Saint Jean Vladimir ou Jovan Vladimir († 1015)
Jovan Vladimir (Alphabet serbe cyrillique: Јован Владимир), mort le 22 mai 1016 à Prespa, en Macédoine.
La vie et le martyre
Jovan
Vladimir était un souverain serbe de la Dioclée entre les années 990 et
1016, durant la guerre prolongée entre Byzance et lepremier empire
bulgare.
Il tenta de protéger la Dioclée du tsar expansionniste Samuel de
Bulgarie en faisant une alliance avec Byzance ; Samuel a néanmoins
conquis la Dioclée en 997 et a fait prisonnier Jovan Vladimir.
La fille de Samuel, Théodora Kosara, tomba amoureuse du prisonnier, et supplia son père pour sa main.
Il accepta, rendant la Dioclée à son nouveau beau-fils, et lui donnant en outre le territoire de Dyrrachium.
Vladimir
était connu comme un souverain pieux, juste et compatissant. Il régna
en paix, évitant la participation au conflit majeur.
La
guerre culmina avec la défaite de Samuel par les Byzantins en 1014, peu
après que le tsar est mort. Jovan Vladimir fut finalement victime d'un
complot organisé par Ivan Vladislav, le dernier souverain du premier
empire bulgare.
Il fut décapité devant une église à Prespa.
Jovan Vladimir fut enterré à Prespa, et peu après, reconnu comme un saint et un martyr, il est fêté le 22 mai.
Deux
ou trois ans plus tard, sa dépouille fut transférée en Dioclée, et en
1215, ses restes furent à nouveau déplacés, à Durrachium où ils
demeurèrent jusqu’en 1381, date à laquelle ils furent transportés en
l’église de Saint Jovan Vladimir, près d’Elbasan, en Albanie.
Depuis 1995 ils sont conservés à la cathédrale orthodoxe de Tirana, en Albanie.
Les
restes du saint sont des reliques qui attirent beaucoup de fidèles,
particulièrement lors de sa fête (22 mai pour le calendrier julien, 4
juin pour le calendrier grégorien).
La croix qu’il portait lorsqu’il fut décapité constitue une autre relique liée au saint.
Elle est, depuis des siècles, confiée aux soins de la famille Andrović du village de Velji Mikulići, dans le Sud du Monténégro.
Elle n’est dévoilée aux croyants qu’une fois l’an, à l’occasion de la Pentecôte.
Jovan Vladimir est considéré comme le premier saint serbe et le saint patron de la ville de Bar, au Monténégro.
Sur les icônes, il est classiquement représenté comme un monarque
portant couronne et habits régaliens, avec une croix dans la main
droite, et sa propre tête dans la main gauche.
- Vie et martyre
Une
trentaine d’années précédant le règne de Jovan Vladimir, la Dioclée
faisait partie du premier état serbe unifié dénommé Serblia (Σερβλια)
dans le De Administrando Imperio de Constantin VII.
Cet
état se désintégra après la mort de son prince, le prince Časlav, vers
960, ce qui précipita la montée en puissance d’autres principautés
serbes, notamment celle de Dioclée.
Aux environs de 990, Vladimir, encore jeune homme, succéda à son père
Petrislav comme prince de Dioclée, qui comprenait approximativement le
Monténégro actuel, le Nord-est de l’Herzégovine, et Koplik en Albanie.
Elle comprenait deux provinces : la Zenta au Sud et Podgorica au Nord.
Sa
cour se situait dans une localité aujourd’hui appelée Kraljic, dans la
région de la Krajna de la municipalité de Bar, au Sud du Monténégro.
Jovan
Vladimir apparaît pendant la longue guerre entre Byzance et le Tsar
Samuil (également orthographié «Samuel») - l'héritier du premier Empire
bulgare.
Comme
les précédents dirigeants serbes, il subissait la pression de
l’expansion bulgare tout en étant courtisé par l’empereur byzantin.
Dans
sa lutte contre le puissant Samuil, Basile II sollicitait l’appui des
autres princes balkaniques, et c’est dans cette intention qu’il prit
contact avec Jovan Vladimir.
La mission diplomatique serbe dont l’arrivée à Constantinople en 992
fait l’objet d’une mention dans une charte du monastère de la Grande
Laure de l’Athos rédigée en 993, était certainement diligentée par Jovan
Vladimir.
Il avait, lui aussi, intérêt à contrecarrer les plans de Samuil.
Cependant, l’alliance avec Byzance n’aida pas le prince.
En 997 Samuil attaqua la Dioclée, et après plusieurs semaines de
combats, Vladimir ayant compris qu’il ne pouvait résister à l’immense
puissance du Tsar, se retira avec son armée et le peuple sur la colline
du Kosorog (Obliquus).
D’après
la Chronique du prêtre de Dioclée, Jovan Vladimir accomplit un
miracle : la colline était infestée de serpents venimeux, mais lorsqu’il
offrit une prière au Seigneur, leur morsure devint inoffensive.
Samuil laissa une partie de son armée assiéger la colline et se lança à la conquête d’autres territoires.
Après un temps, Vladimir céda afin de délivrer son peuple de la famine et de l’épée et fut emprisonné à Prespa.
Alors
qu’il languissait en prison, priant jour et nuit, un ange du Seigneur
lui apparut et lui prédit qu’il serait libéré sous peu, mais qu’il
mourrait en martyr.
Son
destin en captivité est l'objet d'un des contes les plus romantiques de
la littérature serbe primitive – l’histoire de Vladimir et Théodora
Kosara (encore orthographié Cossara), la fille de Samuil.
Une tradition orale de l'histoire fut transcrite au XIIe siècle dans la Chronique du prêtre de Dioclée, ci-dessous, la description de la rencontre de Vladimir et Kosara :
« Un
jour, la fille de Samuel, Cossara, animée et inspirée par
l’Esprit-Saint ; approcha son père et lui demanda de descendre avec ses
servantes, laver la tête et les pieds des captifs enchaînés, ce que son
père lui accorda. Elle descendit alors et effectua son œuvre charitable.
Voyant Vladimir parmi les prisonniers, et remarquant sa noble
apparence, son humilité, sa douceur et sa modestie, et le fait qu'il
était plein de sagesse et de la connaissance du Seigneur, elle s'arrêta
pour lui parler ; et son discours lui sembla plus doux que le miel et
qu’un gâteau de miel ».
Kosara tomba donc amoureuse du beau captif et supplia son père d’autoriser leur mariage.
Samuil, après avoir conquis les territoires, voulut s’attacher les
nouveaux sujets de manière plus douce, et non uniquement par
l’utilisation de la force.
Il
autorisa le mariage, rendit la Dioclée à son beau-fils, et lui accorda
par ailleurs tout le territoire de Dyrrachium, afin de les administrer
comme son vassal.
Il
permit également à l’oncle paternel de Vladimir, Dragomir, de descendre
de la montagne où il avait battu en retraite avec son peuple, devant
l’armée de Samuel, et de reprendre le contrôle de son état.
Par la suite, la Chronique rapporte que « Vladimir vécut avec sa femme
Cossara en toute sainteté et chasteté, adorant et servant Dieu jour et
nuit ; il dirigeait le peuple qu’on lui avait confié dans la crainte de
Dieu et la justice » .
Durant
cette période, le slavon d’Eglise et d’autres influences
ecclésiastiques du Patriarcat d’Ohrid se répandirent dans sa
principauté.
Il a apparemment régné de manière pacifique, évitant d’être impliqué dans un conflit majeur.
La
guerre aboutit à la défaite désastreuse de Samuil, battu par les
Byzantins en 1014, le tsar mourut peu après d’une crise cardiaque.
Gavril
Radomir succéda au tsar Samuil son père, mais son règne fut de courte
durée : son cousin Vladislav l’assassina en l’an 1015 et régna à sa
place.
Vladimir
désirait affermir sa position en exterminant toute la famille de
Samuil, raison pour laquelle il préparait l’assassinat de Vladimir. Le
nouveau tsar lui envoya donc des messagers afin de requérir sa présence à
Prespa, mais, malgré les nombreuses promesses de Vladislav de ne lui
faire aucun mal, Vladimir ne voulait pas quitter son territoire.
Vladislav finit par lui envoyer une croix en or avec son engagement à ce sujet, à laquelle Vladimir répondit en ces termes :
« Nous
croyons que notre Seigneur Jésus-Christ, qui est mort pour nous, fut
crucifié non pas sur une croix d’or ou d’argent, mais de bois ; par
conséquent, si ta foi et tes paroles sont pures, envoie-moi une croix de
bois dans les mains de religieux, dans la foi et la vertu de notre
Seigneur Jésus-Christ, j'aurai confiance en la croix vivifiante et dans
ce bois précieux, et alors je viendrai »
Deux évêques et un ermite vinrent à Vladimir, lui donnèrent une croix de bois et confirmèrent la promesse de Vladislav.
Vladimir embrassa la croix, rassembla quelques fidèles et partit pour Prespa.
À peine arrivé, il entra dans une église afin de prier.
Lorsqu’il sortit de l’église, il fut frappé par les soldats de
Vladislav et décapité, le 22 mai de l’an 1016, conservant durant tout ce
temps, la croix en main.
Son oncle Dragomir lui succéda, régnant ainsi sur la Travonie et la Dioclée.
Néanmoins, selon la Chronique, Dragomir fut massacré dans sa tentative de s’imposer comme le nouveau prince de Dioclée.
Vladislav fut tué moins de deux ans après l’assassinat de Vladimir, au
moyen de lances plantées dans le dos, alors qu’il assiégeait Dyrrachium,
en février de l’an 1018.
Cependant, la Chronique affirme que Vladimir lui apparut en armes, et le terrassa.
En tout état de cause, l’empire bulgare pris fin cette année-là, et fut incorporé à l’empire byzantin.
Pour la vingtaine d’années qui suit, la Dioclée n’est plus mentionnée, demeurant sans doute vassale de Byzance.
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