Saint Eutyche († 565)
Patriarche de Constantinople
Eutychius, icône du XVIe siècle
Eutychius de Constantinople
(né à Theium en Phrygie vers 512, mort le 5 ou 6 avril 582) est
patriarche de Constantinople d'août 552 à janvier 565, puis d'octobre
577 à sa mort en avril 582.
Biographie
Sa
vie est bien connue, car la biographie rédigée après sa mort par un de
ses proches, Eustathe, prêtre de Constantinople, a été conservée. Son
père Alexandre était un officier de l'armée qui servit sous Bélisaire.
Lui-même
devint moine à trente ans dans le diocèse d'Amasée, puis prêtre et
archimandrite, et en 552 son évêque l'envoya à Constantinople pour y
traiter d'affaires de sa charge.
Il
fit apparemment grande impression sur l'empereur Justinien, car,
lorsque, juste après, mourut le patriarche Mennas (25 août 552), il fut
désigné le jour même pour la succession.
Il
eut aussitôt à reprendre les négociations avec le pape Vigile, qui se
trouvait à Constantinople depuis 547, sur la convocation d'un concile
œcuménique, voulu par l'empereur Justinien pour entériner la
condamnation des Trois Chapitres.
Le
pape céda finalement le 28 janvier 553, mais refusa de participer à ce
deuxième concile de Constantinople, qui fut dès lors présidé par
Eutychius (5 mai-2 juin 553).
Le
14 mai, le pape envoya un document condamnant soixante propositions de
Théodore de Mopsueste, mais refusant toujours la condamnation globale
des Trois Chapitres.
Le concile passa outre, et ce fut Eutychius qui rédigea les décrets.
Finalement,
c'est dans une lettre adressée au patriarche Eutychius et datée du 8
décembre 553 que le pape Vigile céda pour pouvoir rentrer à Rome.
Le
24 décembre 562, Eutychius réinaugura en présence de l'empereur la
cathédrale Sainte-Sophie (dont la coupole s'était effondrée le 7 mai
558, à la suite du tremblement de terre de décembre 557).
Fin
564, Justinien promulgua un décret à la teneur relevant de
l'aphthartodocétisme : « il déclarait le corps du Seigneur incorruptible
et étranger aux passions naturelles et innocentes, affirmant que le
Seigneur mangeait avant sa passion de la même façon qu'après sa
résurrection, son saint corps n'ayant subi aucune conversion ni
changement depuis sa formation dans le ventre de sa Mère, même à l'égard
des passions volontaires et naturelles, et pas plus après sa
résurrection » (Évagre le Scholastique, IV, 39).
L'empereur envoya ce texte aux patriarches pour signature, mais Eutychius lui opposa un refus net.
Le 22 janvier 565, Justinien fit perquisitionner son domicile et arrêter tous ses serviteurs pendant qu'il célébrait la messe.
La nuit suivante, le patriarche fut arrêté lui-même et enfermé dans un monastère à Chalcédoine.
Huit
jours après, un synode d'évêques fut réuni pour le juger (sur des
griefs sans rapport avec la question, touchant son mode de vie
prétendument inapproprié) ; Eutychius refusa de se présenter, et fut
condamné et déposé.
Il
fut d'abord relégué sur l'île de Prinkipo, puis renvoyé (au mois
d'avril suivant) dans son ancien monastère d'Amasée, et remplacé par
Jean III Scholastique.
C'est
après la mort de celui-ci, le 31 août 577, que Justin II, le successeur
de Justinien, rétablit Eutychius sur son trône (3 octobre 577).
Il eut aussi une controverse avec le diacre Grégoire, apocrisiaire du pape Pélage II à Constantinople de 580 à 585, et futur pape Grégoire Ier, à propos de la résurrection des corps.
Grégoire raconte l'histoire en détail dans son Expositio in librum Job, qu'il écrivit à Constantinople (XIV, 31 sqq.).
Le philosophe d'Alexandrie Jean Philopon avait écrit un traité sur le
sujet, où il prétendait concilier la pensée d'Aristote avec le dogme
chrétien ; pour lui, la résurrection n'aura pas lieu dans les corps
d'aujourd'hui, évidemment dissous et anéantis, mais dans d'autres que
Dieu créera alors.
Cette publication avait ranimé la discussion sur un point difficile et controversé, et Eutychius penchait vers les idées de Philopon, prétendant que le nouveau corps des ressuscités serait « plus subtil que l'air ».
Grégoire lui répondit en s'appuyant notamment sur Luc, 24:39 :
« Voyez mes mains et mes pieds, c'est bien moi. Touchez-moi et voyez :
un esprit n'a ni chair, ni os, comme vous voyez que j'ai ».
La
querelle prit un tour tel que l'empereur Tibère II dut s'en mêler : il
eut un entretien séparé avec les deux contestants, mais le différend
persista.
Eutychius serait finalement revenu à l'orthodoxie sur son lit de mort :
« Je confesse que c'est dans cette chair-ci que nous ressusciterons ».
Un de ses disciples, Eustrate de Constantinople,
a laissé un traité dénonçant l'opinion selon laquelle les âmes sont
insensibles, inactives, et dorment depuis la mort jusqu'au jour de la
résurrection.
Source :
Notre Saint Père Eutyche était originaire d'un village de Phrygie (vers 512).
Il fut élevé par son grand-père, skevophylax de l'église d'Augustopolis, puis il alla poursuivre ses études à Constantinople.
Comprenant cependant que la sagesse de ce monde est devenue folle (cf. 1 Cor. 1:18), il songeait à embrasser la vie monastique.
Mais Dieu lui montra qu'Il l'appelait à un autre service pour l'édification de l'Eglise, et il fut ordonné Prêtre à l'âge de trente ans, par le Métropolite d'Amasée, qui le destinait à la charge d'Evêque de Lazique.
Un autre ayant été élu, Eutyche put réaliser son saint projet et se retirer au Monastère d'Amasée, dont il devint par la suite Higoumène.
L'empereur
Justinien (527-565), soucieux d'expurger de l'Eglise toutes traces de
l'hérésie nestorienne, réunit alors (544) un concile local dans le but
de condamner, même après leur mort, Théodore de Mopsueste, Théodoret de
Cyr et Ibas dEdesse, nommés les Trois Chapitres.
Le Métropolite d'Amasée, empêché de se rendre à ce synode pour raison de santé, envoya Eutyche pour l'y représenter.
Pendant
les sessions le pieux et savant Eutyche fit ladmiration des Pères par
sa connaissance approfondie de l'Ecriture Sainte et par son habileté à
réfuter les arguments des hérétiques.
Rappelant
l'exemple du roi Josias, qui avait fait déterrer et brûler les
ossements des idolâtres (cf. IV Rois 23:16), il déclara qu'on pouvait
anathématiser des morts, afin de protéger l'Eglise contre l'influence
perverse de leur doctrine.
Le
Patriarche Saint Mènas (cf. 25 août) le prit en affection et, à la
suite d'une révélation divine, il prédit qu'il serait son successeur.
Effectivement, dès le décès du Patriarche, Eutyche fut désigné par l'empereur pour lui succéder, à la grande joie du peuple.
Dès son avènement le bon pasteur, désirant affermir la paix de l'Eglise
sur les bases d'un Concile OEcuménique, convainquit le souverain de
réunir le Cinquième Saint Concile OEcuménique à Constantinople (553)
(1).
Présidée
par Saint Eutyche, en présence de 165 Pères, la Sainte assemblée
confirma la doctrine des quatre Conciles précédents et promulgua
quatorze anathématismes condamnant les écrits de Théodore de Mopsueste,
Théodoret de Cyr et Ibas d'Edesse(2), et anathématisa de plus Origène et
Evagre dont les écrits, malgré leur influence considérable dans la
doctrine des Pères de l'Eglise, avaient occasionné à cette époque le
réveil d'un dangereux courant origéniste.
Le
Concile ayant été clos par une grande concélébration, les Pères se
séparèrent et l'Eglise put jouir de la paix pendant une douzaine
d'années.
Mais
sur l'instigation du père de l'erreur, certains sophistes attirèrent
l'empereur Justinien, toujours désireux de se rallier les monophysites,
dans les rets d'une nouvelle doctrine hérétique : l'aphtartodocétisme,
selon laquelle le corps du Christ aurait été impassible et incorruptible
par nature et le Seigneur n'aurait, par conséquent, enduré les
souffrances de la Passion que par un miracle de Sa volonté (3).
Réalisant
qu'une telle doctrine n'était en fait qu'un monophysisme à peine
déguisé, qui remettait en cause la réalité même de l'Incarnation de
Notre Seigneur Jésus-Christ, Saint Eutyche s'opposa de toutes ses forces
à la doctrine de l'empereur et de ses théologiens de cour.
Le 25 janvier 565, alors qu'il célébrait la Liturgie au palais
d'Hormisdas, il fut tiré du sanctuaire par les hommes d'armes et enfermé
dans un Monastère de Chalcédoine.
Un
tribunal d'Evêques complaisants à la volonté du souverain déposa le
Saint Evêque et le condamna à l'exil, sous les prétextes risibles qu'il
mangeait des viandes délicates et priait à genoux pendant de longues
heures.
Après
quelque temps passé dans un monastère de l'île de Prinkipos, le Saint
fut renvoyé dans son Monastère d'Amasée, en remerciant Dieu de l'avoir
jugé digne de souffrir pour la cause de la Vérité.
Pendant
ce séjour à Amasée, il put jouir d'une quiétude bienfaisante et
accomplir de nombreux miracles pour les fidèles éprouvés qui venaient
demander ses prières.
Au
terme d'un exil de douze années, il fut rappelé sur le trône de
Constantinople par les coempereurs Justin II et Tibère (576).
Toute
la cité, des plus hauts dignitaires au simple peuple, lui réserva un
vibrant accueil, et sur le chemin du retour la foule criait : « Béni
soit celui qui vient au Nom du Seigneur ! »
Le
Saint apaisa alors par sa prière l'épidémie qui ravageait la ville
depuis quelque temps et lors de la Liturgie qu'il célébra à
Sainte-Sophie, il distribua la Sainte Communion à la foule pendant six
heures entières.
Au
cours de ce second Episcopat, qui dura un peu plus de quatre ans, Saint
Eutyche confirma son Eglise dans la vraie foi, appuyant son
enseignement par la puissance de ses miracles.
Il s'endormit en paix le dimanche de Thomas (582), après avoir prédit à
l'empereur Tibère, accouru à son chevet, qu'il le suivrait quatre mois
plus tard.
Son
corps fut inhumé sous l'Autel de l'église des Saints-Apôtres, aux côtés
des reliques des Saints Apôtres André, Luc et Timothée (4).
1) Ce Concile est commémoré le 25 juillet.
2) Il faut noter que ces deux derniers ne furent pas condamnés personnellement, car ils s'étaient présentés au Concile de Chalcédoine (451) pour se rétracter sur leurs écrits en faveur de Nestorius.
3) Malgré les témoignages de la vie de S. Eutyche et de l'historien Evagre, on peut tout de même s'étonner que l'empereur-théologien se soit laissé entraîner dans une erreur aussi grossière. Peut-être s'agit-il d'une interprétation tendancieuse de sa politique de réconciliation des monophysites? La déposition de S. Eutyche serait alors due à une autre raison.
4) Son précieux chef est aujourd'hui vénéré au Monastère de Chilandar, au Mont Athos.
2) Il faut noter que ces deux derniers ne furent pas condamnés personnellement, car ils s'étaient présentés au Concile de Chalcédoine (451) pour se rétracter sur leurs écrits en faveur de Nestorius.
3) Malgré les témoignages de la vie de S. Eutyche et de l'historien Evagre, on peut tout de même s'étonner que l'empereur-théologien se soit laissé entraîner dans une erreur aussi grossière. Peut-être s'agit-il d'une interprétation tendancieuse de sa politique de réconciliation des monophysites? La déposition de S. Eutyche serait alors due à une autre raison.
4) Son précieux chef est aujourd'hui vénéré au Monastère de Chilandar, au Mont Athos.
Fête le 6 avril.
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