Estéfan Nehmé [Estéphan Nehmé] (7 mars 1889 - 30 août 1938) était un religieux libanais de l'ordre libanais maronite.
Il est reconnu comme Bienheureux par l'Église catholique.
Biographie
Né à Lehfid (ou Lehfed) dans le district de Jbeil au Liban en mars 1889, baptisé sous le nom de Youssif ainsi que deux saints du Liban, Saint Charbel et Saint Nimatullah Kassab Al-Hardini, le futur frère Estéfan est le plus jeune parmi trois frères et deux sœurs.
Il entre le monastère de Saint Cyprien et Sainte Justine à Kfifane en 1905 à l'âge de 16 ans.
Il choisit alors le nom d'Estéfan en hommage à son père et à une église dans sa ville natale qui portaient le même nom.
Il meurt le 30 août 1938 à l'âge de 49 ans dans le Monastère de Kfifane après une mission au village de Meyfouk.
En 1951, pendant les funérailles du frère Youssif Al Sourati, les moines du monastère de Kfifane découvrirent que son corps est demeuré intact.
Vie religieuse
Estéfan répétait toujours « Dieu me voit ».
Il passe sa vie dans la prière et le travail dans les prés.
Il est aussi un excellent menuisier.
Ses actes de charité, sa bonté et sa sagesse marquent son entourage surtout pendant la Première Guerre mondiale, cependant ses miracles n'ont commencé à apparaitre qu'après sa mort.
Lors de sa mission au monastère Meyfouk, il met fin au conflit entre les habitants du village et les responsables du monastère.
Il tombe malade à cause de la chaleur et retourne au monastère de Kfifane ou il ne tarde pas à rendre l'âme.
Béatification et miracles
Frère Estéfan a accompli plusieurs miracles reconnus par l'Église catholique, dont la guérison de Sœur Claire Abi Habib qui souffrait d'une infection au niveau des reins et d'une augmentation de l'albumine et qui était traitée à l'hôpital Hôtel Dieu de Beyrouth. Dès qu'elle toucha le tombeau d'Estéfan au monastère de Kfifan, elle guérit. Le Docteur Elias Al Chemali qui suivait le cas de Claire a certifié sa guérison le 13 janvier 1966.
En 17 décembre 2010, un décret de la Congrégation pour la Cause des Saints, approuvé par le pape Benoît XVI, reconnaît que ces miracles ont eu lieu par son intercession, ce qui le rend éligible à la béatification prévue en août 2010.
la cérémonie de béatification a eu lieu le 27 juin 2010, sous la présidence du cardinal Nasrallah Sfeir, patriarche d'Antioche des maronites, au monastère de Saint Cyprien et Sainte Justine dans la localité de Kfifane, dans le nord du Liban, où reposent les restes du moine.
Source :
Sa naissance
Son père, Estephan Bou Haykal Nehmeh et sa mère, Christina El Badawi Khaled, étaient tous les deux réputés pour leurs bonnes mœurs.
Le Père Gergès Fadel lui administra le sacrement du baptême en l’église Notre-Dame de Lehfed, le 15 mars 1889.
Il reçut le prénom de Youssef.
Sa vie
Il était l’élément choyé et l’ange gardien du foyer.
Il fuyait le tumulte et affectionnait l’isolement.
Au cours de sa jeunesse, s’il voulait prier, il s’éloignait de la maison afin de ne pas entendre quoi que ce fût qui perturbât sa prière et sa méditation.
Il a appris les rudiments de la lecture, de l’écriture et du catéchisme avec les enfants du village, sous les arbres avoisinant la belle église dédiée à saint Etienne, à Lehfed.
Dès sa naissance, Youssef aima Dieu et sa sainte Mère, la Vierge.
S’il venait à prononcer le nom de cette dernière, son cœur se remplissait de joie, surtout lorsqu’il priait le chapelet.
Il en récitait les dizaines, lentement, méditant le sens de chacune. Il était recueilli dans sa prière.
Il avait aussi l’habitude de rappeler aux membres de sa famille leur devoir de prier le soir.
Cette prière, toute famille libanaise avait l’habitude de la faire.
Parmi ses effets : mener les membres de la famille à la maturité spirituelle et faire de leurs foyers un coin de paradis céleste.
Youssef n’aimait ni les assemblées ni les veillées, même chez les parents proches.
Il préférait rester à domicile et prier longuement, puis dormir en murmurant : « Dieu me voit, Dieu me voit. O Jésus, ô Marie, ô saint Joseph, assistez-moi, surtout à l’heure de ma mort ».
Son intégration de l’ordre maronite libanais
Il fut admis parmi les novices et, huit jours plus tard, il portait leur habit et prenait le nom de Stéphane.
Le 23 août 1907, le frère Estephan prononça ses vœux monastiques et porta le froc, sous la direction du Père supérieur, Youwassaf Sakr, de Kfoun.
Après cela, le frère Estephan vécut trente ans de vie religieuse.
Il en a passé presque douze au monastère Notre-Dame de Mayfouq, dix autres dans celui de Notre-Dame du secours à Jbeil, trois à saint Antoine de Houb et presque six ou sept mois au couvent de Kfifane, où il mourut.
Il a aussi passé quelque temps aux couvents de saint Challita à Kattara, puis saint Maron, à Annaya.
Le 13 avril 1924, il prononça ses vœux solennels sous la direction du Père Youssef Matar de Lehfed, au couvent saint Antoine, à Houb.
Le frère Estephan a vécu une vie de frère ouvrier.
Il travaillait dans les jardins des monastères.
Il était « chef de champ », c’est-à-dire qu’il gérait les propriétés du monastère.
Il avait également appris l’art de la menuiserie à Mayfouq et exerçait le métier.
De plus, il était bon maçon et était réputé pour sa forte carrure et sa robustesse.
Mais l’on peut dire que ce moine a passé les années de sa vie à cultiver les jardins des monastères où il résidait.
Sa mort
Après avoir exécuté cette tâche au couvent Notre-Dame de Mayfouq et résout maints problèmes grâce à son intelligence percutante, sa bonté et sa conscience vive, il est retourné au couvent de Kfifane.
Mais sa santé était ébranlée et une fatigue profonde marquait sa personne.
Un soir, alors qu’il était assis avec les moines, le frère Charbel Nehmeh lui demanda s’il voulait qu’il lui remplisse la cruche avant qu’il ne dorme. Il lui a répondu : « Fais comme tu veux. »
Le frère Charbel s’est dirigé vers la cellule du frère Estephan afin de remplir la cruche.
C’est alors que le frère Antoine el Rami le suivit en criant : « Où est l’eau ? Où est la cruche ? »
Et il lui demanda de le suivre.
Tous les deux découvrirent alors que le frère Estephan avait rendu l’âme.
Ce qui a été écrit sur la mort du frère Estephan : En homme intègre, le frère Estephan Nehmeh a fini ses jours au couvent des saints Cyprien et Justine de Kfifane.
C’était le 30 août 1938.
Voici ce qu’a écrit le supérieur, le Père Antoine Nehmeh de Lehfed, dans les cahiers du monastère : Il a quitté ce monde le mardi 30 août 1938, à dix-neuf heures.
Il était un frère bûcheur, très soucieux de sauvegarder les intérêts du couvent.
Il était robuste, de saine carrure.
Pacifiste et résigné, il évitait les disputes.
Il s’occupait des travaux des champs, était adroit aux besognes manuelles.
Il restait fidèle à ses vœux monastiques, veillant à les vivre en tous points.
Quelques jours avant sa mort, il était allé au couvent de Mayfouq afin de délimiter certains terrains.
La congrégation avait, en effet, acheté quelques propriétés, au cours de la guerre, des associés du couvent.
Mais à l’automne précédent, ces associés s’étaient révoltés et avaient réclamé leurs droits sur toutes les propriétés du monastère.
La congrégation fut forcée de faire appel à un comité afin de délimiter les surfaces.
Mais ceux qui avaient vendu avaient enfoui les traces qui marquaient les frontières.
C’est alors que l’on fit appel au frère Estephan.
Il connaissait parfaitement les frontières et les avait marquées.
Il indiqua l’endroit exact des marques en déterrant celles-ci et la justice fut rendue au monastère.
Les frontières étaient telles que l’acte de vente les avait décrites.
Quant au frère Estephan, il supporta mal la chaleur et en souffrit en ressentant des frissons, puis une légère apoplexie qui a signé l’arrêt de sa vie.
Que Dieu le prenne en pitié.
C’est ainsi que le frère Estephan décéda, le 30 août 1938, en odeur de sainteté, à l’âge de 49 ans.
Il a marqué de sa présence tous les monastères où il a vécu.
Il entreprenait son travail dans un esprit monastique chrétien et humain.
L’empreinte qu’il a laissée demeure vivace jusqu’à nos jours.
Le frère Estephan a été inhumé dans le caveau du monastère de Kfifane.
Le 10 mars 1951, au cours de l’enterrement du défunt Père Youssef Sourati, les moines ont découvert que le cadavre du frère Estephan demeurait sain, sans aucune trace de corruption.
C’est alors qu’ils le transférèrent vers un nouveau tombeau.
Il s’y trouve encore actuellement et les pèlerins viennent s’y recueillir afin de quêter les grâces.
Les étapes de la vie du bienheureux Estephan Nehme
15-03-1889 : baptême en l’église Notre-Dame de Lehfed
1905: entrée à l’ordre maronite libanais
23-08-1907 : émission des vœux et port du froc
1908-1910 : Notre-Dame de Mayfouq
1910-1913 : couvent Saint Antoine de Houb
1913-1922 : couvent Notre-Dame de Mayfouq pour la deuxième fois
1922-1924 : couvent Saint Antoine de Houb, pour la deuxième fois
13-04-1924 : vœux solennels à Saint Antoine de Houb, sous la direction du Père Youssef Matar de Lehfed
1924-1928 : couvent Mar Challita à Kattara
1928-1938 : couvent Notre-Dame du secours à Jbeil
30-08-1938 : après y avoir passé six mois, décès au couvent des saints Cyprien et Justine à Kfifane
10-03-1951 : découverte de son cadavre intact
27-12-2001 : présentation du dossier de ses vertus au siège apostolique. Tombeau scellé à la cire rouge. Interdiction de toucher au cadavre
17-01-2007 : le pape Benoît XVI le déclare vénérable
17-01-2009 : réunion du comité des théologiens au Vatican afin de poursuivre son dossier de béatification
27-06-2010 : Mgr Angelo Amato, président du concile des saints, le déclare bienheureux.
Béatification du frère Estephan Nehme
Par son intermédiaire, le Seigneur a réalisé des miracles frappants.
Sa réputation de saint s’est propagée au Liban et à l’étranger.
Le 27 novembre 2001, l’ordre maronite a présenté son dossier auprès du siège apostolique.
Ordre fut donné de sceller le tombeau à la cire et de ne pas toucher au cadavre.
Le 17 décembre 2007, le pape Benoît XVI a déclaré le frère Estephan Nehme vénérable.
Un comité de théologiens s’est réuni au Vatican au cours d’une conférence consacrée à la cause de béatification de ce frère.
Tous les membres ont voté positif en reconnaissant le miracle de guérison.
Le 27 juin 2010, il a été déclaré bienheureux, au couvent des saints Cyprien et Justine à Kfifane, par Mgr Angelo Amato, président du conseil des saints.
Nous espérons que, grâce au Seigneur, le frère Estephan devienne un saint, le quatrième après Charbel, Rafqa et Neemetallah.
Comme le dit saint Paul : « Que la couronne de gloire te soit conservée » , ô serviteur fidèle et moine exemplaire. Que l’ordre maronite libanais demeure une école de sainteté.
Dieu me voit
Il plaçait Dieu face à son regard et agissait comme s’il était en présence du divin.
« Dieu me voit », telle était la devise du vénérable frère Estephan Nehme.
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