Saint Bertuin († 698)

Saint Bertuin († 698)

évêque et abbé

 

 

Saint Bertuin, évêque et abbé († 698)

 

Saint Bertuin ou Berthuin, + 698. Fondateur de l'abbaye Saint-Berthuin de Malonne en Belgique.

Liturgiquement, il est commémoré le 11 novembre, et le 28 localement.

Hagiographie

Originaire des îles britanniques, il passa au VIIe siècle sur le continent et s'installa avec ses disciples dans une vallée sauvage au cœur de la forêt de la Marlagne.

La forêt dans laquelle il s'était installé était hantée par des esprits mauvais, il la purifia. L'eau potable venait à manquer ? Il fit jaillir une source d'un débit extraordinaire qui fut, des siècles durant, l'espoir des fiévreux, des épileptiques, des rhumatisants et des enfants malingres.

Il fonda un monastère à Malonne qui subsista comme tel bien après sa mort que la tradition situe vers 698.

Pèlerinage

Le pèlerinage annuel est fixé au lundi de Pentecôte depuis 1898 et la procession promène sa châsse à travers les rues de Malonne.

Elle est soutenue par les douze pairs de sa confrérie qui ont fait le vœu de protéger ses reliques contre les hérétiques.

Dévotion particulière

Image illustrative de l’article Bertuin de Malonne

 Statue de saint Berthuin, chapelle de Malonne

 

Son peigne liturgique reste l'objet d'une forte dévotion particulière. Il était appliqué presque quotidiennement sur le front ou le crâne des personnes souffrant du cuir chevelu afin d'obtenir une guérison.

Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Bertuin_de_Malonne

 

Vita sancti Bertuini

Texte du IX e siècle

Traduction du latin en français par M Van Haeperen.

 

Ici commence la vie du béatissime Bertuin, confesseur et pontife, fêté le 3ejour des îdes de novembre.

Le renommé pontife Bertuin, de vénérable vie, était originaire du territoire des Anglo-saxons.

Il était de haute naissance, ses parents étant fortunés et sa famille appartenant à la noblesse, et dès avant de venir au monde, il était de l’élite.

Lorsqu’il eut grandi, ses parents l’envoyèrent s’instruire des lettres avec de grands sages au monastère d’Otbell. C’est saint Bertuin qui hérita de ce monastère et en eut la propriété.

Dès le début de son très saint éveil à la vie, il fut doux, humble, chaste, pieux et modeste.

Non seulement il avait, quoique jeune encore, les dispositions d’âme de l’homme d’âge, mais tout ce qu’il méditait dans ses jeunes années, il l’accomplit ensuite dévotement.

Chaque jour, sa sainteté éclatait en bonnes actions et resplendissait de hauts faits et de miracles : sagesse et tempérance, courage et justice étaient en lui.

Il était d’une extrême douceur, sage et aimé de Dieu autant que des hommes.

Il s’interposait entre les pauvres et les riches, était large en aumônes, disponible aux veilles, exact aux offices divins. Hospitalité, humilité et frugalité, ainsi qu’ardeur à toutes les vertus des gens de bien, faisaient sa force et son ornement.

Il avait constamment au coeur l'Evangile du Christ, priait nuit et jour sans interruption avec effusion de larmes et cherchait à dérober des occasions d’oraison solitaire.

Tout ce que le saint homme prêchait aux autres, en paroles, il le découvrait lui-même journellement en bons exemples, dédaignant le monde et convoitant les biens du ciel.

C’est qu’il était un scribe instruit, éclairé en matière de livres divins et de saintes écritures, et tout le monde affluait à lui pour apprendre la sagesse et l’enseignement du saint homme, parce que Dieu était avec lui.

Or, il advint alors que l’évêque à la tête du diocèse, gagné par la fièvre, tomba malade.

Lorsque les souffrances eurent atteint les organes vitaux, il expira. On l’ensevelit suivant la coutume.

Au retour de l’office des funérailles, les prêtres et la population qui demeuraient en ce diocèse se rassemblèrent ; ils décidèrent d’élire le bienheureux Bertuin à l’Ordre de l’épiscopat.

L’apprenant, l’homme du Seigneur, stupéfait, résistait avec vigueur, protestait et disait qu’il serait indigne. Les gens clamaient le contraire. Ils savaient qu’il était saint, chaste, juste, sobre.

S’étant rendu compte qu’il était vain de résister, le serviteur du Christ, Bertuin, inspiré à la fois par le conseil de Dieu, un profond respect, une grande humilité et une immense ardeur, s’engagea à accepter la charge pontificale dévotement avec l’assistance de Dieu.

Il l’assuma avec dévouement et avec plus de dévouement encore, accomplit chaque jour sa tâche sacrée.

Il fut le grand prêtre de l’Ecriture et en ses jours, plus à Dieu il demeura juste et fidèle. Dans l’exercice de sa charge, il parcourait villes et provinces, annonçait la parole de Dieu, démolissait tous les temples des idoles et les sanctuaires des dieux et faisait restaurer avec grande diligence les monastères et les églises des saints.

Il nourrissait les pauvres, vêtait ceux qui étaient nus, visitait avec empressement les malades et les prisonniers.

Il était le père des orphelins, le défenseur des veuves, et tout le territoire bénéficiait de son enseignement et de sa sagesse.

Nombreux étaient les signes et les miracles que le Seigneur daigna montrer par son serviteur Bertuin.

Il rendait la vue aux aveugles, l’ouïe aux sourds, corrigeait la démarche des boiteux, guérissait les malades, chassait les démons. Comme dit le psalmiste : Dieu est admirable en ses saints. Et encore : Louez Dieu en ses saints. Il convient bien à Bertuin le texte: Voici l’homme d’Israël en qui n’est pas de ruse.

Mais une nuit lui apparut en songe l’ange du Seigneur disant: “Lève-toi très saint Bertuin, car il faut que tu passes en terre étrangère et lointaine et que tu y prépares ton habitation dans une grande région boisée appelée Maghligno”.

L’homme de Dieu répondit aussitôt en songe : “Seigneur, je ne connais pas le territoire que tu dis, et j’ignore tout à fait l’endroit où tu me commandes d’aller”. “Lève-toi”, dit l’ange du Seigneur, “et pars vivement en direction de la province de la Gaule, au-delà de la mer, du côté de l’Europe, cherche la rivière Sambre, le ruisseau Landuwe, parce que c’est là qu’il faut que tu construises ta cellule, que tu édifies une église en l’honneur de sainte Marie et que tu évangélises le peuple, car le Seigneur devait t’accorder là beaucoup de bienfaits”.

Durant son réveil, et quand il fut sorti de son sommeil, l’homme du Seigneur se mit à réfléchir en lui-même sur cette vision qu’il avait eue.

Le matin donc, dès l’aube, le pontife paternel était debout, et appela plus tôt que d’habitude ses parents, cognats et tous ceux qui lui étaient liés par le sang : il leur remit son patrimoine, monastères et domaines et les répartit entre eux à son gré.

Les ressources restantes, il les distribua aux pauvres, aux veuves, aux mineurs et orphelins. Il ne se réserva que les livres canoniques, les reliques des saints et les domestiques qui étaient à son service.

Notre prophète se souvint des avis du Sauveur disant : “Vous qui avez tout laissé et m’avez suivi, recevrez le centuple et possèderez la vie éternelle”. Et ailleurs : “Celui qui n’aura pas renoncé à tout ce qu’il possède ne peut être mon disciple”. Le serviteur du Christ désirait cette béatitude de laquelle il est dit : “Ce que l'oeil n'a pas vu, ni l'oreille entendu, ce qui n'est pas monté au coeur de l'homme, voilà ce que Dieu a préparé à ceux qui l’aiment”. Alors, le pontife susdit convoqua toute la  multitude des gens qui étaient dans la province, leur prêcha sur les paroles divines et les instructions évangéliques, comme il faisait d’habitude, et lorsqu’il eut terminé la sainte prédication, il leur dit : “Pourrais-je vous cacher mes frères, ce que je vais faire? Mon Seigneur Jésus-Christ”, dit-il, “m’ordonne de quitter cette paroisse et d’émigrer pour une autre en terre étrangère et lointaine, pour y séjourner jusqu’à la fin de ma vie. C’est pourquoi j’implore votre cœur de daigner répandre pour moi des prières devant le Seigneur afin qu’il dirige ma route, qu’Il affermisse ma résolution et qu’Il accompagne mon voyage jusqu’à ce qu’Il m’ait conduit sain et sauf à l’endroit susdit”. Dorénavant, vous ne verrez plus la figure de votre évêque. A ces mots répondirent de grands pleurs et de grandes lamentations et les gens disaient : “Pourquoi, saint père, nous quittes-tu ? Pourquoi laisses-tu les brebis que tu as gardées ? Nous serons désolés comme des brebis sans pasteur. Qui nous montrera la route à prendre pour aboutir au Royaume de la vie ? Qui sera le gardien de notre âme ? Qui nous défendra des pièges du diable ?”. Et lorsque venaient les pauvres, veuves, mineurs, orphelins que nourrissait le bienheureux Bertuin, ils se prosternaient à ses pieds, baisaient ses empreintes au sol, en se frappant la poitrine et disaient : “Ah! Qu’allons-nous faire, nous les miséreux ? Qui nous donnera le manger ? Qui nous donnera le vêtement ? Nous t’en supplions, permets-nous d’aller avec toi pour que nous ne souffrions pas la faim ou le dénuement. Et lui de dire: “Celui qui vous a pourvus de grands biens vous pourvoira aux petites choses en sus quand je serai parti”. Alors le père susdit les bénit en pleurant et les laissa. Il prit ensuite les livres divins, les reliques des saints et les domestiques de son entourage, et partit.

Arrivé à la mer, il trouva un bateau à sa disposition. S’y étant embarqué avec ses disciples, il dit: “Sauve-nous, Christ Sauveur, par la puissance de la croix; toi qui as sauvé Pierre en mer, prends pitié de nous”. Le Seigneur ménagea aussitôt un vent favorable: sans l’aide des rames, l’homme du Seigneur parvint à bon port au gré de son souhait.

Lorsqu’il eut débarqué pour partir, l’ange du Seigneur lui apparut une seconde fois au cours de la nuit et dit: “Lève-toi vite, parce qu’il faut que tu ailles d’abord à Rome et que tu y demeures deux ans en retraite”. L’homme du Seigneur, rompu à l’obéissance, se leva alors immédiatement, il accomplit tout ce que lui avait prescrit l’ange du Seigneur.

 

A son retour de la ville de Rome, il arriva à la place de Namur, à l’endroit où la rivière Sambre dérive dans le lit de la Meuse. C’est alors qu’il se mit à suivre le rivage de la Sambre et qu’il atteignit ainsi le cours du Landuwe où il trouva un pâtre gardant son troupeau et lui dit: “Dis-moi, frère, comment s’appelle ce ruisseau?”. “Ce ruisseau”, dit-il, “s’appelle Landuwe”. L’homme du Seigneur alors, fort heureux, suivit la berge du ruisseau, atteignit l’endroit susdit et ne découvrit qu’une grande étendue boisée, des fourrés fort épais de buissons et d’épines, des repaires de bêtes sauvages, des cavernes de brigands et des habitations de démons. L’homme du Seigneur bénit alors de l’eau et, en en ayant arrosé le sol, il y tendit sa tente et y établit son campement.

 

Or, il y avait en ce temps au village de Flawinne, une dame dévote du nom de Roga, et ce village lui appartenait. Lorsqu’elle eut appris que le serviteur du Christ Bertuin demeurait dans la gorge boisée, il prit ses présents en tout honneur, la reçut et s’entendit dire: “Mon seigneur, je sais quel homme vous êtes, saint, juste et bon; si le Seigneur vous a envoyé ici, c’est pour que vous soyez utile au salut de nos âmes et nous protégiez contre les pièges de Satan. Je vous en prie donc instamment, préparez-vous une habitation en l’endroit de votre choix”. Et lui de répondre: “Ce que vous dites n’est pas ce qui m’agréerait. Je vous prierais plutôt de m’allouer sur gage la disposition de biens qui assurent la subsistance et le logement aux étrangers et à ceux qui me succéderont”. Ainsi firent-ils.

 

Le serviteur de Dieu entreprit alors en personne de défricher vigoureusement la forêt avec ses serviteurs, les voisins qui en avaient entendu parler lui offraient leur aide et il commença la construction d’une cellule et d’une église. L’ange du Seigneur lui apparut cette nuit et lui découvrit l’endroit où il faudrait construire l’église. Le matin venu, on vit un cercle de rosée, humide en périphérie alors qu’ailleurs le sol était sec, et c’est là qu’il édifia l’église.

 

Un jour, le fer vint à manquer pour consolider l’achèvement du temple. Il s’empressa de se rendre au pays de Nivelles chez le gouverneur nommé Erpon et lui demanda instamment de lui donner du fer. Erpon dit: “Il n’y a pas de fer ici, si ce n’est une énorme masse ancienne que personne ne pourrait tailler, ni ouvrier, ni aucun artisan. Bertuin dit: “Montrez-la moi”. Tout en l’examinant, il raya le milieu du bloc avec le bout de son bâton, et le fer  se scinda en deux parts. Et tous ceux qui avaient vu glorifièrent Dieu. Ayant repris, munis du fer, le chemin de sa cellule, il dit arrivé à mi-route : “Avez-vous de quoi vous restaurer ?” On lui dit: “Nous avons du fromage et un flacon de vin”. Il se fit apporter le fromage, le bénit, en mangea lui-même et en donna à tous. Il fit ensuite le signe de la croix sur le flacon, les douze hommes qui l’accompagnaient y burent une, deux, trois fois, et le flacon reprenait toujours tout son contenu. Ils se courbèrent alors à ses pieds et dirent: “Tu es grand, Dieu fait voir par toi de grandes merveilles”. Et lui dit: “Elle n’est pas de moi cette merveille, mais du Seigneur”. Et il parvint à sa cellule.

 

Le lendemain arrivait à sa cellule un chariot fort chargé. Il advint qu’il passa sur un enfant et lui brisa les deux jambes et les tibias. A la vue de l’enfant étendu et de sa mère secouée par les pleurs, l’homme du Seigneur, en larmes, se prosterna pour prier, et fort longuement fit oraison. Les jambes et les os de l’enfant ne tardèrent pas à s’affermir comme s’ils n’avaient jamais été brisés. L’enfant se redresse en magnifiant Dieu et s’en alla guéri. Un autre jour, arriva un misérable, reins et bras enserrés par un anneau de fer. L’ayant vu en détresse, l’homme du Seigneur fit le signe de la croix et brisa le fer comme du verre, ce fut colporté par tout le pays.

  

Dans la suite, un habitant du village de Floreffe, Odoacre, dignitaire du roi Pépin, apprenant les prodiges qu’avait accomplis l’athlète du Christ, s’empressa d’aller le trouver et lui remit le bien qu’il possédait sur la rive du Landuwe. Il le conduit alors au roi Pépin et lui rapporta tout ce qui était arrivé. Le roi Pépin, là-dessus, le reçut avec beaucoup d’attentions et lui fit don de cinq villae qui lui appartenaient. Bertuin regagna paisiblement sa cellule. Ces transferts réalisés, il se ménagea une petite habitation avec un oratoire, y entra et s’y fixa sans plus en sortir. Toute la province confluait à lui, il leur prêchait et faisait de nombreux miracles.

 

Quand fut devenu proche le jour de son trépas, il convoqua ses confrères du monastère et leur dit: “Mon Seigneur Jésus-Christ a daigné m’appeler maintenant, moi, votre serviteur, et il est temps que je retourne à celui qui m’a envoyé”. A ces mots de l’athlète du Christ, ses confrères se mirent à chanter les psaumes en pleurant et il se rejoignait à leurs chants. Il éleva les yeux et les mains vers le ciel, sa sainte âme se libéra des chaînes du corps, les saints anges la prirent sur eux et l’emportèrent à grandes envolées au paradis. Ses disciples prirent alors sa sainte dépouille et l’ensevelirent avec grand respect.

Et le Seigneur fit beaucoup de signes et de merveilles par l’intermédiaire de son serviteur Bertuin, en ce lieu, jusqu’à nos jours, à l’initiative de notre Seigneur Jésus-Christ, à qui reviennent honneur et gloire pour les siècles des siècles. Amen.

Fin de la Vie de saint Bertuin, confesseur.

Source : http://spiritualitechretienne.blog4ever.com/blog/lire-article-83937-1924815-saint_berthuin_de_malonne.html

En savoir plus : http://www.martyretsaint.com/bertuin-de-malonne/

http://www.museedesmarches.be/Html/Fr/Php/details.php?oa=saint&type=c&id=malonne&sort=date&order=down&table=c

 

 

 









 

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