Saint Michel en Grève
Église Saint Michel
Source photo : http://docarmor.free.fr/valarmor/valouest/stmiche1.htm
L'église actuelle a été édifiée à la fin du XVe siècle, puis remaniée en 1679.
Le
clocher-mur date de 1614. Il a été construit sur le modèle imaginé par
Philippe Beaumanoir un siècle plus tôt, pour offrir un clocher élégant
et fonctionnel aux modestes églises qui ne pouvaient se payer un grand
clocher sur transept.
Les
contreforts du mur ouest sont prolongés au-dessus du pignon jusqu'à une
table de pierre, entourée d'une balustrade, qui soutient le clocher
quadrangulaire à ouverture en plein cintre.
Au-dessus, les arêtes dentelées de la flèche octogonale s'incurvent légèrement jusqu'au sommet.
Une tourelle accolée au sud contient l'escalier à vis qui permet l'accès aux cloches.
Le clocher-mur a été inscrit à l'inventaire des monuments historiques en 1926.
Ses belles pierres de granit clair prennent des nuances de beige rosé au moindre rayon de soleil.
En
1778, des réparations importantes furent effectuées par Jean-François
L'Hostis, maître maçon à Plestin, sur les plans de l'architecte
Lésormel.
D'autres
réparations, rénovations, et restauration eurent lieu : en 1818 mur
nord, 1835 trois pans du bas-côté sud, 1862 sacristie, 1869 clocher.
Pour
achever le tour de l'église, regardons le chevet plat à l'est de la rue
où une niche abrite un saint Michel sculpté par Morlay Troman en 1962.
Intérieur de l'église
Le
plan est simple, mais pas tout à fait symétrique : une nef, un chœur,
un abside à chevet plat, deux bas-côtés terminés par un mur plat.
Les
piliers du bas-côté nord sont romans et supportent des arcs en plein
cintre pour les deux premiers (qui datent de l'ancien prieuré) ; les
autres, à socles romans, supportent des arcs en ogive. Mais ils ne sont
pas exactement en face les uns des autres. Les voûtes lambrissées en
ogive aplatie, peintes en bleu clair, n'ont pas non plus, la même
structure dans les deux bas-côtés, ce qui n'a rien d'étonnant dans une
petite église bretonne où la symétrie ne représente pas un principe
esthétique. Un petit renfoncement dans le mur abrite un baptistère avec
une cuve en granit recouverte de plomb.
Le mobilier de l'église
Les trois retables de l'est datant du XVIIe siècle sont en partie restaurés.
Le retable nord a deux colonnes torsadées ornées de pampres de vigne, le tableau du fond d'autel représente la Vierge et l'Enfant tendant un chapelet à Saint Dominique et à une religieuse : Sainte Catherine de Sienne.
Les
deux autres retables appartiennent à l'atelier des sculpteurs de Laval.
Ces retables concaves masquent la sécheresse des murs plats. Le travail
du bois des retables fait apparaître des panneaux décorés de feuillages
et de fruits, niches, chapiteaux, colonnes, corniches, et enfin culs de
lampe décorés d'aigles symbolisent Saint Jean l'Évangéliste.
Les statues de saint Loup et sainte Marguerite sont dans le maître-autel et sur l'autel sud, celles de saint Joseph portant l'Enfant et sainte Geneviève.
Un petit personnage chapeauté, barbu et griffu perché sur l'une de ses
épaules s'efforce d'éteindre le cierge que porte sainte Geneviève tandis
que le personnage religieux rasé, et tonsuré, maintient la flamme en
vie.
Dans le chœur à gauche une statue de saint Yves "l'avocat des pauvres" et à droite, saint Maudez l'un des missionnaires venus de l'île de Bretagne au Ve-VIIe siècles.
Au-dessus du retable du maître-autel, saint Michel terrasse le dragon.
Les
retables ont été badigeonnés au brou de noix en 1878. Une restauration
de la polychromie du maître autel a été réalisée au cours de l'hiver
2002-2003 lui rendant ainsi son aspect d'origine. La polychromie des
retables latéraux date de 2008.
Au-dessus
de la porte de la sacristie, le groupe sainte Anne, la Vierge
(couronnée tenant à la main un rouleau de parchemin) et l'Enfant date du
XVe siècle, comme le saint Michel à droite de l'entrée. Dans les
présentations, en Bretagne du moins, de Sainte Anne, de la Vierge et de
l'Enfant, ce sont les femmes qui transmettent le texte et l'enseignement
à Jésus alors que saint Joseph apparaît le plus souvent comme le
nourricier.
Les vitraux
dans leur cadre ogival sont modernes -figuratifs ou abstraits-
fonctionnels et ils illuminent de leurs riches couleurs l'austérité de
l'église, particulièrement sous le soleil.
La Cène sou l'autel
Les peintures d'André Thiry (1903-1982) sont le chemin de croix, les deux tableaux rectangulaires, une crucifixion au mur du clocher, une Cène sous l'autel actuellement en usage ainsi que la représentation de Maris Stella (tableau ovale) dans la nef. Ces tableaux sont dédiés à Catherie Emmerich, stigmatisée (1774-1824).
Des dragons et des saints
Quatre dragons dans une petite église bretonne invitent à réfléchir sur le bien et le mal et ses représentations.
Les trois archanges
Le
plus ancien (XVe siècle) en bois peint (restauré après des siècles
d'exposition aux intempéries au chevet extérieur de l'église) robuste et
attentif plonge sa lance dans la gueule d'un dragon vert à queue
hérissée, qui se rebelle en griffant les jambières de centurion romain
de l'Archange.
Celui
du maître-autel (XVIIe siècle) au-dessus de retable en bois peint et
doré, baroque (ou manièriste) grandiloquent et aérien domine un monstre à
demi humain où seuls les ailes et les griffes rappellent le dragon
primitif.
Le
plus récent (1962) celui de Morlay Troman dans une niche extérieure au
mur est sur la rue, remplace le premier saint Michel. La statue allie
solidité rugueuse du granit à la liberté des sculpteurs romans qui
traitent des étoffes comme des vagues. Le monstre surgit de la mer et va
s'y engloutir, vaincu par l'Humanité élégante et virile de l'Archange.
Rappelons
que parmi les autres tueurs de dragons des diverses religions qui ont
utilisé ce mythe (de l'Inde hindoue aux indiens d'Amérique), saint
Georges est à cheval et saint Efflam, prince débarqué d'Irlande au Ve
siècle, à l'autre bout de la lieue de grève a triomphé du dragon qui
ravageait la contrée au temps d'Arthur par sa seule prière.
Sainte Marguerite
A
droit du grand retable, elle propose un autre mode de triomphe, le
dragon l'a avalée, mais elle est sortie vivante de son ventre écailleux.
Les bretons en ont fait la patronne des accouchements.
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