Biographie
Par Chatsam — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=51775924
Né à Épinoy en Artois (aujourd'hui quartier de Carvin), Druon, d'origine aristocratique et orphelin de père, voit le jour après une césarienne pratiquée sur sa mère agonisante.
Toute sa vie, il portera la culpabilité de cette mort, s'astreignant à des pénitences très rigoureuses dès son plus jeune âge.
Adolescent, il se défait de son riche héritage pour partir sur les routes, puis se faire simple berger à Sebourg, près de Valenciennes, au service d'une dame de piété, Élisabeth de La Haire.
Adulte, il devient pèlerin, et part neuf fois pour Rome dans le plus grand dénuement.
Revenu de son dernier voyage avec une maladie qui l'a laissé difforme, il se fixe comme ermite et confesseur à Sebourg.
Il demeurera une quarantaine d'années dans une cellule attenante à l'église, menant une vie de prière et de pénitence à l'écart du monde.
Lors d'un incendie qui ravage l'édifice, il continue à prier et en sort vivant.
Il meurt trois jours après Pâques en 1185.
Ses proches venus d'Épinoy veulent alors ramener son corps en Artois, mais le chariot, de plus en plus lourd, ne pourra jamais sortir de Sebourg.
Canonisation
Gisant de Saint Druon
Par Chatsam — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=51775749
Le 11 juin 1612, eut lieu l'« élévation des reliques » par Jean Richardot, archevêque de Cambrai, l'Église catholique reconnaissait ainsi officiellement le culte de saint Druon. Druon n'a donc jamais été canonisé.
Son culte est associé à celui du bienheureux Pierre de Luxembourg, allié à sa famille.
Hommages posthumes
- Une chapelle a été édifiée au XIXe siècle à Carvin à l'endroit supposé de sa maison natale. Elle a été rénovée en 2005 et une procession s'y rend les lundis de Pentecôte. L'église Saint-Druon de Cambrai célèbre la messe des bergers tous les lundis de Pentecôte en l'honneur du saint berger, avec leurs moutons.
- Une croix à la sortie de Sebourg perpétue le souvenir de l'endroit où s'arrêta le chariot qui devenait emmener le corps.
- L'écrivain Claude Louis-Combet lui a consacré un roman, Les Errances Druon (Corti, 2005), où le saint est dépeint comme un mystique hanté par la culpabilité de la mort de sa mère en couches.
- Maurice Druon évoque le personnage dans son roman Les Poisons de la Couronne (note n°10 en annexe du volume).
- Une ancienne fontaine de Sebourg s'appelait la Fontaine de Saint-Druon.
- Encore aujourd'hui une fête a lieu à Sebourg en l'honneur de Druon le dimanche suivant la Pentecôte.
Natif d'Epinoy (commune de Carvin-62) vers 1118, il était orphelin de père et sa mère mourut en couches selon sa légende hagiographique qui retient qu'il naquit de ce fait par césarienne.
Dès lors, raillé par ses camarades, il se complut très jeune à la mortification de l'âme et du corps en signe d'expiation et finit par s'expatrier en Hainaut, à Sebourg, où il se mit au service des habitants comme pâtre pendant 6 ans.
Non content de se résigner à une existence modeste, il en finira, selon les récits, par attraper une hernie qui le contraignit alors à la sédentarité après avoir effectué à 9 reprises le pèlerinage vers Rome.
De ce fait, saint Druon se fit construire une cabane adossée à l'église de Sebourg où il se mit à vivre en reclus, exclusivement tourné vers la dévotion, l'isolement des choses terrestres et l'assistance aux gens qui venaient chercher son intercession dans ses prières contre nourriture.
Un épisode miraculeux survint même vers la fin de sa vie alors que l'église brûla entièrement et qu'il en sortit indemne, retrouvé en prière par une population inquiète de son sort.
Fort affaibli par sa hernie, l'absence de soins, la vie d'ascète qu'il menait toujours avec autant de ferveur à un âge si avancé alors pour l'époque, saint Druon mourut à Sebourg le mercredi de Pâques 1186, le 16 avril, selon les écrits des savants bollandistes unanimement reconnus au XVIIème siècle.
Pure coïncidence, ce même 16 avril correspondra aussi plus tard à la fête de saint Benoît-Joseph Labre, figure régionale de Amettes (62) qui aura une existence assez proche de saint Druon, connu pour sa vie d'humble pèlerin et assistant des pauvres à Rome au XVIIIème siècle.
Après son décès, les écrits relatifs à saint Druon retiendront de nombreux miracles survenus à Sebourg dont ont bénéficié d'illustres personnages tel le comte de Hainaut Jean d'Avesnes (1280-1304) venu chercher son intercession sur le lieu de sa sépulture pour se soigner de la pierre (calculs) qui l'accablait.
Très vite la notoriété de saint Druon, guérisseur des « maladies de ventre » (hernies, calculs...) en lien avec l'affection dont il souffrit lui-même, puis par extension pour l'heureuse délivrance des mères enceintes, en lien avec sa propre naissance, firent affluer à Sebourg des foules de fidèles venus chercher la guérison miraculeuse ou la simple intervention divine par l'entremise de saint Druon en se recommandant dans des prières qui lui étaient dédiées.
Dès 1210, une première charte de partage des offrandes faites à saint Druon par les pèlerins entre le seigneur de Sebourg et le chapitre métropolitain de Cambrai réglait le différend qui opposait déjà les parties intéressées par cet afflux important de numéraire sur le territoire du village par l'explosion du culte populaire qui apparut massivement et spontanément.
Une partie devait d'ailleurs servir à la poursuite de la reconstruction de l'église incendiée quelques décennies plus tôt et dont nous retrouvons actuellement quelques témoignages architecturaux datés de cette époque.
Saint Druon ne connut jamais de procès en canonisation tel que nous le connaissons aujourd'hui puisque la procédure ne fut définitivement fixée que plus tard par le pape Benoît XIV au XVIIIème siècle.
La vox populi avait bien souvent l'initiative, l'antériorité sur l'Église qui se cantonnait a posteriori à « officialiser » le culte dès lors que la pratique de dévotion se répandait, afin de canaliser les formes de vénération et de les « christianiser ».
Ce n'est donc qu'en 1612, en pleine Contre-Réforme catholique, qu'eût lieu la cérémonie « d'élévation des reliques » de saint Druon, par l'archevêque de Cambrai Jean Richardot en personne.
Cette cérémonie avait pour but de reconnaître officiellement le culte de saint Druon par l'Église en exhumant les ossements du saint pour les consacrer sur l'autel puis les placer dans une châsse qui pourrait contribuer encore davantage à la vénération et à la diffusion-exportation de son culte par la pratique de dissémination de reliques en d'autres sanctuaires (Epinoy, Roucourt près de Douai, Clary, Maroilles, Lille, Allaines et Cottenchy dans la Somme, Froissy dans l'Oise, Warmeriville dans la Marne...).
Ainsi, au fil du temps, de nombreuses formes de vénération de saint Druon sont apparues (pèlerinages, processions, patronage des bergers, invocation pour les maladies de ventre et par la suite pour les animaux, création de confréries, prières...) et de multiples traces tangibles (chapelles, oratoires, statues, reliques, médailles, drapelets de pèlerinage, ex-voto...) de son culte ont pu être recensées localement, régionalement mais aussi hors région (Aisne, Ardennes, Marne, Haute-Marne, Oise, Seine-Maritime, Somme), et à l'étranger, dans les anciens Pays-Bas bourguignons (Belgique et Pays-Bas).
Un petit travail d'inventaire (vraisemblablement non exhaustif) des traces de saint Druon chez nous pourra vous en convaincre, sachant que sur le territoire de la 2C2M, seuls Le Favril et Maroilles gardent des traces de saint Druon :
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire