Saint Étienne de Châtillon († 1208)
Évêque de Die
Étienne
de Châtillon ou Étienne du Bourg, (°1155 - †1208), prieur de
la Chartreuse de Portes dans le Bugey, évêque de Die, célébré le 7
septembre.
Issu
de la maison de Châtillon en Dombes et de celle de Montrevel il nait
en 1155 au château de Châtillon, d'un caractère doux et modeste il fait
d'excellentes études.
A vingt six ans il se retire à la Chartreuse de Portes.
En 1202 il devient évêque de Die.
Il décède le 7 septembre 1208 et est inhumé dans la cathédrale de Die.
En 1561 ses reliques seront détruites par les protestants.
II
n'est point de famille en Bresse ni en Bugey dont l'origine remonte
plus haut que celle des seigneurs de Châtillon en Dombes et de
Montrevel, de laquelle saint Etienne tire son origine.
Milo, son bisaïeul, était déjà seigneur de Châtillon en l'an 1070, et
Bérard, évêque de Macon, fils de ce Milo, conduisit à la Terre-Sainte
les gentilshommes de Bresse et du Maçonnais qui accompagnèrent Godefroy
de Bouillon à Jérusalem.
Cette
famille a fourni beaucoup d'hommes distingués à l'Église, mais aucun
n'a brillé autant par ses vertus que le saint évêque de Die. Il naquit
vers 1055, à Châtillon, chef-lieu de la petite province des Dombes, qui
était alors du diocèse de Lyon.
Les auteurs de sa Vie racontent que dans le berceau même il donna des
marques éclatantes d'une inclination surnaturelle pour les œuvres de
pénitence ; mais sans nous appesantir sur ces détails qui tiennent trop
du merveilleux, nous nous contenterons de dire qu'il se montra dès ses
jeunes ans, doux, modeste, caressant, officieux, et qu'il fît paraître
dans l'enfance même la prudence et la retenue d'un vieillard.
Il
apporta à l'étude d'excellentes dispositions, et fit dans les sciences
des progrès qui l'élevèrent bientôt au-dessus de ceux qui les lui
enseignaient ; mais il écoutait en même temps un autre maître qui lui
parlait au cœur et qui lui inspirait un ardent amour pour la véritable
sagesse.
Ce
fut pour suivre ses conseils qu'il méprisa les plaisirs de la vie, les
biens de la terre et tout ce que le monde a de plus spécieux pour
captiver les hommes.
Dans cette voie étroite, on le vit marcher humble, chaste et sobre.
Dès lors surtout, il pratiqua l'abstinence d'une manière fort
rigoureuse : non content de jeûner fréquemment, il fit vœu de ne manger
jamais de viande.
La prière faisait sa principale occupation, et le reste de son temps
était employé à la méditation des vérités saintes et à l'exercice des
œuvres de miséricorde.
Tout
le monde était en admiration devant le jeune Etienne, et cette
admiration était d'autant plus grande qu'on rencontrait rarement île si
beaux modèles ail milieu du siècle et surtout au sein des richesses et
de l'opulence.
On
vit alors les sentiments se partager à son sujet. Les personnes sages
louaient sa conduite, mais les gens du monde, qui de tout temps ont
contredit la vertu, ne voyaient dans sa manière d'agir qu'une
misanthropie condamnable.
Pour lui, sans se mettre en peine de ce que l'on débitait sur son
compte, et méprisant les applaudissements et le blâme des hommes, il ne
prenait de conseils que de cet oracle du prophète : II est avantageux à l'homme de porter le joug du Seigneur dès sa jeunesse. (Jr., Lament., chap. III.)
Poussé
par le désir de ne vivre que pour Dieu et dégoûté de la vie séculière
par tout ce qu'il avait remarqué dans le monde, il résolut d'y renoncer
entièrement pour se délivrer des pièges qu'il lui tendait.
A
l'âge de vingt-six ans, il se retira dans la chartreuse de Portes en
Bugey, lieu déjà illustré par plusieurs personnages, dont les plus
éminents en sainteté étaient Bernard, prieur de ce monastère, puis
évêque de Belley, à la prière duquel saint Bernard de Clairvaux, son ami
particulier, avait fait l’Exposition du Cantique des Cantiques ; l'autre
était saint Anthelme, qui avait été aussi prieur de la
Grande-Chartreuse et ensuite évêque de Belley ; le troisième, qui ne le
cédait en rien aux deux premiers, était saint Arthaud, fondateur de la
chartreuse d'Arvières, et qui fit briller aussi toutes les vertus
épiscopales sur le siège illustré par le B. Bernard et par saint
Anthelme.
Sa
vertu se trouvant en sûreté dans cet asile, prit de si grands
accroissements, que bientôt elle parut égaler celle de ces saints
religieux.
S'offrant
tous les jours en holocauste, il s'efforçait, comme ces modèles, de
mourir au inonde, afin de faire vivre J.-C. seul dans son cœur.
Il réduisait son corps en servitude par les veilles, les jeûnes, les macérations.
Selon
la coutume des chartreux, il portait le ciliée et pratiquait beaucoup
d'autres austérités permises par la règle ou autorisées par l'exemple
des supérieurs.
La règle ordonnait que trois jours de la semaine on n'aurait pour toute nourriture que du pain, de l'eau et du sel.
Étienne,
enchérissant encore sur ce point, ne voulut presque jamais autre chose
sur sa table ; encore, à côté de ce morceau de pain, se trouvait-il un
manuscrit sur lequel il avait toujours les yeux fixés, nourrissant ainsi
le corps et l'âme tout à la fois.
Son
amour et sa dévotion envers l'adorable sacrement de nos autels étaient
si grands qu'en célébrant les saints mystères, son visage était inondé
par les larmes que faisait couler la reconnaissance.
Sa préparation et son action de grâces absorbaient toute sa vie,
puisque c'était pour se rendre digne de recevoir son Dieu dans la
communion et pour le remercier de s'être communique à lui, qu'il passait
la nuit et le jour en oraison, en méditation, à chanter les louanges du
Seigneur.
C'est
au fond de cette solitude qu'il faisait servir le silence, la prière et
les mortifications à sa sainteté dont il avait soin de dérober l'éclat
aux autres religieux par son humilité.
Ce
qui commença à le faire découvrir au dehors, fut le besoin qu'eurent
les chartreux de Portes d'un prieur pour les gouverner, à la place de
celui qui venait de mourir.
Ils
jetèrent les yeux sur Etienne, et pour vaincre la répugnance qui le
faisait résister à leur choix, tous joignirent leurs instances et le
contraignirent de se rendre.
Ils ne s'étaient point trompés dans le jugement qu'ils avaient porté
sur sa sainteté et ses talents, car il serait difficile de faire
connaître toute la prudence, toute la fermeté et tout le zèle qu'il
déploya dans sa charge de prieur qui, suivant l'institut des chartreux,
demandait encore plus de sainteté que d'instruction.
Ainsi sa renommée, mêlée à la bonne odeur de ses vertus, remplit
non-seulement le pays d'alentour, mais s'étendit fort au loin, car ce
n'était pas seulement à ceux qui étaient sous sa direction qu'il était
utile, mais il s'efforçait encore de l'être à beaucoup d'autres.
Un concours nombreux d'étrangers, animés du désir de leur salut, se
rendaient continuellement à la chartreuse de Portes, où le saint prieur
leur distribuait le pain de vie avec une tendre sollicitude.
Aussi un bon nombre de chrétiens égarés durent-ils à ses sages conseils leur retour au sentier de la vertu.
La
Providence le formait insensiblement, par les fonctions de cet emploi, à
l'épiscopat auquel elle le destinait ; et Dieu ne tarda pas à placer
sur le chandelier cette lumière ardente, afin qu'elle brillât dans toute
l'Eglise.
Le
diocèse de Die en Dauphiné venait de perdre son pasteur ; le chapitre
de la cathédrale et le peuple se rassemblèrent pour lui nommer un
successeur.
Les
sentiments étaient partagés et le choix se portait sur différons
candidats dont quelques-uns n'étaient point étrangers à l'intrigue.
Les plus sages jetèrent les yeux sur Etienne, et réunirent les
suffrages en sa faveur par l'éloge qu'ils firent de sa sainteté, de sa
prudence, de son discernement et de sa piété.
Pour
abréger, nous dirons en peu de mots que tons les votes se portèrent sur
lui, à la grande satisfaction de tous les chanoines, du peuple et de
ceux même qui avaient d'abord paru disposés à faire un autre choix.
Mais
comme on avait bien prévu que la violence seule pourrait l'arracher à
sa chère solitude, on se hâta d'envoyer auprès du pape pour obtenir la
bulle de confirmation, tandis que celui qui en était l'objet, retiré
dans la profondeur du désert, ignorait absolument tout ce qui se passait
à son sujet.
Le
souverain pontife, instruit de ce choix, fit éclater sa joie,
félicitant le diocèse de Die et publiant tout haut qu'une telle élection
ne pouvait venir que de Dieu.
On
voit par là que la réputation de sainteté d'Etienne avait traversé bien
d'autres montagnes que celles du Bugey et qu'elle était parvenue
jusqu'au souverain pontife.
Le
pape ayant donc imprimé à cette élection le sceau de l'autorité
apostolique, donna des ordres pour que le nouveau pasteur se
chargeât sans délai cl H soin de son troupeau.
Les chanoines, munis de cet ordre, volèrent auprès de l'humble
chartreux, lui montrèrent les lettres du vicaire de J.-C. et le
conjurèrent, au nom de l'Eglise qui l'avait élu, de se rendre à leurs
vœux.
Etienne, après avoir lu ces lettres et entendu les députés de Die, leur tint cet humble langage :
«
Je m'étonne que des hommes, sages comme vous l'êtes, aient jeté les
yeux sur un religieux ignorant et inconnu, sans expérience, élevé dans
le désert, qui ne connaît ni les affaires de l'Eglise , ni celles du
siècle, qui ne possède aucune des vertus nécessaires à un évêque, et qui
doit tout son temps à la pénitence ; je m'étonne.que vous vouliez lui
imposer un si pesant fardeau. Changez de sentiments, je vous en prie,
cessez de me faire violence ; je n'adhérerai jamais à votre demande. »
Comme
ils le pressaient et le suppliaient encore avec plus d'instance, il
leur adressa les paroles du B. Hugues, auparavant chartreux comme lui,
ensuite évoque de Lincoln, et qui était depuis deux ans en odeur de
sainteté.
« Soyez
persuadés qu'il n'est pas en mon pouvoir de me rendre à vos idées ; je
suis religieux et soumis à la volonté d'un autre auquel je dois obéir
jusqu'à la mort. Or il n'est pas convenable que j'abandonne le soin de
cette maison, pour prendre en main le gouvernement de votre Eglise. »
Après
cette réponse, les chanoines voyant qu'ils ne pourraient rien gagner
sur son esprit, sans contester plus longtemps , se retirèrent et
obtinrent de nouvelles lettres du pape qui mandait au prieur de la
Grande - Chartreuse d'obliger celui de Portes à se soumettre.
Dès
lors, les députés de l'Eglise de Die revinrent vers Etienne ; mais
instruit de leur arrivée, il prit la fuite et alla se cacher dans le
désert.
Le
vénérable Guigues, prieur de la Grande-Chartreuse, donna ordre de le
chercher et le força, en vertu de la sainte obéissance, à se rendre à la
demande du clergé et du peuple de Die, et aux ordres du souverain
pontife.
Les
chanoines, ravis et pleins de joie, le conduisirent à Vienne, et trois
archevêques lui donnèrent l'onction épiscopale dans cette ville, l'an
1202.
De
Vienne, le nouvel évêque se hâta d'aller à Die, où il fut reçu avec les
plus éclatants témoignages d'allégresse. Installé dans le palais
épiscopal, il y vécut avec la même simplicité que dans sa cellule,
suivant, autant que possible - les exercices pieux de son ordre,
cherchant même à les faire d'une manière encore plus parfaite ; il
assistait régulièrement au chœur avec ses chanoines, célébrait tous les
jours la sainte messe, avec une dévotion qui étonnait autant qu'elle
édifiait.
L'Evangile nous apprend que J.-C. commença à pratiquer et à enseigner.
A son exemple, Etienne, dès les premiers jours de son épiscopat, se fit
une règle de pratiquer lui- même les choses qu'il devait apprendre aux
autres, et l'on fut extrêmement surpris de voir celui qu'on avait cru
seulement un religieux et un homme de piété, remplir toutes les
fonctions épiscopales avec tant de sagesse et de dignité : sa vigilance
et son zèle s'étendaient à tout.
Les
visites qu'il fit dans son diocèse lui acquirent la triste conviction
que le peuple profanait habituellement le saint jour du dimanche, en le
consacrant au démon par le négoce, la danse, les jeux, la fréquentation
des cabarets et des spectacles les plus dangereux pour les mœurs.
Etienne,
affligé de ces abus, s'appliqua par des discours paternels mais
solides, à montrer l'énormité d'une telle prévarication et l'injure
qu'elle faisait à Dieu.
Mais
une partie de cette population aveugle et grossière, bien loin de se
rendre à ses exhortations, les méprisa au point de ne plus vouloir les
écouter.
Le zélé prélat ne se découragea point ; il se .rappela qu'il était
pasteur et non mercenaire, et résolut de prêcher à temps et à
contretemps.
Mais
il eut recours à une arme encore plus efficace que la parole, pour
vaincre le démon et ramener son peuple à ses devoirs, ce fut la prière.
Cette
prière opéra des prodiges; et les mœurs furent réformées, et les vices
cessèrent, et le diocèse de Die n'offrit plus que le spectacle des
vertus qu'on admirait parmi les premiers chrétiens.
La
grandeur et les soins de l'épiscopat ne firent pas oublier à Etienne la
chartreuse de Portes, où il avait coulé des jours si heureux.
Il y retournait fréquemment ; il y vivait comme les autres religieux,
retiré dans sa cellule et se donnant tout entier à l'oraison et à la
contemplation.
Jamais
les attributs de sa dignité ne l'accompagnaient dans ce paisible lieu ;
mais la règle retrouvait en lui un humble disciple de saint Bruno, qui
se pliait avec bonheur aux saintes lois de l'obéissance.
Il
n'y portait pas d'autres habits que celui de l'ordre ; son lit, sa
table, son ameublement, n'étaient pas différents de ceux du dernier
religieux.
Souvent
il se faisait un plaisir de se rendre dans les lieux de piété qui lui
étaient connus, et là, rassemblant tous les frères, il leur adressait
des paroles pleines de douceur et d'onction.
Cette
tendre charité s'étendait à tous les malheureux, et les pieux auteurs
de sa vie rapportent une infinité de traits qui prouvent que Dieu le
faisait participer à sa puissance pour guérir miraculeusement les
malades, chasser les démons et soulager les pauvres.
Il
les aimait et les traitait comme des frères, il voyait en eux J.-C.
souffrant ; aussi jamais il ne les laissait à sa porte, mais il les
faisait entrer chez lui et leur servait même à manger, conversait avec
eux, les instruisait, les consolait, et ne les renvoyait qu'après les
avoir comblés de sa bienveillance et de ses bienfaits.
La mesure des travaux qui lui étaient prescrits se trouva comblée en peu de temps.
Dieu,
voulant terminer son laborieux pèlerinage et l'introduire dans
l'héritage de la céleste patrie, lui envoya une maladie qui changea en
tristesse la joie que son Eglise avait de le posséder.
L'amour que son clergé et les laïcs lui portaient, parut dans les soins
que chacun voulait lui prodiguer, et vint adoucir les souffrances
qu'endurait ce saint pasteur.
Il avait annoncé l'heure de sa mort, et en l'attendant avec une
tranquillité admirable, il bénissait son peuple et son clergé, les
exhortait à vivre dans une grande concorde, priait avec ferveur et
donnait ses avis sur ce qu'il y aurait à faire quand il ne serait plus
parmi eux.
Pendant
qu'on lui administrait les derniers sacrements, qu'il reçut avec la
plus touchante piété, une femme malade et abandonnée des médecins, lui
demanda une bénédiction particulière.
Le moribond étendit vers elle une main défaillante, et appela sur sa tête les dons du ciel qu'elle réclamait pour sa guérison.
Au
grand étonnement de tous les assistants, cette femme, pleine de foi,
s'en retourna comme celle qui avait mis tant d'empressement à toucher
les habits de J.-C.
C'est
ainsi que cet homme de Dieu rendit la santé aux autres, tandis que
lui-même, affaibli par la maladie, s'en allait mourant ; mais il ne
demandait point pour lui la même faveur, car il témoignait par ses vœux
le désir qu'il avait d'aller bientôt finir dans le ciel cette longue
prière qu'il avait commencée sur la terre.
Ce moment heureux pour lui arriva le 7 septembre 1208.
Il était âgé de cinquante-trois ans, et en avait passé vingt-un dans la
chartreuse de Portes et six dans l'épiscopat. Sa dépouille mortelle fut
ensevelie dan» la chapelle dédiée à la sainte Vierge, dans sa
cathédrale.
Son
âme, dégagée des ténèbres d'ici-bas, puisait à peine la lumière à sa
source, que le Seigneur se plut à faire éclater le mérite de son
serviteur par de nombreux prodiges ; car deux jours après que son corps
eut été confié à la terre, comme on célébrait solennellement la
Conception de la bienheureuse Vierge Marie, dans la même église où il
était enterré, la fille d'un homme de Die nommé Lambert, aveugle depuis
trois mois, conduite à son tombeau , recouvra la vue sur-le-champ.
Le
même jour, la fille d'un nommé Martin, affaiblie par une longue fièvre,
et dont la moitié du corps était paralysé, fut aussi apportée sur le
tombeau du serviteur de Dieu, et à peine y eut-elle fait quelques
prières que la fièvre l'abandonna ; ses forces lui revinrent, et elle
s'en retourna sans appui, elle qui quelques jours auparavant avait eu
besoin, pour venir jusque-là , du secours d'un bras étranger.
Des
guérisons miraculeuses se renouvelaient tous les jours, depuis
vingt-trois ans, au tombeau du saint évêque, quand l'archevêque de
Vienne, Jean de Burnino, et ses suffragants, écrivirent au papa Grégoire
IX, pour lui demander qu'Etienne, ancien prieur de Portes, évêque de
Die, fût inscrit au catalogue des saints.
A l'appui de leur demande, ils rapportèrent plus de soixante miracles éclatants arrivés sur son tombeau ou par son intercession.
En rapportant celte lettre, il suffira d'en indiquer quelques-lins pour
prouver la puissance de notre saint auprès de Dieu, et pour inspirer
aux fidèles la plus grande confiance envers un saint de notre diocèse
dont la puissance est encore la même qu'autrefois.
Traduction de ta lettre de Jean de Burnino, archevêque de Vienne, et de ses suffragants, à Grégoire IX, pour demander la canonisation d'Etienne, évêque de Die.
« L'archevêque
de Vienne, les évêques de Valence, de Die, de Grenoble, de Viviers, de
Genève, de Maurienne, tous suffragants de Vienne, se prosternent
humblement aux pieds de Votre Sainteté. La faiblesse de notre nature et
notre ignorance, nous empêchent de savoir quelles actions de grâces et
quelles louanges nous devons rendre à N.-S. J.-C., si admirable dans ses
saints, et qui ne cesse de faire éclater en eux les effets de sa
miséricorde. Quelle abondance de mérites, quel éclat de vertus, quelle
multitude de prodiges n'a-t-il pas fait briller dans la personne de
notre vénérable frère en J.-C. Etienne, autrefois évêque de Die? Le
concours nombreux et fréquent de peuples qui viennent de divers pays à
son tombeau, pour y trouver un remède aux maladies les plus incurables,
aux infortunes les plus accablantes, et qui s'en retournent guéris et
consolés ; tous ces faits ne publient-ils pas assez haut sa sainteté ?
Mais puisqu'il n'y a personne, quel que soit d'ailleurs l'éclat de ses
mérites, qui doive être regardé comme saint et honoré comme tel par
l'Eglise de Dieu, sans une déclaration spéciale du Saint-Siège
apostolique , nous prenons la liberté, très-saint Père , de vous faire
parvenir le récit des miracles que le bienheureux évêque a opérés, afin
qu'après les avoir examinés avec attention, il vous plaise de décider si
les fidèles peuvent lui rendre un culte, et s'il doit être inscrit sur
le catalogue des saints. Nous devons faire connaître à Votre Sainteté
que l'Eglise de Die n'a pas de suite ajouté foi à tous ceux qui disaient
que, gémissant sous le poids de quelques maladies ou de quelque
infortune, ils avaient recouvré la santé et obtenu la délivrance de
leurs peines par l'intercession de l'évêqueEtienne ; mais qu'avant
d'y croire, elle leur a fait jurer solennellement sur les saints
Evangiles la vérité de ce qu'ils assuraient.
Ce
fut l'an 1208, le 7 des ides de septembre, que mourut Etienne,
religieux de l'ordre des Chartreux, prieur de la chartreuse de Portes,
ensuite évêque de Die, et dont la sainteté est attestée par des miracles
sans nombre, que la miséricorde de Dieu a bien voulu opérer par son
intercession, en l'honneur de la très-sainte Trinité, de la glorieuse
Vierge Marie et de toute la cour céleste. Nous allons prendre dès le
commencement le récit des prodiges qu'il a opérés après sa mort ».
“Histoire hagiologique de Belley, ou Recueil des vies des saints et des ...”,
par Jean Irénée Depéry (bp. of Gap.)
par Jean Irénée Depéry (bp. of Gap.)
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