivera à son comble.
Cela fait bien longtemps que j’avertis les hommes, de plusieurs manières. Les Gouvernants des peuples, les avertissant des graves menaces qui pèsent sur eux ; mais ils ne veulent pas reconnaître que, pour éviter le châtiment, il est nécessaire de faire revenir la société à une vie vraiment chrétienne. Combien mon cœur est attristé de voir que les hommes ne pensent même plus à un retour vers Dieu ! Mais le temps est compté : le monde entier sera bouleversé. Beaucoup de sang sera versé : des justes, des innocents, de saints prêtres, et l’Église elle-même souffrira beaucoup. La haine arrivera à son comble.
L’Italie sera humiliée, purifiée dans le sang, et devra souffrir beaucoup, parce que nombreux sont les péchés commis dans cette nation privilégiée, siège du Vicaire du Christ. Vous ne pouvez pas vous imaginer ce qui arrivera ! Une grande révolution aura lieu et les rues seront rougies de sang. Le Pape souffrira beaucoup et toute cette souffrance sera pour lui comme une agonie qui abrégera son pèlerinage sur la terre. Son successeur guidera la barque dans la tempête.
Mais la punition des impies ne tardera pas. Ce jour-là sera épouvantable, de la manière la plus terrible: la terre tremblera et secouera toute l’humanité. Les mauvais périront dans les plus terribles rigueurs de la justice de Dieu. Envoyez un message pour prévenir immédiatement, tant qu'il est possible, tous les hommes de la terre, afin qu’il retournent vers Dieu par la prière et la pénitence.»
Autres révélations :
«Satan
règne et triomphe sur la terre ! Vois combien d'âmes tombent en Enfer.
Vois comme les flammes sont hautes, et les âmes qui y entrent comme des
flocons de neige ressemblent à des braises transparentes! Combien
d'étincelles! Combien de cris de haine, et de désespoir! Combien de
douleur !
Vois
combien d'âmes sacerdotales! Regardes le signe de leur consécration
dans leurs mains diaphanes ! (Dans la paume de leurs mains, on voit le
signe de la croix, incandescent) Quelle torture, Ma fille, pour mon Cœur
maternel ! Grande est ma tristesse de voir que les hommes ne changent
pas! La justice du Père, exige réparation - sinon beaucoup seront perdus
!»
«Voyez
comment la Russie va brûler!» Devant mes yeux, se dresse un immense
champ recouvert de flammes et de fumée, les âmes y sont été immergées,
comme dans une mer de feu !»
«Et
ce feu», dit la Madonne», ne sera pas l'œuvre des hommes, mais allumé
par les anges (à l'époque du grand châtiment ou « nettoyage »qui viendra
sur la terre ). Par conséquent, je demande la prière, la pénitence et
le sacrifice, de sorte que je puisse agir en tant que médiatrice pour
mon fils afin de sauver les âmes» (7 avril 1950 : Vendredi saint).
«Je
veux que l’on sache que le châtiment est proche : un feu jamais vu
auparavant descendra sur la terre et une grande partie de l'humanité
sera détruite… Ceux qui resteront se trouveront sous la protection la
miséricorde de Dieu, pendant que tous ceux qui ne veulent pas se
repentir de leurs fautes périront dans une marée de feu ! ... La Russie
sera presque complètement brûlée. Certaines nations disparaîtront.
L’Italie sera en partie sauvée par le Pape» (11 avril 1952).
«Ils
sont devenus ingrats envers mon Sacré-Cœur et abusent de mes grâces et
ils ont transformé le monde en une scène de délits. Les innombrables
scandales portent les âmes à la ruine, spécialement celles des jeunes.
Ceux-ci se sont adonnés sans retenue aux plaisirs du monde qui sont
dégénérés et pervers.
Le
mauvais exemple des parents produit dans les familles scandales et
infidélités plutôt que la pratique de la vertu et de la prière. La
maison, source de foi et de sainteté, est devenue souillée et corrompue.
L’obstination des hommes ne change pas et ils vont de plus en plus loin
dans leurs péchés. Les châtiments et les afflictions qui Dieu envoie
pour les faire devenir raisonnables sont sévères mais les hommes sont
furieux comme des bêtes blessées et durcissent leurs cœurs contre la
grâce de Dieu.
Des
nuages incandescents et une tempête de feu passeront sur le monde et le
fléau sera le plus terrible de l'histoire des hommes. Il durera
soixante-dix heures. Les impies seront écrasés et éliminés. Beaucoup se
perdront parce qu'ils s'endurciront dans le péché ; c'est alors qu'on
verra le pouvoir de la lumière sur les ténèbres. Je me penche sur le
monde et Je freine la justice de Dieu ; sans cela ces choses se feraient
dès à présent. Vous devez prier et faire des sacrifices afin que les
hommes reviennent à Dieu et à Mon Cœur immaculé, médiateur entre Dieu et
les hommes ; ainsi au moins une partie du monde sera sauvé»
(vendredi Saint 16 avril 1954).
«Le
monde ne mérite plus le pardon mais feu, destruction et mort. Il faut
beaucoup de pénitence et de prière de la part des fidèles pour atténuer
le châtiment mérité qui est proche maintenant et n’est retardé que par
l’intervention de Ma chère Mère qui est aussi la Mère de tous les
hommes. Le châtiment qui purifiera du mal toute la terre est proche. La
Divine Justice crie vengeance pour les nombreuses offenses et tous les
maux qui recouvrent la terre. Plus rien ne sera toléré. Les hommes dans
leur obstination se sont endurcis dans leurs erreurs et, par conséquent,
ils ne se tournent plus vers leur Dieu.
Les
gens ne se soumettent plus à l’Église et méprisent les prêtres parce
que certains parmi eux sont motif de scandale. Écoute bien ce que je te
dis et annonce-le à tous. Mon Cœur est attristé par tant d’afflictions
qui menacent le monde. La Justice de notre Père céleste est gravement
offensée. Les hommes s’obstinent à vivre dans leurs péchés…» (16 avril 1954).
«Une
Propagande impie a répandu dans le monde d’innombrables erreurs,
suscitant même des persécutions, ruine et mort. Si les hommes ne cessent
pas d’offenser mon Fils, le temps est proche où la Justice du Père
enverra sur la terre le châtiment qu’il mérite et ce sera le plus grand
châtiment que l’humanité ait jamais connu. Quand apparaîtra dans le ciel
un signe extraordinaire, les hommes sauront que la punition du monde
est proche !» (7 janvier 1950).
«Le
monde s’est précipité dans une corruption inimaginable... Ceux qui
gouvernent sont devenus des vrais démons incarnés, et pendant qu'ils
parlent de paix, ils préparent les armes les plus mortelles... pour
détruire des peuples et des nations» (16 avril 1954).
«La
colère de Dieu est proche et le monde sera tourmenté par une grande
calamité, par des révolutions sanglantes, par de forts tremblements de
terre, par des famines, par des épidémies et par d’effroyables ouragans,
qui feront déborder les fleuves et les mers ! Le monde sera
complètement bouleversé par une nouvelle et terrible guerre. Les armes
les plus mortelles détruiront des peuples et des nations. Les dictateurs
de la terre, de vrais monstres infernaux, détruiront les Églises avec
les Ciboires Sacrés et élimineront des peuples et des nations et les
choses plus chères. Pendant cette bataille sacrilège, à cause de
l’impulsion féroce et de la résistance acharnée de beaucoup, tout ce qui
a été fait de la main de l'homme sera abattu.
Des
nuages avec des lueurs d’incendie paraîtront enfin dans le ciel et une
tempête de feu s'abattra sur le monde entier. Le terrible flagelle,
jamais vu dans l'histoire de l'humanité, durera soixante-dix heures. Les
impies seront pulvérisés et beaucoup seront perdus obstinés dans leur
péché. Alors on verra la puissance de la lumière sur la puissance des
ténèbres» (16 avril 1955).
«Les
temps sont graves. Le monde entier est dans la confusion, car il est
devenu pire qu'à l'époque du déluge! Tout est en suspens, comme un fil,
lorsque ce fil cassera, la justice de Dieu comme un coup de tonnerre
effectuera sa terrible purification»
Sœur Elena demandé, «Que va devenir de l'Italie ?»
«L'Italie,
Ma fille, sera humiliée, purifiée dans le sang, et elle souffrira
beaucoup, parce que nombreux sont les péchés de ce pays bien-aimé, siège
du Vicaire du Christ. Vous ne pouvez pas imaginer ce qui se passera !
En ces tristes jours, il y aura beaucoup d'angoisse et de pleurs. Il y
aura une grande révolution, et la rue sera rouge de sang» .
«Le
Pape souffrira beaucoup, et toute cette souffrance sera comme une
agonie, qui accomplie son pèlerinage terrestre. Son successeur guidera
le bateau dans la tempête» .
«Toutefois,
le châtiment de l'impie sera écourté. Ce jour-là sera le plus effrayant
qu'il y ait eu dans le monde! La terre tremblera, l'humanité sera
ébranlée !» (8 décembre 1958 : Fête de l'Immaculée Conception)
«Il
y aura un vrai et grand duel entre moi et Satan... Le Matérialisme
avance rapidement dans toutes les nations et continue sa marche marquée
de sang et de mort ! ... Si les hommes ne retournent pas à Dieu, une
grande guerre d'Est en Ouest viendra, une guerre de terreur et de mort,
et enfin le feu purificateur tombera du ciel comme des flocons de neige
sur tous les peuples et une grande partie de l'humanité sera détruite.
La
Russie marchera sur toutes les nations d'Europe, particulièrement sur
l'Italie, et élèvera son drapeau sur la coupole de Saint Pierre ! ... Je
manifesterai Ma prédilection pour l'Italie, qui sera préservée du feu ;
mais le ciel se couvrira de denses ténèbres et la terre sera ébranlée
par d'effroyables tremblements de terre qui ouvriront de profonds
abîmes, et des villes et provinces seront détruites ; et tous crieront
que c’est la fin du monde ! Même Rome sera punie selon la justice pour
ses nombreux et graves péchés, parce que le scandale est arrivé à son
comble. Les bons cependant qui souffriront et seront persécutés par la
justice et les âmes justes ne doivent pas craindre, parce qu'ils seront
séparés des impies et des pécheurs obstinés, et seront sauvés !» (1959).
«La
Russie envahira toutes les nations d'Europe, notamment l'Italie, et
posera son drapeau sur le Dôme de Saint-Pierre. l'Italie sera gravement
amoindri par une grande révolution, et Rome sera purifié dans le sang de
ses nombreux péchés, en particulier ceux de l'impureté ! Le troupeau
est sur le point d'être dispersés et le Pape devra beaucoup souffrir !»
(1959).
«La
Russie envahira toutes les nations d'Europe, notamment l'Italie, et
posera son drapeau sur le Dôme de Saint-Pierre. l'Italie sera gravement
amoindri par une grande révolution, et Rome sera purifié dans le sang de
ses nombreux péchés, en particulier ceux de l'impureté ! Le troupeau
est sur le point d'être dispersés et le Pape devra beaucoup souffrir !»
(1959).
«On
ne prête pas attention à mes avertissements maternels, et donc, le
monde sombre de plus en plus dans l'abîme de l'iniquité. Les Nations
seront ébranlées par de terribles catastrophes, provoquant la
destruction et la mort» .
«La
Russie, sous l'impulsion de Satan, cherchera à étendre sa domination au
monde entier et, par des révolutions sanglantes, propagera ses faux
enseignements dans toutes les nations, en particulier en Italie.
L'Église sera persécutée et le Pape et les prêtres ne souffriront
beaucoup.»
«Oh,
quelle horrible vision je vois ! Une grande révolution se déroule à
Rome ! Ils entrent au Vatican. Le Pape est tout seul, il prie. Ils
tiennent le Pape. Ils le prennent avec force. Ils le frappent jusqu'à le
faire tomber. Ils le lient. Oh mon Dieu ! Oh mon Dieu ! Ils lui donnent
des coups de pied. Quelle scène horrible ! Cela est terrible ! … Nôtre
Dame s'approche. Ces hommes mauvais tombent à terre comme des cadavres !
Notre Dame aide le Pape à se relever en le prenant pour le bras, Elle
le couvre avec Son manteau et il lui dit : – Ne crains pas !»
«Hampes
de drapeaux (battant le pavillon rouge sur la coupole de Saint-Pierre
et ailleurs), l'anéantissement et la séduction sont sortis des loges de
ces sinistres brutes. Ces athées crient jamais : nous ne voudrons que
Dieu règne sur nous; nous voulons que Satan soit notre maître !»
«Ma
fille, Rome ne sera pas sauvée, parce que les dirigeants italiens ont
abandonné la lumière divine. Seul un petit nombre de gens aiment
vraiment l'Église. Mais le jour n'est pas loin où tous les méchants
périront, sous les énormes coups de la Divine Justice.» (Vendredi Saint 1961).
Sa naissance et son enfance
Elena
Aiello naquit à Montalto Uffugo, province de Cosenza, le 10 avril 1895,
mercredi de la Semaine Sainte. Elle était la fille de Pasquale Aiello
et de Teresa Paglilla.
La
petite Elena vécut dans un milieu familial très chrétien et exemplaire.
Pasquale Aiello était considéré comme l’un des meilleures couturiers de
la région. Il était décrit comme un homme d'une honnêteté
exceptionnelle, exquise dans les modalités, apparaissait et était un
parfait gentilhomme, respectait et était respecté. Il mourut en 1905,
encore jeune, laissant à sa bonne épouse huit enfants : Emma, Ida,
Elena, Evangelina, Elisa, Riccardo, Giovannina et Francesco ; une autre
fille prénommée Maria Elena était morte, un an avant son père, âgée d’à
peine un an. Chacun, selon son âge, aidait aux travaux de la maison et
aux affaires des parents.
Elena
avait bien vite démontré une vive intelligence : âgé de quatre ans,
elle répondait déjà à un certain nombre de questions de catéchisme.
En
1901, alors qu’elle n’avait que six ans, elle fut envoyée chez les
Sœurs du Très Précieux Sang, pour y fréquenter l’école élémentaire et
continuer son instruction religieuse. A l’Institut des Sœurs, la petite,
après la prière, exprimait toujours le désir de vouloir assister à la
sainte Messe ; mais à l’Institut la Messe n'était pas célébrée chaque
matin, alors la petite Elena, lorsqu’elle le pouvait, allait dans
l'église voisine pour satisfaire son ardent désir.
Rentrée
à la maison, après l’école, elle aidait encore, sous la surveillance de
la sœur, à préparer le repas. Les sœurs de l’Institut, constatant son
progrès et avancement dans la connaissance du catéchisme, commencèrent ―
et cela pendant huit ans ― à la prendre avec elles, pour l'habituer à
enseigner à de plus petits la doctrine chrétienne. Ses temps libres elle
les consacrait aux autres travaux domestiques et aux immanquables
prières quotidiennes.
La “grippe espagnole”
La
Calabre, pendant la Première Guerre Mondiale, subit, comme et peut-être
plus les autres régions, des carences hygiéniques et sanitaires, ce qui
favorisa la propagation de la « grippe espagnole », laquelle sema sur
son passage, dans la région calabraise et dans tout le pays, désolation
et mort.
Elena,
en cette période, passait sa journée à assister les infirmes,
s'occupant même de la confection de caisses en bois pour enterrer
« chrétiennement » ― comme elle-même disait ― les malheureuses victimes
de l’épidémie.
Pendant
la période de l'épidémie, maître Pasquale permit même qu'Elena passa la
nuit à l’Institut avec les Sœurs, par crainte qu’elle puisse transmette
l’épidémie à toute la famille. Et les Sœurs commencèrent à la
considérer comme une des leurs, caressant l’idée de l'accueillir au plus
vite dans leur congrégation. Et le père, vu la décision et l'insistance
d'Elena, maintenant que la tempête de l'après-guerre était finie, lui
accorda la permission d’embrasser la vie religieuse. Et ce fut ainsi que
le 18 août 1920, Elena fit son entrée officielle chez les Sœur du très
Précieux Sang.
Mais
le séjour d’Elena à l’Institut des sœurs fut de courte durée. En effet,
un jour la Mère Générale, alors qu’elle descendait les escaliers,
aperçut Elena étendue par terre dans la laverie. Vite on la souleva et
on la mit au lit. On constata ensuite que l’épaule gauche était noire
jusqu’au cou. Le médecin fut appelé et celui-ci suggéra une intervention
chirurgicale. Mais on tarda à l’opérer, à cause d’une fièvre
persistante. Les sœurs décidèrent alors de faire intervenir le médecin
de la Communauté, en assumant toute responsabilité.
L’opération surréaliste
Le
25 mars 1921 (mardi saint), dans le dortoir même, attachée à une
chaise, Elena subit, sans anesthésie, pas même locale, l’ablation de la
chaire noircie, tenant dans ses mains, pour garder le courage, un
crucifix en bois et sur son front une image de la Vierge des Douleurs.
En
même temps que de la chair noircie, le médecin coupa aussi des nerfs,
ce qui eut pour résultat de paralyser l’épaule ainsi que la bouche qui
restait serrée. L'impression laissée sur la patiente fut terrible ;
pendant environ quarante jours elle fut tourmentée par des vomissements.
Mais
le temps de la prise d’habits approchait et Elena, au prix d’un grand
effort et la blessure encore ouverte, voulut se lever afin de suivre les
exercices spirituels, dans l'espoir de vêtir l’habit religieux.
Pour
corriger le défaut de l’épaule, elle réussi à se mettre un bustier qui
lui permettait de se redresser. Mais, vu sa condition physique
déplorable, le Père Directeur ne rien faire d’autre que de lui
conseiller de rentrer chez elle, au sein de sa famille, afin de se
soigner convenablement, avant de revenir dans la Communauté.
Pendant
cette période Elena nota dans son cahier avoir reçu deux fois, peu de
jours avant de quitter le monastère, de la part du Seigneur, une
invitation à la résignation, et d’accepter ce que Lui, Il avait disposé
pour elle, ainsi qu’une invitation à embrasser fermement la croix qu’Il
lui préparait.
Elena,
entre-temps, avait grandement dépérit, au point d’être méconnaissable.
Elle ne pouvait ni se laver, ni se coiffer : son bras gauche était
paralysé et sur son épaule il y avait une plaie qui bien vite commença à
se remplir de vermine. Le père, très préoccupé de l’état de sa fille,
la conduisit à Cosenza chez un spécialiste. Le professeur qui l'examina
dit alors à la jeune demoiselle :
« Je
ne peux rien faire, ma fille, parce que tu as été saccagée : le médical
qui t'a opérée... n'est pas un chirurgien ; il t’a coupé des nerfs... ;
seul un miracle pourra résoudre ton état de santé ; maintenant ta plaie
risque d’être atteinte par la gangrène ! »
Quelque
temps après, les médecins imposèrent à Elena une visite soignée et une
radiographie pour vérifier la cause des graves dérangements gastriques
qui continuaient à tourmenter la pauvre fille. Elle fut reconduite par
conséquent à l’Hôpital Civil de Cosenza, où un cancer à l'estomac fut
diagnostiqué.
Intervention de sainte Rita
Elena
adressa alors une fervente prière à sainte Rita ― la sainte des
impossibles ! ― lui demandant la guérison de cette nouvelle maladie qui
avait frappé son l'estomac. Pendant qu’elle priait, elle vit la statue
de la Sainte s’entourer d’une éblouissante lumière. Dans la nuit, la
Sainte lui apparut pour lui dire qu’elle aimerait que l’on institue son
culte pour raviver la foi des gens et demanda à Elena de commencer un
triduum en son honneur. Le lendemain, Elena revint à Montalto et
commença un triduum à sainte Rita. Celui-ci terminé, la vision se
renouvela : le triduum, disait la Sainte, devait être répété et qu’alors
elle serait guérie de son mal d’estomac. Pour ce qui était de l’épaule,
elle devait garde ce mal et souffrir pour réparer pour les péchés des
hommes.
En
effet, le 21 octobre 1921, Elena eut la grâce de la guérison complète
de sa tumeur gastrique. Evangelina, la sœur, couchée dans la chambre
contiguë, vit, pendant cette nuit-là, par la fente de la porte
entrouverte, s’échapper une lumière éclatante. Croyant qu’il s’agissait
d’un incendie, elle accourut aussitôt dans la chambre d’Elena. Elle
s’assit sur le bord du lit et remarqua que sa sœur qui paraissait
assoupie, s’était plutôt évanouie. Alors, affligée, elle appela les
autres membres de la famille, car elle craint aussi qu’elle ne soit
morte.
Lorsque
les autres membres de la famille entrèrent dans la chambre, Elena avait
complètement éveillée et en pleine santé. Elle leur raconta alors la
visite de sainte Rita, la guérison, les paroles de la vision ; ensuite,
elle leur demanda quelque chose à manger.
Premiers stigmates
Le
2 Mars 1923, premier vendredi du mois, se produisit, pour la première
fois, ce phénomène extraordinaire qui attirera sur Elena l'attention de
tant de gens, de régions même très lointaines, et qu'il se répétera tous
les ans, jusqu'à sa mort. Le matin, après la communion, une voix
interne lui annonçait à l'avance l’imminence d’un nouveau genre de
souffrance choisi pour elle par le Seigneur.
Vers
quinze heures, elle était au lit souffrant beaucoup à cause de la plaie
carcinomateuse de son épaule gauche ; le Seigneur, vêtu de blanc et
portant la couronne d'épines lui apparut. L’ayant invitée à participer à
ses souffrances, Elena répondit affirmativement ; alors le Seigneur
enleva de son Chef la couronne et la posa sur la tête d’Elena. À son
contacte, une abondante effusion de sang sortit. Le Seigneur lui indiqua
qu'Il avait besoin de cette souffrance pour convertir les pécheurs ;
pour beaucoup de péchés d'impureté, et qu’elle devait être victime pour
satisfaire la Divine Justice.
Une
certaine femme nommée Rosaria, domestique de la famille, après avoir
terminé son service s’apprêtait à partir ; ayant entendu des bruits
suspects qui venaient de la chambrette d'Elena, elle monta prudemment
pour se rendre compte de ce qui se passait. Surprise, à la vision de
tant de sang, elle partit de suite prévenir la famille, croyant qu'Elena
avait été tuée.
Dès
leur arrivée dans la chambre, et devant ce spectacle étonnant, ils
purent constaté la véracité des dires de la domestique. Ils appelèrent
alors les médecins et les prêtres du pays.
Le
docteur Adolfo Turano essaya des lavages, mais le sang continuait de
couler de la tête d’Elena. Après trois heures de saignements continus,
le phénomène s’arrêta de lui-même. Tous restèrent surpris, confondus,
impressionnés parce qu'ils ne savaient pas expliquer, d’aucune manière
ce qui s'était produit.
Le
deuxième vendredi de mars avant quinze heures on fit venir le docteur
Turano à la maison, ainsi que d’autres personnes, afin de constater si
le même phénomène allait se répéter. Et en effet, exactement à la même
heure le même phénomène se reproduisit. Alors, le Docteur chercha à
arrêter le sang avec un mouchoir, mais à ce contacte, la peau de la
partie blessée s’irritait au point de faire grossir et s’élargir les
pores, ce qui causait de grandes douleurs à Elena.
Une histoire de mouchoir
Le
troisième vendredi du même mois, une dame de San Benedetto Ullano (D.
Virginia Manes), mère du docteur Aristodemo Milano, fut envoyé par son
fils pour constater le fait et tremper un mouchoir dans le sang. La
femme, restée seule dans la petite cellule d'Elena, lui sécha le front
avec un mouchoir, qu’elle plia ensuite et conserva. Revenue à San
Bénedetto elle trouva inexplicablement le mouchoir complètement propre
et sans la moindre trace de sang. Le fils, après avoir écouté le récit
de sa maman se convertit et demanda à recevoir le baptême.
Dans
une vision, le Seigneur, répondant aux plaintes d'Elena pour tout ce
qu’on lui faisait subir à cause de la sueur de sang, lui expliqua que
c’était Lui que la faisait souffrir ; qu’elle devait être sa victime
pour le monde ; qu'elle ne devait pas s’affliger à cause du crucifix qui
lui avait été enlevé et que de toute manière elle l’avait toujours
présent en son cœur et que pour le confirmer Il lui donnerait les plaies
de sa Passion, qui seraient visibles aux yeux de tous.
La stigmatisation complète
En effet, lors du quatrième vendredi du mois de mars, Elena retrouva dans son corps ces mêmes plaies. Jésus lui dit alors :
« Toi
aussi, tu dois me ressembler, car tu dois être la victime pour tant de
pécheurs et satisfaire à la justice de mon Père pour qu'ils soient
sauvés ».
Vers cinq heures (dix-sept heures), Jésus lui dit :
« Ma
fille, regarde comme je souffre ! J'ai versé tout mon sang pour le
monde et maintenant il s’en va en ruine ; personne ne se rend compte des
perfidies dont il est recouvert. Considère l'acerbité de ma douleur
causée par un si grand nombre d’injures et de mépris que je reçois de
tant de provocateurs et de libertins... ».
Le
vendredi suivant, à toutes les autres plaies des mains et des pieds
s'ajouta la blessure du côté. Le jour du Corpus Domini la douleur aux
plaies se renouvela avec une nouvelle effusion de sang et, chose
remarquable, les plaies, à la fin de l’extase, se cicatrisaient
parfaitement.
Les
phénomènes cités ci-dessus, n’affectaient en rien l’extraordinaire
activité d’Elena, ni la normalité de sa vie religieuse, ni
l’accomplissement de ses fonctions de fondatrice et de supérieure d’une
nouvelle congrégation.
Les
souffrances du vendredi saint se produisaient habituellement avec
l'absolue exclusion de tout curieux : les portes de la maison restaient
complètement closes. Le matin du samedi saint sœur Elena était déjà,
comme d’habitude, à sa place de prière, de travail, de responsabilité,
comme si rien n’était arrivé.
Il
faut dire que ces phénomènes ne facilitèrent en rien ses rapports avec
les autorités ecclésiastiques, bien au contraire, ils furent parfois
source de chagrins et d’humiliations. Mais, les gens du peuple — et pas
seulement du peuple — venaient vers elle pour lui demander de l’aide
dans leurs tribulations et lui demander conseil avant des décisions
importantes.
La “sainte moniale”
Quand
quelqu’un demandait après « Sœur Elena Aiello », pour en demander
l’adresse, voyait sur le visage de l’interpellé comme une expression de
méconnaisse, comme quelqu’un qui entend un tel nom pour la première
fois. Par contre, quand on demandait où habitait la « sœur qui sue du
sang », s’entendait répondre bien vite : « Ah ! oui, vous cherchez la
sainte moniale ? » Alors, la réponse était immédiate et précise. Et les
années durant, jusqu’à sa mort, elle fut connu sous ce nom : “la sainte
moniale“.
Guérison annoncée…
Elena
annonça plusieurs fois qu’elle serait guérie de son mal d’épaule. Dans
une lettre datée du 10 mai 1924 et adressée à Monseigneur Mauro, elle
disait :
« Révérend
Père, hier vers quinze heures, Jésus m’est apparu et m’a dit : “Ma
chère fille, veux-tu guérir ou bien veux-tu souffrir ?” Alors j’ai
répondu : “Souffrant avec vous, mon Jésus, on peut tout souffrir”. Et
Jésus me dit encore : “Eh ! bien, je te guérirai, mais chaque vendredi,
je te ferai entrer dans les ténèbres ; tu me seras ainsi plus proche”.
Après m’avoir dit cela, Il disparu.
De
même au docteur Adolfo Turano appelé par la famille suite à
l’aggravation de l’état de l’infirme, Elena raconta que quelques jours
auparavant, lors d’une vision où elle vit saint Rita, celle-ci lui
annonçait sa guérison pour le 22 mai, dans le courant de l’après-midi.
Le Docteur, étant donné l’état de sa patiente, pensa qu’elle délirait, et en fit part de ses doutes à la famille réunie.
Le
22, alors qu'Elena avec grande force d'esprit, essayait, s’aidant d’un
miroir, d’enlever la vermine qui fourmillait dans la plaie de son épaule
gauche, le miracle se produisit. Voici la description qu’en fit Emma,
la sœur d’Elena :
« …
Quand j’ai entrepris d’extraire [la vermine de son épaule], j’ai
utilisé la même méthode qu’Elena : le cure-dents. J’écartais la peau qui
entourait les plaies profondes et je les faisais sauter avec le
cure-dents, mais plus j'en enlevais, plus il y en avait ! Ensuite je
vous déposais une poudre jaune que l’on m'avaient conseillée, mais sans
aucun résultat.
Elena
supportait avec résignation ce tourment, mais sa foi en sainte Rita
était incalculable. Elle avait la certitude de guérir ; mais tous
n’étaient pas prêts à le croire. Cela faisait déjà trois ans ! Dans la
nuit du 21 mai 1924, Elena rêva que sainte Rita lui disait qu’elle
serait guérie le lendemain à quinze 15 heures.
La guérison
En
ce mois de Marie-là, comme dans les précédents jours nous récitions le
Rosaire… Le Rosaire terminé, Elena commença à prier devant la statue
dont la porte qui la protégeait était ouverte. Aidée par moi, elle se
leva et s’approcha de la statue. Nous eûmes l'impression que la main
tendue de sainte Rita – celle qui tenait le crucifix – s'était écartée
pour rejoindre la main du côté blessé d'Elena et la lui soulever, et
qu'une vibration secouait la statue et sa protection. Elena, devant
notre étonnement et notre incrédulité, répétait : « Je suis guérie ! Je
suis guérie ! »… Lorsque je me suis penchée pour voir la plaie, elle
était fermée, ne restant plus qu’une simple cicatrice.
En
1926 les souffrances des vendredis du mois de mars et du vendredi saint
se répétèrent régulièrement. Le Seigneur, dans les visions, manifestait
clairement à Elena qu’Il voulait que l’Oeuvre soit commencée.
Fondation de l’Ordre
En
1928, âgée alors de 33 ans, elle fonda l’Ordre des Sœurs Minimes de la
Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ. A ce temps-là, même si tous
l’appelaient sœur, elle ne l’était pas encore canoniquement. Mère Elena
n’a pas connut les étapes canoniques qui aujourd'hui règlent le chemin
de la formation à la vie religieuse. Ce ne fut que 3 octobre 1949, alors
qu’elle comptait déjà 54 ans, qu’elle fit les vœux perpétuels, entre
les mains de Monseigneur Aniello Chaufour, Archevêque de Cosenza.
Le
premier travail fut celui de l’éducation des enfants du peuple. On en
recueillit une centaine, que l’on instruisit, éduqua à l’asile ou à
l’école de broderie et que l’on prépara pour la première Communion.
Dans
un premier temps, sœur Elena, aidée par sœur Gigia, ramassaient dans
les maisons les enfants et les jeunes filles, les rassemblaient dans
l’église de Notre-Dame de Lorette et les instruisaient des vérités
religieuses et les préparaient pour la Première Communion.
L’œuvre,
bénie par Dieu et encouragée par les autorités ecclésiastiques, fut
applaudie par toute la ville de Cosenza qui ne manqua pas de
l'encourager et de la soutenir avec la coopération de la charité
chrétienne. Un an plus tard, 24 enfants étaient déjà hébergés.
Visite de la “Petite” Thérèse
Ce
fut ainsi que, faisant confiance à la Providence, Elena fonda l’ordre
demandée par le Seigneur et, avec la plus grande tranquillité, elle
s’occupait, jour après jour à accomplir ses devoirs de religieuse et de
Supérieure, vis-à-vis des petits et de la communauté. Toute la vie
d'Elena fut une démonstration continue de cette foi ardente, de cette
tranquillité inaltérable de caractère, qui provenaient de l’abandon
complet à Dieu. Foi opérante et continuellement encrée sur la charité du
Christ. Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus montra parfois sa complaisance
envers la petite communauté qui lui était confiée. Elle se montra même
un jour, toute souriante, à toutes les petites qui travaillaient dans
l’atelier, tout en récitant des prières. Le tapage qui s’en suivi fit
accourir sœur Elena qui se trouvait alors à l’étage. Les fillettes
étaient toutes excitées parce qu’elles « avaient vu » la sainte
Carmélite. Remontant à l’étage, Elena reçut la grâce d’un sourire tendre
et céleste de la part de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus.
Subvenir aux besoins…
La
pauvreté de la maison et son délabrement n’était pas chose indifférente
à Elena ; mais là encore, une aide inattendue vint récompenser son
indéfectible confiance en la divine Miséricorde.
En
effet, le fondateur et directeur de la Caisse Rurale locale, mit à sa
disposition les vieux locaux de sa banque. Sœur Elena et sœur Gigia,
transférèrent alors leur l’Institut dans ces locaux, beaucoup plus
vastes, ce qui leur permit d’accueillir, par la même occasion, un plus
grand nombre d’orphelins et de sœurs.
Mais
ce qui est le plus frappant, c’est l’aide apportée à l’œuvre par les
petites gens, c’est-à-dire, les plus pauvres. Toutefois, il en fallait
d’avantage pour équilibrer et assurer un budget malgré tout insuffisant
pour couvrir les charges incompressibles et quotidiennes ; mais la
Providence veillait et, rien de ce qui était indispensable au besoins
quotidiens n’a jamais manqué.
Les billets de cinquante lires…
Le 11 septembre 1935, il n'y avait vraiment rien en cuisine pour le déjeuner…
Pendant
que sœur Angéla venait demander de l’argent à la Supérieure, un prêtre
entra dans la maison et demanda à célébrer la Messe, se rendant de suite
dans la sacristie. Sœur Elena qui n’avait pas le moindre sou, demanda à
sœur Angéla d’aller assister à la Messe, que le Seigneur, de quelque
façon que ce soit, pourvoirait à ce problème du moment.
La
prière fervente d’Elena, des sœurs et des orphelins fut vite exaucée
par le Seigneur : après l’élévation, un parfum exquis se répandit dans
toute la chapelle, comme si le bon Dieu voulait ainsi signaler
l’obtention de la grâce demandée.
Elena
récitait alors l’Office de la Vierge et dans son livret, entre deux
images pieuses ― celle de la Madone des Douleurs et celle de saint
Thérèse de l’Enfant-Jésus ―, elle trouva un billet de 50 lires. Or, elle
était sûre qu’elle ne l’y avait jamais placé elle-même, depuis qu’elle
s’en était servie le soir précédent.
La
Messe terminée, elle remis à sœur Angéla les 50 lires, pour les
dépenses de la journée. Puis, elle retourna dans la chapelle, avec les
sœurs et les enfants, pour remercier le Seigneur de les avoir exaucé et
de « refaire le même prodige le lendemain, afin de prouver qu’il ne
s’agissait aucunement d’un oubli, mais d’une vraie grâce accordée et,
que les 50 lires avaient été réellement envoyées par la Providence ».
Le
soir même, lorsque la Communauté se réuni pour les dernières prières,
le même parfum se répandit dans la chapelle. Les sœurs ― avec foi, mais
aussi quelque curieusité naturelle ― ouvrirent de nouveau le livret et
entre les deux images pieuses elles trouvèrent un autre billet de
cinquante lires, avec un petit message, écrit au crayon vert dans le
rond blanc : « 50+50=100 » et quelques lettres de l'alphabet grec.
Le
lendemain matin, Elena raconta l’épisode à son confesseur, le chanoine
Mazzuca, lequel voulut examiner le billet de cinquante lires, mais le
message de la veille avait disparu.
En
1934, à la veille de la fête de saint Joseph, on devait payer l’achat
d’un quintal d’huile. Sœur Elena ― qui n’avait pas la somme requise pour
cet achat ― rassembla ses orphelins autour de l’autel et, ensemble, ils
prièrent ce grand Saint, Chef de la Sainte Famille de Nazareth, de
venir à leur aide. Et, cette foi ― qui « ferait déplacer les montagnes» ―
fut exaucée.
En
effet, le soir même, un bienfaiteur se présenta à l’Institut et offrit à
Elena la somme exacte dont elle avait besoin pour s’acquitter de sa
dette.
Mais, ces faits sont courants au sein de cette « Maison demandée par le Seigneur ».
Un
jour ― cela se passa dans l’actuelle Maison Généralice, en 1937 ― Elena
se rendit compte qu’il manquait du pain et, mentalement elle adressa
une prière fervente au Seigneur : au même moment un garde municipal
frappa à la porte et remit gracieusement à l’Institut 36 kg de pain,
réquisitionné le matin même.
La reconnaissance officielle
En
janvier 1948, par un décret émanant du Secrétariat de la Sacrée
Congrégation pour les Religieux, l’Institut des Sœurs Minimes de la
Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ fut élevé au rang de Congrégation
de Droit Pontifical. L’Institut obtînt ainsi la reconnaissance
juridique, par un Décret Présidentiel du 8 juillet 1949.
Sœur Elena ouvrit ― à divers endroits, en Italie ― dix-huit maisons.
Pendant
plusieurs années les Sœurs eurent une Maison à Pentone (Catanzaro),
ouverte le 10 février 1952, avec asile enfantin et laboratoire de coupe,
couture et broderie.
Elles en eurent une autre ― pendant peu de temps ― à Pietrapaola, qu’elles quittèrent le 31 août 1953.
Partout,
aux activités spécifiques de la Congrégation (éducation des enfants),
les Sœurs, toujours unies à la Maison Généralice, œuvraient dans les
paroisses, enseignant le catéchisme, participant à l’action catholique
et favorisant la « Messe de l’enfant ».
La lettre à Benito Mussolini
La
renommée de sainteté de la « sainte moniale » était telle que le Préfet
Guido Palmardita parla de sœur Elena à Benito Mussolini, qui s'en
intéressa vivement et envoya même une aide sensible à la Maison de
Cosenza. Ceci est un précédent qui explique la perplexité créée chez le
Duce par la lettre que sœur Elena lui fit parvenir à la veille de la
Seconde Guerre Mondiale. Cette lettre fut publiée le 19 Mars 1956 par le
« Journal d'Italie ». « Cosenza, 23 Avril 1940.
« Au Chef du Gouvernement Benito Mussolini, Duce,
Je
viens à Vous au nom de Dieu pour vous dire ce que le Seigneur m'a
révélé et qu'il veut de vous. Je ne voulais pas écrire, mais hier, 22,
le Seigneur m'est apparu de nouveau en m'imposant de vous faire savoir
ce qui suit :
“Le
monde est en ruine à cause du grand nombre de péchés et
particulièrement ceux d’impureté qui sont arrivés à leur comble devant
la Justice de mon Père céleste.
Donc,
tu devras souffrir et être victime expiatrice pour le monde et
particulièrement pour l’Italie, où se trouve le siège de mon Vicaire.
Mon Règne est un règne de paix ; le monde, quant à lui, est en guerre.
Ceux
qui gouvernent les peuples sont obnubilés par l’acquisition de nouveaux
territoires ! Pauvres aveugles !... Ils ne savent pas que là où Dieu
est mise à l’écart il ne peut y avoir de conquête ! Dans leur cœur il
n’y a que méchanceté et ils ne font que m’outrager et me mépriser ! Ils
sont des démons de discorde, des destructeurs des peuples et cherchent à
renverser, dans ce terrible flagelle l’Italie, où Dieu se trouve au
milieu de tant d’âmes et où réside son Vicaire, le Pasteur Angélique.
La
France, très chère à mon Cœur, à cause de ses si nombreux péchés,
tombera vite en ruines et sera à son tour ravagée comme Jérusalem
ingrate. En Italie, parce que le siège de mon Vicaire s’y trouve, j’ai
envoyé Benito Mussolini, pour la sauver de l’abîme vers lequel elle se
précipitait, autrement, elle se trouverait dans les mêmes conditions que
la Russie. Au milieu de tant de dangers je l’ai toujours sauvé ;
maintenant il doit maintenir l’Italie hors de la guerre, parce que
l'Italie est civile et est le siège de mon Vicaire sur la terre. S’il
fait cela je lui accorderai des faveurs extraordinaires et je ferai que
toutes les autres Nations s’allient à lui. Il a par contre décidé de
déclarer la guerre, mais il faut qu’il sache que s’il ne l’empêche pas,
il sera puni par ma Justice !”.
Voilà
ce que m’a dit le Seigneur. Ne pensez surtout pas, ô Duce, que je
m’occupe de politique. Je ne suis qu’une pauvre sœur occupée à
l’éducation des petits abandonnés et qui prie beaucoup pour votre salut
et le salut de notre Patrie.
Je suis, avec une sincère estime,
Sœur Elena Aiello ».
Et le rappel…
La
lettre fut remise à la sœur du Duce, Edwige Mancin Mussolini, le 6 mai
1940 ; et elle-même la remit à Mussolini quelques jours plus tard.
Le 15 mai 1943, Mère Elena envoya à Edwige Mussolini la lettre suivante :
« Excellence,
Mon
long silence vous a peut-être fait penser que je vous avais oubliée,
alors que je pense à vous chaque jour dans mes pauvres prières, en
suivant toujours les douloureux événements de notre belle Italie.
Nous
nous trouvons hors de Cosenza, à cause des bombardements. La barbarie
ennemie a épanché sa haine, en lâchant des bombes sur la ville de
Cosenza, causant dévastation, douleur et morts parmi la population
civile.
Je
me trouvais au lit, prise de souffrances : trois bombes sont tombées
près de notre Institut, mais le Seigneur, par son infinie bonté et par
sa miséricorde, nous a sauvées.
Afin
de tenir les enfants éloignés du dangers de nouvelles incursions, nous
nous sommes réfugiés à Montalto Uffugo, mon pays natal, où nous ne
sommes certes pas à l’aise, mais nous offrons tout cela au Seigneur,
pour le salut de l’Italie.
La
raison de cette lettre et celle de me tourner une nouvelle fois vers
vous, comme au mois de mai 1940, lorsque lors ce que je vins à Rome,
présentée par la Baronne Ruggi, pour vous délivrer, dans un écrit, les
révélations que j’ai eues du Seigneur, en ce qui concerne le Duce.
Rappelez-vous,
quand le 6 mai de 1940 nous disions que le Duce avait prit la décision
de faire la guerre, alors que le Seigneur, par ma lettre, lui faisait
savoir qu’il devait sauver l’Italie de la guerre, autrement il subirait
les rigueurs de la divine Justice ?
“Au
milieu de tant de dangers ― disait Jésus ― je l’ai toujours sauvé ;
maintenant il doit maintenir l’Italie hors de la guerre, parce que
l'Italie est civile et est le siège de mon Vicaire sur la terre. S’il
fait cela je lui accorderai des faveurs extraordinaires et je ferai que
toutes les autres Nations s’allient à lui. Il a par contre décidé de
déclarer la guerre, mais il faut qu’il sache que s’il ne l’empêche pas,
il sera puni par ma Justice !”
Ah !...
si le Duce avait écouté les mots de Jésus, l'Italie ne se serait pas
trouvée maintenant dans une aussi triste situation ! ... Je pense que le
Duce doit être très attristé de voir l’Italie, un jardin fleuri,
transformée en désert, bondé de souffrances et de morts
Mais pourquoi continuer cette guerre terriblement cruelle, si Jésus a dit que personne n’aurait la vraie victoire ?
C’est
pourquoi, ma très chère Donna Edwige, je vous demande de dire en mon
nom au Duce que celui-ci est le dernier avertissement que le Seigneur
lui envoie. Il pourra encore se sauver s’il met tout entre les mains du
Saint-Père. S’il ne fait pas cela ― disait le Seigneur ― bientôt la
divine Justice tombera sur lui. Même les autres Chefs d’État qui
n'écouteront pas les avis et les directives de mon Vicaire seront
atteints et punis de ma Justice. Vous souvenez-vous, quand le 7 juillet
de l’année dernière vous me demandiez ce qu’il adviendrait au Duce. Et
je vous ai répondu que s’il ne se maintenait pas allié au Pape, il
finirait pire encore que Napoléon ? Maintenant je vous répète les mêmes
mots : Si le Duce ne sauve pas l'Italie en se remettant à ce que lui
conseillera et dira de faire le Saint-Père, bien vite il tombera. Même
Bruno demande le salut de l’Italie et celui de votre frère.
Le
Seigneur dit souvent que l'Italie sera sauvée par le Pape, victime
expiatrice de ce flagelle, et qu’il n’y aura pas d’autre voie pour la
paix et le salut des peuples en dehors de ce qui sera tracé par le
Saint-Père.
Chère
Donna Edwige, réfléchissez bien à tout ce qu’a dit le Seigneur et qui
s’est parfaitement réalisé. Qui a causé la ruine de l’Italie ? N’est-ce
pas le Duce qui n’a pas voulu écouter les paroles de Notre Seigneur
Jésus-Christ ?
Il pourra encore y remédier, en faisant ce que dit le Seigneur. Quant à moi, je continuerai de prier ».
Les visiteurs… vivants et morts
Les
personnes qui venaient voir Mère Elena, étaient de plus en plus
nombreuses et venaient de plus en plus loin. Elles venait cherchez
auprès d’elle un rayon de lumière à leurs angoisses, un soulagement à
leurs douleurs, une parole de foi à leur abattement apparemment sans
issu.
Elle
savait écouter silencieuse la manifestation des âmes en peine, et
savait à quel moment et comment leur parler. Elle ne cherchait point à
enfermer ou à noyer la peine dans l’oubli, mais plutôt à lui donner une
assise et à l'anoblir par la foi et par l'espérance. Le plus souvent on
recourait à sœur Elena alors que la mésaventure n’était encore qu’une
menace. Alors elle priait et promettait les prières de ses enfants,
disposant les esprits tourmentés à l’espérance ou à la résignation.
Voilà
pourquoi les bienfaiteurs se sentaient toujours des débiteurs envers
« 'la sainte moniale » : ils recevaient d’elle bien plus qu’ils ne
pourraient jamais lui offrir, ou offrir à l’Institut.
Combien
de familles confiaient à sœur Elena, comme s’il s’agissait d’un
paratonnerre, leurs souffrances et leurs problèmes ! Combien grande
était la confiance qu’ils déposaient en elle et dans la valeur
inestimable de ses humbles prières !
Il
n’était pas rare qu’elle parle des visites, des entretiens ou des
colloques qu’elle avait eus pendant la nuit, avec des défunts qui de
leur vivant avaient eu des rapports particuliers avec elle ou avec
l’Institut.
Ce
fut ainsi que, vingt jours après le décès d’une personne de sa
connaissance ― la mère du prêtre don Franco ― et qu’elle trouva assise
dans sa chambre, elle parla tranquillement pendant environ une vingtaine
de minutes.
Un
matin, très tôt, toute la Maison Mère fut réveillée par un grand bruit,
comme un grand coup qui aurait ouvert la porte de la chambre de sœur
Elena. Accourus en hâte, ils trouvèrent la mère très calme, comme
habituellement qui se mit à leur raconter la visite qu’elle venait de
recevoir :
Il
s’agissait de feu don Vincenzo Donnarumma, ex-directeur spirituel de la
Congrégation, qui était venu la remercier, ainsi que toute la
Communauté, pour les intenses prières adressées à Dieu pour le salut de
son âme.
La
pensée de la patrie céleste était continue chez sœur Elena qui parlait
souvent de sa propre mort. En 1961 aux habituelles souffrances physiques
vint s’ajouter une forte fièvre continue, que les médecins ne
réussirent pas à expliquer et à éliminer.
La mort
Le
12 juin 1961 Mère Elena fut transportée à l’Hôpital San Giovanni, à
Rome. Dans la nuit du 12 au 13 juin, les infirmières remarquèrent une
forte odeur parfumée dans la chambre où elle était internée. Alors on
lui dit : « Mère, demain c’est la fête de saint Antoine et, certainement
obtiendra-t-il votre guérison ». Avec une grande sérénité, la malade
répondit : « Demain, ni saint Antoine ni sainte Rita ni même la Madone
ne feront de miracle.
Dimanche,
18 juin, vers deux heures environ, le Curé assisté de don Franco
administra à sœur Elena l’Onction des infirmes, et ensemble récitèrent
les prières pour les moribonds. Vers 5 heures 30 don Franco célébra la
sainte Messe dans la Chapelle qui se trouvait presque face de la chambre
de la Mère. La sainte Messe terminée, sœur Elena cessa de souffrir. Il
était alors six heures dix-neuf du lundi 19 juin 1961.
Elle
avait alors soixante-six ans et sa mort surprit tout le monde. Le
dépouille mortelle fut affectueusement transféré dans la Chapelle, toute
ornée de fleurs blanches. Puis, le 21 juin le corps arriva à Cosenza.
La
nouvelle de la mort d’Elena s’était très vite répandue et la foule
nombreuse vint rendre un dernier hommage à celle qu’ils aimaient si
tendrement et la prier, car ils savaient bien que son intercession
trouvait toujours auprès du Seigneur une issue favorablement.
La mort
Le
12 juin 1961 Mère Elena fut transportée à l’Hôpital San Giovanni, à
Rome. Dans la nuit du 12 au 13 juin, les infirmières remarquèrent une
forte odeur parfumée dans la chambre où elle était internée. Alors on
lui dit : « Mère, demain c’est la fête de saint Antoine et, certainement
obtiendra-t-il votre guérison ». Avec une grande sérénité, la malade
répondit : « Demain, ni saint Antoine ni sainte Rita ni même la Madone
ne feront de miracle.
Dimanche,
18 juin, vers deux heures environ, le Curé assisté de don Franco
administra à sœur Elena l’Onction des infirmes, et ensemble récitèrent
les prières pour les moribonds. Vers 5 heures 30 don Franco célébra la
sainte Messe dans la Chapelle qui se trouvait presque face de la chambre
de la Mère. La sainte Messe terminée, sœur Elena cessa de souffrir. Il
était alors six heures dix-neuf du lundi 19 juin 1961.
Elle
avait alors soixante-six ans et sa mort surprit tout le monde. Le
dépouille mortelle fut affectueusement transféré dans la Chapelle, toute
ornée de fleurs blanches. Puis, le 21 juin le corps arriva à Cosenza.
La
nouvelle de la mort d’Elena s’était très vite répandue et la foule
nombreuse vint rendre un dernier hommage à celle qu’ils aimaient si
tendrement et la prier, car ils savaient bien que son intercession
trouvait toujours auprès du Seigneur une issue favorablement.
Ses traits de caractère
Le
père Bonaventura de Pavullo, pendant un temps Assistant Pontifical de
l’Institut, et connaissant donc très bien sœur Elena, parlait d’elle
comme d’une dame qui, malgré son degré d’instruction assez rudimentaire,
bénéficiait néanmoins d’une grande ouverture d’esprit, d’une intuition
pratique très vivante, un bon sens extraordinaire et une ferme volonté.
Elle s’exprimait ordinairement dans son dialecte calabrais, de Montalto
Uffugo, là où était née.
Elle
avait une grande retenue qui lui permettait de se régler et de
résister dans sa manière d’être, réprimant, lorsqu’il le fallait son
fier caractère et sa personnalité très marquée.
Elle
était absolument franche, simple et spontanée, vis-à-vis de tous –
petites gens ou personnes importantes – que ce soit dans sa manière
d’agir ou dans ses paroles. Il en allait de même avec les autorités
civiles ou religieuses, avec lesquelles elle avait souvent des
entretiens, mais jamais elle ne leur manqua de respect. Ce trait
provoquait l’admiration de tous, qui de leur côté avaient pour elle, non
seulement de l’estime, mais aussi du respect, et même de la vénération.
Son esprit de foi était très vivant. Elle parlait de Jésus et de la Madone comme s’il s’agissait de personnes de sa famille.
Elena
nourrissait une profonde dévotion envers la très Sainte Eucharistie,
envers la Passion de Jésus et il en était de même envers la Madone des
Douleurs, Médiatrice des hommes. Le Rosaire était toujours enroulé
autour de son poignet, pour être toujours à portée de main et, elle le
récitait lors de ses moments libres.
D’une conscience très délicate, elle n’était pas du tout aliénée par les scrupules ni par la piété mécanique ou formaliste.
Elle
aimait s’entretenir avec le Seigneur – comme sainte Thérèse, sa
Patronne – avec une grande confiance, pleine d'abandon et de spontanéité
enfantine. Elle sentait sa petitesse et sa nullité, mais ce n’est pas
pour autant qu’elle se sentit pusillanime ; parce que chez elle,
l’humilité était authentique. Et ceci explique la facilité avec laquelle
elle parlait de ses phénomènes mystiques, mais de préférence avec des
prêtres ou des personnes réservées et de confiance, uniquement, afin
qu’ainsi le Seigneur soit loué. Et elle le faisait avec beaucoup de
simplicité et de spontanéité naturelle.
Elle
ne pouvait pas supporter l’artifice et la duplicité : elle les
démasquait et les condamnait ouvertement, avec indignation.
Pareillement, elle se rebellait contre l’injustice et la dénonçait, d’où
qu’elle vienne, et particulièrement si elle causait des dommages aux
pauvres, ou aux faibles sans défense. Plusieurs fois elle sacrifia la
prudence (humaine) et les avantages civils, de manière à pouvoir hurler
au visage des profiteurs tout son dédain et de leur promettre les plus
sévères châtiments de Dieu. A cause de sa franchise et de sa courageuse
cohérence, elle se heurta quelquefois à des incompréhensions,
humiliations et même à des dommages matériels.
Le
péché seul lui inspirait peur et horreur : elle le chassait
impitoyablement partout, là où elle l’apercevait. Envers les pécheurs,
par contre, elle avait une compréhension toute maternelle et, pour les
sauver, elle ne s’épargnait aucune peine : ni larmes de sang ni martyre,
pas toujours mystique.
Les phénomènes surnaturels
et les études scientifiques
Les
phénomènes extraordinaires qui émaillaient la vie de Mère Elena, que ce
soit dans son corps ou dans les endroits où elle habitait, étaient très
nombreux et les plus variés.
Voici
le rapport rédigé par le docteur G. Battista Molezzi, le 23 novembre
1938, à la demande de l’archevêque, Monseigneur Roberto Nogara.
Les stigmates
« Sœur Elena et ses stigmates »
Je
dirai, au sujet de sœur Elena Aiello et de tout ce qui se passe chaque
vendredi de la Passion, que ce sont là des phénomènes extraordinaires et
surprenants. Ces phénomènes je les ai observés moi-même, que ce soit
chez elle à Montalto Uffugo et à Cosenza ou encore dans son Asile des
« Petites abandonnées ».
Je
ne m’hasarderai pas dans de vaines discussions ni dans des arguments,
ou tant soit peu se mêle la religion. Je me limiterai à décrire ce que
j’ai vu et qui m’a frappé d’étonnement et me procura une vive émotion,
quand j’ai vu, ledit vendredi de la Passion, se reproduire de manière
impressionnante les différents stigmates sanglants comme ensuite
j’expliquerai et le cadre vraiment tragique des souffrances qui
martyrisent ce pauvre corps.
J'omets
de parler des graves maladies dont Sœur Elena guérit sans utiliser les
remèdes proposés par la science, mais suite à des interventions
surnaturelles comme elle le raconte elle-même, et sur lesquelles je me
garde pour le moment de vous entretenir, en espérant pouvoir, un jour,
si le Seigneur m'en donne la force et l'aptitude, partager avec vous la
vie de la stigmatisée.
Beaucoup
de ces phénomènes furent étudiés par des scientifiques, parmi lesquels
les docteurs Fabrizio et Marteli, mais aucun ne parvint à fournir une
quelconque explication.
Il
faut avant tout tenir compte de l’existence même de sœur Elena,
laquelle ne s’alimentant que d’un frugal plat de pâtes et d’un peu
d’eau, supporte pourtant une vie de travail ininterrompu qui mettrait à
genoux toute autre personne bien constituée, et cela malgré les
souffrances physiques auxquelles son corps est soumis.
On
peut donc dire que sœur Elena vit un jeûne qui, n’étant pas aussi
extraordinaire que celui d’une autre stigmatisée, Thérèse Neumann, n’est
pas moins digne d’être signalé.
Tout disparaît après…
Mais
ce qui surprenant chez elle c’est l'apparition des stigmates sanglants
qui, chaque Vendredi de Passion — et exactement aux mêmes heures pendant
lesquelles Notre-Seigneur Jésus-Christ les souffrit sur la Croix —, se
manifestent autour du front avec l'apparition de nombreux points
sanglants, comme si produits par d'aiguës épines, et ensuite sur le
coûté, aux mains, aux pieds, et, phénomène plus spectaculaire encore,
ceux percés d’un côté à l’autre des mains et des pieds — ce qui a été
vérifié en y faisant pénétrer un fin morceau de bois —, comme si de
vrais clous les avaient perforées de part en part. Ces stigmates
saignaient beaucoup et, il fallait utiliser plusieurs morceaux de linge
pour en recueillir le sang.
Sœur
Elena reste alors dans un état somnolent interrompu toutefois par les
extases douloureuses, pendant lesquels elle reste les bras ouverts comme
sur une croix et, les yeux grands ouverts, épouvantés, comme s’ils
regardaient une effrayante vision lointaine. Lorsqu’elle se réveille,et
quand elle a reprit ses esprits, elle affirme avoir été la spectatrice
de la Passion de Notre-Seigneur et avoir participé à cette divine
tragédie.
Tous
ces phénomènes cessent dès que le Vendredi Saint est passé. Des
stigmates du côté, de ceux aux mains et aux pieds, il ne reste que des
marques épidermiques qui quelquefois deviennent roses et suintent, comme
j’ai pu le constater plusieurs fois. Ce qui est remarquable c’est que
Sœur Elena, d’un état de prostration profonde, voire de vraie adynamie
pendant laquelle plus d’une fois on a craint pour sa vie, au matin du
Samedi Saint, elle se lève de son lit joyeuse et pleine d’énergie, donne
des ordres, veille à tout et reprends sa vie de labeur et de
bienfaisance, comme si rien ne s’était passé dans son être.
Tout
ce que nous venons de décrire a été considéré par certains comme des
moments d’hystérie ou causés par un mauvais fonctionnement de son
système nerveux. Toujours les mêmes “spécialistes” et toujours les mêmes
“arguments” fallacieux. Ceci nous conduit à répéter une phrase qui nous
est chère, car elle dépeint avec force ces pseudo savants qui veulent
tout expliquer par la science et par les “connaissances” qu’ils pensent
détenir :
« Il
n’y a pas de pire sourd que celui qui ne veut pas entendre, comme il
n’y a pas de pire aveugle que celui qui ne veut pas voir ! »
Pourquoi ne pas se demander tout simplement : sommes-nous ou pas devant un phénomène extraordinaire ?
Il
va de soi que nous-mêmes, sommes incapables d’expliquer ― mais pour
nous, c’est normal, nous ne sommes pas des “spécialistes” ― cette
phénoménologie biologique et pathologique. La seule chose que nous
savons dire c’est que nous nous trouvons devant un mystère que la
science tente en vain d’expliquer.
Une
chose toutefois est certaine : en sortant de cette maison où l’on a
assisté à l’anéantissement de ce pauvre corps, on garde toujours présent
et l’on a devant les yeux ce corps inanimé, ruisselant de sang ― le
sang qui coule de son front, de ses tempes ― ; ce visage défait par les
spasmes et corps qui sursaute au moindre attouchement des plaies par des
visiteurs inconscients et par trop curieux.
Sous
le coup d’une pensée pour ce qui n’est pas connu et expliqué, l’homme
commun ou homme de science reste troublé et perplexe et sa conscience ne
cesse pas de se dire qu’une force inconnue et occulte se retranche
derrière le mystère. Alors, le doute et l’étonnement croissent dans le
secret d’une pensée : comment se peut-il que cette âme portée par le
vent de l’amour, puisse redonner force à son corps, continuellement
abreuvé par de multiples souffrance, si elle n’est pas soutenue par un
pouvoir Supérieur ?
Voilà
ce qu’en mon âme et conscience, et dans ma qualité de médecin, je peux
dire et affirmer en tout ce qui concerne la vie extraordinaire de Sœur
Elena Aielle ».
Questo
è quanto in mia fede e coscienza, ed anche nella mia qualità di medico
curante, mi è dato affermare su quanto interessa la vita straordinaria
di Suor Elena Aiello».
Rapport de Francesco Mazza
Le
25 mars 1957, le Père Francesco Mazza envoyait à l’Archevêque,
Monseigneur Calcara, un rapport détaillé « sur le phénomène de la sueur
de sang et sous le profil de la Face de Jésus » apparu sur un carré de
bois, « dans la chambre de Sœur Elena ». Nous chercherons à synthétiser
ici les parties principales de ce rapport.
Le
prêtre expliqua que depuis plusieurs années entre le lit de Sœur Elena
et le mur, contre lequel il était adossé, avaient été posés plusieurs
panneaux de bois pour protéger la malade non seulement du froid mais
aussi de l’humidité causée par une ancienne installation de robinetterie
d’eau courante de l’ancien locataire.
Sur
le panneau en face des coussins, pendant les phénomènes extraordinaires
et, plus particulièrement le vendredi de la Semaine Sainte, quelques
goûtes provenant du visage de la malade s’y était collées et avaient
ensuit séché.
Le
29 septembre 1955, vers minuit une lumière est apparue sur l’angle
gauche inférieur dudit panneau, attirant l’attention étonnée de Mère
Elena et de Sœur Luisa Perna, qui l’assistait. Et elles remarquèrent que
le sang coulait des anciennes goûtes desséchées et collées sur ledit
panneau. Sœur Elena posa ses doigts sur le panneau et les retira rougis
par le sang. Au matin elle trouva la couverture blanche de son lit
recouverte de sang, et il en était de même pour le traversin. Voilà
comment a commencé ce phénomène absolument inexplicable. On y apposa des
morceaux de coton et des mouchoirs, lesquels, une fois retirés,
laissaient apparaître des formes ou des figures déterminées : des croix,
des couronnes d’épines, des cœurs. Le sang continua de couler à
diverses occasions, au cours de divers mois, parfois de manière
abondante. Sœur Elena lavait quelques fois énergiquement, avec de l’eau,
la panneau où cela se produisait, mais le sang continuait de couler
pendant toute la journée.
Puis,
le contour d’un visage commença à se dessiner, net et précis, sur le
panneau. Le sang coulait alors plus particulièrement des yeux de
l’effigie qui rappelait une image de Jésus pendant sa Passion.
A
une certaine occasion (le 23 novembre 1956), quand le sang commença de
nouveau à couler du panneau, on a pu en récupérer assez pour pouvoir
l’examiner : il s’agissait bien de sang humain. Le phénomène, avec des
intermittences, continua de se produire au cours des années qui
suivirent, jusqu’à la mort de Sœur Elena.
Quelques considérations sur la phénoménologie mystique chez la Vénérable Sœur Elena Aiello
Le
docteur Paolo M. Marianeschi, médecin en chirurgie intéressé par
l’étude des phénomènes extraordinaires chez Sœur Elena Aiello, dans un
article publié sur “La Voix des filles de Mère Elena Aiello”, a écrit à
ce propos :
« Le
cas de sœur Elena Aiello intéresse le débat scientifique sous plusieurs
aspects : elle fut une extatique, stigmatisée et manifesta une
dramatique et sensationnelle exsudation de “sang” pendant toutes les
périodes de Carême, à partir du 2 mars 1923. […] Ici je m’arrêterai sur
un aspect factuel spécifique de la bienheureuse de Montalto Uffugo qui
me semble d’un grand intérêt scientifique qui, à mon avis, n’a pas
encore été clairement étudié quand à sa valeur sémiotique. Je veux
parler de la qualité biochimique de la “sécrétion hématique” qui tout à
coup apparaissait sur le visage de l’extatique calabraise et qu’aussi
subitement disparaissait, laissant la peau parfaitement sèche et lisse,
comme peuvent l’attester plusieurs médecins, l’Évêque de Cosenza
lui-même et des milliers de témoins.
L’examen
chimique de la sécrétion qui coulait sur le visage d’Elena ― un
tragique masque de douleur ―, démontra que celui-ci était constitué par
de l’hémoglobine et ne produit pas des éléments figurés (globules rouges
et blancs) du tissu sanguin. Ce qui, en termes biologiques, veut dire
qu’il ne s’agit pas d’hémathidrose mais plutôt de la fuite de la seule
substance rouge du sang sans les cellules qui le composent.
Ce
caractère, bien entendu, ne veut pas dire grand-chose à un profane,
mais, pour un médecin reste vraiment paradoxale et inexplicable : il
n’est, en effet, pas possible que la substance chimique de
l’hémoglobine, qui est déposée à l’intérieur même du globule rouge, se
retrouve sur la peau sans aucune trace de son containeur. Tout cela
apparaît encore plus étrange si l’on considère que les globules rouges
d’Aiello apparaîtront parfaitement normaux, c’est-à-dire qu’aucune trace
d’hémolyse (rupture du globule rouge) ne sera trouvée et que, de même,
aucune trace d’hémoglobinémie (hémoglobine libre dans le sang) n’y sera
trouvée.
Comme
le fit remarquer le Professeur Santoro dans un rapport envoyé à la
Sacrée Congrégation pour la Cause des Saints « dans la littérature
médicale il n’existe aucun cas d’hémoglobinémie », ce qui conduit à dire
que dans l’homme normal et pathologique un tel phénomène ne peut
arriver du point de vue histophysiologique et physiopathologique et que
par conséquent le cas singulier d’Aiello reste entièrement inexplicable.
Le
rapport biochimique diligenté par le Professeur Santoro est d’une
grande importance vis-à-vis des anciens débats qui soutenaient que la
sudation présentée par Jésus au Jardin des Oliviers et celles d’autres
mystiques était un phénomène explicable par le stress émotionnel et que,
au contraire, il pense que celui-ci soit un signe surnaturel non
explicable par la science.
Il
apparaît toutefois que tous ne sont pas d’accord et le phénomène n’est
plus repris dans les traités classiques de la Médecine Moderne, que dans
certains sujets, par l’action de bactéries chromogènes, par
l’augmentation de la perméabilité capillaire et cutanée (migration des
globules rouges à travers les pores qui s’ouvrent dans la paroi des
vaisseaux), dus aux inflammations et ou au stress émotif intense, une
sueur sanguine puisse se manifester ; mais si la physiopathologie
moderne permet d'admettre la possibilité que quelques globules rouges se
retrouvent sous la peau en même temps que la sueur, la même n’admet pas
que de la simple hémoglobine puisse se disperser hors des glandes
sudoripares sans qu'il y ait trace des cellules qui la contiennent et
sans que la molécule de l’Eme (Hémoglobine) se retrouve libre dans le
plasma comme elle se produit dans les phénomènes d'hémolyse
(destruction) des globules rouges.
Il
est évident que le paradoxe scientifique représenté dans une
« hémorragie » cutanée constituée par la seule hémoglobine sans hémolyse
documentée amène à la conclusion que, au moins dans le cas d’Aiello,
l’apparente sueur sanguine n’est absolument pas interprétable de manière
naturel.
Il
ressort, au contraire, qu’il s’agit de sang humain constitué de tous
ses composants et effusions hématiques qui, dans la nuit entre le 29 et
le 30 septembre 1955, s’est manifesté sur le panneau de bois qui se
trouvait à côté du lit de sœur Elena pour la protéger de l’humidité du
mur.
Le
sang coula pendant environ 15 jours (du 29 septembre au 13 octobre) et
ensuite le phénomène se répéta plusieurs fois jusqu'en 1956. Il fut
particulièrement visible le 3 mai 1956, solennité de la Sainte Croix, le
31 mai, fête du Corpus Domini, le 8 juin, Sacré-Cœur, et le 10 juillet,
fête du Très précieux Sang. Lors de cette dernière occasion, le panneau
fut lavée à l’eau par Aiello elle-même au moins sept fois, mais le sang
continua à glisser pendant toute la journée, en délinéant, de manière
très précise, les contours d'un visage, qui, à partir de cet instant,
restera imprimé jusqu'aujourd'hui sur cette plaque de bois.
Il
est inutile d’ajouter que même dans ce cas il n’existe aucune
explication naturelle qui puisse rendre rationnelle un tel ruissellement
spontané de sang humain sur un matériel tel qu’une planche en bois, une
fois exclue toute possibilité de manipulation ou tricherie, comme
l’affirma avec autorité l’assistant Pontifical, le Père Bonaventura da
Pavullo, qui au mois de novembre 1956 fut témoin oculaire et lui-même
préleva de la matière sanguine pour l’examen chimio-physique. En
conclusion la phénoménologie présentée par Aiello ou qui s’est produite
autour d’elle, n’a, non seulement pas d’explication, mais par la
complexité de l’événement ont se trouve dans l’impossibilité de
démontrer scientifiquement la cause naturelle, par laquelle, même en
considérant la grande valeur christologique de toute la phénoménologie,
les vertus chrétiennes exercées par la bienheureuse et les fruits de
conversion qui en sont sortis, il est raisonnable de penser que cette
phénoménologie représente, ajoutée à bien d’autres faits extraordinaires
de saignements qui se sont manifestés au cours du XXe siècle, sont un
appel indubitable à la Passion rédemptrice du Christ et un très fort
avertissement divin à une humanité au bord du gouffre que Dieu veut
sauver par tous les moyens et à tout prix ».
Source : http://voiemystique.free.fr/elena_aiello_extrait_1.htm#Naissance_et_premi%C3%A8res_ann%C3%A9es
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