Sainte Berthe de Blangy († 725)

Sainte Berthe de Blangy († 725)
  
Sainte Berthe de Blangy († 725)



Berthe de Blangy, abbesse du monastère mérovingien de Blangy en Artois (Blangy-sur-Ternoise), fille de Rigobert, comte de Ponthieu, fils naturel de Clovis II ou leude de Clovis II.

Berthe épousa le comte Sigefroi de même lignée des princes francs, ou mérovingiens, baron d’Auxi le Château et cousin de Clovis II.

Après la mort de son époux, Berthe transforma une partie des terres de Blangy reçues en dot de son père Rigobert, en couvent bénédictin pour jeunes filles et dédié au culte de la Vierge Marie.

Première abbesse, elle s'éteint dans ses murs en 723 après que sa charge abbatiale ait été transmise à sa fille Deotile, également religieuse.

On lui attribue de nombreux miracles de son vivant et en la priant auprès des reliques .

C'est une sainte chrétienne honorée le 4 juillet date officielle de son décès, sous le nom de sainte Berthe.


Biographie

Berthe de Blangy est une fille de Rigobert et d'Ursanne, à ce titre elle est une petite-fille du roi des Francs Clovis II.

Sa mère est une fille ou une parente du roi de Kent, Ercombert, elle est une nièce de Bathilde, épouse de Clovis II, reine de France, Berthe est donc de lignée royale.

Elle naquit en 642 au château du village de Blangy sur la Ternoise, élevé au rang de Comté par Clovis II à la suite de sa naissance.

Elle épouse en 661 le comte Sigefroi de même lignée mérovingienne « dont les domaines considérables s’étendaient aux berges de l’Authie ».

Ils eurent cinq filles : Gertrude, Deotile, Emme, Gose et Goste, ces deux dernières moururent peu après leur baptême.

La troisième, Sainte Emme, mariée par ordre du roi des Francs, à un roi d'Angleterre, sera réduite en esclavage.

L'époux de Berthe décède en 678 et fut inhumé avec tous les honneurs près de l'église de Blangy,.

Berthe désire alors se retirer de la vie mondaine et fonde ainsi le monastère de Blangy dont elle devient la première mère abbesse (682-723).

Elle s'éteint à l'âge de 79 ans dans les murs du monastère le 4 juillet 723.
Ses obsèques solennelles furent présidées par Erkembode, évêque de Thérouanne.

 

Fondation d'un monastère royal (682-895)

Le terme abbaye n'apparait pas avant le XIe siècle.

Berthe choisit de se retirer dans les ordres suivant l'exemple de son parent Adalscaire le comte de Viel-Hesdin qui avait fondé à Auchy, pour sa fille Sicchede le premier monastère de religieuses bénédictines en 673, en faisant appel au moine Bertin, le fondateur du monastère de Saint Omer (Sithiu), la future imposante abbaye de Saint Bertin.

Berthe entreprend de bâtir sur ses terres reçues en dot, une église avec des cellules pour s'isoler avec ses deux filles aînées.

Mais l'édifice s'écroula. Sur les conseils de sa belle-sœur, Rictrude de Marchiennes - fondatrice du monastère pour femme de tradition colombanienne (Saint Colomban)-, elle fait un jeûne de trois jours.

Selon la légende un ange lui montra les plans d'une église en forme de croix latine, celle-ci devait être assise dans une prairie dépendant du château, près de la rivière Ternoise.

Le lieu lui parut confirmé par quatre pierres indiquant la largeur et la longueur du monastère.

En 680, Berthe engage donc la construction d'un monastère bénédictin (ordre de Saint Benoit et non de Saint Colomban).

La consécration, le 5 janvier 682, de l'église abbatiale sur les rives de la Ternoise, dans le pays vallonné et boisé des Morins, fut un événement d'une exceptionnelle solennité en raison du rang royal de Berthe : Ravengerus, co-adjuteur de Saint Omer et évêque de Thérouanne présida la cérémonie, assisté de nombreux prélats, l'archevêque de Rouen, les évêques de Paris, de Londres, de Meaux, Nyons et Cambrai, les abbés de Saint Riquier et de Saint Valéry et nombreux seigneurs ; 52 femmes, dont deux de ses filles vinrent y vivre sous la règle de Saint Benoît, avec Berthe comme première mère abbesse.

Dom Rousell relate que, quatre ans plus tard, Berthe fut victime d'un favori du roi Thierry III, qui entendait épouser Gertrude : Ruodgaire, jeune et puissant seigneur. Débouté par la mère abbesse qui lui refusa sa fille entrée en religion, celui-ci entreprit une campagne de calomnie contre Berthe, l'accusant de trahir le royaume de France pour servir l'Angleterre.

En réalisant la gravité de l'attitude et des propos de Ruodgaire à l'endroit de l'héritière d'une des premières maisons du royaume, Thierry III accorda au monastère plusieurs privilèges et immunités portant le sceau royal.

Selon, entre autres, Adrien Baillet (1704), elle fit alors bâtir 3 églises, Saint Omer, Saint Vaast et Saint Martin de Tours.

Vers la fin de sa vie, Berthe se démit de sa charge en faveur de sa fille Deotile.

Celle-ci mourût et Gertrude fut élue pour lui succéder. Berthe se retira dans une cellule dotée d'une chapelle consacrée par les évêques de Thérouanne et d'Arras, tout en communiquant avec sa communauté à travers une fenêtre de ladite chapelle.

Berthe s'éteignit en 723, à 79 ans. Ses obsèques furent présidées par l'évêque de Thérouanne, Erkembode, et "on lui érigea dans l'église abbatiale un tombeau somptueux. Un grand nombre de miracles la firent canoniser"

"L'abbaye avait de temps immémorial le titre d'abbaye royale et avait pour armes d'azur à trois fleurs de lys d'or posées deux et une".

Le monastère fut sinistré en 882 par les invasions normandes et livrée au pillage puis abandonné, les reliques de la sainte et de ses deux filles furent cependant sauvegardées.

 

Une nouvelle abbaye pour les reliques de Sainte Berthe (1062-1791)

Les reliques ont été conservées malgré les nombreuses vicissitudes de l'histoire.

En 871, les incursions des Normands, venus de Scandinavie, contraignirent les religieuses d'Auchy à s'enfuir ; leur monastère sera détruit.

Les bénédictines de Blangy se réfugièrent à leur tour en Allemagne, dans le Bas-Rhin : elles demandèrent asile à l'abbesse d'Herastene, ou Erstein - mère Rotrude. Celle-ci fonda le monastère d'Alziac près de Strasbourg pour les moniales de Blangy et les reliques de Berthe et celles de ses filles.

Le couvent de Blangy fut ravagé par des hordes de Normands en 882, livré au pillage puis abandonné.

Au début du XIe siècle, en 1034 des religieux se fixèrent à Blangy en souvenir de sainte Berthe, deux d'entre eux, Albin et Ebroïn, rapportèrent les reliques d'Allemagne. Selon Adrien Baillet (1704) une partie des reliques resta dans les couvents d'Erstein et d'Alziac.

En 1053, Druon (ou Drogon), évêque de Thérouanne, vint à Blangy parmi un nombre considérable de fidèles pour accueillir les moines.

Les prêtres furent encouragés par Hersende, une parente d'Arnoul II ou Arnoul de Ternois, comte de Saint-Pol, à reconstruire un couvent.

Le successeur de ce seigneur, Roger de Campdavène, rendit les biens usurpés de l'abbaye, et fit bâtir l'église abbatiale.

En 1062 Jacques et Isabelle de Labroye, Jean de Tramecourt, Robert d'Ambricourt et d'autres seigneurs du comté de Saint Pol, ajoutèrent d'abondantes donations qu'encouragèrent, dit-on, plusieurs miracles.

Des bénédictins de Fécamp purent ainsi s'installer dans la nouvelle abbaye bénédictine Sainte Berthe.

En 1415, on y recueillit des blessés de la bataille d 'Azincourt.

En 1553 lors des violents saccages perpétrés par les troupes de Charles Quint pour la conquête de Thérouanne et d'Hesdin, les moines furent contraints de s'enfuir à Saint-Omer avec les reliques, Elles y furent conservées quelque temps avant d'être retournées Blangy.

La mandibule (mâchoire inférieure) de Berthe et celle de l'une de ses filles restèrent à Saint Omer.

Elles furent retrouvées et remises à Jean de Taschin, abbé de Saint-Jean-du-Mont de Thérouanne qui put les restituer à Jean Leclerc, abbé de Blangy..

Au lendemain de la révolution de 1789, Dom Drain, 60e et dernier abbé de Blangy fut contraint de vendre l'abbaye en 1791.

La châsse de sainte Berthe contenant ce qu'il restait des reliques furent transportée dans l'église paroissiale de Blangy et placée dans une niche derrière le maître-autel.

Le 11 vendémiaire an III, le Directoire du département donna ordre au district de Montreuil de détruire les reliques.

Délibération prise le 11 vendémiaire, "sur une dénonciation faite par le juge de paix du canton de Blangy, district de Montagne-sur-Mer, il existe dans la commune de Blangy, une prétendue châsse d'une certaine fondatrice de la maison religieuse qui existait précédemment dans cette commune, ce qui y perpétue le fanatisme qui se propage dans les communes environnantes.

L'assemblée considérant combien il est important de détruire tous les restes du fanatisme et éclairer le peuple que des malveillants entretiennent dans l'erreur, arrête que (...) l'accusateur public, sera envoyé au district de Montagne-sur-Mer, qui nommera un commissaire pris clans son sein pour se transporter en ladite commune et informer sur le fait de la prétendue châsse qu'il fera ouvrir en présence du peuple, de tout quoy il tiendra procès-verbal (...)". Signé : Bertin. Caillot, Grenier, Leducq et Prévost. (Extrait des registres aux délibérations du Directoire du Pas-de-Calais, Archives départementales).

Le commissaire Pruvot-Lebas, administrateur de ce district, se rendit le 20 de ce mois à Blangy.

Sous l'effet de la terreur la châsse lui fut indiquée, il trouva les os de Berthe et de ses filles : "après un discours plein de blasphèmes, le commissaire Pruvot annonça qu'il allait porter ces reliques à Montreuil pour les faire brûler".

Trois habitants de Blangy, une femme Hannedouche, femme Terrier et " les sieurs Barbier et Démons, au péril de leur vie, vinrent enlever ces reliques et on les cacha dans l'ancienne abbaye jusqu'à des temps meilleurs, où on les replaça dans la châsse qui avait été conservée".

L'église abbatiale fut détruite pendant la Révolution mais les reliques furent sauvegardées et retrouvées par celle et ceux qui les avaient cachées..

Le jeune cardinal Charles de la Tour d'Auvergne, évêque d'Arras, Boulogne-sur-Mer et Saint-Omer (1802-1851) les fit reconnaître par une ordonnance le 6 août 1803.

En 1880 celles-ci sont l'objet d'un pèlerinage très suivi qui, depuis 1803, se déroule le 4 juillet, date de la fête de sainte Berthe au 12 juillet. En 1869, on décomptait 12 000 pèlerins.

L'abbaye aujourd'hui est tenue et animée par l’Institut Notre Dame de Vie ( Institut séculier carmélitain)

 

Les miracles attribués à Sainte Berthe de Blangy

Le chanoine Parenty  secrétaire du Cardinal de La Tour d'Auvergne décrit les détails de plusieurs miracles attribués à Sainte Berthe dans La Vie de sainte Berthe, Brissy, 1846.

Elle est invoquée pour les troubles de la vue et contre la foudre.

La vue est en relation avec la troisième fille de Berthe, Emme, épouse martyre d'un roi d'Angleterre, réduite en esclave, et qui décéda lors du retour au royaume de France, Berthe fut autorisée à sortir du couvent accompagnée de religieux pour aller à la rencontre de la dépouille : à un kilomètre du monastère, au lieu dit grandpré, près d'une fontaine, Berthe trouva le cortège funèbre arrêté et demanda à voir le corps : "oh ma chère fille, mes yeux vous voient, mais les vôtres ne sauraient me voir".

Selon la tradition, Emme ouvrit les yeux avec un regard de profonde tendresse et s'éteint.

Une chapelle, Sainte Emme, fut érigée sur le lieu du prodige qui devint un lieu de pèlerinage, l'eau de la fontaine aurait eu depuis la vertu de soigner les maux d'yeux et de calmer la fièvre. Les ossements d'Emme furent ajoutés aux reliques de Berthe et de ses sœurs.

Sainte Berthe eut pour père un comte du palais, sous Clovis II, roi de France.

Le sang des princes et des héros coulait dans ses veines; mais sa gloire est d'avoir eu deux saintes pour filles.

La mère de Berthe ne voulut point confier à des mains étrangères le précieux trésor commis par Dieu à sa garde, et elle fit sucer à l'enfant, avec le lait de son sein, le lait de la piété et de la vertu de son coeur ; aussi cette tendre plante, cultivée par des mains si pures, donna-t-elle, dès les premiers printemps, les fleurs et les fruits les plus suaves de sainteté, au point qu'elle eut bientôt la réputation d'être la fille la plus belle, la plus aimable et la plus vertueuse de son siècle.

A l'âge de vingt ans, elle fut mariée au noble seigneur Sigefroy, et, ayant été le modèle des jeunes filles, elle devint le modèle des épouses et des mères.

Après vingt ans d'une union que ne troublèrent jamais les nuages des passions, Berthe, devenue veuve, libre de toute entrave terrestre, résolut de se consacrer entièrement à Dieu dans la vie monastique.

Le démon sans doute voulut décourager la Sainte : elle eut révélation, pendant son absence, que son premier monastère, bâti dans ses domaines, s'était écroulé entièrement.

Sa soumission à la Volonté de Dieu fut parfaite, sa résolution resta inébranlable, et, après trois jours de jeûne et de prière, un ange vint montrer à Berthe le lieu où son monastère devait être reconstruit et le plan qu'elle devait adopter.

Deux ans après, l'un des plus beaux couvents de l'époque s'élevait et recevait la bénédiction de l'Église ; ce même jour, la sainte et ses filles, Gertrude et Déotile, recevaient le voile et se consacraient à Dieu, et bientôt le monastère se remplissait d'âmes d'élite éprises de la vie religieuse.

Quelques années plus tard, Berthe renonçait à son titre d'abbesse pour le transférer à sa fille Déotile, pendant qu'elle-même, retirée dans un lieu solitaire voisin de la communauté, menait une vie tout angélique et ne conversait plus qu'avec Dieu.

Quand elle sentit l'approche de la mort, elle fit appeler sa fille Gertrude (car Déotile avait quitté ce monde) et toutes les religieuses, leur adressa les plus touchantes exhortations, et leur donna rendez-vous, après les épreuves de la vie, dans la Patrie éternelle.

Avant de mourir, elle aperçut un Ange gardien qui lui présentait une Croix lumineuse, et entendit un concert céleste, prélude des harmonies célestes.

Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame, 1950.
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