Abbaye Notre-Dame du bec
L’abbaye Notre-Dame du Bec
est une abbaye catholique bénédictine faisant aujourd'hui partie de la
congrégation de Sainte-Marie de Mont-Olivet et située au Bec-Hellouin,
près de Brionne, dans le département de l’Eure.
Elle a été fondée en 1034 par Herluin, chevalier du comte Gilbert de Brionne.
Avec
l’arrivée de l’Italien Lanfranc de Pavie, prieur et maître de l’école
monastique, puis d’Anselme de Cantorbéry, le Bec devient l’un des
principaux foyers de la vie intellectuelle du XIe siècle : le futur pape Alexandre II y étudie vers 1050 ainsi que nombre de futurs légats et évêques.
Depuis
près de 1 000 ans, l’abbaye du Bec est liée par l'histoire à la
cathédrale de Cantorbéry, à laquelle elle a donné trois archevêques.
Laissée
en ruines par la Révolution, l'abbaye est classée, à partir de 1840, au
titre des monuments historiques, et aujourd'hui gérée par le Centre des
monuments nationaux.
Elle
a retrouvé vie grâce aux moines bénédictins qui, depuis 1948, y
perpétuent à nouveau la vie monastique, sous l'égide, depuis son
élection en 1996, de dom Paul-Emmanuel Clénet, 49e abbé.
L'abbaye se compose aujourd’hui de la salle capitulaire, du cloître (XVIIe siècle) et des majestueux bâtiments conventuels (XVIIIe siècle). La grande église abbatiale (XIVe siècle)
ne possède plus que ses fondations (l’église actuelle se trouve dans
l’ancien réfectoire). L’ensemble est dominé par la puissante tour
Saint-Nicolas (XVe siècle).
Histoire de l'abbaye
Fondation
Contrairement à ce qui se faisait le plus souvent au XIe siècle,
l'origine de la fondation de l'abbaye du Bec n'est pas une dotation de
riches seigneurs normands, mais celle d'Herluin, simple chevalier sans
éducation, tardivement touché par la dévotion.
Propriétaire
de terres à Bonneville, sur le plateau à l'ouest de la vallée du Bec,
Herluin s'y retire et y bâtit un ermitage en 1034 avec l'accord du comte
Gilbert de Brionne, le seigneur local et son ancien maître.
Cette première donation se limite au patrimoine de son fondateur, et la charte mentionne : « Que
tous ceux qui font profession de la religion chrétienne sachent que
moi, Hellouin, fils d'Ansgot, en présence et de l'agrément et de l'aveu
de mes frères, Eudes et Roger, avec l'approbation de Gilbert, comte,
d'Albert et de Ranulphe, du consentement de Robert, comte, et de Robert,
archevêque, j'ai donné à Notre-Dame le tiers de Bonneville, y compris
les dépendances, Quevilly et Surcy, avec ce qui dépend de ces deux
domaines, la terre de Cernay avec ses attenances, biens qu'Ansgot, mon
père, a possédés pendant sa vie ; j'y ajoute la dot de ma mère qui, par
la volonté expresse de mon père, m'a été donnée en entier : en présence
des témoins Fulbert, prêtre, Vital Rainald et autres. »
Le
24 mars de l'année suivante, l'évêque de Lisieux le nomme abbé, à la
tête du monastère soumis à la règle de saint Benoît, et consacre la
chapelle dédiée à Notre-Dame.
Pendant
cinq ans, Herluin et ses compagnons cultivent et défrichent les terres
autour du monastère. Puis, vers 1039, ils doivent descendre dans la
vallée en raison du manque d'eau sur le plateau et s'installent à
Pont-Authou, à la confluence du Bec et de la Risle. Une seconde église
est consacrée le 23 février 1041 par l'archevêque de Rouen Mauger. Cent
trente-six moines font profession sous l'abbatiat d'Herluin.
Les
possessions s'étendent notamment par une part de la forêt de Brionne,
le Parc-du-Bec, grâce au soutien de Guy de Bourgogne, seigneur de
Brionne après l'assassinat du comte Gilbert, et l'abbaye de
Saint-Évroult, apportée par Guillaume Giroie dans laquelle Herluin
restaure la vie religieuse.
L'école du Bec
Lanfranc du Bec avec,
à ses pieds, son adversaire Béranger de Tours
Le
rayonnement du monastère commence à se faire sentir avec la création de
l'école du Bec, en 1045, par Lanfranc de Pavie arrivé en 1039 dans la
communauté, et qui devient prieur de l'abbaye.
Elle est, comme d'autres monastères bénédictins au XIe siècle, ouverte non seulement aux oblats mais aussi aux fils d'aristocrates, destinés ou non à une carrière ecclésiastique.
Selon Guillaume de Malmesbury, cette école publique permet à la communauté de récolter de larges fonds financiers.
Les
qualités d'enseignement du prieur, déjà exercées à Avranches, font
venir des élèves de toute la Normandie, fils de barons et de riches
laïcs.
Ils étaient une centaine à suivre ensemble les cours de Lanfranc. Passeront par ce « centre intellectuel le plus considérable de la Normandie et même de la France »,
de nombreux intellectuels, comme Anselme de Laon, plusieurs évêques
dont Yves de Chartres et le futur pape Alexandre II, et Anselme d'Aoste,
qui succèdera à son maître Lanfranc à la tête de l'école puis au siège
de Cantorbéry.
Face
au nombre grandissant de moines s'y présentant, la nouvelle abbaye se
révèle insuffisante en plus d'être humide et malsaine.
Sous
l'impulsion de Lanfranc, devenu proche conseiller du duc Guillaume de
Normandie sans abandonner la communauté d'Herluin, une translation et
une extension sont envisagées.
Financés par les dons des seigneurs normands dont les enfants fréquentent l'école, les travaux débutent en 1060.
En trois ans, les bâtiments claustraux sont achevés, mais les moines ne quittent Pont-Authou qu'à l'automne 1073.
Anselme,
arrivé comme élève en 1059, devient prieur et écolâtre du Bec quand son
maître Lanfranc est appelé par Guillaume le Conquérant à la tête de
l'abbaye Saint-Étienne de Caen en 1063.
Après
que Lanfranc soit nommé par le duc, archevêque de Cantorbéry en 1070,
l'élève et le maître, tous deux italiens, poursuivent à distance une
relation épistolaire faite de respect mutuel.
Le
primat d'Angleterre vient consacrer le 23 octobre 1077 la nouvelle
église qu'il avait contribué à faire édifier, en présence des évêques de
Bayeux, Évreux, Lisieux, Sées et Le Mans, et de nombre de seigneurs
normands, français et anglais. Herluin meurt en 1078, et Anselme lui
succède comme abbé du Bec, avant d'être appelé en 1093 à succéder à
Lanfranc à Cantorbéry.
Anselme de Cantorbéry
Sous la direction de Lanfranc puis d'Anselme, l'enseignement du trivium et du quadrivium à l'école du Bec a gagné une réputation de qualité « exceptionnelle », qui a fait venir pendant un demi siècle, des élèves « de France, de Gascogne, de Bretagne, de Flandres, d'Allemagne et de Rome même ».
Si
le sanctuaire normand possède aussi des chaires de théologie,
d'écriture sainte et de droit canonique et civil, il se différencie des
autres communautés scolaires de cette époque par l'importance donnée par
ses deux premiers écolâtres à la littérature, la mettant presque autant
à l'honneur que la discipline monastique. Et lorsque Baudri de
Bourgueil visite l'abbaye, il loue « l'esprit religieux dans toute sa plénitude, sans mensonge, sans flatterie, sans défaillance ». Un « esprit de douceur et de bénignité » vanté également par l'abbé Porrée dans son Histoire de l'abbaye du Bec,
et que Bernard Gicquel attribue aux trois fondateurs de l'abbaye —
Herluin, Lanfranc, et Anselme — ayant respectivement apporté la « piété », la « science » et la « mansuétude ».
À
l'enseignement de la scolastique, s'ajoute la participation de l'abbaye
aux controverses théologiques de son temps, telle celle sur la nature
de l'eucharistie pour laquelle Lanfranc défend contre Bérenger de Tours
sur le principe d'une présence substantielle et non seulement
spirituelle du corps et du sang du Christ dans l'hostie et le vin, ou
encore la dénonciation du nominalisme de Roscelin de Compiègne par
Anselme.
Autre trace de cette activité intellectuelle, l'écriture très probable dans cette enceinte vers 1050 de la Chanson de saint Alexis, et plus tard la Chanson de Roland de Turold.
La musique y est également pratiquée.
La
prestigieuse école forme durant cette période des auteurs de la pensée
ecclésiastique, des acteurs du monachisme normand, des réformateurs de
l'Église d'Angleterre…
Ainsi,
on compte parmi ses élèves le futur pape Alexandre II, Guillaume
Bonne-Âme, archevêque de Rouen, Yves, évêque de Chartres, les évêques de
Rochester Hernost, Gundulf (en)
et Arnoul, Foulques, évêque de Beauvais, Turold d'Envermeu, évêque de
Bayeux, Guillaume, abbé de Cormeilles, les premiers abbés de Lessay
Roger et Geoffroy, Henri, abbé de la Bataille, Richard, abbé d'Ely,
Richard, abbé de Sainte-Vaubourg, Lanfranc, neveu de l'écolâtre, abbé de
Saint-Wandrille, Adelelme, abbé d'Anchin, Lanfred, abbé de
Saint-Wulmer, William, écolâtre de Bamberg, moine de Fulda et abbé de
Mersbourg, Henri, doyen de Cantorbéry, Bernard, abbé du
Mont-Saint-Michel, Durand, Guillaume, Normand, abbés d'Ivry, Jean, abbé
de Saint-Sabas, et Jean, abbé de Telese, en Italie, ou encore les
théologiens Anselme de Laon et Guitmond.
XIIe ‑ XVIe siècle : déclin intellectuel et enrichissement foncier
Sceau de l'abbaye : « Dans
une niche supporté par un piédouche godronné : à gauche, la vierge
debout, couronnée, portant l'enfant Jésus ; à droite, un prélat mitré,
crossé, tenant un livre »
Appelé
à Cantorbéry, Anselme choisit en 1093 pour lui succéder à la tête de la
congrégation, Guillaume de Montfort-sur-Risle, prieur de Poissy après
avoir passé 15 ans au Bec. De 1077 à 1106, le Bec enregistre la
fondation de onze prieurés aussi bien en Normandie qu'en Île-de-France
et en Angleterre.
À
ce moment, l'aristocratie est très impliquée dans le développement du
Bec, tant au niveau le plus élevé avec les ducs de Normandie et les rois
de France, qu'au niveau des familles qui gravitent dans l'entourage des
précédents, ou de la petite aristocratie qui dote le Bec de terres, de
fours, de moulins et d'églises dans le voisinage de l'abbaye.
On trouve notamment parmi ses bienfaiteurs les noms de Richard de Bienfaite, Henri d'Eu et Hugues III de Meulan.
L'école du Bec perd de son rayonnement au début du XIIe siècle,
époque correspondant au départ d'Anselme pour l'archevêché de
Cantorbéry et avec lui l'émigration en Angleterre de plusieurs de ses
compagnons, ainsi qu'à l'affaiblissement général des écoles monastiques
au profit des écoles urbaines qui se multiplient, en particulier celles
de Paris.
Tandis
que le nombre des moines sur place diminue au profit des prieurés
donnés ou fondés sous l'autorité de la communauté, « il n'y a plus au
Bec ni philosophe, ni théologien » au milieu du XIIe siècle.
Jusqu'à
la fin du siècle, l'abbaye poursuit toutefois sa tradition scolaire et
intellectuelle, accueillant en ses murs le chroniqueur Robert de Torigni
et les poètes Étienne de Rouen et Pierre de Dives, et sa réputation
attire toujours de nouveaux frères, à l'instar du roi Philippe Ier et le dauphin Louis VI qui s'affilie au Bec sous l'abbatiat de Guillaume.
L'abbaye continue de s'agrandir et de voir augmenter son rayonnement.
En ce temps-là, la célèbre abbaye possède dans tout le pays de si gros
revenus et de si vastes propriétés que l'on dit à son propos : « De quelque côté que le vent vente, l’abbaye du Bec a rente ».
Elle profite de la générosité de nombreux donateurs, parmi lesquels Henri Ier d'Angleterre, proche de l'abbé Boson, puis sa fille Mathilde l'Emperesse qui s'y fait inhumer en 1167.
Avec
la conquête de l'Angleterre par le duc Guillaume de Normandie, les
barons lui concèdent maints domaines en Angleterre même : ainsi, le
village de Tooting Bec, aujourd’hui dans la banlieue londonienne,
tient-il son nom de ce que l’abbaye en possédait les terrains.
En 1138, Thibaut, ancien prieur du Bec, puis abbé, est élu à son tour archevêque de Cantorbéry.
À
l'abbaye, lui succède Létard, moine natif du village du Bec, qui fait
construire la salle capitulaire de 1140 à 1146, grâce aux libéralités de
Robert de Neubourg qui prend la robe à la fin de sa vie.
Le successeur de Létard, Roger 1er,
fait rénover entièrement l'église abbatiale, dont la première pierre
est posée le 14 août 1161 par l'évêque Rotrou et la consécration
célébrée en avril 1178 en présence du roi d'Angleterre.
Roger
fait également édifier une infirmerie et une maison pour recevoir les
voyageurs, rénover le dortoir, creuser des canaux pour porter l'eau aux
appartements.
L'église
est partiellement détruite en 1195. En 1214, l'architecte Enguerrand
(ou Ingelramme), successeur de Jean d'Andely pour l'édification de la
cathédrale de Rouen, entame sa reconstruction. Les travaux sont
poursuivis par Gautier de Meulan, mais elle est brûlée à deux reprises
avant d'être reconstruite vers 1275.
Mais au milieu du XIVe siècle l'abbaye doit s'organiser en raison de la Guerre de Cent Ans.
Le
plan de Louis d'Harcourt qui prévoit de démolir l'église à peine érigée
n'est pas appliqué, mais en 1358 la basilique et le chapitre sont
fortifiés et entourés de fossés, tandis que trois côtés du cloître et
une partie du dortoir et du cellier sont rasés.
Financièrement exsangue, partiellement détruite par le conflit, l'abbaye est restaurée à l'ultime fin du XIVe siècle.
Mais
la lutte entre Anglais et Français se poursuit, et en 1418, après un
siège d'un mois par le duc de Clarence, la place forte se rend en
laissant l'abbaye aux pillards.
Reprise en 1421 par les Français, les fortifications du Bec sont par la suite rasées par les troupes anglaises.
Pour
abriter ses moines durant le conflit, l'abbé Robert III fait construire
l'hôtel du Bec à Rouen, à l'emplacement de l'hôtel des Fontaines.
C'est
surtout à partir de 1450, à la sortie des hostilités, que l'abbaye
commence à se redresser sous l'administration de Geofroy d'Épaignes, qui
restaure église, bâtiments claustraux et infirmerie, et de celle de
Jean Bouchard, premier abbé commendataire, qui fait achever le beffroi.
Robert d'Évreux lui succède en 1484 comme abbé régulier, il démissionne
l'année suivante en faveur de Guillaume Guérin (1492-1515),
trente-troisième abbé du Bec, et dernier régulier.
Cependant, le roi Louis XI, quant à lui, confirme les privilèges de l'abbaye, par ses lettres patentes, en avril 1479.
Régime de la commende
Le régime de la commende est établi par le concordat de Bologne de 1516 conclu entre le Pape Léon X et François Ier. L'abbé n'est plus élu, mais nommé par le roi de France.
Ces abbés sont mis en place plus pour les revenus des abbayes que pour assurer leur direction ou la défense de leurs intérêts.
En
effet, une part importante des rentes de l'abbaye leur revient, cette
part, d'au moins un tiers, peut se monter aux deux tiers.
Le cloître du XVIIe siècle
Le Bec connait sept abbés commendataires dont le plus jeune est âgé de 9 ans.
Le
régime de la commende affaiblit beaucoup l'abbaye financièrement, mais
aussi spirituellement si bien que l'esprit monastique s'étiole.
À cela, il faut ajouter les troubles causés par les guerres de religion.
L'abbaye est complètement saccagée par les huguenots et deux moines sont égorgés.
Les
moines sont obligés de quitter l'abbaye et les abbés commendataires
laissent les bâtiments à l'abandon ; très vite l'abbaye n'est plus que
ruines.
Réforme de Saint-Maur
La
Congrégation bénédictine de Saint-Maur entreprend de réformer la
plupart des monastères français par une restauration de la discipline
régulière, une vie austère tournée vers le travail intellectuel et des
travaux d'érudition.
Elle
engage aussi de vastes entreprises de construction, dont le Bec — une
des premières abbaye à être réformées — bénéficie largement.
Malgré la forte réticence de la plupart des abbés commendataires, l'abbaye du Bec est restaurée avec beaucoup de soin.
Le rayonnement intellectuel de l'abbaye s'en trouve également grandi.
Mise
en économat en 1766, l'abbaye du Bec est donnée en 1782 à Yves
Alexandre de Marbeuf (1782-1790), évêque d'Autun, puis archevêque de
Lyon à partir de 1788. Il devait être le dernier abbé du Bec.
Liste des abbés
Liste des abbés de l'abbaye Notre–Dame du Bec de 1034 à 1790
Liste établie d'après le Gallia Christiana et le chanoine Porée.
N° | Début de l'abbatiat | Fin de l'abbatiat | Abbé |
1 | 1034 | 26 août 1078 | Bienheureux Herluin ou Hellouin |
2 | 1078 | mars 1093 | Saint Anselme, élu le 6 mars 1093 archevêque de Cantorbéry, originaire du Val d’Aoste, d’abord prieur de céans (1063), mort le 21 avril 1109 à l’âge de 76 ans. |
3 | 15 août 1093 | 16 avril 1124 | Guillaume de Montfort-sur-Risle19. |
4 | avril 1124 | juin 1136 | Boson, † 24 juin 1136 d’une gangrène généralisée à l’âge de 71 ans, natif de Montivilliers, d’abord prieur de céans (1115). |
5 | juin 1136 | décembre 1138 | Thibaut, élu le 24 décembre 1138 archevêque de Cantorbéry, d’abord prieur de céans (1126), † 18 avril 1161. |
6 | 9 juin 1139 | 2 juillet 1149 | Létard, † 2 juillet 1149 à l’âge d’environ 65 ans, ancien prieur de Pontoise puis de Notre-Dame du Pré à Rouen. |
7 | 6 juillet 1149 | 25 septembre 1179 | Roger 1er de Bailleul, † 25 septembre 1179, d’abord prieur de céans. Porté archevêque de Cantorbery, il refuse cette élection |
8 | octobre 1179 | 23 septembre 1187 | Osbern, † 23 septembre 1187, ancien prieur de la Trinité de Beaumont. |
9 | septembre 1187 | 10 ou 11 décembre 1194 | Roger II, † 10 ou 11 décembre 1194, d’abord prieur de céans. |
10 | 1195 | résigne en 1197 | Gauthier, d’abord prieur de céans, mort un 22 janvier. |
11 | 1197 | 16 mai 1198 | Hugues de Cauquainvilliers, † 16 mai 1198 au prieuré de Bonne-Nouvelle, dont il était ancien prieur. |
12 | 5 juillet 1198 | 18 septembre 1211 | Guillaume II Le Petit, ancien moine de céans. |
13 | 26 septembre 1211 | 17 juillet 1223 | Richard de Saint-Léger, élu le 17 juillet 1223 évêque d’Évreux, d’abord justicier de céans, mort le 4 avril 1236. |
14 | 1223 | 21 ou 22 juin 1247 | Henri de Saint-Léger, † 21 ou 22 juin 1247, parent du précédent, d’abord prieur de céans. |
15 | 22 juillet 1247 | 23 novembre 1265 | Robert 1er de Clairbec, † 23 novembre 1265, ancien moine de céans, intendant des vignes de l'abbaye dans l'Île-de-France. |
16 | 1265 | 11 octobre 1272 | Jean 1er de Guineville, † 11 octobre 1272, d’abord prieur de céans. |
17 | 1272 | 2 novembre 1281 | Pierre de la Cambe, † 2 novembre 1281, d’abord prieur d’Envermeu. |
18 | 26 novembre 1281 | 15 novembre 1304 | Ymer de Saint-Ymer, † 15 novembre 1304, d’abord prieur de Saint-Hymer. |
19 | 15 décembre 1304 | 24 août 1327 | Gilbert de Saint-Étienne, † 24 août 1327, d’abord prieur de Saint–Nicaise de Meulan (…1293) et grangier de l’abbaye. |
20 | 29 août 1327 | avril 1335 | Geoffroy 1er Faé, élu le 1er avril 1335 évêque d’Évreux, ancien moine de Beaumont-le-Roger et prieur de Bonne-Nouvelle, mort le 15 avril 1341 et inhumé à gauche du chœur en l’église abbatiale. |
21 | 23 juin 1335 | 19 février 1351 | Jean II des Granges, † 19 février 1351, d’abord justicier de l’abbaye. |
22 | avril 1351 | 15 septembre 1361 | Robert II de Rotes alias Couraye, † 15 septembre 1361, docteur en décrets. |
23 | 1361 | 2 mai 1388 | Guillaume III de Beuzeville alias Popeline, † 2 mai 1388. |
24 | 1388 | résigne en 1391 | Estout d’Estouteville, d’abord abbé de Cerisy (1385), élu ensuite à Fécamp qu’il gouvernera jusqu’à sa mort le 13 octobre 1423. |
25 | 14 mars 1391 | 15 juin 1399 | Geoffroy II Harenc, † 15 juin 1399, moine profès de céans, bachelier en décret, ancien abbé de Jumièges depuis 1389. |
26 | 17 juillet 1399 | 3 janvier 1418 | Guillaume IV d’Auvillars, † 3 janvier 1418. |
27 | 7 février 1418 | 4 mai 1430 | Robert III Vallée, † 4 mai 1430 à Rouen en son manoir de la Fontaine, neveu du précédent, docteur en décrets, d’abord prieur de Bonne-Nouvelle à Rouen (1410). |
28 | 9 juin 1430 | 5 juillet 1446 | Thomas Frique, † 5 juillet 1446, d’abord prieur de céans, figura parmi les juges de Jeanne d'Arc. |
29 | 4 septembre 1446 | 17 novembre 1452 | Jean III de La Motte, † 17 novembre 1452 à Rouen, fils d’un bourgeois de cette ville, docteur en décrets de l’Université de Paris, d’abord prieur de céans (1430). |
30 | 20 décembre 1452 | 14 mai 1476 | Geoffroy d’Épaignes, † 14 mai 1476, ancien prieur de Bonne-Nouvelle à Rouen (1446). |
31 | 23 mai 1476 | 28 novembre 1484 | Jean IV Boucard, † 28 novembre 1484 près Saint-Lô, évêque d’Avranches depuis 1453, docteur en théologie, aumônier du roi Louis XI (1468), aussi abbé de Cormery (1476) (abbé commendataire). |
32 | 10 décembre 1484 | résigne en novembre 1491 | Robert d’Évreux, licencié en droit canon, ancien prieur de Beaumont-le-Roger (1465), mort le 22 janvier 1492. |
33 | novembre 1491 | résigne en mars 1515 | Guillaume V Guérin, ancien prieur de Meulan, chapelain du précédent, mort le 4 avril 1515. |
Abbés commendataires | |||
34 | 19 mars 1515 | résigne en octobre 1515 | Jean V Ribault, neveu du précédent, puis abbé de l'Abbaye de Valmont d’août 1517 à sa mort en juillet 1558. |
35 | 23 octobre 1515 | résigne en février 1520 | Adrien Gouffier de Boissy, frère du célèbre amiral de Bonnivet, évêque de Coutances (1509), puis d’Albi (1519), créé cardinal le 14 décembre 1515, grand-aumônier de France, aussi abbé de Saint-Nicolas d’Angers, Fécamp, Angle et Déols, mort le 24 juillet 1523 au château de Villandry. |
36 | 1520 | 24 septembre 1533 | Jean d'Orléans-Longueville, cardinal de Longueville, † 24 septembre 1533 à Tarascon à l’âge de 49 ans, fils de François d’Orléans, comte de Dunois et duc de Longueville, archevêque de Toulouse (1503) et évêque d’Orléans (26 juin 1521), créé cardinal le 3 mars 1533. |
37 | 13 mars 1534 | 7 août 1543 | Jean Le Veneur, † 7 août 1543 à Marle en Thiérache, évêque de Lisieux (1505-1539), membre du Conseil Royal depuis 1516, grand aumônier de France (1526), créé cardinal le 7 novembre 1533, aussi abbé de Grestain (1503), Lonlay (1505), Préaux (1506), du Mont-Saint-Michel (1524), de Lyre (1527), Saints-Serge-et-Bacchus d’Angers (1533) et Saint-Fuscien-aux-Bois. |
38 | janvier 1544 | 6 juin 1558 | Jacques d'Annebault, † 6 juin 1558 à Rouen vers l’âge de 57 ans, cousin du précédent, évêque de Lisieux (1539), créé cardinal du titre de Sainte-Suzanne le 19 décembre 1544, aumônier ordinaire du Roi, également abbé des Saints-Serge-et-Bacchus d’Angers (1534), de Préaux (1535), Bonport (1537), Saint-Taurin d’Évreux (1540) et du Mont-Saint-Michel (1543). |
39 | 1558 | résigne le 24 octobre 1572 | Louis de Lorraine, premier cardinal de Guise, successivement évêque de Troyes (1545), puis d’Albi (1550), archevêque de Sens (1561-1562), évêque de Metz (1568), créé cardinal le 22 décembre 1553, aussi abbé de S.Victor de Paris, S.Valery, Moissac, S.Julien de Tours, Bourgueil, S.Benoît-sur-Loire, Tournus, S.Germain d’Auxerre, S.Pierre de Chalon, Châtillon-sur-Seine et Fontenay, mort à Paris le 29 mars 1578 à l’âge de 51 ans. |
40 | 1572 | 9 janvier 1591 | Claude de Lorraine, chevalier d’Aumale, il est nommé abbé à l’âge de dix ans, tué le 9 janvier 1591 à la tête des Ligueurs parisiens tentant de s’emparer de Saint-Denis, petit-neveu du précédent, aussi abbé de Trois-Fontaines et d’Aumale (1581). |
41 | 1591 | 1597 | Emeric de Vic. |
42 | 1er septembre 1597 | 21 décembre 1661 | Dominique de Vic, † 21 décembre 1661 à Auch à l’âge de 73 ans, neveu du précédent, coadjuteur (1621), puis archevêque d’Auch (29 octobre 1629). |
L’abbaye demeure en économat durant trois années. | |||
43 | 13 mars 1664 | 10 décembre 1707 | Jacques Nicolas Colbert, il est pourvu à l'âge de neuf ans, † 10 décembre 1707 à Paris à l’âge de 52 ans, fils du célèbre Ministre du Roi, coadjuteur de l’archevêque de Rouen (1680), puis archevêque lui-même (29 janvier 1691), aussi prieur de La Charité (1665) et d’Ambierle (1669), abbé de Saint–Remi de Reims (1665-57). |
44 | 11 décembre 1707 | 18 juin 1717 | Roger de La Rochefoucauld, † 18 juin 1717 à Buda en Hongrie à l’âge de 30 ans, aussi abbé de Fontfroide (1708). |
45 | novembre 1717 | 1771 | Louis de Bourbon-Condé, comte de Clermont, gouverneur de Champagne en 1751, membre de l’Académie française depuis 1754, aussi abbé de Saint-Claude (1718-1737), Chaalis et Marmoutier (1721-1737), Cercamp (1723), Buzay (1733), Saint-Germain-des-Prés (1737), mort le 16 juin 1771 à Paris à l’âge de 62 ans. |
46 | 1782 | 1790 | Yves Alexandre de Marbeuf, évêque d’Autun (19 avril 1767), puis archevêque de Lyon (12 mai 1788), aussi abbé de Bonneval (1775-1778), mort à Lübeck (Allemagne) le 15 avril 1799 à l’âge de 65 ans. |
Dépôt des Remontes générales de l'Armée
Dessin de l'abbaye à la veille de la Révolution de 1789
La Révolution française arrive et, en 1792, le dernier moine est expulsé.
Pendant une dizaine d'années, les bâtiments subissent dégradations et pillages divers.
Le
chartrier est brûlé, la bibliothèque pillée, les sculptures martelées,
jusqu'à ce qu'en 1802, les lieux soient transformés en dépôt d'étalons à
usage de l'armée.
Le mobilier cultuel (maître-autel, jubé…) et les pierres tombales des abbés sont transférés en l'église Sainte-Croix de Bernay.
L'église abbatiale et la salle capitulaire sont vendues comme carrière à pierres en 1809 et détruites.
Les
bâtiments conventuels, transformés en écuries et en chambrées de
caserne, résistent malgré tout à cet état de choses qui dure jusqu'en
1940.
En 1802 Napoléon transforme le Bec en dépôt d'étalons dépendant du haras du Pin.
Le nombre d'étalons au Bec varie dans le temps de 25 à plus d'une cinquantaine.
L'arrivée
des chevaux sauve l'abbaye d'une destruction qui aurait fini par être
complète, mais pour adapter un monastère aux nécessités d'un haras on a
engagé d'importantes transformations et quelques démolitions.
Malgré cela, les bâtiments n'ont jamais été parfaitement adaptés à ce nouvel usage.
Le manège est installé dans le cloître du XVIIe siècle, et la grande écurie dans le réfectoire mauriste du XVIIe siècle, l'église abbatiale actuelle.
Quand
le corps de Remonte est créé en 1831, le dépôt de remonte du Bec
devient une succursale du dépôt de Caen (actuel Quartier Lorge), siège
de la première circonscription de Remonte.
À
partir de 1945, les chevaux ont également accès au deuxième étage par
« l'escalier des matines » dont la conception aux larges marches, peu
hautes, permet cette ascension.
Restauration de la vie monastique
Enfin, en 1947, une association se crée pour sauvegarder les bâtiments subsistants.
L'année
suivante, un siècle après le placement de la tour Saint-Nicolas sur la
liste des monuments historiques de 1840, les ruines de l'abbaye sont
classées au titre des monuments historiques par arrêté du 30 janvier
1948.
À
Cormeilles en Parisis, une communauté bénédictine olivétaine, engagée
dans le mouvement œcuménique, a désiré s'enraciner dans un lieu où les
anglicans venaient communier dans le souvenir de Lanfranc et d'Anselme.
L'État
prit à sa charge les travaux indispensables de restauration et de mise
dans un état minimum d'habitabilité, puis loua les bâtiments à
l'association qui les mit aussitôt à la disposition des moines.
Pierre Mendès France, alors président du Conseil général et parlementaire, a joué un rôle capital dans la renaissance du Bec.
Une
nouvelle époque s'ouvre alors qui voit la restauration de la vie
monastique au Bec et une lente mais régulière remise en état de l'abbaye
désormais rendue à sa destination première.
En 1948, la vie monastique reprend à l’abbaye du Bec.
Bibliothèque
La bibliothèque actuelle
Il
y a peu ou pas de continuité entre la bibliothèque de l'abbaye sous
l'Ancien Régime et celle que la communauté s’efforce de reconstituer
depuis cinquante ans.
L'histoire de la bibliothèque du Bec se découpe en quatre tranches chronologiques :
- la bibliothèque médiévale, telle qu’elle a pu se constituer dès les origines sous l’impulsion de Lanfranc, d’Anselme et de leurs successeurs ;
- la bibliothèque mauriste, héritière de ce passé, mais qui va connaître un nouvel essor grâce à la tradition intellectuelle de cette Congrégation et au développement du livre imprimé ;
- la période révolutionnaire et post-révolutionnaire où la bibliothèque sera pillée et dispersée ;
- la bibliothèque actuelle enfin qui, depuis la restauration de l’abbaye il y a cinquante ans, mais surtout depuis une vingtaine d’années, connaît un fort développement.
En
1991, la communauté commence l'informatisation du catalogue. Cette
tâche est aujourd’hui bien avancée, puisque la base bibliographique
comporte en 2006 environ 50 000 notices et s’enrichit régulièrement.
Durant
ces vingt dernières années, les acquisitions de livres ont connu un
rythme soutenu. Le fonds a pour ainsi dire doublé, atteignant
aujourd’hui environ 90 000 volumes.
Abbaye Notre-Dame du Bec,
panoramique de la façade sud, église abbatiale et bâtiments conventuels
Architecture
Vue générale de l'abbaye en 1677
Plan de l'abbaye en 2009
L'abbaye présente un intérêt architectural reconnu par l'État français.
En
effet, la tour Saint-Nicolas est placée sur la première liste de la
commission de classement des monuments historiques de 1840 « pour
lesquels des secours ont été demandés ».
Un
arrêté en date du 24 février 1928 complète cette première action et
permet l'inscription de l'ancienne abbaye au titre monuments
historiques ; arrêté annulé et remplacé par un classement de l’abbaye au
titre des monuments historiques le 30 janvier 1948.
Cette
protection est elle-même complétée par le classement du 2 octobre 1963,
qui l'élargit la protection à l'ancien logis abbatial (façades et
toitures, sol du jardin et ancienne porte de l'abbaye).
Enfin,
les choses sont unifiées par arrêté du 15 décembre 2008, où l'ancienne
abbaye Notre-Dame-du-Bec est classée en totalité au titre des monuments
historiques.
Cela
concerne l'enclos monastique avec le sol de nombreuses parcelles, les
murs d'enceinte et les bâtiments monastiques (bûcher inclus) dans leur
totalité, mais aussi l'ensemble du réseau hydraulique, y compris les
captages et le grand aqueduc canalisant le Bec.
Tour Saint-Nicolas
La tour Saint-Nicolas de nuit — face méridionale
Au
premier abord, se dégage de l'ensemble la tour Saint-Nicolas qui domine
les magnifiques bâtiments monastiques édifiés initialement entre 1644
et 1666 et réaménagés au XVIIIe siècle.
Construite dans la deuxième moitié du XVe siècle
elle servait de clocher afin que les quatre grosses cloches qu'elle
renfermait n'ébranlent pas les tours du portail de l'abbatiale quand
elles sonnaient à la volée.
C'est une construction carrée de plus de onze mètres de côté, de style anglo-normand.
Jusqu'en 1810, elle était surmontée d'une flèche de quinze mètres de haut qui fut anéantie par un incendie.
Les cloches ont été détruites à la Révolution.
Chaque
angle possède un contrefort surmonté de deux statues monumentales
représentant sainte Marie, saint Benoît, saint Nicolas, saint Jean,
saint Michel, saint Jacques, saint Louis et saint André.
Sur
la face occidentale, est inscrit en latin : « Marie », « Sauveur du
monde prends pitié », « Jésus-Christ est fils de Dieu », et sur la face
est : « Jésus est fils de Dieu ».
Cloître
L'ancien cloître du XIIIe siècle ayant été détruit, le cloître actuel a été construit au milieu du XVIIe siècle.
Ici, comme ailleurs à cette époque, l'influence italienne se fait sentir.
C'est l'ordre toscan qui prédomine, avec des arcades en plein cintre à archivoltes moulurées.
Les voutes d'arêtes qui couvrent le cloître sont soulignées par des moulurations imitant la voûte d'ogive.
Les clefs de voutes circulaires et saillantes, toutes différentes les unes des autres, sont ornées de feuillages et de rosaces.
Les
arcades retombent sur des impostes de piles, de section carrée,
renforcées de pilastres saillants se terminant à leur sommet par une
console sculptée de feuilles d'acanthe de style corinthien surmontée
d'une corniche moulurée.
Bâtiments conventuels
Intérieur de l'église abbatiale
Ces bâtiments reconstruits au milieu du XVIIIe siècle par les moines de la Congrégation de Saint-Maur sont de style Régence.
L'église
abbatiale actuelle, située dans l'ancien réfectoire et dédicacée en
1969 par Anthony Caillot, évêque d’Évreux, est perpendiculaire au
ruisseau du Bec, l'ensemble de l'aile mesurant 75 m.
Puis, à angle droit, l'aile du réfectoire actuel s'étend sur 66 m.
Ensuite, à l'extrémité sud, toujours à angle droit s'élève un premier
pavillon — avec un balcon devant la fenêtre du centre — abritant au
deuxième étage l'infirmerie actuelle, enfin, à nouveau à angle droit un
dernier pavillon orienté Ouest–Est qui était l'ancienne infirmerie.
Escaliers
Escalier des matines
Six escaliers du XVIIIe siècle permettent l'accès aux étages.
Ces escaliers méritent d'être cités car leur construction leur confère une remarquable impression de légèreté.
En
effet, les marches ne paraissent être portées que d'un côté par le
mur ; leurs extrémités intérieures semblent flotter dans l'espace.
Bien
entendu, il ne s'agit que d'une impression, car, en réalité, le poids
de l'escalier, des marches et de leur charge est appliqué sur la partie
extérieure des marches sur laquelle est fixée la rampe (limon), et par
la taille particulière des pierres, cet effort est transmis de proche en
proche jusqu'au premier palier qui est, de fait, d'une masse
impressionnante.
La communauté actuelle
Origines
Le
fondateur, Emmanuel André, curé de campagne, a créé une petite
communauté monastique dans son presbytère de Mesnil-Saint-Loup, dans les
années 1860.
Après
plusieurs essais infructueux d’affiliation, à Solesmes, puis à la
Pierre-Qui-Vire, il s’est rattaché à la Congrégation de Sainte Marie de
Mont Olivet, une réforme bénédictine du XIVe siècle, en Italie, menée par le bienheureux Bernardo Tolomei.
Par
admiration pour Bernard de Clairvaux dont il a pris le prénom, et par
dévotion à la Vierge, Bernardo Tolomei a voulu que les moines de sa
fondation soient « blancs », c'est ainsi qu'au Bec Hellouin les moines
bénédictins sont vêtus de blanc.
En 1925, la tradition des Oblates Moniales de Sainte-Françoise Romaine a été reprise en lien avec la communauté des frères.
Les
sœurs habitaient alors Cormeilles-en-Parisis. De leur côté, c'est en
1938 que les frères du Mesnil, avec leur prieur, dom Paul Grammont,
arrivent à Cormeilles et ouvrent une maison d’étude.
Après
la guerre, les deux communautés de Cormeilles ont cherché un lieu plus
vaste et à l’écart, pour vivre de façon plus régulière leur charisme
propre.
Elles sont arrivées au Bec en 1948, sous Alphonse-Paul-Désiré Gaudron, évêque d'Évreux (1930-1964).
La communauté
Vêpres solennelles à l'abbaye Notre-Dame du Bec en présence des moniales du monastère Sainte-Françoise Romaine
La
communauté actuelle se compose en décembre 2008 de 15 moines, plus un
père ermite à Saint-Évroult-Notre-Dame-du-Bois, près de la Trappe, et un
autre retiré chez les petites sœurs des pauvres, à Saint-Servan.
Cette
communauté, de la Congrégation de Mont Olivet, arrive en 1948 de
Cormeilles-en-Parisis sous l'impulsion de dom Paul-Marie Grammont.
Monastère Sainte-Françoise Romaine au Bec-Hellouin
À
deux kilomètres, le monastère Sainte-Françoise Romaine abrite des
sœurs, « oblates » de l'abbaye Notre-Dame du Bec, qui viennent également
de Cormeilles-en-Parisis.
Elles
ont rejoint les moines dès 1949 après avoir construit leur monastère,
installées à proximité de l'abbaye des frères conformément à la
tradition léguée à l'Église par sainte Françoise Romaine dès le XVe siècle.
Le monastère des sœurs a à sa tête une prieure élue par la communauté.
Pour leur profession monastique les sœurs novices remettent leurs vœux entre les mains de l'abbé, à l'abbaye.
Également,
les jours de fête et les dimanches, les sœurs se rendent à l'abbaye
pour participer aux offices majeurs (messes, vêpres, vigiles).
Dans
la tradition bénédictine, l'abbaye possède une hôtellerie qui permet à
ceux qui le souhaitent de faire retraite quelques jours et accueille
également plus longuement des jeunes gens qui voudraient partager la vie
de la communauté.
Travail dans la communauté
Assiette réalisée par les moines de l'Abbaye Notre-Dame du Bec
Le travail manuel, pratiqué en silence, est fondamental dans la vie bénédictine. Ora et labora (prie et travaille) est une devise traditionnelle de la vie bénédictine.
La
communauté monastique du Bec a développé un atelier de faïences
artisanales qu'elle vend dans son magasin sur place ou en ligne. Cette
activité artisanale lui permet de subvenir à ses besoins.
La
vie en communauté nécessite aussi tout un ensemble de travaux de
maison : cuisine, ménage, jardinage, lavage et repassage, couture,
comptabilité, bricolage, infirmerie, porterie, accueil, etc.
Ils
sont répartis entre tous, du plus jeune au plus vieux, selon les
possibilités de chacun. Le travail intellectuel y trouve également sa
place.
Vocation à l’œcuménisme
En
raison même de l'histoire de l'abbaye du Bec, les communautés de moines
et de moniales se sont engagées dès leurs arrivées en 1948–1949 sur la
voie de l'unité et du dialogue entre les différentes confessions
chrétiennes.
Les communautés monastiques du Bec ont suivi avec un intérêt passionné
le déroulement du concile Vatican II dont les travaux confortaient
l'orientation ecclésiologique, liturgique et œcuménique donnée par dom
Grammont. L'œcuménisme est l'un des plus grands soucis de l'abbaye du
Bec.
Anglicanisme
Cette croix se trouve sur le mur nord de l'église abbatiale du Bec-Hellouin.
Elle a été offerte par la cathédrale de Cantorbéry en 1969
Le
Bec ayant donné à l'Église d'Angleterre trois archevêques de
Cantorbéry, l'anglicanisme y tient tout naturellement une place
importante.
La
réciproque étant également vraie, très rapidement de nombreuses visites
d'anglais catholiques, mais surtout anglicans, amenèrent le
développement de relations amicales.
C'est ainsi que l'abbaye du Bec est un de ces lieux où anglicans et
catholiques romains peuvent se retrouver pour prier et apprendre à mieux
se connaître.
La bibliothèque de l'abbaye abrite, entre autres, 5 000 ouvrages sur l'anglicanisme provenant du dépôt de l'évêque John Graham.
Lorsque
le pape Jean-Paul II vint à la cathédrale de Cantorbéry rencontrer
l'Archevêque Robert Runcie en 1982, dom Grammont et la mère prieure du
monastère Sainte-Françoise Romaine eurent le privilège de partager ce
grand moment de l'histoire de la cathédrale.
Les
communautés du Bec assistent aux évènements importants marquant la vie
de la Communion anglicane comme l'intronisation des archevêques ou les
Conférences de Lambeth.
« Dans
un horizon qui paraît sombre, le dialogue anglican-catholique ménage
toujours de grandes trouées de lumière. On se demande seulement si les
communautés catholiques se sentent aussi engagées dans le dialogue que
la Communion anglicane. Peut-on rêver d'une émulation spirituelle à tous
les niveaux entre nos églises ? »
Relations avec la cathédrale de Cantorbéry
Rowan Williams, archevêque de Cantorbéry, en visite à l'abbaye du Bec en mai 2005
Les relations entre l'abbaye du Bec et la cathédrale de Cantorbéry sont tout à fait privilégiées.
On doit noter que les cinq derniers archevêques de Cantorbéry sont venus en visite au Bec.
Pour
renforcer ces liens, les communautés du Bec ont signé à la Pentecôte
2007 une charte œcuménique avec le chapitre de la cathédrale de
Cantorbéry. Elle stipule :
« Des liens existent entre le Bec et Cantorbéry depuis les XIe siècle et XIIe siècle :
trois moines du Bec, à cette époque, sont devenus archevêques de
Cantorbéry : Lanfranc, Anselme et Théobald. Nous avons le désir
d’approfondir cet héritage commun pour une meilleure connaissance
mutuelle et un renforcement de nos liens spirituels.
Nous nous engageons donc :- à nous rendre visite tous les ans dans la mesure du possible, une année au Bec, l’autre à Cantorbéry,
- à partager, d’une manière ou d’une autre, les grands évènements de nos deux communautés,
- à nous accueillir en frères et sœurs dans le Christ,
- à prier chaque jeudi pour l’unité des chrétiens et pour chacune de nos deux communautés. »
Elle
est signée par dom Paul-Emmanuel Clénet, abbé du Bec, et mère
Marie-Placide Cazenave, prieure des moniales du Bec, pour l’abbaye du
Bec, et par Robert Willis, doyen de Cantorbéry, pour le chapitre de
Cantorbéry.
Orient et orthodoxie
Les
communautés des moniales du monastère Sainte-Françoise-Romaine et des
moines de l'abbaye du Bec entretiennent des liens étroits avec l'Orient
et l'orthodoxie à la suite de rencontres fortes et au travers de visites
riches et nombreuses.
- Liban
En
1954, à la suite de la demande du prieur du monastère de Kobé au Liban,
la communauté des moniales du monastère Sainte-Françoise-Romaine du Bec
décide d'essaimer dans ce pays.
C'est ainsi que la communauté des sœurs du Bec est présente au Liban de 1957 à 1962.
Ces
années de découverte de l'Orient (Église maronite et Église orthodoxe)
font envisager à Mère Elisabeth de Wavrechin, prieure du monastère
Sainte-Françoise, la perspective d'une fondation à Jérusalem.
Dom
Grammont, abbé du Bec, demande de laisser murir ce projet pendant le
concile Vatican II qui s'annonce ; il réapparaîtra quinze ans plus tard
avec la fondation des monastères d'Abu Gosh en 1976.
- Juridictions orientales, orthodoxes et catholiques
Les
relations des communautés du Bec avec les Orthodoxes concernent avec
les différentes juridictions présentes en France : l'archevêché russe
d'Europe occidentale — dont la cathédrale est à Paris, rue Daru — le
patriarcat œcuménique dont la cathédrale est à Paris, l'archevêché
roumain. Les archevêques russe, grec et roumain ont rendu visite à
l'abbaye. Des rencontres amicales ont lieu avec les paroisses orientales
catholiques, maronites et melkites (Saint-Julien-le-Pauvre à Paris).
- Rencontre avec le monachisme orthodoxe
En
août 1972, un des frères du Bec accompagne un hôte de l'abbaye au Mont
Athos pour un pèlerinage de huit jours dans une douzaine de monastères.
Par la suite, cet hôte fait profession monastique au Bec.
Le
Père Nikodimos, un hiéromoine iconographe, vient le visiter en 1982
rendant ainsi plus étroits les liens de l'abbaye avec l'orthodoxie.
Pendant l'hiver 1974–1975, l'abbaye reçoit un ancien higoumène orthodoxe serbe.
Pendant l'hiver 1974–1975, l'abbaye reçoit un ancien higoumène orthodoxe serbe.
- Roumanie
Dès 1967, le monastère Sainte-Françoise accueille une moniale roumaine du monastère de Dealu.
En 1991, l'abbaye accueille deux jeunes séminaristes orthodoxes, et à partir de 1994, ce sont des séminaristes gréco-catholiques de Transylvanie qui sont hébergés chaque été pendant plusieurs semaines.
En 1995 et 1997, deux évêques catholiques de rite oriental visiteront le Bec.
Protestantisme
Dès
les premières années de la venue au Bec, l'abbaye est entrée en
relation avec les paroisses de l'Église réformée de France implantées
dans la région normande, surtout dans la vallée de la Seine (Rouen,
Elbeuf, Le Havre, Dieppe, Évreux). Mais ce n'est que plus tardivement,
dans les années 1970, qu'un véritable travail commun est entrepris.
- Foyers mixtes
Les
monastères du Bec ont accueilli, entre 1969 et 1975, un groupe de
foyers mixtes (catholiques–protestants) pour une réflexion sur les
problèmes des couples mixtes.
Dans le prolongement de cet accueil, des réunions de conseils presbytéraux de paroisses réformées du Havre, de Rouen, du Temple de l'Étoile, ont eu lieu régulièrement au monastère Sainte-Françoise, célébrant la Sainte-Cène dans l'oratoire des moniales.
Des relations se sont développées également avec les luthériens ; plusieurs visites de la paroisse suédoise de Paris, plusieurs sessions sur l'œuvre de Martin Luther.
Le 19 janvier 1984, dom Grammont fut invîté à prêcher dans l'église luthérienne des Billettes à Paris.
Dans le prolongement de cet accueil, des réunions de conseils presbytéraux de paroisses réformées du Havre, de Rouen, du Temple de l'Étoile, ont eu lieu régulièrement au monastère Sainte-Françoise, célébrant la Sainte-Cène dans l'oratoire des moniales.
Des relations se sont développées également avec les luthériens ; plusieurs visites de la paroisse suédoise de Paris, plusieurs sessions sur l'œuvre de Martin Luther.
Le 19 janvier 1984, dom Grammont fut invîté à prêcher dans l'église luthérienne des Billettes à Paris.
- Renouveau charismatique
À
partir de 1970, le renouveau charismatique commence à se développer en
France, d'abord parmi les protestants pentecôtistes et évangéliques,
puis parmi les catholiques.
L'abbaye du Bec fut parmi les premiers lieux d'ouverture à ce mouvement et un groupe de prière œcuménique s'y réunit (en 2009) toutes les semaines depuis 1973.
L'abbaye du Bec fut parmi les premiers lieux d'ouverture à ce mouvement et un groupe de prière œcuménique s'y réunit (en 2009) toutes les semaines depuis 1973.
Judaïsme
Dom
Grammont avait ressenti l'importance du peuple dans lequel les
chrétiens sont enracinés. À son instigation, moines et moniales du Bec,
avec leurs amis protestants, ont pris part à la découverte des
communautés juives vivant en France. Un groupe de dialogue
judéo-chrétien s'est réuni au Bec à plusieurs reprises.
L'un des résultats les plus importants de ce travail fut la fondation du monastère d'Abu Gosh en Israël, sur le site d'Emmaüs.
Fondations
La chapelle du nouveau monastère de Mesnil-Saint-Loup
En
1976, l'abbé dom Paul-Marie Grammont († 1989) a envoyé, coup sur coup,
d'une part trois frères en Israël à Abu Gosh et d'autre part un, puis
deux autres, à Mesnil-Saint-Loup, au diocèse de Troyes, relever le
monastère Notre-Dame de la Sainte Espérance d’où vient la communauté.
En 1998, cinq frères partent en Irlande du Nord et fondent le monastère de la Sainte-Croix à Rostrevor.
Ces
trois communautés sont aujourd’hui pleinement autonomes, relevant,
comme l'abbaye du Bec, de la Congrégation bénédictine de Sainte Marie de
Mont Olivet.
En 1999, le monastère d'Abu Gosh fut canoniquement érigé en abbaye, sous le vocable de Sainte-Marie de la Résurrection.
Annexes
Armes de l'abbaye
Blason de l'abbaye Notre–Dame du Bec
995 | Naissance d'Herluin, fondateur du Bec. |
1034 | Fondation du premier monastère à Bonneville. |
1042 | Arrivée de Lanfranc de Pavie. |
1059 | Arrivée d'Anselme d'Aoste. |
1063 | Lanfranc est nommé abbé de St Étienne de Caen. |
1070 | Lanfranc devient archevêque de Cantorbéry. |
1078 | Mort d'Herluin. Anselme élu 2e abbé du Bec. |
1089 | Mort de Lanfranc. |
1093 | Anselme nommé archevêque de Cantorbéry. |
1109 | Mort d'Anselme. |
1350 | Début de la Guerre de Cent Ans. |
1418 | Pillage par les Anglais. |
1450 1515 | Reconstruction après la guerre de Cent Ans. |
1520 | Début du régime commendataire. |
1626 | Réforme des Mauristes au Bec. |
1644 1666 | Construction du cloître. |
1735 | Construction du logis abbatial. |
1742 1750 | Reconstruction des bâtiments conventuels. |
1792 | Expulsion du dernier moine et arrêt de la vie monastique. |
1802 | L'armée transforme l'abbaye en dépôt de remonte. |
1809 | L'ancienne abbatiale est vendue comme carrière à pierres. |
1940 1945 | 2e Guerre mondiale : différents corps d'armée occupent les lieux. |
1945 | L'abbaye est abandonnée. |
1947 | Création d'une association de sauvegarde des bâtiments subsistants. |
1948 | Restauration de la vie monastique. |
1959 | Transfert des reliques d'Herluin dans la nouvelle église abbatiale. |
1969 | Dédicace de la nouvelle église abbatiale. |
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