Didace Pelletier († 1699)
frère franciscain canadien
Didace Pelletier
Didace
Pelletier, né le 28 juin 1657 à Sainte-Anne-de-Beaupré (Québec) sous le
nom de Claude Pelletier et mort le 21 février 1699 aux Trois-Rivières
(Québec), est un Frère récollet, charpentier et bâtisseur d'églises
canadien dont le procès en béatification est ouvert depuis peu après sa
mort.
Biographie
Claude Pelletier est le fils de Georges Pelletier, arrivé en Nouvelle-France en 1652, et de son épouse Catherine Vannier.
Il reçoit sa confirmation en 1666 des mains de Mgr
François de Montmorency-Laval, et entre, en 1668, à l’école d’arts et
métiers de Saint-Joachim, fondée la même année par l’évêque.
Il
y fait son apprentissage de charpentier jusqu’à la maîtrise et
travaille d’abord à la construction de la deuxième église de
Sainte-Anne-de-Beaupré, dont la première pierre fut posée en 1676.
En 1678, Claude demande à entrer chez les Frères mineurs récollets.
Admis comme frère lai en 1679, il prend, en 1680, le nom de frère Didace.
De
1682 à 1688, il accompagne le père Joseph Denys dans les diverses
missions que les Récollets avaient établies sur l’île Bonaventure, à
Plaisance, puis à Ville-Marie et, enfin, à Trois-Rivières, où il meurt
le 21 février 1699 d’un refroidissement contracté pendant qu’il
travaille à l’église des Récollets.
Il est alors inhumé dans la crypte de la chapelle du couvent des Récollets, aux Trois-Rivières.
Postérité
À la mort du frère Didace, le père Denys est convaincu de sa sainteté et, grâce à l’aide de Mgr Jean-Baptiste de La Croix de Chevrières de Saint-Vallier, son procès en béatification est ouvert.
Le père Joseph Denys fait alors le récit des quelques 22 miracles accomplis en vénération des reliques du frère Didace.
Cependant,
le procès ne connaît pas de suite et le frère Didace est complètement
oublié jusqu'à la fin du XXe siècle, lors duquel on retrouve une gravure
contemporaine intitulée Le Vray Portrait du Très Religieux Frère
Didace, mort en odeur de Sainteté le 21 Fév 1699. Dès lors, son procès
est relancé.
Il est liturgiquement célébré le 21 février.
Source :
Claude
Pelletier est né à Sainte-Anne-de-Beaupré le 28 juillet 1657, fils de
Georges Pelletier et de Catherine Vannier, originaires de Dieppe, en
France.
À cette époque, il n'y avait pas d'église sur la Côte de Beaupré.
Claude a donc été baptisé dans la maison paternelle par un missionnaire de passage, le Père André Richard, jésuite.
L'acte du baptême a été rédigé sur une feuille volante et transcrit
dans le registre de la paroisse par le curé Germain Morin en 1690.
C'est le premier acte de baptême qui figure dans le registre de la paroisse de Sainte-Anne-de-Beaupré.
Le
28 février 1666, Claude reçoit la confirmation à Château-Richer des
mains du bienheureux François de Laval, premier évêque de Québec et de
la Nouvelle-France.
Assez tôt, l'enfant fréquenta l'école d'arts et métiers fondée par Mgr
de Laval et établie à Saint-Joachim, non loin de Sainte-Anne-de-Beaupré.
Claude y apprit le métier de charpentier et de menuisier, dans lequel il excella.
Entrée chez les Récollets
En
septembre 1678, Claude Pelletier quitte Sainte-Anne-de-Beaupré pour
entrer chez les Récollets, comme frère, au Couvent Notre-Dame-des-Anges,
à Québec.
Il a 21 ans. Les Récollets, arrivés en 1615, furent les premiers missionnaires à venir au Canada.
Ils s'appellent aujourd'hui les Franciscains.
Le 3 février 1679, Claude prend l'habit religieux et reçoit le nom de
Frère Didace en l'honneur d'un saint espagnol, frère convers franciscain
d'une grande bonté.
Le 5 février 1680, il prononce ses vœux de religion. Il restera au Couvent de Notre-Dame-des-Anges pendant quelques années.
C'est
là qu'il rencontra celui qui allait être son confesseur et directeur
spirituel pendant quatorze ans et son confrère de communauté pendant des
années, le Père Joseph Denis.
Dès
cette époque, se dessinent les traits caractéristiques de toute la vie
du Frère Didace : vie religieuse intense et fervente, travail
consciencieux comme charpentier et bâtisseur d'églises et de couvents.
Son
talent de menuisier et de charpentier l'amena à prendre part aux
travaux de construction que les Récollets de cette époque firent
exécuter.
Il fut envoyé à Percé et à l'Ile Bonaventure (1684-1689), à Plaisance, Terre-Neuve (1689-1692) et à Montréal (1692-1696).
Témoignage de son conseiller spirituel
Quand
le Père Denis devient Commissaire Provincial des Récollets, avec
résidence à Québec, Frère Didace est nommé à Trois-Rivières.
Il commence la construction de la chapelle du couvent et, durant
l'hiver 1698-1699, travaille à la préparation du bois qui allait être
utilisé au printemps.
L'hiver est rigoureux et le Frère Didace attrape une pleurésie. On le transporte d'urgence à l'Hôpital des Ursulines.
Le jour même où le médecin, qui était probablement le docteur Jacques
Duguay, déclara que tout danger de mort était éloigné, Frère Didace
demanda les derniers sacrements «assurant que ce serait son dernier jour
et expirait sur les six heures du soir, répondant lui-même aux prières
de l'agonie».
C'était un samedi, le 21 février 1699.
Il avait 41 ans, dont 20 chez les Récollets.
Frère Didace avait toujours demandé à la sainte Vierge de venir le chercher en un jour qui lui était consacré.
L'histoire des Ursulines de Trois-Rivières rapporte : «Un des plus
touchants souvenirs des premiers jours de notre hôpital est le décès
d'un saint canadien, le Frère Didace Pelletier, Récollet, natif de
Sainte-Anne, mort en odeur de sainteté dans notre Hôtel-Dieu, le 21
février 1699 et que Dieu honora du don des miracles.»
Maladie et décès
Pour
illustrer le genre de sainteté que fut celui du Frère Didace, il faut
laisser parler le Père Joseph Denis, son père spirituel, qui a vécu avec
lui une bonne partie de sa vie religieuse : «Frère Didace a conservé
toute sa vie, non seulement la première ferveur de son noviciat, mais
encore la première grâce de son baptême... Son obéissance était parfaite
dans les petites choses comme dans les plus grandes et sa pauvreté si
extrême qu'il n'a jamais voulu avoir seulement qu'une tunicelle pour
changer dans les plus grandes chaleurs de l'été où il était
continuellement exposé, travaillant à la charpente de toutes les églises
et maisons de nos établissements, non plus que de s'exempter du jeûne
dans les plus grands et pénibles travaux, et de se lever à minuit pour
prier. « Lorsque je lui représentais qu'il ne pouvait pas vivre
longtemps en donnant aucune relâche à la nature, il me priait, non
seulement comme son confesseur, mais encore comme étant presque toujours
son supérieur, de le laisser faire, aimant mieux mourir dix ans plus
tôt et avoir la consolation d'avoir observé sa Règle que de vivre dix
ans plus tard et avoir à se reprocher de s'être épargné. Sa Religion
(son Ordre religieux) s'était bien passée de lui avant qu'il y fût et
elle s'en passerait encore bien après sa mort. Le travail qui faisait le
plus d'honneur à son état était de se sanctifier soi-même. Son humilité
était si profonde qu'il s'estimait toujours serviteur inutile, quoique
doué de beaucoup d'esprit et de pénétration pour tous les arts. »
Inhumation à Trois-Rivières
Frère
Didace fut inhumé dans l'église des Récollets, à Trois-Rivières. Une
église, construite en 1754, fut édifiée sur le même emplacement que
l'ancienne église des Récollets.
De 1821 à 2000, elle a été occupée par les Anglicans.
Elle appartient maintenant à la Ville de Trois-Rivières, comme bien patrimonial.
Le corps de Frère Didace repose sous cette église. Son crâne fut
transporté à Québec et conservé à la sacristie ; il disparut dans un
incendie, le 6 septembre 1796.
Le Frère Didace n'a pas encore été déclaré ni Bienheureux ni Saint.
Mais il est toujours présent à Sainte-Anne-de-Beaupré.
Sur l'ancienne terre de son père Georges Pelletier en haut de la Côte des Sept-Crans, un monument lui a été érigé.
Une
autre statue, créée par le sculpteur Émile Brunet, se trouve dans une
des niches situées sur le côté nord de la Basilique : elle représente un
Didace tout intérieur, tout recueilli, tenant en mains marteau et
ciseau. Espérons que, dans un avenir rapproché, l'humble charpentier de
la Nouvelle-France sera glorifié par l'Église.
Pierre Dufresne
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