Saint Clodoald ou 'Cloud' († 560)
moine près de Paris
Clodoald ou Clodoaldus, plus connu sous le nom de saint Cloud (né en 522 - mort le 7 septembre 560), était un prince mérovingien du VIe siècle, petit-fils de Clovis Ier, qui préféra renoncer à la royauté et devint ermite et moine.
Sa vie exemplaire lui valut d'être reconnu par l'Église comme un saint, et d'être le premier prince franc qu'elle ait honoré d'un culte public.
Biographie
Clodoald était l'un des trois fils de Clodomir, roi d'Orléans, et de Gondioque.
Mort de son père
En 523-524, à l'instigation de Clotilde,
Clodomir et ses deux frères, Childebert et Clothaire - qui s'étaient
partagés, avec leur demi frère Thierry, le royaume de leur père Clovis à
la mort de celui-ci en 511 - se joignent dans une expédition contre lesBurgondes du roi Sigismond.
Après l'arrestation de celui-ci et de sa famille, Clodomir rentre à Orléans.
Mais le frère de Sigismond, Godomar III revient triomphant en Burgondie à la tête des troupes envoyées par son allié et parent, le roi ostrogothThéodoric le Grand.
Là, il fait massacrer la garnison que les Francs avaient laissée.
En représailles, Clodomir fait alors assassiner Sigismond et les fils de ce dernier : Gisald et Gondebaud, le 1er mai 524, puis, il se lance dans une seconde expédition contre les Burgondes.
Il est tué lors de la bataille de Vézeronce le 25 juin de la même année.
Assassinat de ses frères
Après
la mort de Clodomir, ses trois fils Thibault, Gonthaire et Clodoald
furent recueillis par sainte Clotilde, leur grand-mère, qui les éleva
chrétiennement, en attendant qu'ils puissent se partager les États de
leur père, gouvernés pendant ce temps par des lieutenants.
Mais Childebert Ier, roi de Paris, et son frère Clotaire Ier, roi de Soissons, qui convoitaient le royaume d'Orléans, leur héritage, cherchèrent le moyen de parvenir à leurs fins.
Clotaire épousa Gondioque, la veuve de Clodomir.
Mais cela ne suffit pas pour ce dernier obtienne le territoire de son défunt frère : la loi salique impose le partage du royaume entre les fils de Clodomir.
Pour
contourner le problème, Clotaire s'allie à son frère Childebert, qui
partageait le même infâme dessein que lui, pour organiser l'assassinat
des jeunes héritiers (525).
Childebert
et Clotaire, firent demander à leur mère Clotilde, de leur envoyer les
enfants de Clodomir pour les proclamer successeurs de leur père.
La
sainte femme revêtit Cloud, qui n’avait que deux ans, et ses deux
frères de leurs plus beaux habits et les envoya avec confiance, ne se
doutant pas de ce qui attendait ses petits-enfants.
Les deux oncles font alors massacrer les enfants de Clodomir.
Certains
disent même que ces oncles barbares auraient égorgé de leurs propres
mains les deux aînés, Thibault et Gonthaire, âgés de dix et sept ans, au
grand désespoir de sainte Clotilde, qui voyait ses petits enfants tués
par ses propres fils assassins.
Seul
le plus jeune, Clodoald ou Cloud, qui était âgé de deux ans, fut
miraculeusement sauvé du massacre, par le dévouement de quelques
fidèles.
On le cacha dans un monastère, et il put ainsi échapper à toutes les recherches de ses oncles.
Renonciation à la royauté
Quelques
années plus tard, il se coupa lui-même les cheveux au cours d'une
cérémonie par laquelle il déclarait qu'il renonçait à laroyauté, ayant préféré sacrifier sa chevelure, symbole de la royauté franque.
Et même s'il eut plusieurs occasions de recouvrer les États de son père, il ne voulut point en profiter.
Il préféra une vie humble et tranquille dans les rigueurs de la
solitude, à une vie éclatante, mais périlleuse dans un palais royal, au
milieu d'une foule de courtisans. Il se consacra entièrement au service
de Dieu.
Initiation religieuse
Après
avoir distribué aux églises et aux pauvres les biens que ses oncles
n'avaient pu lui ravir, il se retira auprès d'un saint religieux, nommé Séverin, qui menait une vie solitaire et contemplative dans un ermitage aux portes de Paris (à l'emplacement de l'actuelle Église Saint-Séverin dans le Ve arrondissement).
Le jeune prince devint son disciple et reçut de ses mains l'habit religieux.
Il demeura quelque temps en sa compagnie, pour s'y former à toutes les vertus monastiques.
Childebert
et Clotaire n'ignoraient pas son identité, mais, comme ils le virent
sans prétention, ils le laissèrent en liberté et lui donnèrent même
quelques héritages pour vivre plus commodément dans le lieu de sa
retraite.
Départ en Provence
Cependant,
ne se croyant pas assez solitaire, ou pour quelques raisons qui nous
sont inconnues, il quitta les environs de Paris et se retira secrètement
en Provence, loin de toutes les personnes de sa connaissance.
Alors
qu'il était en train de construire, de ses propres mains, une petite
cellule, un pauvre se présenta devant lui et lui demanda l'aumône.
Il
était lui-même si pauvre, qu'il n'avait ni or, ni argent, ni provisions
qu'il pût lui donner ; mais il se dépouilla généreusement de sa propre
cuculle et lui en fit présent.
Cet
acte de charité fut si agréable à Dieu, que, pour en découvrir le
mérite, il rendit la nuit suivante cette cuculle toute lumineuse entre
les mains du pauvre qui l'avait reçue.
Les habitants des environs furent témoins de ce miracle, et reconnurent par là que Clodoald était un excellent serviteur du Christ.
Ils
vinrent donc le trouver pour honorer sa sainteté et pour recevoir ses
instructions ; mais leurs trop grandes déférences leur firent perdre un
si précieux trésor : car saint Cloud, voyant qu'il n'était pas plus
caché en Provence qu'à Paris, s'en retourna dans son premier ermitage.
Retour à Paris
À peine fut-il revenu qu'Eusèbe, alors évêque de Paris, l'ordonna prêtre vers l'an 551,
malgré les protestations de son humilité, à la sollicitation du peuple,
qui ne put souffrir de voir un si saint homme dans un Ordre inférieur.
Clodoald fut le premier des princes de France à consacrer sa vie à la religion.
Il accomplit pendant quelque temps les fonctions de son ministère dans l'église de Paris.
Les vertus qu'il y fit paraître le firent encore plus respecter qu'auparavant.
On
admirait en lui le pouvoir de la grâce, qui, d'un prince, ou pour mieux
dire d'un roi légitime, avait fait un humble serviteur de la maison de
Dieu.
On
louait son humilité, sa modestie, son détachement des choses du monde,
son amour pour la pénitence et sa charité incomparable.
Ce grand homme ne put souffrir longtemps ces honneurs, et, pour les éviter, il se retira sur une colline, le long de la Seine, à deux lieues au-dessous de Paris, en un lieu que l'on appelait Novigentum (l'actuelle commune de Saint-Cloud).
Ayant trouvé refuge dans ces lieux retirés, il y mena une vie de solitude et de prière.
Fondation d'un monastère
Après
y avoir vécu quelque temps solitaire, Clodoald, vit accourir de toutes
parts des disciples, dès qu’on sut le lieu de la retraite du serviteur
de Dieu, pour se mettre sous sa direction.
Quelques cellules furent d’abord bâties, bientôt un monastère devint nécessaire.
D'après la tradition, Clodoald aurait fait construire un monastère avec chapelle qu'il dota des biens que les rois, ses oncles, lui donnèrent.
Il le fit dépendant, avec son église et tous ses revenus, de l'église cathédrale de Paris, dont il était le prêtre.
Clodoald y vécut sept ans au milieu de ses frères, leur donnant l’exemple de toutes les vertus.
Il y mourut saintement le 7 septembre 560.
Sa
mort, qu'il aurait prédite avant qu'elle arrivât, fut, selon la
légende, suivie de plusieurs miracles, qui se seraient produits près de
son tombeau.
Clodoald est alors canonisé et le modeste hameau se transforme rapidement en un lieu de pèlerinage, qui voit accourir des foules immenses.
Novigentum change alors de nom pour devenir « Sanctus Clodoaldus » (Saint-Cloud).
L'Église Saint-Clodoald
Cette chapelle, agrandie ou reconstruite, notamment par le roi Dagobert Ier, devint collégiale au VIIIe siècle.
En 1376, on transféra les reliques du saint de la crypte dans le chœur de l'église haute reconstruite une nouvelle fois.
À cette occasion, Aimery de Magnac, alors évêque de Paris, fit don à sa famille d'un bras entier du saint.
Conservé au domaine familial du Châtelard (près de Saint-Junien en Haute-Vienne), le bras fut porté le 5 juillet 1405 par
dame Perennelle de Maignac, nièce de l'évêque de Paris et veuve de
Clément de Reilhac, seigneur de Brigueil, pieds nus, du Châtelard
jusqu'à l'église de Saint-Junien, qui eut l'obligation d'organiser
chaque année, « à perpétuité », une procession en l'honneur de cette
relique. (Plus tard cependant, cette relique de saint Cloud ne semble
pas concernée par les "ostentions" de Saint-Junien, et au moment de la
Révolution, elle était de retour en l'église St Clodoald)
La collégiale de Saint-Cloud connaît son heure de gloire en 1589, lorsque les funérailles du roi Henri III, assassiné par le moine Jacques Clément, y sont célébrées.
À partir de1635, la collégiale sert d'église paroissiale. Vers 1750, l'église fortement délabrée est rasée en 1778.
N'en subsistent alors que les soubassements du chœur et du transept, l'abside de la crypte et la dernière travée à chevet plat du bas-côté nord.
On peut encore voir ces vestiges, de nos jours, rue de la Faïencerie, à Saint-Cloud.
La première pierre d'une nouvelle église - l'actuelle église Saint-Clodoald de Saint-Cloud - est posée le 22 mai de la même année par la reine Marie-Antoinette.
Mais à peine les murs commencent-ils à s'élever que la Révolution éclate. Il faut interrompre les travaux qui ne reprendront qu'en 1819.
Le 25 août 1820, l'église est enfin consacrée.
Les
reliques du saint ont été détruites par les révolutionnaires, à
l'exception du fameux bras, conservé dans un reliquaire d'argent, qui
fut sauvé par une institutrice, Mme Pottée.
Le 12 juin 1848,
cette vénérable relique est solennellement restituée à l'église
paroissiale ainsi qu'une vertèbre dorsale, sauvée par un porte-châsse,
et fit son retour dans l'église en 1863.
Mais devenue vite trop petite, ladite église est une nouvelle fois reconstruite sous Napoléon III.
En août 1861, le prince impérial, âgé de 5 ans, pose la première pierre de la nouvelle église qui est consacrée en 1878, dans un style néo-gothique.
Clodoald par Grégoire de Tours
Dans son Histoire des Francs, Grégoire de Tours raconte
les luttes pour le pouvoir entre les enfants de Clovis, et après avoir
évoqué l'assassinat de ses deux frères, consacre quelques lignes à
Clodoald :
« Ils
ne purent prendre le troisième, Clodoald, qui fut sauvé par le secours
de braves guerriers ; dédaignant un royaume terrestre, il se consacra à
Dieu, et, s’étant coupé les cheveux de sa propre main, il fut fait
clerc. Il persista dans les bonnes œuvres, et mourut prêtre. »
Il est le patron des cloutiers.
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