Amiens
Notre-Dame de Foy
Le
chœur est séparé de la nef par une clôture de bois contre laquelle sont
construites deux chapelles, dont celle du côté droit est dédiée à la
très-Sainte Vierge, sous le nom de Notre-Dame-de-Foy.
Comme
cette chapelle est l'objet d'une grande dévotion toute particulière
envers cette Mère de miséricorde, je crois devoir faire plaisir en
rapportant les raisons qui ont donné lieu d'appeler ainsi cette
chapelle. Les voici :
Dans
le pays de Liège était une métairie éloignée d'une lieue de la ville de
Dinant, appellée Foye, appartenant au baron de Celles, dans laquelle
était un grand arbre portant en son tronc huit pieds de diamètre, que
Gilles de Vuantin abbattit en 1609, par le commandement de Nocent de
Limoir, qui l'avait acheté dudit baron de Celles, pour le scier et en
faire des planches ; mais ayant été trouvé gâté et tout vermoulu par
dedans, ou voulut le fendre pour en faire des bûches. Comme le
charpentier coupait ce tronc à un endroit à la hauteur d'un homme,
prenant depuis le bas, il y rencontra au milieu une belle image de
relief, représentant la très-Sainte Vierge et trois barreaux de fer qui
la renfermaient autrefois, mais qui furent trouvés tout mangés de
rouille.
Cette
image fut lavée et mise ensuite sur un autel du château dudit baron de
Celles, où elle fut visitée et honorée jusqu'au 21e de Novembre 1618,
auquel jour après la vérification de quelques miracles faits
à l'invocation de Notre-Dame-de-Foye, elle fut transportée dans une
petite chapelle que M. D'Enhes, fils du baron de Celles, avoit fait
bâtir au même lieu où étoit le chêne, laquelie depuis a bien été
agrandie et ornée, pour recevoir la multitude de pélérins qui y vont.
Cette
translation se fit par M. le prélat de Leffe, accompagné de tout le
clergé, de la noblesse et du peuple de Dînant, avec mille acclamations
et hymnes.
La procession ainsi faite et la grande messe chantée, on plaça l'image
sur l'autel de la chapelle, laquelle depuis est devenue célèbre par un
concours merveilleux de pèlerins qui continuent à y rechercher le remède
de leurs maux, soit corporels, soit spirituels.
L'image est belle, quoique petite, son chef est couronné, sa face est tournée devers son cher fils qu'elle tient entre ses bras.
Un
éclat assez notable du bois de ce chêne dans lequel a été trouvée cette
image étant tombé entre les mains d'une religieuse de l'abbaye
d'Estrun-lez-Arras, nommée Marie de Héron, dite de Guillemerville,
Françoise de nation, par le don d'un R. P. Capucin de la province
d'Artois ; cette pieuse religieuse fit de ce morceau de bois taillé une
image de la très-Sainte Vierge, qu'elle fit poser aussitôt dans une
petite niche proportionnée à cette figure, afin qu'on put la conserver
et la transporter plus commodément.
Quelques temps après, la nécessité des affaires l'ayant obligé de venir en France visiter quelques-uns de ses parents, passant par Amiens, en 1629, cette religieuse fit présent de cette image à demoiselle Jacqueline de Louvencourt, veuve de feue M. Nicolas Dubos, écuier, seigneur de Hurt, trésorier général au bureau des finances en la généralité de Picardie, son oncle, laquelle demoiselle a fait présent de cette image aux religieux Augustins de cette ville, depuis environ 80 ans.
Il s'y est fait un grand nombre de miracles par les mérites et intercession de la très-Sainte Vierge, invoquée dans cette église sous le titre de Notre-Dame-de-Foy, que le R. P. Bourdon, docteur de Paris, prieur dudit couvent, originaire d'Amiens, en a fait un gros livre imprimé en cette ville en 1833, qu'il dédia à Mgr. Lefebvre de Caumartin, alors notre évêque.
Quelques temps après, la nécessité des affaires l'ayant obligé de venir en France visiter quelques-uns de ses parents, passant par Amiens, en 1629, cette religieuse fit présent de cette image à demoiselle Jacqueline de Louvencourt, veuve de feue M. Nicolas Dubos, écuier, seigneur de Hurt, trésorier général au bureau des finances en la généralité de Picardie, son oncle, laquelle demoiselle a fait présent de cette image aux religieux Augustins de cette ville, depuis environ 80 ans.
Il s'y est fait un grand nombre de miracles par les mérites et intercession de la très-Sainte Vierge, invoquée dans cette église sous le titre de Notre-Dame-de-Foy, que le R. P. Bourdon, docteur de Paris, prieur dudit couvent, originaire d'Amiens, en a fait un gros livre imprimé en cette ville en 1833, qu'il dédia à Mgr. Lefebvre de Caumartin, alors notre évêque.
Tant
de miracles surprenants faits par la puissante intercession de la
divine Marie, sous le nom de Notre-Dame-de-Foy, nous font bien voir que
ce n'est pas la vertu d'un morceau de bois taillé à son image qui les
opère, puisque de lui-même il n'a aucune vertu.
Ainsi quand nous rendons notre culte aux images qui représentent la Mère de Dieu ou les saints qui sont ses amis, ce n'est pas dans ces figures que nous mettons notre confiance, mais dans ceux dont ils sont les représentations.
Les païens mêmes, plongés dans les ténèbres du paganisme, étaient de ce sentiment, ainsi que M. de Marolle, dans ses Commentaires sur les ouvrages d'Ovide, écrit qu'ils mettaient beaucoup de différence entre les simulacres de leurs dieux, et leurs dieux mêmes regardant ces images comme des représentations sacrées, sur quoi la 8e élégie du 2e livre de Ponto, écrite par le même poète, doit être bien considérée où il dit :
Sic homines novere Deos, quos arduus aether
Occulit : et colitur pro Jove forma Jovis.
Quand je vois dans cette église des Augustins ce grand nombre de tableaux que la piété des fidèles y a fait placer pour marque de leur reconnaissance envers la divine Majesté, au sujet de différentes faveurs qu'ils en ont reçues, soit dans la guérison de leurs maladies, soit dans la délivrance de leurs infirmités, soit dans les périls dont ils ont été délivrés, soit enfin dans les grâces qui leur ont été accordées, on ne peut s'empêcher de réfléchir sur cette bonté divine qui protège les hommes.
Ainsi quand nous rendons notre culte aux images qui représentent la Mère de Dieu ou les saints qui sont ses amis, ce n'est pas dans ces figures que nous mettons notre confiance, mais dans ceux dont ils sont les représentations.
Les païens mêmes, plongés dans les ténèbres du paganisme, étaient de ce sentiment, ainsi que M. de Marolle, dans ses Commentaires sur les ouvrages d'Ovide, écrit qu'ils mettaient beaucoup de différence entre les simulacres de leurs dieux, et leurs dieux mêmes regardant ces images comme des représentations sacrées, sur quoi la 8e élégie du 2e livre de Ponto, écrite par le même poète, doit être bien considérée où il dit :
Sic homines novere Deos, quos arduus aether
Occulit : et colitur pro Jove forma Jovis.
Quand je vois dans cette église des Augustins ce grand nombre de tableaux que la piété des fidèles y a fait placer pour marque de leur reconnaissance envers la divine Majesté, au sujet de différentes faveurs qu'ils en ont reçues, soit dans la guérison de leurs maladies, soit dans la délivrance de leurs infirmités, soit dans les périls dont ils ont été délivrés, soit enfin dans les grâces qui leur ont été accordées, on ne peut s'empêcher de réfléchir sur cette bonté divine qui protège les hommes.
Si
les particuliers ont donné dans cette église des marques de leur
reconnaissance envers Dieu, pour les faveurs qu'ils en ont reçues par
l'intercession de NotreDame-de-Foy, les citoyens d'Amiens ont marqué en
général leur gratitude envers cette Mère de miséricorde, lorsqu'étant
affligés de la peste, et pour s'en acquitter, le 16e Août 1634,
lendemain de la fête de son Assomption dans le Ciel, ils offrirent la
figure d'une vierge d'argent pesante 25 marcs, qui fut portée par deux
eschevins, en procession générale, à laquelle assistèrent Mgr. de
Caumartin, notre évêque, et Messieurs du chapitre de la Cathédrale, tous
vêtus en chappe. Cette statue ayant été posée sur l'autel de
Notre-Dame-deFoy, ce prélat célébra pontificalement une Messe solennelle
dans le chœur de cette église.
Les
religieux de ce couvent continuent de mettre cette statue de la
très-Sainte Vierge au côté droit de l'autel qui lui est dédié aux jours
des fêtes solennelles, et au côté gauche ils placent une autre statue de
même grandeur, représentant saint Augustin en habits pontificaux.
La petite statue appelée Notre-Dame-de-Foy est placée sur le haut de la
contre-rétable d'autel, dans une petite niche posée dans le côté
concave d'un demi-globe et de marbre noir ; deux colonnes de même
matière et couleurs, d'ordre corinthien, dont le fust est lisse
accompagnent un grand tableau placé au milieu de cette contre-rétable.
La Sainte Vierge y est peinte tenant son fils Jésus, auquel saint
Augustin vêtu d'une chappe, présente un enfant mort. Les figures, de
grandeur naturelle, ont été peintes par le frère Luc, religieux récolet,
originaire de cette ville, qui s'y est peint lui-même.
Plusieurs
grandes lampes d'argent, offertes par différents particuliers, sont
suspendues devant cet autel. Il y en avait un plus grand nombre, dont
une partie a été vendue depuis peu d'années.
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