Saint Hermogène de Moscou († 1611)
Évêque et confesseur
Origines
Né
en 1530 dans une famille d’humble condition de la région de Vologda,
saint Hermogène fut élevé dans un petit monastère dédié à la
Transfiguration, récemment fondé à Kazan par saint Barsanuphe de Tver.
Devenu
prêtre séculier dans la paroisse de saint Nicolas, il fut témoin de
l’apparition miraculeuse de l’icône de la Mère de Dieu et put la tenir
dans ses mains.
Métropolite de Kazan
Quelques
années plus tard, après la mort de son épouse, il devint moine puis
higoumène du monastère de la Transfiguration, qu’il élevé à une grande
renommée.
En
1589, il fut consacré métropolite de Kazan et continua l’œuvre de
conversion des Tatares, qui avait été entreprise par son prédécesseur
saint Gouria.
C’est
à grand peine que, par ses prédications et ses écrits, il combattait
pur extirper les coutumes païennes de son peuple et pour empêcher les
nouveaux convertis de se laisser séduire par les intérêts matériels et
d’adhérer à l’Islam, au Catholicisme ou au Protestantisme.
Il
montra aussi un grand zèle pour honorer la mémoire des martyrs et des
saints évêques qui avaient sanctifié avant lui la terre de Kazan par
leur sang et leurs œuvres évangéliques.
Doué d’un grand talent littéraire et considéré comme l’un des hommes
les plus instruits de son temps, il écrivit des vies de saints, des
traités théologiques pou la défense de l’Orthodoxie, et éclaira le
peuple sur la voie à suivre, en ces Temps des Troubles (1605-1613), par
une vaste et riche correspondance.
La
mort de Boris Godounov (1598-1605) avait en effet laissé le royaume de
Russie dans une grave crise de succession, qui laissait le champ libre
aux opportunistes et aux intrigants.
En
1605, Dimitri, fils prétendu d’Ivan le Terrible, usurpa le titre de
tsar et décida d’épouser une princesse polonaise catholique.
Convoqué à Moscou avec d’autres évêques, Hermogène fut le seul à s’opposer à ce projet au nom de la foi orthodoxe.
Il fut pour cela déposé et incarcéré jusqu’à la mort de l’usurpateur, l’année suivante.
Patriarche de la Russie
Lors
de l’accession au trône du prince Basile, et après la déposition du
faux patriarche Ignace, Hermogène fut élevé à la dignité patriarcale.
Aussitôt
en place, il restaura l’imprimerie de Moscou, qui avait brûlé, et
commença la publication des livres liturgiques, qu’il faisait corriger à
partir des originaux grecs et dont il surveillait lui-même
l’impression.
Malgré
son âge avancé (70 ans), il montra alors un zèle ardent pour le soutien
de l’Orthodoxie et une grande énergie pour la défense des droits du
souverain légitime.
Assumer
une telle charge en ces temps de changements politiques des Polonais
et des Lithuaniens, et de propagande des Jésuites, ce n’était pas
choisir les honneurs mais plutôt la croix et le martyre.
Dès
les premiers mois de sont patriarcat Hermogène dut soutenir de toute
son autorité le tsar Basile contre les troupes de Bolotnikov qui
assiégeaient Moscou.
Le
Patriarche rassembla le peuple, ordonna d’observer un jeûne de trois
jours et, grâce à ses lettres encycliques envoyées en différentes cités,
des détachements de fidèles patriotes vinrent chasser les rebelles.
A
peine avait-on célébré la réconciliation solennelle du peuple avec le
tsar légitime qu’un autre usurpateur, nommé lui aussi Dimitri, soutenu
par les Polonais, assiégeait Moscou, en promettant des grands avantages à
tous ceux qui se rallieraient à lui.
En dépit des admonitions du saint Patriarche, les rebelles réussirent à obtenir l’abdication du tsar (juillet 1610).
Profitant de cette situation, et fort de l’appui de certains nobles,
le roi de Pologne proposa alors aux Moscovites de choisir son fils pour
tsar, avec la promesse qu’il se convertirait par la suite du
Catholicisme à l’Orthodoxie.
Mais
Hermogène, discernant qu’il s’agissait là d’une promesse trompeuse,
exigea la conversion préalable du prince, par le baptême, avant son
élévation sur le trône de Russie, en dépit des menaces de mort qui lui
avaient été proférées par les émissaires polonais.
Il
écrivit de nouveau un appel pressant à toutes les cités russe, pour
qu’elles viennent défendre la capitale désormais occupée par les
rebelles et les Polonais.
Le
dimanche des Palmes 1611, le Patriarche célébra comme de coutume la
procession, monté sur un âne, en passant devant les troupes et les
canons ennemis.
Pendant
la Semaine Sainte, ceux-ci détruisirent presque entièrement la ville
par le feu, arrêtèrent le Patriarche et le jetèrent en prison, en
mettant de nouveau à sa place l’opportuniste Ignace.
Comme
une grande armée russe se préparait à faire le siège de Moscou,
Hermogène, tiré de sa prison et sommé de la renvoyer, resta inflexible.
Cette
tentative pour délivrer la ville échoua cependant, à cause de la
division des Russes, et lorsqu’on pu rassembler une nouvelle armée à
Nijni-Novgorod, saint Hermogène trouva le moyen de leur envoyer un
message les exhortant à rester une pour la bonne cause.
Dans
cette lettre, envoyée en secret à l’armée et au peuple, il écrit : « Si
vous souffrez pour la foi, Dieu vous pardonnera et vous remettra vos
péchés dans cette vie et dans l’autre. »
Plus les troupes russes approchaient de la ville, plus dure devenait son incarcération.
Finalement,
il mourut de faim et soif dans l’horrible cachot où il avait été
enfermé, le 17 février 1611, dix jours avant la libération de Moscou.
Saint et Thaumaturge
Au
temps du Patriarche Nicon (1633), ses saintes reliques, restées
incorrompues, furent déposées dans la cathédrale de la Dormition.
Elles
étaient l’objet d’une grande dévotion populaire, bien avant sa
canonisation officielle en 1913, et de nombreux miracles venaient
confirmer sa faveur auprès de Dieu et l’efficacité de son intercession
pour le peuple russe.
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