Saint Maxime le Klavsokalyvite († 1365)

Saint Maxime le Klavsokalyvite († 1365)
Originaire de Lampsaque



Natif de la ville de Lampsaque (Hellespont), Saint Maxime grandit dans la piété, avec une dévotion fervente pour la Sainte Mère de Dieu, en visitant fréquemment les moines de la région.

Vers l'âge de 17 ans, Il revêtit l'habit monastique et devint le disciple d'un moine du mont Ganos (Thrace).

Son ancien étant bientôt décédé, Maxime partit à la recherche d'un nouveau père spirituel, il séjourna quelque temps auprès des ascètes du mont Papikion, puis se rendit en pèlerinage à Constantinople.

Grandement apprécié par le Saint Patriarche Athanase (v. le 28 octobre), il commença à simuler la folie pour dissimuler ses vertus au monde.

Il restait tout le jour près de l'église des Blachernes, exposé à la dérision publique, et passait ses nuits en prière accompagnée de larmes devant la Toute Sainte.

De là il partit pour le Mont Athos et devint moine à la Grande-Laure de Saint Athanase.

Dans une soumission totale et une parfaite obéissance, il imitait les vertus des Saints qui avaient illustré ces lieux. Privé de tout confort et même de cellule, il chantait dans l'église sans divertir son intelligence de la prière intérieure, les yeux continuellement arrosés de larmes.

Un jour, la Mère de Dieu l'invita en songe à monter au sommet de l'Athos pour y recevoir, comme Moïse, les tables de la Loi spirituelle.

Il y persévéra seul dans la prière pendant trois jours et trois nuits, résistant aux assauts répétés des démons.

Finalement, la Mère de Dieu lui apparut entourée de la cour céleste et tout étincelante de gloire divine.

Elle le réconforta avec un pain miraculeux, lui donna le pouvoir contre les démons et lui ordonna de vivre désormais en solitaire sur les pentes de l'Athos, afin de devenir un luminaire pour le salut d'un grand nombre d'âmes.

Une fois la Toute Sainte disparue, le Saint resta encore trois jours à jouir comme au Paradis de la lumière et du parfum qu'elle avait laissés ; puis il redescendit, plein de joie, et rapporta sa vision à un ancien.

Mais celui-ci, manquant de discernement spirituel, l'accusa d'avoir été le jouet de l'illusion.

Au lieu de chercher à se justifier, l'humble Maxime prit ces paroles comme un signe de Dieu et décida de paraître dès lors aux yeux de tous comme un fou et un illusionné.

Dépourvu des choses les plus nécessaires, il allait pieds nus, exposé aux brûlures du soleil et aux rigueurs du froid.

Il vivait tel un ange du désert et construisait de lieu en lieu une cabane primitive en branchages, qu'il brûlait sitôt construite, d'où son nom de kavsokalybe («brûleur de cabane»).
 
Désirant s'exposer à la risée du monde pour l'amour du Christ, il était pourtant connu de ceux qui, en ce temps, brillaient sur l'Athos par leur vertu et leur science spirituelle (les Hésychastes).
C'est ainsi que Saint Grégoire le Sinaite, le grand maître de la prière du cœur et le restaurateur de la vie hésychaste (mémoire le 12 avril), ayant entendu parler de la conduite de Saint Maxime, partit à sa recherche, comme un chasseur en quête d'un gibier de choix, et, l'ayant enfin débusqué, il le pressa, au nom de la charité du Christ et pour son édification spirituelle, de lui raconter sa vie.
Malgré ses réticences, Maxime lui raconta les merveilles que Dieu avait accomplies en lui depuis sa jeunesse.

- « Gardes-tu constamment la prière spirituelle ? » demanda Grégoire.
Maxime lui raconta alors que, tout jeune encore, un jour qu'il priait avec larmes devant l'Icône de la Mère de Dieu, en lui demandant d'obtenir la grâce de la prière, et se penchait pour la vénérer, une chaleur douce comme la rosée remplit soudain sa poitrine et son cœur en produisant une abondante componction, et que, depuis, son intelligence, inébranlablement installée dans son cœur, n'avait pas cessé d'invoquer avec une douceur indicible le Nom de Jésus et celui de la Mère de Dieu.

- « En disant la prière, t'arrive-t-il d'être emporté en extase ? » reprit Grégoire.
- « C'est bien pour cela que j'ai couru vers le désert et que j'ai désiré la solitude, afin de trouver en abondance les fruits de la prière, c'est-à-dire le pur amour de Dieu et le ravissement de l'intelligence vers le Seigneur ».
- « Que fait alors l'intelligence? Continue-t-elle à prononcer la prière dans le cœur ? »
- « En aucun cas, répondit le Saint. Lorsque le SaintEsprit visite l'homme de prière, alors cesse la prière, car l'intelligence, tout absorbée par l'Esprit de Dieu, cesse alors d'agir selon ses activités propres. Elle se laisse conduire là où le veut l'Esprit, dans le ciel immatériel de la lumière divine, ou en d'autres contemplations, ou encore dans un inexprimable entretien avec Dieu. De même, en effet, que la cire, dure de sa nature, fond, brûle et devient tout feu et toute lumière quand on la met au contact du feu, tout en restant une matière distincte du feu; de même pour l'intellect (noûs), tant qu'il reste dans sa nature isolée, il conçoit seulement ce qui est lié à sa nature et se trouve sous sa puissance, mais lorsque le feu divin, le Saint-Esprit, l'approche, alors, emporté par la puissance de l'Esprit, il brûle du feu de la Divinité, dissout toute pensée et tout concept, et absorbé par la lumière de Dieu, il devient tout entier lumière divine et radieuse ».- « Quels sont donc les signes de l'illusion et ceux de la Grâce ? » demanda encore Grégoire.
- « Les signes de l'illusion du diable sont le trouble de l'esprit, la dureté du cœur, la crainte, l'agitation des pensées, les imaginations et les visions terrifiantes de lumière et de feu visibles, la vanité et la colère. Mais lorsque l'Esprit Saint s'approche de notre esprit, Il le rassemble dans l'unité, le rend sage, humble, mesuré. Il lui inspire la pensée de la mort et du Jugement, et lui fait verser des larmes de componction à la pensée de la miséricorde du Seigneur. Il élève l'intelligence dans des contemplations élevées et l'illumine en la plongeant dans la lumière divine. Il donne la paix au cœur et fait grâce à toutes ses facultés d'une joie et d'une allégresse indicibles. Comme l'enseigne l'Apôtre, les "fruits de l'Esprit sont la joie, la paix, la patience, la douceur, la charité, la compassion, l'humilité " (Gal. 5:22) ».
Plein d'admiration en entendant ces paroles, Saint Grégoire ne regardait plus Maxime comme un homme, mais plutôt comme un ange terrestre.
Il le supplia de cesser sa vie errante et sa folie simulée, pour s'installer en un lieu fixe et éclairer le monde de la lumière de son expérience.
Saint Maxime fit obéissance et s'installa dans une cabane en branchages, sans toutefois garder avec lui, même le nécessaire pour vivre.
Ainsi abandonné à la Providence, il recevait du ciel régulièrement un pain chaud pour se nourrir et buvait de l'eau de mer qu'il adoucissait par sa prière.
 
A plusieurs reprises des moines le virent élevé dans les airs pendant sa prière ou tout entouré d'une lumière si éclatante qu'ils crurent que sa cellule avait pris feu.
La prière permanente, qui jaillissait comme un feu de son cœur, repoussait tous les assauts des démons et délivrait de nombreux possédés qu'on lui amenait.
Dieu lui avait fait grâce d'un extraordinaire don de prophétie, par lequel il corrigeait les pécheurs en révélant les secrets de leur cœur, dévoilait les hérétiques venus pour le tromper et prévoyait les événements.
C'est ainsi qu'il prédit aux deux coempereurs Jean VI Cantacuzène (l347-1354) et Jean V Paléologue (1391-1391), venus lui rendre visite, la guerre civile qui devait bientôt les diviser (l347- 1352), et qu'il annonça sa mort prochaine († 1363) au Patriarche Saint Calliste ler (mémoire le 20 juin).

Il y avait, au-dessus de sa cabane, une grotte, dans laquelle il passa ensuite plus de quatorze ans ; puis de là, il alla s'installer à peu de distance de Lavra, dans une petite cellule qu'il légua à son disciple et biographe Saint Niphon (mémoire le 14 juin).
Saint Maxime remit en paix son âme au Seigneur vers 1365, à l'âge de 95 ans. Tous les moines de l'Athos, ermites et cénobites, le pleurèrent comme leur père et maître, et le vénérèrent aussitôt comme un Saint.
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