Saint Josemaría Escrivá de Balaguer († 1975)
fondateur de l’Opus Dei et de la Société des prêtres de la Sainte Croix
Josemaría Escrivá (de son nom complet José María Julián Mariano Escrivá Albás), né le 9 janvier 1902 à Barbastro (province de Huesca en Espagne) et mort le 26 juin 1975 à Rome, est le fondateur de l'Opus Dei (Œuvre de Dieu en latin), une prélature personnelle de l'Église catholique.
Il a été canonisé par Jean-Paul II le 6 octobre 2002.
En prêchant l'appel universel à la sainteté et à l'apostolat, Saint Josémaria est un précurseur du Concile Vatican II.
Le cardinal Jean-Marie Lustiger voit dans Saint Josémaria "une de ces figures qui traversent les siècles et révèlent, d’une certaine façon, à l’observateur qui sait voir, ce que l’Esprit est en train de faire dans son Église.
L’œuvre précise à laquelle la Providence a appelé le bienheureux Josémaria porte sur un de ces messages : mettre en œuvre l’appel à la sainteté de tout le peuple chrétien"
Le père Escrivá de Balaguer en 1966
L'Église catholique célèbre saint Josemaría Escrivá le 26 juin.
Le film There Be Dragons du réalisateur britannique Roland Joffé sorti en mai 2011 est en partie inspiré de sa vie.
Enfance et formation
La maison natale de Josemaría Escrivá
Il
est le second fils d'une fratrie de 6 frères et sœurs : Carmen
(1899-1957), Santiago (1919-1994) et trois sœurs plus jeunes que lui qui
décèdent en bas âge.
La famille est profondément chrétienne.
Son père José Escrivá tient un commerce avec deux associés.
Sa mère, María Dolores Albás Blanc, avant-dernière de 13 enfants, a des ancêtres français, en Narbonnaise.
En 1915, l'entreprise commerciale de son père ferme ses portes, et la famille doit s'installer à Logroño.
Vers l'âge de 15 ou 16 ans, il décide de devenir prêtre. Il raconta plus tard : « Quelle fut l'origine de ma vocation sacerdotale ? — Quelque chose d'apparemment futile : la trace des pieds nus d'un carme sur la neige. »
Il expliqua qu'en songeant au sacrifice de ce religieux par amour de Dieu, il se demanda ce qu'il faisait lui-même pour le Seigneur, et commença à pressentir un appel.
Après avoir obtenu la bénédiction et l'encouragement de son père, il entre au séminaire et étudie à Saragosse.
Il est ordonné diacre à Saragosse le samedi 20 décembre 1924.
La fondation de l'Opus Dei
Ordonné prêtre le 28 mars 1925, puis nommé dans une paroisse rurale proche de Saragosse, il s'installe en 1927 à Madrid.
C’est en 1927 que Saint Josémaria se rend à Madrid pour son doctorat en droit civil, doctorat qu’on ne pouvait préparer alors qu’à l’Université centrale.
Il pensait qu’en se trouvant dans la capitale de l’Espagne, il pourrait également mieux accomplir ce que Dieu voulait de lui.
Il s’installe rue Larra, dans une résidence pour prêtres, dirigée par les Dames apostoliques du Sacré Cœur de Jésus.
Elles s’occupaient aussi de la Fondation des malades, 13 rue Sainte-Engratie et de beaucoup d’autres activités charitables : lacatéchèse dans les quartiers dépourvus d’école, des cantines pour les pauvres, des cours du soir, des dispensaires.
De 1927 à 1931, il est premier aumônier de cette Fondation (le second étant don Noberto Rodriguez).
L’Eglise Catholique enseigne que grâce à leurs souffrances, les malades et les pauvres aident Dieu dans la co-rédemption du monde.
C’est pourquoi Saint Josémaria dira que l’Opus Dei est le fruit des prières et des souffrances des malades pour qui il consacra beaucoup de ses efforts en cette période.
À partir des compte-rendus d'activité sacerdotale que le prêtre devait fournir à ses supérieurs, on peut établir qu'à la Fondation des malades en 1928, plus de 3168 personnes se confessèrent, l’extrême-onction fut administrée à 483 moribonds ; 1251 mariages sont célébrés, ainsi que 147 baptêmes.
« Ses années d’aumônerie à la Fondation des malades furent des années de travail éprouvantes, aux limites de sa résistance physique, ainsi que de son estomac, car très souvent la seule chose qu’il pouvait donner aux mendiants qui lui demandaient l’aumône dans la rue était le sandwich de son déjeuner ».
Il poursuit en même temps des études en vue du doctorat en droit. C'est donc dans cette ville qu'il fonde l'Opus Dei («Œuvre de Dieu») le 2 octobre 1928 au cours d'une retraite au couvent des missionnaires de saint Vincent de Paul.
Le plus ancien document conservé sur l'épisode de la fondation de l'Opus Dei est une note manuscrite rédigée par Escrivá en 1931 :
« Il y a trois ans jour pour jour que, dans le couvent des missionnaires de saint Vincent de Paul, je mis un certain ordre dans les notes éparses que je prenais jusqu'à lors (j'ai reçu à ce moment l'illumination sur l'ensemble de l'Œuvre pendant que je lisais ces papiers. Ému, je me suis agenouillé – j'étais seul dans ma chambre, entre deux causeries, – j'ai remercié le Seigneur et je me rappelle avec émotion le carillon des cloches de la paroisse de Notre-Dame des Anges). Depuis ce jour-là, l'âne galeux s'est rendu compte de la belle et lourde charge que le Seigneur, dans sa bonté inexplicable, avait mise sur ses épaules. Ce jour-là, le Seigneur a fondé son Œuvre : dès lors, j'ai commencé à fréquenter des laïcs, étudiants ou non, mais jeunes. Et à former des groupes. Et à prier et à faire prier. Et à souffrir… »
Un autre texte permet de mieux comprendre la finalité de cette fondation :
« Nous sommes venus dire, avec l’humilité de celui qui se sait pécheur et peu de chose – homo peccator sum (Lc
5,8), disons-nous avec Pierre, – mais avec la foi de celui qui se
laisse guider par la main de Dieu, que la sainteté n’est pas affaire de
privilégiés : que le Seigneur nous appelle tous, que de tous il attend
de l’Amour, de tous, où qu’ils se trouvent, de tous, quel que soit leur
état, leur profession ou leur métier. Car cette vie courante, ordinaire,
sans éclat, peut être un moyen de sainteté : il n’est pas nécessaire
d’abandonner son état dans le monde, pour chercher Dieu, si le Seigneur
ne donne pas la vocation religieuse à une âme, car tous les chemins
peuvent être l’occasion d’une rencontre avec le Christ. »
Il s’agit donc de promouvoir ce qui sera appelé, lors du concile Vatican II, « l’appel universel à la sainteté ».
Les membres de l’Opus Dei devront mettre leur vie au service de la diffusion de cet appel, en s’efforçant de faire d’abord de leur propre vie courante « une prière continuelle », comme le dit Escrivà dans la même lettre de 1930.
Tout en assumant les charges pastorales qui lui sont confiées par son évêque, Josémaria Escrivá travaille en solitaire au développement de sa fondation.
Il contacte des personnes de sa connaissance, ou recommandées par des amis, et accueille les premières vocations à l'Opus Dei au début des années 1930.
Le nom « Opus Dei » lui est suggéré en juillet 1930, par son directeur spirituel, le Père Sanchez, s.j..
Dans l'esprit du fondateur, ce nom signifie que l'initiative de cette fondation ne vient pas de lui, mais de Dieu.
Il synthétise en même temps la théologie de la sanctification du travail promue par l'Opus Dei : faire de tout travail humain, de toute tâche, une « œuvre de Dieu ».
Les années 30
Suite
aux élections municipales du 12 avril 1931, les socialistes et
républicains décrètent la fin de la monarchie (Alphonse XIII s’exile le
13 avril) et la proclamation de la République (le 14 avril).
La pauvreté est grande et l’anticléricalisme se développe.
C’est dans ce climat qu’Escriva entreprend, en 1933, l’ouverture de l'Académie DYA, où sont dispensés des cours de droit et d'architecture, ainsi que de formation chrétienne.
En 1934, il publie “Considérations spirituelles”, livre composé de brèves sentences spirituelles pour aider les étudiants de son Académie à prier.
C’est de ce livre remanié que naîtra “Chemin” en 1939.
Le succès est au rendez-vous : Chemin a été tiré à quatre millions d’exemplaires et en 42 langues.
La version française a été rééditée 11 fois.
En 1936, après la victoire du Front populaire aux élections, l’Espagne se divise et sombre dans la guerre civile.
S’en suivent des combats et des persécutions notamment contre le clergé puisque selon des études 1936, plus de 7 000 religieux dont 13 évêques, 4184 prêtres, 2365 moines et 283 religieuses ont été assassinés durant cette période.
Saint Josémaria échappe de peu à la mort : les miliciens le poursuivent et pendent devant chez sa mère un homme qui lui ressemble, pensant que c’était lui.
La guerre civile espagnole éclate en 1936. Le petit nombre de membres de l’Opus Dei s’éparpille alors.
Pendant la répression anti-chrétienne à Madrid, Josemaría Escrivá risque sa vie de cachette en cachette.
Avec huit jeunes gens, il rejoint une caravane de réfugiés et traverse les Pyrénées au cours de l'hiver 1937, afin de rejoindre la partie de l'Espagne contrôlée par les nationalistes. Il est passé par Lourdes.
Dernières années en Espagne (1939-1946)
Escrivá rentre à Madrid le 28 mars 1939, dans un camion militaire, en même temps que les troupes de Franco.
Il reprend ses activités sacerdotales, tout en rassemblant peu à peu les membres de l’Opus Dei dispersés par la guerre.
Dans les premiers mois de 1939, il achève la rédaction du livre qui sera publié en septembre 1939 sous le titre Camino (Chemin en français).
Un autre livre, de dimensions plus réduites, Saint Rosaire, était paru en 1934.
Escrivà consacre beaucoup de temps à la prédication de retraites, ou exercices spirituels, souvent à la demande d’évêques, de supérieurs de séminaires ou de couvent, ou de responsables de l’Action catholique.
Peu à peu, cependant, il renonce à satisfaire ces demandes pour se consacrer entièrement au développement de l’Opus Dei.
Il s’appuie de plus en plus sur deux des premiers membres, Isidoro Zorzano (qui meurt en 1943) et surtout Álvaro del Portillo, nommé « secrétaire général ».
Une résidence d’étudiants est ouverte à Madrid, rue Jenner. Des voyages dans les provinces d’Espagne commencent, avec des implantations à Valence, Valladolid, puis Barcelone.
La deuxième Guerre mondiale interdit en revanche toute expansion hors des frontières.
Escrivá s’efforce aussi de développer la branche féminine de l’Opus Dei. Il est aidé notamment par sa sœur Carmen (qui n’appartient pas à l’Opus Dei), par Encarnación Ortega et María Dolorés Fisac.
Dans le climat politique et religieux très particulier de ces débuts de l’Espagne franquiste, l’Opus Dei ne passe pas inaperçu et bientôt certaines réticences apparaissent, puis des critiques frontales.
Certains religieux estiment douteuse la spiritualité prêchée par Escrivà.
Ils estiment également que l’Opus Dei s’apparente à une association secrète, dans les objectifs ne peuvent être que suspects.
C’est pourquoi l’évêque de Madrid, Mgr Leopoldo Eijo y Garay, ami d’Escrivà, essaie de mettre fin à ces critiques en donnant à l’Opus Dei une approbation officielle.
Le 19 mars 1941, l’Opus Dei reçoit le statut de « pieuse union », prévu par le Code de droit canonique alors en vigueur.
Une première approbation du Saint-Siège sera obtenue en 1943.
À mesure que l’Opus Dei se développe, il devient de plus en plus évident pour le fondateur qu’il doit pouvoir s’appuyer sur d’autres prêtres.
En 1943, il fonde la Société sacerdotale de la Sainte Croix, qui doit rassembler les prêtres se consacrant au travail pastoral de l’Opus Dei.
Trois membres laïcs de l’Opus Dei, après avoir effectué les études philosophiques et théologiques prévues, sont ordonnés prêtres en 1944.
Álvaro del Portillo, qui succédera au fondateur à la tête de l'Opus Dei, en fait partie.
Josémaria Escrivà est, durant toutes ces années, soumis à de fortes fièvres et à des rhumatismes.
Un diabète sévère sera diagnostiqué en 1944, dont il souffrira jusqu’en 1954.
À la fin de la guerre mondiale, Escrivá estime qu’il est temps de pourvoir à l’expansion internationale de l’Opus Dei et d’obtenir pour lui un statut à l’échelle de l’Église universelle.
Il décide de quitter l’Espagne pour installer sa résidence à Rome.
Il ne fera plus désormais que de brefs séjours en Espagne.
D'après le témoignage du cardinal José Maria Bueno Monreal, ami intime d'Escrivá, une raison supplémentaire de ce départ à Rome était « de s'éloigner discrètement de l'ambiance espagnole, qui continuait pleine d'intrigues et d'incompréhensions envers sa personne et, en conséquence, son apostolat »..
La période romaine
Statue de saint Josémaria de Romano Cosci en la basilique Saint-Pierre de Rome (niche visible depuis la sacristie)
Il
s'installe à Rome en 1946, avec Álvaro del Portillo, Salvador Canals et
José Orlandis. Une bonne partie de son temps, durant ces premiers mois
romains, est consacré aux démarches visant à obtenir pour l'Opus Dei le
statut juridique adapté.
L'immédiat après-guerre est une époque de grande vitalité dans l'Église catholique, et de nombreuses œuvres d'apostolat ont vu le jour, qui doivent trouver leur place dans l'organisation de l'Église.
Le défi pour Escrivá consiste à frayer un chemin adapté à la spécificité de l'institution qu'il a fondée, et notamment son caractère séculier.
S'il rencontre alors de chaleureux soutiens dans la Curie romaine, notamment en la personne de Mgr Montini, futur pape Paul VI, il dira aussi que ce fut le moment où il perdit son « innocence », en découvrant la complexité et parfois les intrigues du monde romain.
L'Opus Dei est définitivement approuvé par le Saint-Siège en 1950.
Les conditions de vie d'Escrivá sont alors particulièrement précaires.
En plus du diabète et de diverses maladies, il connaît des phases de paralysie faciale, dues au froid dans les pièces non chauffées qu'il occupe.
C'est là pourtant qu'il fonde le Collège romain de la Sainte Croix, destiné à la formation des membres de l'Opus Dei, qui commencent à affluer.
En 1953, il créé également le Collège romain de Sainte Marie, pour la formation des femmes.
À partir de Rome, Escrivá effectue d'assez nombreux voyages en Europe, pour poser dans divers pays les bases de l'Opus Dei : France, Allemagne, Suisse, Grande-Bretagne, etc.
Il consacre également beaucoup de temps à soutenir ces débuts en écrivant des lettres et divers documents et instructions qui dessinent peu à peu les traits spirituels de l'institution, et servent de référence à son développement international.
Le concile Vatican II
Convoqué en 1959 par le pape Jean XXIII, le concile Vatican II fut accueilli avec joie par Josémaria Escrivá.
Dans une lettre du 25 mai 1962, lorsque les organisateurs du concile décident de traiter de la sainteté et de l'apostolat des laïcs, il écrit aux membres de l'Opus Dei :
« Si vous pouviez voir à quel point je me réjouis que le Concile en vienne à s'occuper de ces sujets qui remplissent notre vie depuis 1928 ! »
D'autres thèmes abordés par le concile lui tenaient particulièrement à cœur, comme la pastorale familiale et l'œcuménisme, dont il avait été un précurseur en obtenant de Rome la possibilité d'accueillir des non catholiques et des non chrétiens comme coopérateurs de l'Opus Dei.
Plusieurs de ses collaborateurs les plus proches, dont Álvaro del Portillo, prirent une part active aux travaux du concile.
Pendant ce temps, le fondateur recevait souvent la visite de pères conciliaires, venus notamment pour chercher ses conseils.
Le cardinal français François Marty devait témoigner à ce propos : « Un moment de conversation avec lui ressemblait à un moment de prière ».
Mgr Julián Herranz, autre membre de l'Opus Dei qui travaillait comme expert au Concile, a rapporté un souvenir significatif concernant une visite au fondateur d'un groupe comprenant les évêques de Reims, Liège, Angers et Saint-Claude.
C'était au moment du débat conciliaire autour du chapitre sur le laïcat, dans la future constitution Lumen Gentium.
« — Parce qu'il revient aux laïcs », disait Marty, « de christianiser les structures de l'ordre temporel, du monde : c'est ainsi qu'ils transformeront… » Le Père [Escrivá], avec sa vivacité habituelle, l'interrompit en souriant : « — S'ils ont une âme contemplative, Excellence ! Car sinon, ils ne christianiseront rien. Au contraire, c'est eux qui se laisseraient transformer et, au lieu de christianiser le monde, les chrétiens se mondaniseront. »
Dernières années et mort
Escrivá se montra néanmoins rapidement préoccupé par l'atmosphère entourant les travaux conciliaires.
Une lettre pastorale de 1963 parle de son inquiétude face à « la confusion doctrinale – théorique et pratique – qui se répand partout de plus en plus ».
Dans une lettre adressée au pape Paul VI en 1964, il confie « les douloureux sentiments d'angoisse qui [l']assaillent quand [il] observe comment l'actuel Concile œcuménique, dont l'Esprit Saint tirera des fruits abondants pour sa Sainte Église, a servi d'occasion jusqu'à présent pour provoquer un grave malaise […] dans l'esprit des pasteurs et de leurs ouailles ».
C'est sans doute pourquoi, dans les années d'après le Concile, Escrivá s'efforcera de consolider la foi des membres de l'Opus Dei, dans ce qu'il appelait la « bataille de la formation ».
En 1970, il se rend au Mexique en pèlerinage au sanctuaire de Notre-Dame de Guadalupe, dans le but explicite de prier pour la situation de l'Église.
Les années suivantes, il entreprend de grands voyages pastoraux en Espagne (1972) puis en Amérique Latine (1974-1975). Il décrivait ces voyages comme des « catéchèses », tout en découvrant à cette occasion, pour la première fois, l'extension mondiale de l'Opus Dei.
L'épuisement et divers maux – dont une cataracte qui le rendait presque aveugle – l'obligèrent à écourter la tournée pastorale de 1974.
Il meurt à Rome d'un arrêt cardiaque le 26 juin 1975.
Béatification et canonisation
Un autel dédié à Saint Josemaria, Peterskirche, Vienne, Autriche
Josemaría Escrivá de Balaguer est béatifié par le pape Jean-Paul II le 17 mai 1992.
Le miracle retenu pour cette béatification est celui de la guérison, en 1976, d'une carmélite : sœur Concepción Boullón Rubio.
La canonisation intervient le 6 octobre 2002 sur la place Saint-Pierre. Sa fête liturgique se célèbre le 26 juin.
Le corps de saint Josemaría repose en l'église prélatice Santa-Maria-della-Pace à Rome.
Spiritualité
Josémaria
Escrivá a centré toute sa vie et son enseignement sur un unique
message : la recherche de la sanctification personnelle à travers la vie
ordinaire.
Il entendait par là que la sainteté chrétienne est accessible à tous, dans le contexte habituel de leur vie familiale, sociale et professionnelle.
Il s'agissait donc pour lui de montrer que les circonstances habituelles de l'existence peuvent devenir pour tous le lieu d'une rencontre personnelle avec Dieu et du témoignage évangélique.
Ce message s'adresse par conséquent plus spécifiquement aux fidèles laïcs, vivant pleinement « dans le monde », par opposition à ceux qui sont appelés, en vertu d'une vocation spéciale, à « quitter le monde » à travers la consécration religieuse.
La spiritualité de Josémaria Escrivá repose sur le fondement de la « filiation divine », c'est-à-dire de la condition d'enfant de Dieu conférée par le baptême.
Elle accorde une place particulière au travail professionnel et à la vie familiale, tout en possédant une forte orientation apostolique.
Deux expressions typiques peuvent la résumer : celle d'avoir à être des « contemplatifs au milieu du monde », et celle d'être des « semeurs de paix et de joie ».
Plusieurs aspects importants de la vie chrétienne reviennent de façon récurrente dans les écrits et la prédication de saint Josémaria : l'intimité avec la Sainte Trinité ; l'amour du Christ présent dans l'Eucharistie ; une tendre dévotion envers la Vierge Marie, saint Joseph et les saints anges gardiens ; le recours fréquent à la confession sacramentelle et la fidélité à un plan de vie constitué de diverses normes de piété quotidiennes, hebdomadaires, mensuelles et annuelles.
Sources pour l'étude de la spiritualité
La spiritualité de Josémaria Escrivá est exposée dans ses écrits, dans sa prédication orale et dans l'exemple de sa vie.
Il est admis qu'elle présente une grande cohérence dans ses thèmes et son inspiration fondamentale, tout en se précisant au fil du temps en fonction des circonstances ou de la nécessité de dissiper d'éventuels malentendus.
On ne distingue donc pas d'évolution ou d'inflexions majeures. En revanche, certains exposés plus développés – par exemple dans certaines homélies – permettent souvent de préciser le sens profond de formules plus lapidaires comme celles qui apparaissent dans un ouvrage comme Chemin (qui appartient en outre à la période de la jeunesse d'Escrivá).
Les écrits publiés sont principalement : Saint Rosaire, Chemin, Quand le Christ passe (recueil d'homélies), ainsi que les œuvres posthumes Amis de Dieu (homélies), Sillon et Forge, deux ouvrages composés, comme Chemin, de brefs « points » ou considérations proposés à la méditation du lecteur, ainsi que Chemin de Croix.
Le livre Entretiens avec Monseigneur Ecriva recueille une série d'interviews données à la presse internationale dans les années 1967-1968, complétées par l'homélie « Aimer le monde passionnément », particulièrement significative car elle fut prononcée devant un large public, en plein air, à l'Université de Navarre et fournit à Escrivá l'occasion d'un exposé synthétique de sa spiritualité.
Une partie importante de l'œuvre écrite de Josémaria Escrivá est encore inédite.
Il s'agit notamment de Lettres et d'Instructions, adressées plus spécialement aux membres de l'Opus Dei. La plupart des ouvrages récents consacrés à la spiritualité d'Escrivá citent néanmoins abondamment ces textes.
Une édition critique de tout l'œuvre écrit est actuellement en cours.
La prédication orale comprend des homélies, méditations, conversations familières, etc., recueillie dans des notes manuscrites ou dans des enregistrements magnétiques ou cinématographiques.
La prédication orale permet de compléter ou d'illustrer certains aspects de la spiritualité, mais en rigueur scientifique elle ne saurait se substituer à l'étude de l'œuvre écrite, notamment celle qui a été publiée sous la responsabilité directe de l'auteur.
La vie d'Escrivá peut être considérée comme une autre « source », dans la mesure où Escrivá ne s'est pas proposé seulement de diffuser des idées ou une théorie, mais d'incarner le message qu'il voulait transmettre.
Comme c'est le cas général pour la sainteté chrétienne, la crédibilité du message dépend largement de la manière dont il est vécu par celui qui le transmet.
Il faut mentionner ici la place singulière de certains épisodes d'ordre surnaturel (connus dans la théologie spirituelle comme des « locutions » divines), où Escrivá reconnaissait une intervention spéciale de Dieu pour lui faire comprendre certaines réalités spirituelles : outre l'événement fondateur du 2 octobre 1928, on peut citer la grâce du 7 août 1931, qui lui fit comprendre le lien entre le travail humain et l'élévation du Christ sur la Croix, d'où il « attire [à Lui] toutes choses » ; en septembre de la même année, une expérience particulière de la filiation divine.
Ces épisodes n'ont été connus qu'après la mort d'Escrivá, grâce à des notes privées qu'il avait prises, mais ils imprègnent largement sa prédication tout au long de sa vie.
Un autre livre de St Josemaria Escriva est "L'abbesse des Huelgas" qui est une étude théologico-juridique sur l'abbesse d'un monastère de Burgos. Notons aussi "Aimer l'Église" qui est un recueil de 3 homélies prononcées en 1972 et 1973.
Sainteté dans la vie ordinaire
Escrivá
a été reconnu comme un précurseur du concile Vatican II en raison de
son enseignement sur « l'appel universel à la sainteté ».
La nouveauté de la prédication d'Escrivá ne repose pas dans l'affirmation – qui a toujours été maintenue dans l'Église – que tous les baptisés sont appelés par Dieu à être saints, mais dans la conviction que cet appel peut se réaliser, sans rien perdre de sa radicalité, au sein même d'une existence ordinaire. Il peut donc être vécu sans une « vocation » spéciale, au sens que ce terme recevait dans la spiritualité traditionnelle, c'est-à-dire la vocation au sacerdoce ou à la vie consacrée.
« Tu as l'obligation de sanctifier. — Toi aussi. Qui pense que c'est une tâche exclusivement réservée aux prêtres et aux religieux ? Le Seigneur a dit à tous, sans exception : « Soyez parfaits, comme mon Père céleste est parfait. » »
Rechercher la sainteté dans la vie ordinaire signifie fondamentalement, pour Escrivá, chercher l'identification progressive au Christ à travers les activités qui constituent la trame d'une existence au milieu du monde : à travers le travail professionnel, la vie conjugale et familiale, l'amitié, les engagements sociaux, politiques ou économiques, etc.
Toute activité, toute situation humaine, peut être l'occasion et le lieu d'une rencontre et d'un dialogue avec Dieu.
Dans un texte de 1967 qui offre un résumé de cet esprit, Escrivá disait ainsi :
« il
n'y a qu'une seule vie, faite de chair et d'esprit et c'est cette
vie-là qui doit être — corps et âme — sainte et pleine de Dieu : ce Dieu
invisible, nous le découvrons dans les choses les plus visibles et les
plus matérielles. Il n'y a pas d'autre chemin, mes enfants : ou nous
savons trouver le Seigneur dans notre vie ordinaire, ou nous ne le
trouverons jamais. Voilà pourquoi je puis vous dire que notre époque a
besoin qu'on restitue, à la matière et aux situations qui semblent les
plus banales, leur sens noble et originel, qu'on les mette au service du
Royaume de Dieu, qu'on les spiritualise, en en faisant le moyen et
l'occasion de notre rencontre continuelle avec Jésus-Christ. »
Cette proposition repose notamment, on le constate, sur l'affirmation que « le monde est bon », en tant qu'il est sorti des mains du Créateur et qu'il a été racheté par le Christ.
Les réalités de la vie terrestre et humaine sont partie intégrante du plan divin de Salut, et c'est seulement en tant qu'elles sont déformées par le péché des hommes qu'elles peuvent apparaître comme un obstacle à la rencontre avec Dieu.
De là, la responsabilité des chrétiens d'œuvrer également contre les effets du péché dans le monde, en s'engageant pour la justice et la fraternité.
Escrivá préfère cependant mettre habituellement l'accent sur le versant positif de la responsabilité des chrétiens : non pas seulement lutter contre le mal et les effets du mal mais, avant tout, contribuer par leur travail ordinaire à l'amélioration des conditions de vie, à la solution des problèmes qui se présentent dans une entreprise ou dans la société, et d'une façon générale au progrès humain.
Il a écrit "N’oublie jamais que dans les affaires humaines, les autres peuvent aussi avoir raison : ils voient la même affaire que toi, mais sous un point de vue différent, avec d’autres nuances, un autre contour. Ce n’est que dans la foi et la morale que le critère est indiscutable : c’est celui de notre Mère l’Église." et aussi "«Les enfants de Dieu, citoyens au même titre que les autres, nous devons participer, ‘sans crainte’, à toutes les activités et organisations honnêtes des hommes afin que le Christ y soit présent. Notre Seigneur nous demandera des comptes serrés si par laisser-aller ou par commodité, chacun de nous, librement, ne tâche pas prendre part aux œuvres et aux décisions humaines dont dépendent le présent et le futur de la société."
Sanctification du travail
Rompant
avec une tradition spirituelle qui faisait essentiellement du travail
une punition méritée par le péché originel, Escrivá souligne que c'est
dès la Création que, dans le récit de la Genèse, l'homme avait à
travailler.
Le travail peut donc être vu comme l'accomplissement d'une vocation.
À travers lui, l'homme participe à l'œuvre créatrice et providentielle, tout en se perfectionnant lui-même, développant ses dons et les mettant au service du bien commun.
En outre, Escrivá considère que le Christ a passé la plus grande partie de sa vie à travailler, assumant ainsi la condition humaine et faisant de celle-ci le lieu de rencontre du Ciel et de la terre.
Le travail humain accompli à l'exemple du Christ et dans l'esprit du Christ, revêt ainsi la dignité d'une prière :
« Je vous assure, mes enfants, que lorsqu'un chrétien accomplit avec amour les actions quotidiennes les moins transcendantes, ce qu'il fait déborde de transcendance divine. Voilà pourquoi je vous ai dit, répété et ressassé inlassablement, que la vocation chrétienne consiste à convertir en alexandrins la prose de chaque jour. Sur la ligne de l'horizon, mes enfants, le ciel et le terre semblent se rejoindre. Mais non, là où ils s'unissent, en réalité, c'est dans vos cœurs, lorsque vous vivez saintement la vie ordinaire. »
Idéologie
Le premier point de son livre "Chemin" est
"Que ta vie ne soit pas une vie stérile. — Sois utile. — Laisse ton empreinte. — Que rayonne la lumière de ta foi et de ton amour.
Efface, par ta vie d’apôtre, la trace visqueuse et sale qu’ont laissée les impurs semeurs de haine. — Et embrase tous les chemins de la terre au feu du Christ que tu portes dans ton cœur."
Dans le point 655 de Chemin, le fondateur de l'Opus Dei écrit : « J’ai inscrit dans ton cœur l’importance de la discrétion.
Elle n’est peut-être pas la pointe de ton arme mais elle en est la poignée »
Cette
discrétion n'est en rien le témoignage d'un quelconque culte du secret
puisque l'esprit de l'Opus Dei rappelle l'appel universel à l'apostolat
c'est-à-dire à parler de Dieu autour de soi."
Il a écrit au sujet de l'injustice personnelle et sociale "L’on comprend très bien l’impatience, l’angoisse, les désirs inquiets de ceux qui ont une âme naturellement chrétienne et ne se résignent pas devant l’injustice personnelle et sociale que le coeur humain peut arriver à créer. Tant de siècles de vie commune entre les hommes, et encore, tant de haine, tant de destruction, tant de fanatisme dans le regard de ceux qui ne veulent pas voir et dans les cœurs qui ne veulent pas aimer. Les biens de la terre, répartis chez un petit nombre ; les biens de la culture, enfouis dans des cénacles. Et à l’extérieur, une faim de pain et de sagesse, des vies humaines qui sont saintes parce qu’elles sont issues de Dieu et qui sont traitées comme de simples objets, comme des données statistiques."
Au sujet de la liberté : "Je répète et je redirai sans cesse que le Seigneur nous a gratuitement fait un grand cadeau surnaturel, la grâce divine ; et un autre don humain merveilleux, la liberté personnelle qui, pour ne pas se corrompre et devenir du libertinage, demande de nous l’intégrité, le souci efficace de déployer notre conduite dans le cadre de la loi divine, « parce que là où est l’Esprit de Dieu, là est la liberté » (2 Cor 3, 17). […] Parmi ceux qui m’écoutent, il y en a qui me connaissaient depuis longtemps. Vous pouvez donc témoigner que j’ai passé ma vie à prêcher la liberté personnelle, avec la responsabilité personnelle. Je l’ai cherchée et la cherche encore partout sur la terre, comme Diogène cherchait un homme. Et je l’aime chaque jour davantage, je l’aime par-dessus toute les choses terrestres : elle est un trésor que nous n’apprécierons jamais assez."
Saint Josémaria et la France
Paris
est la première ville, avec Valence, à laquelle saint Josémaria
pensait, dès les années 1930, pour l’expansion de l’Opus Dei. C’est en
1947 que trois jeunes espagnols, Álvaro Calleja, Fernando Maycas et
Julián Urbistondo, arrivent à Paris pour commencer l’apostolat de l’Opus
Dei.
Ils s’installent à la Cité universitaire et commencent des études à la faculté de droit et à la Sorbonne. Mais cette expansion connaît une interruption en 1949.
C’est en 1952 que quelques membres se réinstallent à la Cité universitaire, puis rue Docteur Blanche, ensuite au 11 de la rue de Bourgogne.
En 1955, un centre de l’Opus Dei s’installe au 199 bis boulevard Saint Germain.
L’amour de saint Josémaria pour la France procède de son amour pour l’Eglise et ses saints.
Aussi, a-t-il beaucoup de dévotions pour les saints français comme sainte Thérèse de Lisieux.
D’aucuns trouveront certaines similitudes dans son approche de la « vie d’enfance » avec la petite Thérèse.
Saint Josémaria connaît très bien la vie et l’œuvre de Saint François de Sales.
La spiritualité de ce saint recoupe sur quelques points le message de saint Josémaria.
Enfin, Escriva a une grande dévotion pour le curé d'Ars.
Aujourd’hui encore, les membres de l’Opus Dei prient Saint Jean-Marie Vianney notamment pour que les relations avec les autorités diocésaines soient toujours ce qu'elles doivent être.
Saint Josémaria est venu 13 fois en France.
Il découvre l’hexagone dans des circonstances difficiles puisque c’est en 1937, alors qu’il fuit la persécution religieuse, qu’il fait un détour par Lourdes pour prier la Vierge et la remercier d’être sain et sauf après une traversée éprouvante des Pyrénées.
C’est en 1972 qu’il vient pour la dernière fois en la France.
Dans ces différents voyages dans l’hexagone, il encourage les différentes initiatives des membres de l’Oeuvre dans les différentes villes de la France (Grenoble, Marseille…)
Il s’est rendu à deux reprises au château de Couvrelles, centre international de rencontres situé près de Soissons.
En 1972, il reviendra deux fois à Lourdes. Son premier et son dernier passage par la France sont donc par la grotte de Lourdes.
En savoir plus :
http://www.fr.josemariaescriva.info/St Josemaria Escriva de Balaguer par SANTOkato
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