Bienheureux Jean-Paul 1er
Jean-Paul Ier en 1978
Albino Luciani, né le 17 octobre 1912 à Canale d'Agordo, en Italie, et mort le 28 septembre 1978 au Vatican, est le 263e pape de l’Église catholique, élu le 26 août 1978 sous le nom de Jean-Paul Ier (en latin Ioannes Paulus I, en italien Giovanni Paolo I).
Son pontificat ne dure que 33 jours.
En Italie, il est surnommé il Papa del sorriso (« le Pape du sourire » ou « le Pape au sourire ») et il sorriso di Dio (« le sourire de Dieu »). Albino Luciani est à ce jour le dernier pape italien, ses trois successeurs respectifs étant de nationalités polonaise pour Jean-Paul II, allemande pour Benoît XVI et argentine pour François.
Alors qu’il est reconnu vénérable par l'Église catholique en 2017, il est proclamé bienheureux par le pape François le 4 septembre 2022 et est fêté le 26 août date de son élection au trône de Saint Pierre.
Jean-Paul Ier en 1978
Jeunesse
La maison où est né Jean-Paul Ier à Canale d'Agordo
Par Sibode1 — Fotocamera, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=7292528
Luciani naît dans une famille très modeste dans une région montagneuse de l'Italie du Nord — région qui donna six papes à l'Église catholique au XXe siècle.
Son père, Giovanni Luciani, fut travailleur saisonnier puis maçon, de tendance socialiste anticléricale. Sa mère, Bortola Tancon, était en revanche une fervente catholique qui travailla à la plonge à l'asile Saints-Jean-et-Paul de Venise.
Sa mère encourage la vocation précoce de son fils. Celui-ci entre au petit séminaire de Feltre, puis au grand séminaire de Belluno.
Brillant élève, il rejoint ensuite à Rome l'université pontificale grégorienne. Il y obtient un doctorat de théologie, intitulé « l'origine de l'âme dans la pensée de Rosmini ».
Il a deux frères et une sœur : Federico, mort à l'âge d'un an, Edoardo (1917-2008) qui épouse Antonietta Marinelli dont il aura neuf enfants, et Nina qui épouse Ettore Petri dont elle aura deux enfants.
Sacerdoce
Il est ordonné prêtre le 7 juillet 1935, et nommé vicaire dans sa ville natale.
Il enseigne à l'Institut technique minier, puis au grand séminaire de Belluno, dont il prend en charge la chaire de théologie dogmatique.
Il en devient vice-directeur en 1937.
Épiscopat
Mgr Luciani en 1958
Il est consacré évêque de Vittorio Veneto par Jean XXIII le 27 décembre 1958 (il est l'un des premiers évêques du pontificat de Jean XXIII).
En août 1962, il est confronté à un scandale immobilier dans son diocèse : deux prêtres spéculent avec l'aumône des paroissiens.
L'évêque refuse de les couvrir, rembourse toutes les victimes en vendant un bâtiment et des trésors ecclésiastiques.
Il participe au concile Vatican II.
Entre 1967 et 1969, il affronta le schisme de Montaner : presque tous les habitants de Montaner, un hameau de la commune de Sarmede, ont abjuré le catholicisme et embrassé la religion orthodoxe, en raison de sérieux désaccords avec Mgr Luciani.
Par contre, la communauté orthodoxe de Montaner rencontra quelques problèmes d'identité, parce que sa fondation fut causée plus par le désaccord avec Mgr Luciani que par une véritable identité orthodoxe.
Paul VI et Mgr Luciani à Venise
Le 15 décembre 1969, il devient patriarche de Venise. Trois ans plus tard, il prend la vice-présidence de la conférence épiscopale italienne.
En 1972, lors d'une visite à Venise, Paul VI remet au patriarche son étole papale (signe qu'il va bientôt l'élever au cardinalat).
Il est effectivement élevé à la pourpre cardinalice en mars 1973, par Paul VI.
Pontificat
Élection
Il est élu pape le 26 août 1978, dès le premier jour du scrutin.
Lorsque s’ouvre le conclave de 1978, destiné à élire le successeur de Paul VI, deux camps sont en présence : les conservateurs, menés par l’archevêque de Gênes, le cardinal Giuseppe Siri et les libéraux, représentés par l’archevêque de Florence, le cardinal Benelli.
Ces derniers reporteront ensuite leurs suffrages sur le cardinal Pignedoli.
Albino Luciani est élu au quatrième tour de scrutin, obtenant entre 99 et 107 voix sur 110 votants. Il n'était pas parmi les favoris, et semble avoir été choisi à l'issue d'un vote de compromis entre les différentes tendances. Il prononce les mots « tempestas magna est super me » (« une grande tempête est sur moi »).
Le « pape au sourire »
À l'âge de 65 ans, il prend le nom de règne de Jean-Paul Ier (Ioannes Paulus I), en hommage à ses deux prédécesseurs immédiats Jean XXIII et Paul VI, mais aussi par allusion à la basilique de San Zanipolo (« Saints-Jean-et-Paul »), où reposent un grand nombre de doges de Venise et où travaillait sa mère.
Ce choix est fait à la surprise générale : il faut remonter au Xe siècle pour trouver un pape « inaugurant » un nouveau nom de règne.
De plus, jamais un nom composé n'a encore été utilisé.
Le nom italien est Giovanni Paolo, sans trait d'union, et dans sa version française Jean Paul comme Jean-Paul ont été utilisés dans un premier temps par la presse, qui adopta ensuite l'usage français du trait d'union, comme l'a fait le site du Vatican sur les pages en français.
Les innovations introduites par le pape Luciani
On remarquera que dès son avènement, Jean-Paul Ier s’efforce d’humaniser la charge pontificale : en s'exprimant à la première personne, abandonnant ainsi le « nous de majesté ». De même il refusa de paraître sur la sedia gestatoria (il y est cependant contraint par son entourage, afin de pouvoir être vu par la foule) et refusant, le jour de son intronisation, de coiffer la tiare, à laquelle il préfère une simple mitre d’évêque et la remise du pallium.
Il fut le premier Pape à parler de lui-même en termes humains, et n'a pas hésité à parler de sa personnalité, l'humilité et la timidité de son caractère, rappelant publiquement le moment où, encore patriarche de Venise, le pape Paul VI avait placé sur ses épaules son étole, le rendant « rouge de honte », ainsi que la peur qu'il éprouva le jour de son élection.
Sa pensée et son style
Sur le plan doctrinal il reprend les positions prises par Paul VI dans l’encyclique Humanae Vitae et confirmant l’opposition de l’Église catholique à l’avortement et à la contraception.
Informé de suppositions d'actes répréhensibles à la Banque du Vatican, il demande à Jean-Marie Villot, le cardinal secrétaire d'État et chef de la curie papale, de mener une enquête de fond.
Il est immédiatement aimé des catholiques, touchés par sa simplicité, qui le surnomment « le pape au sourire ». Son bref règne ne lui permet cependant pas de mener à bout des actions de grande ampleur.
Très sensible à la question de la pauvreté, en particulier au Sud du globe, il mit l'accent sur l'opulence du monde. Sur la question sociale, il parle de l'importance de donner un « salaire équitable » aux travailleurs. Les quatre et uniques audiences générales de son pontificat ont dressé le sens de son message pastoral. La première consacrée à l'humilité, où le pape appela un enfant de chœur à comprendre le sens et l'importance de l'humilité. La seconde est dédiée à la foi, et en cette occasion spéciale, Jean-Paul Ier lit un poème de Trilussa. La troisième est consacrée à l'espérance, où le Pape parle en citant saint Thomas d'Aquin. Dans la quatrième et dernière audience, un jour avant sa mort, le Pape parle de la charité, il cite quelques passages de Populorum Progressio (l'encyclique de Paul VI). Au début de cette dernière audience, la foule l'acclame et lui souhaite longue vie.
Le 26 août 2016, un musée en son honneur est inauguré dans sa ville natale de Canale d'Agordo pour les 38 ans de son élection. À l'occasion de l'inauguration, la messe est célébrée par Pietro Parolin.
Mort
Jean-Paul Ier meurt dans la nuit du 28 septembre 1978 d'un infarctus. Son corps est retrouvé à 5 h du matin par la Sœur Vincenza Taffarel : assis sur son lit, la lampe de chevet allumée, il porte ses lunettes de lecture et tient quelques feuillets dans ses mains.
Inhumé le 4 octobre, Jean-Paul Ier repose dans la crypte de Saint-Pierre de Rome.
Sa tombe consiste en un sarcophage rectangulaire en marbre veiné de gris, flanqué de deux petites colonnes précédées de deux anges ailés (œuvres d'Andrea Bregno issues du tabernacle de la Sainte Lance).
Le conclave à l'issue duquel sera désigné son successeur s'ouvre le 14 octobre 1978.
Tombe de Jean-Paul Ier
Des rumeurs commencent à circuler dès l'annonce de sa mort, amplifiées par le fait que le corps du défunt pape ne sera jamais autopsié.
Ainsi, dans un ouvrage polémique (Au nom de Dieu, Bourgois, 1984), David Yallop prétend que le pape aurait été empoisonné sur ordre du cardinal Villot et de Mgr Paul Marcinkus. On aurait retrouvé dans ses papiers le texte de la destitution de Villot, qui n'attendait que sa signature. Ces rumeurs ne reposent sur aucun fait concret prouvé.
Une première libre évocation cinématographique de cette théorie est tournée en 1982, Meurtre au Vatican de Marcello Aliprandi, avec Terence Stamp dans le rôle du pape fictif « Jean-Clément Ier », empoisonné à peine quelques jours après son élection. Une version analogue apparaît également dans le film Le Parrain III, dont une partie du scénario lie également la mort du pape en 1978 au scandale de la Banque Ambrosiano.
Les services secrets, et des organisations criminelles comme la Loge P2 ou la mafia, sont également mis en cause par certaines rumeurs.
Béatification
Reconnaissance des vertus
Après sa mort, des fidèles catholiques ayant gardé un bon souvenir du pape défunt ont demandé par l'intermédiaire d'une pétition signée par des évêques brésiliens en 1990 l'ouverture de la cause de béatification d'Albino Luciani.
Le 23 novembre 2003, le procès en béatification est ouvert dans la cathédrale de Belluno. La procédure diocésaine est close le 10 novembre 2006. Le 27 juin 2008, la Congrégation pour les causes des saints publie le décret de validité du procès diocésain.
La bibliographie en forme de dossiers pour cette béatification a été livrée entre les mains du préfet de la Congrégation pour la Cause des Saints, Angelo Amato par Mgr Enrico dal Covolo le 17 octobre 2012, anniversaire de sa naissance, afin d'examiner la cause pour que Jean-Paul Ier soit ou non déclaré vénérable. Après une pause en avril 2015, sa béatification a été relancée en juillet 2016 par le cardinal Beniamino Stella.
Le pape François a reconnu le 9 novembre 2017 les vertus héroïques de Jean-Paul Ier, le déclarant ainsi vénérable.
Reconnaissance d'un miracle
Le 13 octobre 2021, le pape François reconnaît le caractère miraculeux de la guérison d'une fillette argentine de 11 ans en 2011 attribuée à l'intercession de Jean-Paul Ier, et signe le décret permettant sa béatification.
Il est solennellement déclaré bienheureux par le pape, le 4 septembre 2022, lors d'une messe célébrée sur la place Saint-Pierre au Vatican.
Pour pouvoir être canonisé, et entrer alors officiellement au catalogue des saints, il faudra alors qu'un deuxième miracle soit reconnu par l'intercession du bienheureux Jean-Paul Ier.
Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Paul_Ier
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