Saint Kenan († 500)

Saint Kenan († 500)
Évêque irlandais


Saint Ké ou Kénan, liturg. Kenanus, Kenan Kollodok, surnommé CollodocCollédocColletocCollodan, breton KoledogQuay, Qué ou Queo, Kae et Keao, Key et Kyle en celtique; Che en Cornouailles, Gallois Kea, Kay, Key, Keu, Cai, Ked, Cornelia, Cyanan, Cianan, Kinanus, Kenana, Kokolodoc etc.... Prénoms Kelid, Kelly, Kyle.
La Vie de Saint Kénan surnommé Collédoc, mort dans le Finistère fut écrite par Saint Albert Le Grand dominicain de Morlaix d'après un manuscrit d'un chanoine de Cleder appelé Maurice.
Dom Lobineau remit en cause cette hagiographie.
La découverte d'un manuscrit anglais du XVIe siècle, montre que cette Vie de Saint Kenan écrite par Saint Albert était pourtant devenue populaire.

Biographie

Selon Albert Le Grand, qui rapporte sa Vita dans les Vies des Saints de Bretagne, Collodoc naquit au début du VIe siècle au nord du Pays de Galles.
Son père s'appeloit Ludun, et sa mère Tagu.
Certains le relient à la ville de Landkey dans le Devon qui lui devrait son nom.

Ses sources

Albert-Le-Grand utilise comme source principale une vie du Saint en latin écrite par un certain Maurice, vicaire de Cléder, « gardée es archives de l'église, et à moi communiquée, dit-il, par M. Sébastien, marquis de Rosmadec, comte de la Chapelle, baron de Molac, etc., fondateur de ladite paroisse à cause de sa maison de Kergournadec'h, appartenant à sa femme » .
Les Kergournadec'h descendaient d'un jeune homme de Cléder qui dit-on accompagna le saint breton saint Paul lorsqu'il s'avança jusqu'à l'antre du dragon de l'île de Batz pour le chasser dans la mer. (On trouve sur la commune de Cleder les ruines du Château de Kergounadec'h.)

Le récit de Saint Albert

Saint Ké serait devenu évêque et se mit à distribuer sa fortune aux pauvres en aumônes, puis se destitua de sa charge pour devenir ermite en la province de Cambrie : il supplia Dieu de lui manifester sa volonté : « Etant en la ferveur de son oraison, il lui fut révélé qu'il se munit d'une clochette fabriquée par un fondeur appelé Gildas (à la façon des ermites de ce temps-là), — et marchant jusqu'à un lieu nommé Ros-Ené, au Pays de Galles où il édifierait un petit ermitage, et s'y tiendrait jusqu'à ce que Dieu lui commanderait autrement : et pour l'advertir de ce lieu, sa clochette sonnerait d'elle-mesme, lorsqu'il y serait arrivé ». Il marcha en compagnie de quelques frères dont saint Kérien et d'après une tradition locale de Cléder, Saint Péran. Au lieu dit grève de Saint Ké (Krestenn-Ké en breton), il fit sourdre une fontaine miraculeuse qui guérit ensuite de très nombreux malades.
« Ils passèrent un bras de mer, et entrèrent dans une épaisse forêt, où la cloche que le saint portait commença à sonner : il remercia Dieu, et ayant défriché ce lieu, il y édifia une petite chapelle, et auprès des petites cellules pour lui et ses confrères, avec lesquels il vaquait jour et nuit à prières et oraisons, se sustentant du labeur de leurs mains et des aumônes qu'on leur donnait ».
Il y avait près de ce lieu un château nommé Gudrun, dans lequel demeurait un prince nommé Théodoric, homme perdu et déterminé, lequel chassant un jour en la forêt de Rosené, poursuivit un cerf jusques en l'ermitage du saint et le cerf s'y étant caché le prince se mis en colère et obligea Ké de lui apporter au château ses vaches et bœufs : « Mais le lendemain il se présenta au saint pareil nombre de cerfs, qui se permirent attacher à la charrue, et achevèrent de charruer son champ, lequel en mémoire de cette merveille fut nommé en breton walois Guestel-Guervet, c'est-à-dire Le Champ-des-Cerfs ; et depuis ces animaux servirent domestiquement saint Ké et ses confrères, en cet ermitage. » Théodoric ayant vu ces cerfs frappa Ké au visage, mais il tomba ensuite gravement malade, et demanda pardon à Ké le priant de le guérir, et lui fit avant de mourir un don à Ké qui lui permit d'agrandir son ermitage et reçu davantage de religieux, puis se résolut de passer la mer, et aller en Bretagne Armorique. »

Saint Ke à la cour du Roi Arthur

II aborda à la côte du pays de Léon, vers l'année 472, avec quelques compagnons. Ils se retirèrent au lieu où est maintenant l'église de Cléder, et y bâtirent un petit monastère. Peu de temps après, saint Quai repassa en l'île de Bretagne, avec le roi Arthur le Preux, qui était alors dans la Bretagne armoricaine, pendant que son épouse, Guenièvre la Belle, le trahissait avec son neveu Mordret : Ké fut alors député pour prier le roi de lui pardonner mais en vain.

En Bretagne

Il revint dans la Bretagne-Armorique. En s'y rendant, il visita et consola la reine Guenièvre en la ville de Winlon, où elle s'était retirée, et lui persuada de consacrer à Dieu le reste de sa vie : ce qu'elle fit, en se retirant dans un monastère. Il passe à Saint-Quay-Portrieux où il fait sourdre une fontaine miraculeuse. Saint Ké (Quai) revint alors à Cléder, et y mourut, vers l'année 495 le premier samedi d'octobre, après avoir enterré son ami ermite et compagnon saint Querrien. Il y fut enseveli.

Homonymie?

Il existe plusieurs Saint Kenan, entre lesquels régnait une certaine confusion, chez les hagiographes.

Kenan évêque irlandais de Dulek

Le véritable St Kenan de Cleder semblerait né dans le pays de Galles. Un second Kenan, missionnaire irlandais, vécut près de Dublin : car y a un ou plusieurs Saint Kenan que les hagiographes confondent à l'exception de Saint Albert. Selon une autre source, en effet, saint Kenan venait du Connacht, un auteur irlandais dit que Saint Kenan fut baptisé par Saint Patrick (dont il aurait écrit la biographie) et il aurait été élève du fameux Nathy d'Achonry : il traversa la mer et devint disciple de Saint Gildas. Ce saint Kenan dont parle Usher fut moine dans l'abbaye de Saint-Martin de Tours et élève de Saint Kéran : « KENAN, ou Ciànaiu (saint), Kennanus, premier évéque de Damleag, aujourd'hui Dulek en Irlande, avait été disciple de saint Martin de Tours, peut-être en même temps que saint Patrice. Ils furent ensuite élevés l'un et l'autre à l'épiscopat, et saint Kenan fit bâtir en pierres sa cathédrale ; ce qui fit donner à la ville où il avait fixé son siège le nom de Damleag, c'est-à-dire maison de pierres, parce que les autres églises de l'île n'étaient alors qu'en bois. Cette ville prit, plus tard le nom de Dulek, et son siège épiscopal fut réuni, dans le celui de Méath. Saint Kénan mourut dans un âge très avancé, vingt ans après saint Patrice — fête le 24 novembre » 9 Ou bien, une autre version rapporte que Ké serait donc né non au Pays de Galles mais en Irlande au temps de Saint Patrick et aurait été un des 50 enfants que le roi Léogaire ou Leogarius aurait pris en otage lors de sa conquête de l'Irlande.

Il s'agit probablement de deux Kenan différents mais certains hagiographes confondent la vie de ces deux saints. Saint Quinocus serait ainsi "Saint Kénan, Quay, Que, Colodocus né en Irlande et évêque de Duleck" fêté le 12 septembre selon les Petits Bollandistes et identifié par leurs soins comme le saint Ke de Cleder. D'autre part, Kenanus est l'ancien nom deKells, patrie du monachisme irlandais.

Kenan de Plouguernau

Un troisième Kenan aurait été prêtre du côté de Plouguerneau au temps de Saint Jaoua est fêté le 25 février. Certains, de ces trois Kenan, n'en font qu'un seul.

Kenan de Glastonbury

Selon Doble, qui a établi la topographie du saint, Saint Ké venait avec un compagnon appelé Saint Fily de l'abbaye de Glastonbury qui possède certaines de ses reliques, monastère où aurait été conservé le Saint Graal : on se rapproche de la légende du Roi Arthur : il serait parti ensuite évangéliser le Devon et la Cornouailles.

La critique de l'hagiographie de Saint Albert par dom Lobineau

« Nous ne sommes point assez persuadés que ce Maurice, vicaire de Cléder, qui au rapport du P. Albert Le Grand a composé en latin la vie de saint Colledoc, qu'il confond avec saint Ké, ait eu d'autres mémoires que le roman de Lancelot du Lac, avec une imagination hardie et féconde ; pour oser nous en fier à lui et rapporter sur sa parole toutes les fables grossières dont il lui a plu de faire un tissu qui n'a pas la moindre ombre de vraisemblance. Nous entrevoyons seulement, à travers tant de faussetés, que saint Colledoc a pu naître dans la Cambrie, y avoir été élevé à l'épiscopat, avoir renoncé à sa dignité pour se retirer dans le lieu de Rosené, être passé en Bretagne à la fin du ve siècle comme tant d'autres saints de l'isle, y avoir demeuré quelques années à Cléder, y avoir enterré son condisciple l'ermite saint Kerrian, y être mort lui-même un premier samedi d'octobre, et y avoir été mis en terre dans le cimetière, d'où il aura depuis été levé pour être placé dans un lieu plus honorable.« Nous passerons aussi à l'auteur que les reliques de ce saint ont pu être transférée, toutes ou en parties, à son premier monastère de Rosené ; nous lui accorderons môme que le père du saint s'appelait Ludun et sa mère Tagu qu'ils étaient, tous deux nobles et riches. Mais tout le reste de sa narration ne mérite pas l'attention du public. On nous assure qu'il y a plusieurs églises et chapelles dans l'une et l'autre Bretagne dédiées & saint Colledoc et que son sépulcre se voit dans une petite chapelle qui porte son nom qui est dans un coin du cimetière de Cléder. » (Vies des SS. de Bret. p. 27, 28)</ref>







 

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